mercredi 7 août 2013

Guerre au Kivu : L’agenda caché de l’ONU

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Paul KAGAME et Ban KI-MOON 

Pour qui roule finalement la Monusco ? C’est la question qu’il faut se poser. Car l’attitude de la Monusco étonne à plus d’un titre. Celle-ci ne voudrait pas s’aventurer sur les  territoires contrôlés par le M23 alors que la Résolution 2098, tout comme l’accord-cadre d’Addis-Abeba, classent ce mouvement rebelle parmi les forces négatives. 

Qu’est-ce à dire : que le M23 passerait pour une force occupante sur les territoires congolais conquis avec l’aide des armées rwandaise et ougandaise ? 

La Monusco a certainement un plan pour l’Est ; un plan qui ne s’intègre pas dans la logique de Kinshasa. Car dans l’agenda de la Monusco, comme l’avait d’ailleurs ouvertement révélé l’ex-secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Johnnie Carson, la paix dans l’Est de la RDC passera par le schéma appliqué autant au Soudan qu’en Yougoslavie. 

Dans ce schéma, la paix a été négociée contre la partition de ces pays, autrement dit leur balkanisation. Depuis toujours, la Monusco inscrit son action en RDC dans ce schéma. Et elle ne s’en est jamais démarquée. 

Toutes les actions qu’elle déploie en RDC, depuis l’accord de Lusaka en 1999 jusqu’au tout récent accord-cadre d’Addis-Abeba, la Monusco travaille pour matérialiser ce vieux plan de balkanisation de la RDC. La zone de sécurité qu’elle s’est établie dans l’Est de la RDC, loin des positions du M23, réconforte cette thèse.

La « zone de sécurité » établie par la Monusco entre Goma et Sake, après l’expiration jeudi de son ultimatum, est perçue négativement dans l’opinion publique.  

D’une part, elle empêcherait toute progression des FARDC dans la reconquête des territoires occupés indûment par le M23, et, d’autre part, elle indiquerait que la Monusco n’aurait aucune intention de voir le mouvement rebelle perdre son positionnement sur le terrain, donne qui va peser dans la poursuite des pourparlers de Kampala dont les conclusions viennent d’être  recommandées par les chefs d’Etat de la région des Grands Lacs.   

A y regarder de près, il y a lieu de se demander pour qui finalement roule la Monusco.

Le jeu que joue la Mission onusienne en RDC (Monusco) est de plus en plus flou. Les déclarations faites au quotidien rentrent en contradiction de temps en temps avec les actions  et autres attitudes sur le terrain des opérations. 

Aussi l’opinion nationale s’empresse-t-elle de considérer cela comme une preuve de compromission des Nations unies dans la crise congolaise. Le constat est qu’elle fait souvent la part belle au M23.

 La ville de Goma a été le théâtre hier vendredi d’intenses manifestations contre les troupes de la Brigade spéciale d’intervention des Nations unies. Des manifestants, constitués pour la plupart des jeunes, se sont sérieusement opposés à la zone, dite de « sécurité », proposée par la Monusco entre Goma et Sake.

Les manifestants ont dit trouver contradictoire la démarche de la Monusco, alors que le problème pour lequel la Brigade d’intervention est déployée dans l’Est se trouve bien au-delà de la « zone de sécurité » tracée par la Monusco. 

Les jeunes qui sont descendus dans la rue veulent que cette zone soit élargie à des zones qu’ils considèrent comme étant les plus exposées à l’insécurité comme Rutshuru.

« C’est là que se trouvent les rebelles [du M23] à désarmer », affirmaient-ils. La police a dû intervenir pour disperser ces jeunes, rapporte radio Okapi.

Signe d’éveil

 

Ce soulèvement a démontré que la population de Goma a décidé de se prendre en charge. Bien auparavant, elle s’était opposée au rappel du colonel Mamadou Ndala, commandant des opérations menées contre le M23. C’était en réaction aux rumeurs distillées dans le chef-lieu du Nord-Kivu. 

S’agissant de la fameuse zone de sécurité, la population juge aberrant le fait que la Brigade d’intervention des Nations unies ne centre son action que dans les zones occupées par les Forces armées de la RDC (FARDC), alors que la Résolution 2098 qui fixe son mandat lui donne expressément le pouvoir de traquer et de neutraliser des forces négatives qui pullulent dans l’Est de la RDC, au nombre desquelles figure le M23.

Bien avant l’expiration jeudi dernier de l'ultimatum lancé par les la Monusco, les rebelles du M23 avaient fait savoir qu'ils ne se sentaient « pas concernés » par cet appel des Nations unies. Ils pourraient bien avoir raison d’autant plus que la zone de sécurité fixée par la Brigade d’intervention ne comprenait pas les territoires sous leur contrôle.

Selon certains diplomates, l’établissement de la « zone de sécurité » devrait être considéré comme une forme de mise en garde à l'adresse du M23 au cas où ce dernier serait tenté de s'approcher de Goma. 

Ce qui n’est pas de l’avis de la population de Goma qui estime que la Monusco et sa Brigade d’intervention jouent un jeu qui n’est nullement en faveur de la RDC.

Des observateurs sont formels sur un point. En décidant d’établir sa fameuse « zone de sécurité » dans les territoires contrôlés par les FARDC, pensent-ils, la Monusco a clairement montré de quel côté se trouvent ses intérêts. Bien plus, celle-ci aurait dévoilé qu’elle reconnait implicitement au M23 le plein droit d’administrer les territoires passés sous son contrôle.

Que vaudrait donc la Brigade d’intervention si elle  limite ses opérations dans l’axe Goma-Sake?  

Dans l’opinion, l’attitude est alambiquée, quand bien même le commandant de la force de la Monusco, le général Alberto Dos Santos Cruz, tenterait d’apaiser la tempête, dans un point de presse tenu jeudi 1er août à Goma à quelques heures de la fin de l’ultimatum.

Selon ce dernier, la mesure de sécuriser la zone Goma-Sake et ses environs viserait à « protéger plus d’un million de populations civiles, parmi lesquelles des déplacés, ceci ne constitue qu’une première étape. 

Chaque zone a des réalités qui lui sont propres. Nous allons nous adapter à la situation du terrain. C’est nous qui prenons l’initiative de ce que nous allons faire et le mode d’action que nous allons utiliser ».

L’agenda caché de l’ONU

 

Pour qui roule finalement la Monusco ? C’est la question qu’il faut se poser. Car l’attitude de la Monusco étonne à plus d’un titre. Celle-ci ne voudrait pas s’aventurer sur les  territoires contrôlés par le M23 alors que la Résolution 2098, tout comme l’accord-cadre d’Addis-Abeba, classent ce mouvement rebelle parmi les forces négatives. 

Qu’est-ce à dire : que le M23 passerait pour une force occupante sur les territoires congolais conquis avec l’aide des armées rwandaise et ougandaise ? La Monusco a certainement un plan pour l’Est ; un plan qui ne s’intègre pas dans la logique de Kinshasa. A Goma, des jeunes l’ont vite deviné.

Ce qui justifie les manifestations d’hier vendredi. Il n’y a qu’au niveau des pouvoirs publics qu’on continue encore de croire à la capacité de la Monusco à ramener la paix dans l’Est. 

Car dans l’agenda de la Monusco, comme l’avait d’ailleurs ouvertement révélé l’ex-secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Johnnie Carson, la paix dans l’Est de la RDC passera par le schéma appliqué autant au Soudan qu’en Yougoslavie.

Dans ce schéma, la paix a été négociée contre la partition de ces pays, autrement dit leur balkanisation. Depuis toujours, la Monusco inscrit son action en RDC dans ce schéma. Et elle ne s’en est jamais démarquée. 

Toutes les actions qu’elle déploie en RDC, depuis l’accord de Lusaka en 1999 jusqu’au tout récent accord-cadre d’Addis-Abeba, la Monusco travaille pour matérialiser ce vieux plan de balkanisation de la RDC.

La zone de sécurité qu’elle s’est établie dans l’Est de la RDC, loin des positions du M23, réconforte cette thèse. 

Dans une déclaration (voir encadré), rendue publique le 1er août depuis Goma, la Société civile du Nord-Kivu voit déjà ce danger.
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Déclaration de la Société civile du Nord-Kivu à propos de l’ultimatum de la Monusco

 

La coordination de la Société civile du Nord-Kivu a suivi avec attention le communiqué du commandant de la force de la Monusco, donnant un ultimatum de 48 heures à toute personne détenant une arme et ne faisant pas partie des forces nationales de sécurité autour de la ville de GOMA et SAKE à pouvoir la déposer.

Notre structure, après avoir recueilli les réactions de ses composantes quant à ce, réalise avec amertume que cette décision est bien loin une réponse aux attentes de la population nord-kivutienne, en proie à l’activisme du M23, des FDLR, des ADF-Nalu/Al-Shabaab et d’autres milices locales.

La Société civile considère que la Brigade d’intervention de la Monusco, plutôt que de se mettre en action de traque contre les forces négatives en province, cherche à nous endormir debout et continue de passer son temps, oubliant qu’elle n’a qu’un mandat d’une année.

Elle fustige par ailleurs la position du gouvernement congolais consistant à saluer cette décision de la Monusco, alors qu’il sait pertinemment que la zone ciblée par la mission est déjà conquise par les FARDC.

La coordination de la Société civile du Nord-Kivu qualifie de manœuvres dilatoires cette action de la force de la Monusco et invite de ce fait toute la population congolaise à la vigilance.

Elle dénonce par ailleurs, toute éventuelle tentative de trêve imposée aux FARDC, au profit des « soi-disant » pourparlers avec M23, pourtant réputé Force négative.

Et, à dater de ce jour, la Société civile du Nord-Kivu donne une semaine à la Brigade d’intervention pour qu’elle débute son action offensive. 

Faute de quoi, elle demandera à la population de se désolidariser d’elle et de mener des actions de grande envergure devant la pousser à agir, sinon, à  plier bagage.

Les forces vives de la province, tout en réitérant leur soutien aux FARDC, appellent les Congolais vivant au pays ainsi que ceux de la diaspora à apporter leur contribution tant morale, matérielle que financière en faveur des militaires engagés sur les fronts et qui témoignent en ces jours de leur bravoure, honorant la nation congolaise.

Enfin, notre coordination demande au gouvernement central d’accélérer la formation des recrues, pour qu’elles viennent renforcer, un peu plus tôt, leurs aînés dans l’action de libération du territoire national contre l’agression rwando-ougandaise.

Fait à Goma, le 1er août 2013
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DES JEUNES DEMANDENT LE PROLONGEMENT DE LA ZONE DE SÉCURITÉ AU-DELÀ DE GOMA

 

Une agitation de quelque temps a été observée, dans la matinée du vendredi 2 août à Goma. A la base, des jeunes gens exigeaient que la zone de sécurité imposée par la Monusco soit étendue au-delà de Goma et Sake, notamment vers Rutshuru.

Le calme est revenu à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu après une agitation observée dans la matinée.  Cette situation était perceptible sur la route allant du rond point Birere à l’aéroport, et devant les bureaux de la Société civile. Et pour cause. 

Certains jeunes, dont des motards, sont descendus dans la rue pour exiger que la zone de sécurité imposée par la Monusco soit étendue au-delà de Goma et Sake, notamment vers Rutshuru.

Selon radiookapi.net, cette agitation a été observée au lendemain de la fin de l’ultimatum  lancé par la Monusco à tout civil détenteur d’armes de venir les déposer, au risque d’être pris pour cible.
La Monusco a,  en effet, délimité une zone de sécurité sur l’axe Goma-Sake. Pour les jeunes qui sont descendus dans la rue veulent que cette zone soit élargie à des zones qu’ils considèrent comme les plus exposées à l’insécurité comme Rutshuru.

« C’est là que se trouvent les rebelles du Mouvement du 23 mars à désarmer », affirmaient-ils. Dans le but de rétablir l’ordre public, la police a dû intervenir pour disperser ces jeunes.

Préoccupée par cette agitation, le gouverneur de la province  du Nord-Kivu, Julien Paluku, cité par la même source a appelé les uns et les autres au calme. « La zone de sécurité est toujours flexible », a-t-il déclaré.
Et pourtant, une relative accalmie a été observée depuis jeudi soir dans la zone de sécurité délimitée par la Monusco.  Dans la ville de Goma, aucun coup de feu n’a été entendu la nuit dernière, contrairement à ce qu’on a connu il y a deux ou trois jours, renseigne la source.

A Sake, une autorité locale a témoigné aussi de cette relative  accalmie, ajoutant que la population locale attendait voir les effets concrets de cet ultimatum.

L’on se souviendra que la Mission onusienne avait, en effet, donné un ultimatum de 48 heures, qui a expiré le 1er août à 16 heures, à tous les détenteurs d’arme ainsi qu’aux groupes armés pour les rendre aux différentes bases de la Monusco.
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© KongoTimes

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