Lundi, 17 Juin 2013
Depuis la nuit des temps, et ce partout où la lutte d’émancipation s’est imposée comme solution unique, que certains pourraient qualifier d’extrême, et je me demande souvent au nom de quoi, seul le « petit peuple », dont l’attente directe n’est la gestion de pouvoir, paye un lourd tribut au nom ou en faveur de cette cause.
Le peuple s’offre en holocauste et donne sa vie et son sang en lieu et place de la classe appelée à régenter le pays. C’est cette dernière qui ambitionne le pouvoir.
Mais souvent elle, la classe « dirigeante », jongle avec des procédés en vue d’échapper au sort qui est réservé à tous ceux qui consacrent leur vie et temps à se libérer du joug de la dominance extérieure ou intérieure.
Pour la plupart de temps, les élites congolaises de tout bord, attendent, et ce presque sans effort, le moment de jouissance des privilèges et autres pour se manifester alors qu’elles sont loin de se « disponibiliser » pour le sacrifice de leur vie.
Si déjà elles ne se trompent d’adversaires et de nature de combat que le même antagoniste impose, elles construisent une distraction autour des concepts qu’elles ne peuvent négocier avec la « Kabilie ».
Le rôle déterminé à la « Kabilie » par ceux qui la réifient n’est jamais celui de négocier ni la « démocratie » , et ce avec qui que ce soit, ni les « élections » ou encore d’établir des contacts avec ceux dont l’ambition de changer le rapport des forces ou d’instaurer un pouvoir légitime, mais plutôt , en tant que Chien qui est dressé par son maître, et à qui la « Kabilie » doit soumission, obéissance et virilité, de garder pour le maître la propriété en l’état de sa cession.
Qui parmi ces élites voudrait donner un sens à sa vie et instruire, et ce de manière consciente, voulue, la jeunesse du Congo en mourant au nom de la nation et du peuple pour lequel tous presque font semblant de parler en son nom.
D’ailleurs, c’est précisément à cette catégorie d’hommes que Boubacar Diop, intellectuel et écrivain sénégalais, auteur du roman « Murambi, le Livre des Ossements » tient le discours suivant: « les "intellectuels" africains sont les seuls au monde à refuser, sous les prétextes les plus variés et divers, mais souvent farfelus, de prendre en compte des faits historiques pouvant avoir de si graves conséquences sur le destin des générations futures.
À les écouter ou à lire leurs textes si chic et complaisants, on vient que la fabrique d'une certaine "bien-pensance" continue de tourner à plein régime.
Dans sa préface aux Damnés de la Terre, Sartre n'a pas de mots assez durs pour cette élite colonisée, qu'il appelle des êtres truqués qui, "après un séjour en métropole" deviennent des mensonges vivants [qui n'ont plus] plus rien à dire à leurs frères".
Eh bien, presque rien n'a changé depuis la publication de l'essai de Fanon. Certaines postures évoquent celles, bien connues, du "captif de case" toujours anxieux de ne pas être assez aimé par le Maître", (Boubacar Boris Diop, 2011, Murambi, le Livre des Ossements, Éditions Zulma, Paris, p.242-243).
Le peuple, et comme sa « classe politique », manifeste un besoin de direction et de soutien afin de cheminer ensemble dans la lutte où les deux sont engagés.
Mais il y a des moments où le leadership, au lieu d’hésiter, et ce souvent par peur si ce n’est par compromission, d’exposer le peuple, qui lui est mature et souvent n’attend et ne demande des fois que d’en découdre avec les forces d’occupation, au sacrifice conscient, recherché, calculé et voulu.
Que veut-on ou qu’attend-on que le peuple abandonné fasse devant la démission et le manque de couardise de sa classe dirigeante ? Le peuple aussi porte sa responsabilité devant l’histoire de ne point vouloir sacrifier ses leaders en qui il croit et tient à garder au pouvoir.
À mon avis, avant l’heure n’est pas l’heure et après l’heure, non plus. Le nœud du déblocage de la « crise » passe par cette transcendance que j’appelle de tous mes vœux entre le peuple et ceux qui encadrent le combat. .
Le défunt Marien Ngouabi répondait en ces termes à ce dilemme : « lorsque ton pays est sale et manque de paix durable, tu ne peux lui rendre sa propreté et son unité qu’en le lavant avec ton sang ». Phrase prononcée cinq jours avant son assassinat.
La praxis de l’existence démontre que le monde est loin d’être merveilleux et surtout quand on a affaire aux « puissants » qui le conçoivent comme un lieu d’expression de la violence libre. Hobbes et Machiavel estiment que les causes des faits reposent fondamentalement sur « les intérêts et les passions ».
Que « Les hommes sont rarement tout bons ou tout mauvais […] Ils sont ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, lâches devant les dangers, avides de profit], déclare Machiavel dans (« Discours sur la première décade de Tite-Live, Livre 1, chapitre 23, Éditions Gallimard, Paris.).
Et dans ces conditions, la politique devrait « se fonder à partir de la vérité effective, laquelle n’est autre qu’un gigantesque magma de non-sens et de hasard et parfais de cruauté et de souffrance », écrit T. Walthert dans un article intitulé « Machiavel : l’absurde comme principe moteur de l’acte politique ». .
Je m’attends à ce que l’on me dise que le Congo a connu un martyr, et ce en la personne de Lumumba. Mais sa mort en martyr n’aurait servi à grand-chose dans la suite des évènements au Congo.
Donc pour ce genre de contradicteurs, la « martylogie » serait, sous leurs lunettes d’observation, vaine et moins efficace.
On ne pourrait l’envisager comme solution pour une véritable et totale « Indépendance » de ce qui est appelée à devenir, la « République Démocratique » du Congo.
J’ai presque envie de sourire mais je répondrais que la seule différence avec ce type de « mort » réside dans le fait que l’initiative d’éliminer Lumumba, comme autant avec celle de Sankara et de Kadhafi, émanait des Européens qui décident de liquider Lumumba pour leurs intérêts et besoins sectoriels.
Du début à la fin du processus qui conduit à la mort de Lumumba, de la planification, au recrutement, à son affaiblissement et à la sous-traitance de la tâche, ils en sont seuls maîtres à bord.
La mort de Lumumba apparait comme une surprise, un accident, quelque chose de non souhaitée, et d’imprévu pour Lumumba et pour les Congolais qui la subissent sans n’en tirer un quelconque bénéfice « visible » dans les instants qui suivent sa disparition..
Dans ce cas, il ne réunit les critères d’un évènement que je peux qualifier de catalyseur, déclencheur des conséquences entremêlées et en chaîne qui sont contrôlés et opérés par des Congolais eux-mêmes.
Lumumba savait qu’il allait mourir mais sa jeunesse a constitué un handicap sérieux à la mise en scène de sa propre mort.
Nous avons connu l’esclavagisme, la colonisation et notre peuple meurt chaque jour au Kivu, femmes et enfants violés.
Non, je ne le crois pas, et ce comme je l’entends souvent pour nos richesses et autres minerais. Trop, c’est trop !
Nous ne pouvons plus continuer à faire semblant et à tolérer que se produit chez nous et à l’aurore du 21e siècle.
Nous plaidons pour l’instauration de la « martylogie », consciente, calculée, souhaitée et voulue.
Un martyr déclencheur de la révolte de l’homme d’Afrique. La mort cessera d’être un fait du prince mais une victoire et une stratégie d’émancipation de notre peuple.
La société qui en manque souffrira longtemps parce que dépendante de l’histoire des autres. C’est pourquoi je me suis toujours inscrit en faux contre tous ceux qui pleurent Chebeya et incriminent la « Kabilie ».
Il y a de noblesse dans la façon de mourir et surtout quand on donne sa vie pour la cause des autres. Les acteurs véritables capitalisent et tirent profits des sacrifices endurés par ceux qui les ont précédés dans l’histoire.
Les martyrs nourrissent non seulement l’espoir des générations à venir mais constituent la source de solidarité, d’union et d’énergie à même de mobiliser la détermination dans la poursuite de la lutte de l’existence.
Dans son adresse, intitulée « la profession et la vocation de politique » tenue en 1919 lors de sa conférence devant la cellule bavaroise de l’association des étudiants à l’université de Munich, Max WEBER, pour le citer, attribue peu d’importance au « contenu que pourrait porter une politique quelconque ».
Il a plutôt mis l’accent sur les « moyens » et le « sens » que se donne un acteur politique en vue de détenir le pouvoir. Pour mieux dire, ses « logiques d'actions ».
L’idéologie en cours chez le leadership congolais, qui consiste à prôner et à défendre la « démocratie représentative » via des élections qui restent financées par les anciens « maîtres » de Mobutu qui, malheureusement ou heureusement, constituent les mêmes forces contre lesquelles ceux qui ont eu à « braver » Mobutu hier ont encore et toujours affaire aujourd’hui.
Cette stratégie est à mon avis moins mobilisatrice et surtout pas adaptée à la nature de la lutte que le système impose.
On constate que l’avènement « soudain » d’une partie des forces « Mobutistes » dans le camp de ce qui fut hier l’Opposition au Congo, une réunification qui sonne hasardeuse dans le même camp aujourd’hui, aurait pu apporter un second souffle dans cette lutte qui devient commune contre les mêmes forces qui ont fait et soutenu Mobutu.
Le système leur a créé une ouverture opportune, en leur fabriquant un adversaire commun issu de son intelligence et qui se nourrit de son apparence multiforme.
Mais les Mobutistes comme les autres se montrent plus « réformateurs » qui refusent d’adopter le changement révolutionnaire comme mode opératoire.
La voie de la reforme est celle des compromissions : compromission à la Conférence Nationale, compromission à Lusaka, compromission à l’Hotel Cascade, compromission à Sun-City, Compromission dans le cadre de 1+4, compromission en 2006 et compromission en 2011. Et la liste est longue….
Ba kosaka kaka biso, kasi mokolo nini biso to ko zua mayele ya kokosa bango pe lokola ?
« Si la fonction la plus positive de l’idéologie est l’intégration, le maintien de l’identité d’une personne ou d’un groupe, [écrit George H. Taylor dans son introduction de la traduction parue aux éditions du Seuil de l’Idéologie et l’Utopie de Paul Ricœur, 1997, p.9], la fonction la plus positive de l’utopie est défier et de transformer l’ordre présent. […]
L’utopie ne fonctionne pas seulement comme une alternative à l’ordre existant mais elle porte au jour le fossé entre les revendications de l’autorité et les croyances en un système de légitimité ».
Likambo ya mabele, ezali likambo ya makila
Mufoncol Tshiyoyo
Président du Rassemblement pour l’Alternative Politique en RDC
R-A.P-en sigle- Mouvement politico-militaire
004745007236, mufoncol_tshiyoyo@yahoo.com
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