Le Président a enfin signé hier une ordonnance portant création, organisation et fonctionnement du Forum national tant attendu. Aubin Minaku et Léon Kengo en sont les deux hommes orchestres.
Enfin. Joseph Kabila dessine, via une ordonnance, les contours des Concertations nationales. Un cadeau du Raïs aux Congolais à la veille de la fête de l’indépendance ? Assurément. Mais, pas pour toute la classe politique.
Longtemps attendues, les Concertations nationales pointent finalement le bout de leur nez. Initiateur de ce énième forum national, Joseph Kabila a signé, hier, l’ordonnance portant création, organisation et fonctionnement des Concertations nationales.
A la lecture du texte présidentiel, le credo du Raïs est clair : préserver le caractère institutionnel de cette grand-messe. Ce sont les présidents de deux Chambres du Parlement qui pilotent le Praesidium des Concertations, cet organe chargé de coordonner le forum.
Ce n’est pas tout. A la fin des Concertations dont la durée est fixée à 15 jours avec possibilité d’une rallonge de 5 jours, les conclusions des cogitations seront remises au chef de l’Etat. Lequel les annoncera à la Nation via le Congrès.
Quant au contenu des Concertations, aucune surprise. Il s’agira de réfléchir, échanger et débattre des voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion nationale, renforcer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays et conjurer la tentation de balkanisation. Bref, un fil conducteur frappé du sceau de l’Est.
Exit la tabula rasa. Le gros de participants des institutions publiques nationales-président de la république, Parlement, Gouvernement, cours et tribunaux – et provinciales ainsi que des partis politiques de la Majorité vont souscrire à ce contenu. Sans doute aussi une partie de l’Opposition.
Mais, cet ordre du jour ne sera pas du goût de ceux des opposants pour qui les Concertations ont vocation à devenir une espèce de CNS ou Sun City bis. C’est-à- dire un cadre où devrait se discuter notamment la question de la « légitimité » des institutions et de leurs animateurs.
On est d’autant plus loin de ce schéma que les Concertations restent calibrées dans le droit fil de leur initiateur. Exit les formules du genre « médiateur ou facilitateur international » ou « capitale étrangère » pour tenir le forum national.
Le Raïs garde la haute main sur les Concertations. Normal d’un point de vue constitutionnel. C’est bien lui le garant de la bonne marche des institutions du pays.
REDISTRIBUTION DES CARTES EN VUE
Avec le Président, ce sont les speakers de deux chambres qui voient leurs positions renforcées. Léon Kengo et Aubin Minaku sont, à n’en point douter, les deux hommes orchestres des assises à venir. Ce qui n’est pas rien.
Quand on sait que les retombées des Concertations se déclineront aussi en termes de redistribution des cartes. Il y aura bien une après-concertation. Personne n’imagine une grand-messe politique se terminer sans un minimum d’attribution des responsabilités.
Car, tirer les leçons des concertations signifiera aussi sanctionner des manquements, rectifier le tir, écarter certains au profit des autres. Lire les conclusions du forum national à l’aune des résolutions internationales et des accords régionaux, sera aussi synonyme d’intégrer certains combattants et activistes des groupes armés de l’Est dans le jeu institutionnel.
Du haut de ses 12 ans d’expérience au sommet de l’Etat, Kabila fils n’ignore pas qu’il a un bon coup politique à jouer. Elargir sa base politique et affronter autrement l’échéance 2016.
Le Président n’est pas non plus sans savoir que la présence de Léon Kengo, vieux briscard de la politique zaïro- congolaise, au Praesidium va constituer un appel d’air pour ceux des opposants qui ne sont pas sur la ligne dure.
Dans le microcosme politique kinois, lendemain du 30 juin va bien rimer avec grandes manœuvres politiques.
José NAWEJ
Source : Forums des As
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