mardi 6 août 2013

José Edouardo dos Santos : Le temps des vaches maigres ?


L’ancien Premier ministre angolais Marcolino Moco.

Au pouvoir depuis trente-trois ans, le président angolais José Edouardo dos Santos, 71 ans, n’est plus à l’abri des critiques les plus acerbes. Ses adversaires lui reprochent notamment la corruption mais surtout l’emprise de sa famille biologique sur les richesses du pays.

Correspondance.

C’est une interview détonante accordée à l’hebdomadaire «Jeune Afrique». Marcolino Moco n’y trouve pas de mots assez durs pour dire tout le mal qu’il pense tant sur l’homme qui dirige l’Angola depuis trente-trois ans que sur le système népotiste qu’il a mis en place. 


«Au XXIè siècle, un pays ne peut pas conserver le même chef de l’Etat pendant plus de trente ans. José Edouardo dos Santos doit partir».

Ancien Premier ministre et secrétaire général du MPLA (Mouvement pour la libération de l’Angola), Moco met le doigt là où ça fait mal. Il fustige l’enrichissement «de manière éhontée» d’une vingtaine de proches du Président face à la pauvreté ambiante. 


Proclamée par le magazine américain «Forbes» comme étant la femme africaine milliardaire en dollars, Isabel dos Santos en prend pour son grade. Elle détiendrait «près de 20%» de la banque portugaise BPI.

Que faire de tous ces "profiteurs du régime" en cas de changement? Ancien dignitaire de l’Etat-MPLA, Marcolino Moco se garde bien de préconiser la «guillotine» comme le firent les révolutionnaires français en 1789. 


«Il faudrait, suggère-t-il, déclarer une sorte d’amnistie, puis imposer une véritable tolérance zéro face à la corruption à partir de ce moment-là ». 

A l’instar d’autres opposants africains, «Marcolino» ne se prive pas de critiquer la mainmise de l’ex-parti unique, auquel il appartenait, sur les médias. Une situation qui empêche, selon lui, les forces politiques de l’opposition à faire entendre leur voix.

Après avoir connu une longue période de «vaches grasses» découlant de pétrodollars ainsi que de la victoire sur les forces de l’Unita de Jonas Malheiro Savimbi, le régime incarné par Dos Santos semble aborder la phase décadente. Le temps des vaches maigres.

En janvier 2010, "José" avait fait voter la toute première Constitution angolaise. Une constitution taillée sur mesure instaurant l’élection du président de la République au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. 


Elu en 2012, dos Santos devrait présider aux destinées de son pays jusqu’en 2017. L’homme serait tenté de rempiler pour un «dernier» terme de cinq ans à l’image du Zimbabwéen Robert Mugabe.

Tout a commencé, début septembre 2011, par des manifestations organisées par plusieurs dizaines de jeunes angolais à Luanda. Plusieurs arrestations eurent lieu. 


Que réclamaient ces «braillards» ? Selon des observateurs, les protestataires demandaient rien moins que des «espaces de libertés» pour faire entendre la voix de l’opposition.

La sortie médiatique de Marcolino Moco intervient étrangement au lendemain de la nomination, le 21 juin dernier, d’un des fils Dos Santos à la tête du très convoité «Fundo Soberano de Angola» (Fonds souverain de l’Angola). 


Il s’agit de José Filomeno de Sousa dos Santos, 35 ans. Institué en octobre 2012, cet organisme est doté d’un capital estimé à 5 milliards $US. Moco va-t-il faire des émules ? C’est à voir. 
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Joao Batista Lutonadio
© Congoindépendant

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