27/07/2013
FARDC
« Si vis pacem, para bellum » (Qui veut la paix prépare la guerre). La RD Congo ne doit pas se voiler la face. Au lieu de passer le temps à s’en prendre aux autres, elle doit s’en prendre à elle même.
En effet, pour gagner et maintenir la paix dans une région troublée comme celle des Grands Lacs africains, seule une force militaire dissuasive et coercitive ne peut le lui garantir. Les relations internationales sont ainsi faites.
Depuis le génocide de 1994 au Rwanda, la RD Congo est ravagée par des conflits armés qui ne finissent pas et ont déjà fait plus de 5 millions des morts, sans qu’aucune lueur d’espoir pour une paix durable ne se profile à l’horizon.
Même la présence d’une force multinationale de près de 20.000 hommes de troupes, pour restaurer la paix, n’impressionne personne. La réalité dépassant la fiction, la paix tant espérée par les populations de l’Est du Congo relève de l’illusion naïve.
Ceux qu’on accuse à longueur de journée d’instrumentaliser les groupes rebelles à l’Est du pays ont parfaitement appris et intériorisé l’histoire des Romains et s’en servent allégrement.
En effet, les Romains, harcelés par les Barbares, avaient décidé de se défendre au-delà de leurs frontières. Faisant la guerre chez leurs ennemis et les occupant à se défendre chez eux, ils se sont alors assurés la paix « Pax Romana » et la prospérité pendant deux siècles.
La RD Congo est potentiellement le pays le plus riche de la région des Grands Lacs et même d’Afrique, avec ses innombrables ressources minières, énergétiques, forestières, hydriques et un territoire immense avec un potentiel agricole important.
Elle ne devrait pas être naïve et croire que ces richesses potentielles ne font pas l’envie de ses voisins et ne peuvent pas attirer les « prédateurs » de toutes sortes.
Les relations internationales sont caractérisées par la prédominance de l’anarchie et des rivalités entre les États à la recherche des ressources.
Hans Morgenthau fait observer que les États ont leurs racines dans la nature humaine, caractérisée par l’égoïsme et la soif du pouvoir. Les États sont donc des égoïstes rationnels, motivés par la volonté de puissance et engagés dans la recherche permanente des ressources pour subvenir aux besoins de leurs populations.
Dans son ouvrage « Paix et guerre entre les nations », Raymond Aron dit clairement que la guerre est l'élément central des relations entre les États. Toute unité politique aspire à survivre et la survie d'une société nécessite son expansion.
Dans cette perspective, la guerre peut servir à l'expansion d'un État, en imposant le monopole de la violence physique légitime sur le territoire occupé et en exploitant ses ressources.
Tous ces pays qui agressent, soutiennent voire manipulent les différents groupes rebelles à l’Est de la RD Congo, s’inspirent des théories des relations internationales classiques.
Il n’y a que la RD Congo qui ne comprend peut-être pas et croit que les États sont aminés par la bonne foi, et que, sans armée dissuasive, on peut vivre en paix avec toutes ces richesses.
Et pourtant, grâce à ces atouts (les potentialités minières, hydroélectriques…, la position géographique centrale du continent, avec une population de plus ou moins 70 millions d’habitants), la RD Congo aurait été une puissance régionale et pourquoi pas continentale.
Mais faute d’ambition, on laisse jouer aux autres le rôle d’acteur incontournable de la région des grands lacs et de dicter leur volonté.
A QUAND LA FORMATION D’UNE ARMÉE NATIONALE?
En 1952, le général Charles de Gaulle affirmait : « La défense ! C’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ».
Depuis la signature de l’Accord de Sun City en 2003 qui avait permis la formation d’un gouvernement composé de différents belligérants qui s’étaient fait la guerre depuis l’arrivée de LD Kabila au pouvoir, il faut être myope pour ne pas voir que, dix ans après, la RD Congo n’a toujours pas une armée nationale qui puisse protéger le territoire, mais plutôt a un regroupement des milices issues de différents groupes armés et qui n’obéissent qu’aux ordres de leurs différentes hiérarchies, qui désertent et réintègrent quand bon leur semble, sans qu’aucune sanction disciplinaire ne leur soit infliger.
Et pourtant, une de grandes recommandations de Sun City était la formation d’une armée nationale et républicaine qui assume véritablement sa mission de protéger la population et leurs biens.
Dix ans après, ce qu’on appelle aujourd’hui Armée nationale congolaise (ANC) est citée dans la plupart des rapports des experts des Nations Unies sur les violations des droits de la personne comme étant une source d’insécurité pour la population.
Tous les observateurs avisés, y compris les partenaires l’extérieur de la RD Congo, chantent le même refrain : « reforme de l’armée et de services de sécurité », mais celle-ci reste sourde, ne veut rien entendre et croit béatement qu’une force extérieure de quelque 3.069 hommes viendrait sécuriser un territoire aussi grand que celui-ci du Kivu où les groupes armés pullulent comme des champignons.
Tout dernièrement, le président américain, Barack Obama, de passage en Tanzanie, a demandé solennellement aux autorités congolaises de réformer leurs forces armées pour mieux assurer la sécurité de leurs populations.
En principe, cette demande ne devrait pas provenir de l’étranger, mais bien une priorité nationale et un impératif pour la sécurité intérieure.
Un État sans institutions publiques efficaces, sans armée nationale disciplinée et républicaine, sans services d’intelligence modernes, est un État faible qui ne peut ni protéger son territoire, ni garantir la paix à sa population.
Surtout s’il est doté d’immenses ressources comme celles qu’on trouve en RD Congo, il sera régulièrement l’objet d’instabilité et de tentative de dépossession.
Si les autorités congolaises n’ont pas d’ambitions pour leur pays, si elles ne veulent pas protéger les intérêts vitaux de l’État, elles devraient, ne serait-ce que disposer d’une force armée qui soit à mesure de protéger la population et leurs biens.
LA DIPLOMATIE PEUT-ELLE ETRE EFFICACE SANS UNE ARMÉE EFFICACE?
Raymond Aron explique que l’armée et la diplomatie sont deux formes d'action politique, jamais totalement inséparables, que les États utilisent de façon combinée mais différemment selon la circonstance et toujours en fonction de l'intérêt national.
Les déterminants de l’efficacité de la diplomatie d’un État sont l’armée et l’économie.
Ces deux éléments sont essentiels dans la projection extérieure de la capacité diplomatique d’un État de s’affirmer et se faire respecter dans le concert des nations.
Avec une économie capable de s’intégrer dans la dynamique de la mondialisation et une armée nationale dotée des moyens financiers, techniques, logistiques conséquents et des troupes disciplinés, la RD Congo peut s’affirmer sur le plan diplomatique, faire entendre sa voix et sécuriser ses intérêts vitaux. Malheureusement elle n’a ni économie, ni armée qui puissent faciliter une diplomatie efficace.
Et pourtant, le pays dispose d’innombrables ressources qui peuvent lui procurer des moyens de disposer d’une diplomatie d’influence qui, quand les situations l’exigent, s’articule à la fois sur l’autonomie stratégique et sur la capacité de tisser des alliances indispensables pour faire converger les acteurs internationaux influents autour de ses intérêts vitaux.
La conception traditionnelle de la diplomatie où seuls les Représentants mandatés par un État pouvaient parler en son nom est dépassée. La diplomatie moderne est de plus en plus démultipliée et repose aussi bien sur les acteurs étatiques que sur les réseaux d’acteurs internationaux influents, notamment les ONG, les entreprises, les lobbys, etc.
Ceux-ci contribuent à faire avancer certaines causes que les États ne peuvent y parvenir seuls. La diplomatie congolaise peut travailler avec les multinationales qui exploitent les minéraux dans son pays pour influencer la position de leurs pays respectifs en ce qui concerne la situation des grands lacs.
CONCERTATIONS NATIONALES POUR PARLER DE POURQUOI?
Si les concertations nationales ont pour objectif de rechercher la paix et la cohésion nationale afin de renforcer l'autorité de l'État dans la partie Est du pays, la réforme de l’armée, la police et les services d’intelligence; de la politique étrangère et de la justice, devrait être les sujets principaux à débattre.
Dans un article publié le 03 mars 2013 dans le journal lepotentielonline.com, le Bureau international d’études pour la paix et le développement (BIEPD), un organisme international sans but lucratif basé au Canada qui milite pour la paix et la sécurité dans le monde, avait suggéré volontiers une série de recommandations préalables à la bonne tenue d’un dialogue qui devra réunir les forces politiques et sociales pour débattre sérieusement des questions cruciales qui minent la paix, la sécurité et l’intégrité territoriale.
Celles-ci sont encore d’actualité et sont accessibles en cliquant sur ce lien...
© KongoTimes
FARDC
« Si vis pacem, para bellum » (Qui veut la paix prépare la guerre). La RD Congo ne doit pas se voiler la face. Au lieu de passer le temps à s’en prendre aux autres, elle doit s’en prendre à elle même.
En effet, pour gagner et maintenir la paix dans une région troublée comme celle des Grands Lacs africains, seule une force militaire dissuasive et coercitive ne peut le lui garantir. Les relations internationales sont ainsi faites.
Depuis le génocide de 1994 au Rwanda, la RD Congo est ravagée par des conflits armés qui ne finissent pas et ont déjà fait plus de 5 millions des morts, sans qu’aucune lueur d’espoir pour une paix durable ne se profile à l’horizon.
Même la présence d’une force multinationale de près de 20.000 hommes de troupes, pour restaurer la paix, n’impressionne personne. La réalité dépassant la fiction, la paix tant espérée par les populations de l’Est du Congo relève de l’illusion naïve.
Ceux qu’on accuse à longueur de journée d’instrumentaliser les groupes rebelles à l’Est du pays ont parfaitement appris et intériorisé l’histoire des Romains et s’en servent allégrement.
En effet, les Romains, harcelés par les Barbares, avaient décidé de se défendre au-delà de leurs frontières. Faisant la guerre chez leurs ennemis et les occupant à se défendre chez eux, ils se sont alors assurés la paix « Pax Romana » et la prospérité pendant deux siècles.
La RD Congo est potentiellement le pays le plus riche de la région des Grands Lacs et même d’Afrique, avec ses innombrables ressources minières, énergétiques, forestières, hydriques et un territoire immense avec un potentiel agricole important.
Elle ne devrait pas être naïve et croire que ces richesses potentielles ne font pas l’envie de ses voisins et ne peuvent pas attirer les « prédateurs » de toutes sortes.
Les relations internationales sont caractérisées par la prédominance de l’anarchie et des rivalités entre les États à la recherche des ressources.
Hans Morgenthau fait observer que les États ont leurs racines dans la nature humaine, caractérisée par l’égoïsme et la soif du pouvoir. Les États sont donc des égoïstes rationnels, motivés par la volonté de puissance et engagés dans la recherche permanente des ressources pour subvenir aux besoins de leurs populations.
Dans son ouvrage « Paix et guerre entre les nations », Raymond Aron dit clairement que la guerre est l'élément central des relations entre les États. Toute unité politique aspire à survivre et la survie d'une société nécessite son expansion.
Dans cette perspective, la guerre peut servir à l'expansion d'un État, en imposant le monopole de la violence physique légitime sur le territoire occupé et en exploitant ses ressources.
Tous ces pays qui agressent, soutiennent voire manipulent les différents groupes rebelles à l’Est de la RD Congo, s’inspirent des théories des relations internationales classiques.
Il n’y a que la RD Congo qui ne comprend peut-être pas et croit que les États sont aminés par la bonne foi, et que, sans armée dissuasive, on peut vivre en paix avec toutes ces richesses.
Et pourtant, grâce à ces atouts (les potentialités minières, hydroélectriques…, la position géographique centrale du continent, avec une population de plus ou moins 70 millions d’habitants), la RD Congo aurait été une puissance régionale et pourquoi pas continentale.
Mais faute d’ambition, on laisse jouer aux autres le rôle d’acteur incontournable de la région des grands lacs et de dicter leur volonté.
A QUAND LA FORMATION D’UNE ARMÉE NATIONALE?
En 1952, le général Charles de Gaulle affirmait : « La défense ! C’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ».
Depuis la signature de l’Accord de Sun City en 2003 qui avait permis la formation d’un gouvernement composé de différents belligérants qui s’étaient fait la guerre depuis l’arrivée de LD Kabila au pouvoir, il faut être myope pour ne pas voir que, dix ans après, la RD Congo n’a toujours pas une armée nationale qui puisse protéger le territoire, mais plutôt a un regroupement des milices issues de différents groupes armés et qui n’obéissent qu’aux ordres de leurs différentes hiérarchies, qui désertent et réintègrent quand bon leur semble, sans qu’aucune sanction disciplinaire ne leur soit infliger.
Et pourtant, une de grandes recommandations de Sun City était la formation d’une armée nationale et républicaine qui assume véritablement sa mission de protéger la population et leurs biens.
Dix ans après, ce qu’on appelle aujourd’hui Armée nationale congolaise (ANC) est citée dans la plupart des rapports des experts des Nations Unies sur les violations des droits de la personne comme étant une source d’insécurité pour la population.
Tous les observateurs avisés, y compris les partenaires l’extérieur de la RD Congo, chantent le même refrain : « reforme de l’armée et de services de sécurité », mais celle-ci reste sourde, ne veut rien entendre et croit béatement qu’une force extérieure de quelque 3.069 hommes viendrait sécuriser un territoire aussi grand que celui-ci du Kivu où les groupes armés pullulent comme des champignons.
Tout dernièrement, le président américain, Barack Obama, de passage en Tanzanie, a demandé solennellement aux autorités congolaises de réformer leurs forces armées pour mieux assurer la sécurité de leurs populations.
En principe, cette demande ne devrait pas provenir de l’étranger, mais bien une priorité nationale et un impératif pour la sécurité intérieure.
Un État sans institutions publiques efficaces, sans armée nationale disciplinée et républicaine, sans services d’intelligence modernes, est un État faible qui ne peut ni protéger son territoire, ni garantir la paix à sa population.
Surtout s’il est doté d’immenses ressources comme celles qu’on trouve en RD Congo, il sera régulièrement l’objet d’instabilité et de tentative de dépossession.
Si les autorités congolaises n’ont pas d’ambitions pour leur pays, si elles ne veulent pas protéger les intérêts vitaux de l’État, elles devraient, ne serait-ce que disposer d’une force armée qui soit à mesure de protéger la population et leurs biens.
LA DIPLOMATIE PEUT-ELLE ETRE EFFICACE SANS UNE ARMÉE EFFICACE?
Raymond Aron explique que l’armée et la diplomatie sont deux formes d'action politique, jamais totalement inséparables, que les États utilisent de façon combinée mais différemment selon la circonstance et toujours en fonction de l'intérêt national.
Les déterminants de l’efficacité de la diplomatie d’un État sont l’armée et l’économie.
Ces deux éléments sont essentiels dans la projection extérieure de la capacité diplomatique d’un État de s’affirmer et se faire respecter dans le concert des nations.
Avec une économie capable de s’intégrer dans la dynamique de la mondialisation et une armée nationale dotée des moyens financiers, techniques, logistiques conséquents et des troupes disciplinés, la RD Congo peut s’affirmer sur le plan diplomatique, faire entendre sa voix et sécuriser ses intérêts vitaux. Malheureusement elle n’a ni économie, ni armée qui puissent faciliter une diplomatie efficace.
Et pourtant, le pays dispose d’innombrables ressources qui peuvent lui procurer des moyens de disposer d’une diplomatie d’influence qui, quand les situations l’exigent, s’articule à la fois sur l’autonomie stratégique et sur la capacité de tisser des alliances indispensables pour faire converger les acteurs internationaux influents autour de ses intérêts vitaux.
La conception traditionnelle de la diplomatie où seuls les Représentants mandatés par un État pouvaient parler en son nom est dépassée. La diplomatie moderne est de plus en plus démultipliée et repose aussi bien sur les acteurs étatiques que sur les réseaux d’acteurs internationaux influents, notamment les ONG, les entreprises, les lobbys, etc.
Ceux-ci contribuent à faire avancer certaines causes que les États ne peuvent y parvenir seuls. La diplomatie congolaise peut travailler avec les multinationales qui exploitent les minéraux dans son pays pour influencer la position de leurs pays respectifs en ce qui concerne la situation des grands lacs.
CONCERTATIONS NATIONALES POUR PARLER DE POURQUOI?
Si les concertations nationales ont pour objectif de rechercher la paix et la cohésion nationale afin de renforcer l'autorité de l'État dans la partie Est du pays, la réforme de l’armée, la police et les services d’intelligence; de la politique étrangère et de la justice, devrait être les sujets principaux à débattre.
Dans un article publié le 03 mars 2013 dans le journal lepotentielonline.com, le Bureau international d’études pour la paix et le développement (BIEPD), un organisme international sans but lucratif basé au Canada qui milite pour la paix et la sécurité dans le monde, avait suggéré volontiers une série de recommandations préalables à la bonne tenue d’un dialogue qui devra réunir les forces politiques et sociales pour débattre sérieusement des questions cruciales qui minent la paix, la sécurité et l’intégrité territoriale.
Celles-ci sont encore d’actualité et sont accessibles en cliquant sur ce lien...
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