Friday, 02 August 2013
C’est une initiative des jeunes Congolais de la diaspora britannique réunis autour de « Congolese Action Youth Platform ». Vendredi 2 août 2013, au Manor Gardens Centre, au nord de Londres, tous les Congolais étaient invités à inaugurer ce que les organisateurs voudraient que tout Congolais puisse commémorer désormais : le Génocide congolais.
« Nous savons tous que pour que vos morts puissent avoir le nom de génocide et qu’ils puissent bénéficier d’une attention spéciale comme ceux morts au Rwanda lors des événements malheureux de 1994, il faudra avoir une certaine couleur de peau, avoir une certaine forme de tête, avoir un certain genre de cheveux ou tout simplement avoir les siens parmi les décideurs de ce monde qui se recrutent et se changent des informations avec des organisations bien connues », a expliqué Sylvestre (Sly) Mido, responsable de cette organisation.
Et, la question devient frustrante et est même un paradoxe : pourquoi les 800.000 morts rwandais bénéficient-ils de ce qualificatif alors que plus de 5.000.000 de Congolais (compter le nombre des zéros derrière), tout à côté, ne bénéficient pas de ce qualificatif de « génocide » ?
Pourquoi la guerre rwandaise et d’autres soulèvent un intérêt international et que la congolaise, malgré les marches, les pétitions, les voyages et visites sur terrain semblent ne soulèvent aucun intérêt surtout des médias attitrés, dont la BBC ?
Après des campagnes, des pétitions, des marches, ces jeunes Congolais sont arrivés à une conclusion : c’est parce que nous-mêmes, Congolais, ne faisons pas assez de bruits autour de notre génocide, en usant des moyens qui sont les nôtres, si petits soient-ils.
Aussi, comme il n’est pas facile de s’arracher une minute sur la BBC sur le Congo, sauf lorsqu’on veut parler des Gorilles des montagnes, comme il n’est pas facile de s’arracher une page dans les grands journaux, sauf lorsqu’un rebelle a été arrêté et lynché, il faudra user de nos moyens : l’Internet et les nouveaux médias.
Le Génocide congolais, le 2 août
Le fameux printemps arabe, dit-on, est passé par là. Mais, encore plus. Si, les décideurs de ce monde avec leurs organismes internationaux refusent de reconnaître nos morts comme ayant été victimes d’un génocide, ils ne nous interdisent pas de les nommer ainsi nous-mêmes.
Bien plus, ils ne nous interdisent pas de décider et de consacrer un jour de commémoration et des pensées pieuses à tous ces morts sans avocats internationaux. Aussi, il leur est venu l’idée de se choisir une date et d’en faire la date commémorative des morts congolais.
Cette date est désormais le 2 août. Car, pour mémoire, c’est ce jour-là que le Rwanda démarra la deuxième et plus longue invasion et agression du Congo. Le Rwanda n’est pas allé par quatre chemins.
Chassé de Kinshasa par Laurent-Désiré Kabila, il organisa une opération aéroportée de Goma à Kitona et progressa, sans rire, vers Kinshasa, qu’il voulait prendre en sandwich.
Le Rwanda, qui créera une rébellion montée de toute pièce et nommée RCD, que tout le monde sait n’avoir rien à avoir avec les intérêts du Congo, coupa, au passage le courant d’Inga, laissant la ville de Kinshasa, les hôpitaux, les maternités, les services d’urgences sans électricité et sans eaux, pendant presque deux semaines.
Ce RCD-là eut comme commandants des personnalités congolaises qui, toutes, doivent certes des explications à la nation et portent la responsabilité de tous ces morts et portent, dans leurs mains, ce sang de nombreux innocents.
L’objectif de cette date et de cette commémoration est de faire prendre conscience aux Congolais d’abord, et pour que ceux-ci la racontent à tous ceux qui vivent autour d’eux, que ce fut le début du Génocide congolais.
Puis, se battre pour que, dans le futur, cette commémoration devienne nationale et même internationale.
Ce 2 août 2013 étant la première commémoration dans l’histoire, tout Congolais est appelé à faire quelque chose, si petite soit-elle, pour commémorer ce génocide. Quant à ceux de Londres qui le pouvaient, ils étaient invités à se retrouver au lieu choisi.
Cependant, le Génocide congolais n’est pas un génocide comme les autres. Comme le stipulent certains auteurs, personne ne peut comprendre le pourquoi du génocide rwandais, puisque ce pays-là n’a aucune ressource qui ferait l’affaire des grands de ce monde.
Mais, on sait aujourd’hui, comme l’avait présagé Mobutu lorsqu’on vint lui annoncer l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana (qu’on ne cite même plus souvent), le Rwanda n’était qu’un passage pour arriver au Congo, comme l’on voudrait aujourd’hui la Syrie devenir un passage pour avoir l’Iran.
Une affaire de gros sous
Le Génocide congolais est appelé un « Géno-cost » : c’est une affaire de gros sous, une affaire du sang dans les téléphones, une affaire de nos ressources naturelles exploitées à partir de l’Est, à partir du Rwanda et de l’Ouganda.
Au menu de cette première commémoration, les organisateurs ne prévoyaient rien de spécial. Sauf que les Congolais, quelques-uns qui pourraint effectuer le déplacement, suivraient quelques discours et certaines petites actions proposées.
L’important, disent les organisateurs, c’est de permettre aux Congolais de se savoir citoyens du monde, qu’ils ont aussi les mêmes droits que les autres peuples que leurs morts bénéficient d’une commémoration et surtout qu’ils doivent devenir eux-mêmes, les Congolais, une voix.
Ce qui est navrant, constatent-t-ils, est que, vingt ans après, ce génocide continue… et le silence aussi…
Ce 2 août est aussi un jour de rappel à la communauté internationale, aux dirigeants actuels, aux Président et Premiers ministres que, si aujourd’hui, vingt ans après le génocide rwandais, nombreux des dirigeants du monde à l’époque du génocide rwandais, comme l’ancien Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, l’ancien président américain Bill Clinton, tous se battent leurs coulpes car ils pouvaient bien arrêter ce génocide, demain, ceux d’aujourd’hui aussi risquent d’avoir une conscience plus chargée que celle de leurs prédécesseurs, lorsqu’ils apprendront les atrocités commises par le Rwanda et l’Ouganda au Congo.
Qui se souvient que ces deux armées se sont combattues à Kisangani, en plein Congo, pour avoir le monopole des diamants ? Qui se souvient que, aujourd’hui encore, malgré les démentis, malgré les pressions, ce sont le Rwanda et l’Ouganda qui continuent à attaquer le Congo, via la nouvelle rébellion M23, qui n’est autre que le prolongement du RCD et du CNDP de Laurent Nkundabatware ?
Qui sait que, malgré les visites des VIP à l’Est dont la dernière est celle de l’épouse du Président français, que des femmes congolaises continuent à être violées sans fin, sans que le monde n’arrête cette guerre ?
Norbert Mbu-Mputu
Le Potentiel
C’est une initiative des jeunes Congolais de la diaspora britannique réunis autour de « Congolese Action Youth Platform ». Vendredi 2 août 2013, au Manor Gardens Centre, au nord de Londres, tous les Congolais étaient invités à inaugurer ce que les organisateurs voudraient que tout Congolais puisse commémorer désormais : le Génocide congolais.
« Nous savons tous que pour que vos morts puissent avoir le nom de génocide et qu’ils puissent bénéficier d’une attention spéciale comme ceux morts au Rwanda lors des événements malheureux de 1994, il faudra avoir une certaine couleur de peau, avoir une certaine forme de tête, avoir un certain genre de cheveux ou tout simplement avoir les siens parmi les décideurs de ce monde qui se recrutent et se changent des informations avec des organisations bien connues », a expliqué Sylvestre (Sly) Mido, responsable de cette organisation.
Et, la question devient frustrante et est même un paradoxe : pourquoi les 800.000 morts rwandais bénéficient-ils de ce qualificatif alors que plus de 5.000.000 de Congolais (compter le nombre des zéros derrière), tout à côté, ne bénéficient pas de ce qualificatif de « génocide » ?
Pourquoi la guerre rwandaise et d’autres soulèvent un intérêt international et que la congolaise, malgré les marches, les pétitions, les voyages et visites sur terrain semblent ne soulèvent aucun intérêt surtout des médias attitrés, dont la BBC ?
Après des campagnes, des pétitions, des marches, ces jeunes Congolais sont arrivés à une conclusion : c’est parce que nous-mêmes, Congolais, ne faisons pas assez de bruits autour de notre génocide, en usant des moyens qui sont les nôtres, si petits soient-ils.
Aussi, comme il n’est pas facile de s’arracher une minute sur la BBC sur le Congo, sauf lorsqu’on veut parler des Gorilles des montagnes, comme il n’est pas facile de s’arracher une page dans les grands journaux, sauf lorsqu’un rebelle a été arrêté et lynché, il faudra user de nos moyens : l’Internet et les nouveaux médias.
Le Génocide congolais, le 2 août
Le fameux printemps arabe, dit-on, est passé par là. Mais, encore plus. Si, les décideurs de ce monde avec leurs organismes internationaux refusent de reconnaître nos morts comme ayant été victimes d’un génocide, ils ne nous interdisent pas de les nommer ainsi nous-mêmes.
Bien plus, ils ne nous interdisent pas de décider et de consacrer un jour de commémoration et des pensées pieuses à tous ces morts sans avocats internationaux. Aussi, il leur est venu l’idée de se choisir une date et d’en faire la date commémorative des morts congolais.
Cette date est désormais le 2 août. Car, pour mémoire, c’est ce jour-là que le Rwanda démarra la deuxième et plus longue invasion et agression du Congo. Le Rwanda n’est pas allé par quatre chemins.
Chassé de Kinshasa par Laurent-Désiré Kabila, il organisa une opération aéroportée de Goma à Kitona et progressa, sans rire, vers Kinshasa, qu’il voulait prendre en sandwich.
Le Rwanda, qui créera une rébellion montée de toute pièce et nommée RCD, que tout le monde sait n’avoir rien à avoir avec les intérêts du Congo, coupa, au passage le courant d’Inga, laissant la ville de Kinshasa, les hôpitaux, les maternités, les services d’urgences sans électricité et sans eaux, pendant presque deux semaines.
Ce RCD-là eut comme commandants des personnalités congolaises qui, toutes, doivent certes des explications à la nation et portent la responsabilité de tous ces morts et portent, dans leurs mains, ce sang de nombreux innocents.
L’objectif de cette date et de cette commémoration est de faire prendre conscience aux Congolais d’abord, et pour que ceux-ci la racontent à tous ceux qui vivent autour d’eux, que ce fut le début du Génocide congolais.
Puis, se battre pour que, dans le futur, cette commémoration devienne nationale et même internationale.
Ce 2 août 2013 étant la première commémoration dans l’histoire, tout Congolais est appelé à faire quelque chose, si petite soit-elle, pour commémorer ce génocide. Quant à ceux de Londres qui le pouvaient, ils étaient invités à se retrouver au lieu choisi.
Cependant, le Génocide congolais n’est pas un génocide comme les autres. Comme le stipulent certains auteurs, personne ne peut comprendre le pourquoi du génocide rwandais, puisque ce pays-là n’a aucune ressource qui ferait l’affaire des grands de ce monde.
Mais, on sait aujourd’hui, comme l’avait présagé Mobutu lorsqu’on vint lui annoncer l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana (qu’on ne cite même plus souvent), le Rwanda n’était qu’un passage pour arriver au Congo, comme l’on voudrait aujourd’hui la Syrie devenir un passage pour avoir l’Iran.
Une affaire de gros sous
Le Génocide congolais est appelé un « Géno-cost » : c’est une affaire de gros sous, une affaire du sang dans les téléphones, une affaire de nos ressources naturelles exploitées à partir de l’Est, à partir du Rwanda et de l’Ouganda.
Au menu de cette première commémoration, les organisateurs ne prévoyaient rien de spécial. Sauf que les Congolais, quelques-uns qui pourraint effectuer le déplacement, suivraient quelques discours et certaines petites actions proposées.
L’important, disent les organisateurs, c’est de permettre aux Congolais de se savoir citoyens du monde, qu’ils ont aussi les mêmes droits que les autres peuples que leurs morts bénéficient d’une commémoration et surtout qu’ils doivent devenir eux-mêmes, les Congolais, une voix.
Ce qui est navrant, constatent-t-ils, est que, vingt ans après, ce génocide continue… et le silence aussi…
Ce 2 août est aussi un jour de rappel à la communauté internationale, aux dirigeants actuels, aux Président et Premiers ministres que, si aujourd’hui, vingt ans après le génocide rwandais, nombreux des dirigeants du monde à l’époque du génocide rwandais, comme l’ancien Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, l’ancien président américain Bill Clinton, tous se battent leurs coulpes car ils pouvaient bien arrêter ce génocide, demain, ceux d’aujourd’hui aussi risquent d’avoir une conscience plus chargée que celle de leurs prédécesseurs, lorsqu’ils apprendront les atrocités commises par le Rwanda et l’Ouganda au Congo.
Qui se souvient que ces deux armées se sont combattues à Kisangani, en plein Congo, pour avoir le monopole des diamants ? Qui se souvient que, aujourd’hui encore, malgré les démentis, malgré les pressions, ce sont le Rwanda et l’Ouganda qui continuent à attaquer le Congo, via la nouvelle rébellion M23, qui n’est autre que le prolongement du RCD et du CNDP de Laurent Nkundabatware ?
Qui sait que, malgré les visites des VIP à l’Est dont la dernière est celle de l’épouse du Président français, que des femmes congolaises continuent à être violées sans fin, sans que le monde n’arrête cette guerre ?
Norbert Mbu-Mputu
Le Potentiel
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