samedi 1 juin 2013

Sommet de l’UA à Addis Abeba : Les vérités inachevées de Jakaya Kikwete

Lors du dernier sommet de l'U.A, le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a mis le doigt dans la plaie en exigeant un dialogue général dans les Grands Lacs. Mais est-ce suffisant? N'aurait-il pas mieux fait de créver l'abcès?


Prenant la parole lors du dernier sommet de l’UA à Addis Abeba, Jakaya Kikwete a rompu avec l’omerta qui entoure généralement les sommets de l’organisation panafricaine sur la situation au Congo-Kinshasa.

Il a dit haut et fort ses vérités sur l’approche qui sied pour résoudre la situation explosive qui prévaut dans les Grands Lacs et qui avait fini par se singulariser à la seule crise congolaise.

Contre l’hypocrisie, le chef de l’état tanzanien a opté pour la droiture et le courage. En soutenant que la ‘’paix dans les Grands Lacs nécessite un dialogue global’’ qui, au-delà de la RD Congo, doit impliquer le Rwanda et l’Ouganda, il a lancé un massage clair et net à Kagamé et Museveni qui sont les causes essentielles des conflits et de l’insécurité qui prévalent dans la région.

Jakaya Kikwete, dont le pays s’est engagé dans la brigade de L’ONU devant stabiliser l’Est de la RD Congo et surtout le débarrasser des forces négatives, notamment le M 23 piloté par Kigali, a dit certes des vérités que la majorité des chefs d’état africains pense tout bas. Mais il reste qu’il n’est pas allé jusqu’au bout de sa pensée. En clair, ses vérités n’ont pas été achevées.

C’est vrai que la paix est tributaire d’une solution globale. C’est aussi vrai que le Rwanda et l’Ouganda doivent négocier avec leurs propres mouvements armés.

Seulement, le président tanzanien n’a pas clairement dit à ses homologues africains d’autres vérités. Surtout sur la déstabilisation du Congo et les soutiens des voisins à des groupes armés qui y sévissent.

Il a aussi oublié d’évoquer la reprise des hostilités aux abords de Goma, fait du M 23, la défiance de cette force négative vis-à-vis d’une résolution de l’ONU et les menaces que le même M 23 a proférées contre la brigade onusienne devant désarmer les groupes armés, mais tous les groupes armés. Car, on ne peut avoir une telle occasion et ne pas tout dire.

Le Rwanda et l’Ouganda doivent quitter le Congo-Kinshasa

Dans les vérités qui n’ont pas été dites, il y’en a une qui mérite que l’on s y attarde : l’occupation du territoire congolais par ses deux voisins. Car, c’est un secret de polichinelle, le Congo-Kinshasa est envahi par le Rwanda et l’Ouganda.

La présence des soldats de ces deux pays sur le sol congolais n’est plus à démontrer.Mais, plus, ils y font la guerre!

D’ailleurs, selon plusieurs rapports des experts des Nations Unies, le M 23 est une émanation directe de l’armée rwandaise. Car l’ossature originelle de cette pseudo-rébellion a été formée par des officiers rwandais, cités nommément dans plusieurs rapports, et qui ont recruté au Rwanda des ressortissants rwandais, encadré et fourni la logistique pour attaquer la RD Congo.

Ainsi, la recherche d’une vraie paix doit commencer par là. Le Rwanda et l’Ouganda - dont les armées ont prêté mains fortes au M 23 lors de la prise de Goma fin novembre 2012- doivent quitter le territoire congolais.

D’ailleurs, pour honorer leurs signatures apposées sur l’accord dit cadre d’Addis Abeba, ces deux pays n’ont d’autre choix que de se conformer à l'esprit et à la lettre dudit accord. :

Continuer à parler de la paix en omettant cet aspect hideux de la crise dans la région des Grands Lacs s’apparenterait à vouloir mettre la charrue avant les bœufs. Il faut donc commencer par le commencement.

La société civile du Nord Kivu l’a souvent répété : ‘’les soldats rwandais sont sur le territoire congolais et exercent des exactions contre les populations civiles qu’ils contraignent à quitter leurs terres’’.

Alors, comment, dans un tel contexte, parler de dialogue ? Le dialogue étant une disposition d’esprit, il exige des préalables appropriés avant qu’il ne s’amorce.

Dialoguer dans la contrainte comme la communauté internationale l’a imposé à la RD Congo ne résout rien. Au contraire, cela contribue à vicier le débat. C’est pourquoi, les négociations de Kampala ont été un échec. Elles ne pouvaient d’ailleurs qu’échouer !

On peut toujours dialoguer. Mais sans les préalables nécessaires, notamment lers gages de bonne foi de la part des véritables protagonistes de la crise dans les Grands Lacs, il sera difficile de voir le bout du tunnel.

Les occidentaux qui poussent les pions sur l’échiquier doivent le savoir. Car, si les 8 millions de morts en RD Congo et le demi-million au Rwanda ne suffisent pas, que l’on persévère.

Car, si l’on tient à mettre un terme à cette crise dont les enjeux internationaux ne sont pas à négliger, le langage de la vérité s’impose : le Rwanda et l’Ouganda doivent être épinglés.

Ces deux pays, qui alimentant des conflits sur le sol congolais depuis 1997, doivent arrêter leur double jeu : parler de paix tout en faisant la guerre. C’est à ce seul prix que la paix peut être envisageable dans la région !

Mohamed Mboyo Ey’ekula

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