Saturday, 24 August 2013
Regain des tensions autour de Goma
La guerre est déclarée entre Kinshasa et Kigali, après la reprise il y a 48 heures des combats autour de Goma. La chute des obus sur Goma, avec mort d’hommes, aura été la goutte qui a fait déborder le vase.
Le Rwanda a été le premier à lever le ton, prétextant une attaque à partir de la RDC.
La réplique de Kinshasa n’a pas tardé. Devant la presse réunie en son cabinet, Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, a dénoncé un « agenda de certains cercles à Kigali » visant la déstabilisation du Kivu et la balkanisation de la RDC. Entre les deux capitales, c’est désormais l’escalade verbale prélude du choc frontal.
En juillet dernier, la chaîne publique anglaise faisait part de la mise en place d’un plan de déstabilisation de la région des Grand Lacs, savamment orchestrée à partir de Kigali, capitale du Rwanda. La BBC s’appuyait alors sur des déclarations recueillies auprès d’un groupe de rebelles du M23 qui avaient fait défection en novembre 2012.
BBC AVAIT VU JUSTE
Selon BCC, certains de ces déserteurs avaient indiqué que le M23 élaborait un plan destiné à déstabiliser la région, afin d’empêcher le déploiement de la Brigade spéciale d’intervention annoncée par l’accord–cadre d’Addis-Abeba et coulée dans la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu.
« Le Rwanda est derrière cette action », affirmait sans détours à l’époque la radio britannique, soulignant que des instructeurs rwandais assuraient désormais la formation des combattants du M23, leur montrant comment déstabiliser la région. Le M23 aurait même déjà un plan d’action, indiquait BBC.
Aujourd’hui, avec le regain des tensions autour de Goma, les révélations de BBC se justifient à tout point de vue. La reprise des combats à quelques encablures du chef-lieu du Nord-Kivu tiendrait, a soutenu hier devant la presse le porte-parole du gouvernement, à une logique dont l’objectif final est la déstabilisation systématique du Kivu et la balkanisation de la RDC.
« Nous sommes tristes de devoir constater que la déstabilisation systématique du Kivu et la balkanisation de la RDC restent bel et bien à l’agenda de certains cercles à Kigali en dépit des engagements en sens contraire pris lors des rencontres internationales par nos collègues de ce pays voisin (Ndlr : le Rwanda) », a fait savoir Lambert Mende.
Entre les deux voisins, c’est déjà l’escalade verbale. Kigali a été le premier à lever le ton, à la suite, a indiqué le porte-parole de son armée, le général Nzabimwita, de la prétendue chute sur son territoire d’un obus tiré du côté de la RDC.
Lambert Mende déclare, citant un communiqué distribué jeudi dernier par le gouvernement rwandais s’exprimant à travers le général Nzabimwita, « le bombardement d’hier jeudi a été non provoqué et insensé ».
Le communiqué poursuit : « un acte similaire signalé le 15 juillet 2013 lorsque les FARDC avaient délibérément bombardé à deux reprises les quartiers de Kageshi et Gasiza du secteur de Busasana dans le district de Rubavu ».
A son tour, Kinshasa ne s’est pas fait prier deux fois pour réagir. Par le biais de son porte-parole, le gouvernement n’a pas raté les autorités de Kigali. Rappelant les incidents du 15 juillet 2013, Lambert Mende a fustigé le montage grossier de Kigali qui cherche par tous les moyens à se disculper de tout le mal qu’il cause aux paisibles citoyens de l’Est de la RDC.
« Tout bien considéré, note-t-il, nous nous trouvons devant le même scénario qui avait précédé l’invasion de Goma par les forces rwandaises en novembre 2012. Des bataillons des RDF (Rwanda Defense Army) s’étaient déployés vers le Congo, puis des obus furent lancés au Rwanda en provenance des localités contrôlées alors par le M23 afin de donner prétexte à une intervention rwandaise sous forme de représailles ».
Pour Kinshasa, le modus operandi de Kigali est connu d’avance : « Les choses se passent de la même manière encore aujourd’hui. Des sources très crédibles ont attesté depuis hier vendredi déjà aussi bien auprès de notre gouvernement qu’auprès de certaines instances de la communauté internationale que des bombes sont effectivement tombées au Rwanda à partir du territoire congolais sans faire de victimes humaines mais que, détail très important, c’est le M23 qui a lancé ces bombes au Rwanda pour ensuite accuser l’armée congolaise afin de justifier l’entrée en guerre contre la RDC de ce pays qui le soutient déjà de manière officieuse ».
Tout compte fait, soutient Mende, « l’information contenue dans le communiqué du ministère rwandais de la Défense selon laquelle les Forces armées de la RDC auraient tiré délibérément une roquette de 107 mm dans le village de Bugu dans le district de Rubavu est donc infondée ». A son avis, les élucubrations de Kigali, tout comme plusieurs autres allégations répandues aux quatre vents, sont destinées à « induire l’opinion en erreur ».
LA DESTABILISATION DE LA RDC SE CONFIRME
Pour le gouvernement, il est clair que les attaques menées depuis le mercredi 21 août 2013 par le M23, avec l’appui des unités de l’armée rwandaise contre les FARDC à Goma et les localités environnantes, s’inscrivent dans « cet acharnement à organiser et à perpétuer le désordre de manière systémique, hypothéquant ainsi les chances des peuples de toute une région de notre continent de vivre en paix et de se développer ».
Lambert Mende a relevé que « au moment même où le Groupe de contact composé des membres de la Majorité, de l’Opposition, de la Société civile et d’autres forces vives de la nation, mis en place par le présidium du forum vient de déposer ses conclusions traduisant ainsi l’accord quasi parfait entre ces différents segments de la Nation dans la perspective du lancement des concertations nationales, nos populations civiles sont à nouveau meurtries par les ennemis de la paix ».
Et d’ajouter, « face à cette incurie avérée, il est impératif que tous les Congolais se saisissent de cette occasion non seulement pour prendre véritablement conscience de la situation singulière de la RDC dans la géopolitique tant régionale qu’internationale, mais aussi et surtout pour consolider l’unité nationale, inventer des stratégies adaptées, susceptibles de conjurer désormais ces assauts réitérés et remettre le pays sur les rails du développement ».
Plus de doute possible. La déstabilisation de la RDC et des Grands Lacs porte bel et bien la marque du Rwanda.
Lambert Mende rappelle que « Depuis plus de dix ans, à chaque fois que le gouvernement de la RDC s’est engagé dans la voie de la paix et du développement, des scénarii presqu’écrits à l’avance sont venus délibérément en perturber la bonne fin ».
Cette sortie médiatique du porte-parole du gouvernement congolais met la communauté internationale devant ses responsabilités. Celle-ci est obligée de franchir le Rubicon pour remettre de l’ordre dans la région des Grands Lacs.
Les Nations unies ont été les premières à dénoncer l’implication du Rwanda dans la nouvelle rébellion menée par le M23. Faudrait-il en rester là ? Kinshasa estime qu’il faut aller plus loin en prenant des mesures, contraignantes, voire coercitives.
Il est vrai que la position prise par les Nations unies a été relayée par d’autres pays influents dans le cercle mondial des décisions. Malheureusement, les condamnations faites ça et là n’ont pas été suivies d’actions, au point où le Rwanda s’est conforté dans sa situation d’intouchable.
Le constat est là : Kigali continue à entretenir son entreprise meurtrière dans les Grands Lacs en se faisant passer pour l’éternelle victime d’un génocide dans lequel la RDC n’y est pour rien.
Les derniers événements interpellent la communauté internationale. Aucune capitale des puissances planétaires ne peut donc fermer les yeux sur la tragédie récurrente de l’Est de la RDC.
APPEL A UN SURSAUT PATRIOTIQUE
Lambert Mende trouve en ce nouvel acte de provocation du Rwanda une occasion pour le peuple congolais de faire preuve d’un sursaut patriotique, en adhérant notamment, dans la logique de concertations nationales, initiées par le président Joseph Kabila.
L’Ordonnance présidentielle n°13/078 du 26 décembre 2013 portant création, organisation et fonctionnement des Concertations nationales », invite toutes les couches sociopolitiques de la RDC à « réfléchir, échanger et débattre, en toute liberté et sans contrainte, de tous les voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion nationale, de renforcer et d’étendre l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national ».
Ce forum vise à « mettre fin aux cycles de violences dans l’Est du pays, de conjurer toute tentative de déstabilisation des institutions et d’accélérer le développement du pays dans la paix et la concorde ».
Lambert Mende s’est félicité du consensus qui semble se dégager dans la classe politique congolaise : « Depuis lors, la classe politique toute entière et la société civile congolaises se sont mobilisées pour donner corps, par touches successives et malgré quelques agitations somme toute de bonne guerre, à cette initiative du président de la République ».
Face à cette nouvelle agression du Rwanda, le porte-parole du gouvernement a lancé un appel à l’éveil national, convaincu que seule l’unité dans la lutte peut permettre aux Congolais de venir à bout de la pieuvre qui ronge la partie Est de la RDC.
Cette mobilisation du peuple congolais est, ni plus ni moins, un signe précurseur d’une éventuelle bataille rangée sur le terrain. Le décor, pour un choc frontal, est planté.
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Le Potentiel
Regain des tensions autour de Goma
La guerre est déclarée entre Kinshasa et Kigali, après la reprise il y a 48 heures des combats autour de Goma. La chute des obus sur Goma, avec mort d’hommes, aura été la goutte qui a fait déborder le vase.
Le Rwanda a été le premier à lever le ton, prétextant une attaque à partir de la RDC.
La réplique de Kinshasa n’a pas tardé. Devant la presse réunie en son cabinet, Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, a dénoncé un « agenda de certains cercles à Kigali » visant la déstabilisation du Kivu et la balkanisation de la RDC. Entre les deux capitales, c’est désormais l’escalade verbale prélude du choc frontal.
En juillet dernier, la chaîne publique anglaise faisait part de la mise en place d’un plan de déstabilisation de la région des Grand Lacs, savamment orchestrée à partir de Kigali, capitale du Rwanda. La BBC s’appuyait alors sur des déclarations recueillies auprès d’un groupe de rebelles du M23 qui avaient fait défection en novembre 2012.
BBC AVAIT VU JUSTE
Selon BCC, certains de ces déserteurs avaient indiqué que le M23 élaborait un plan destiné à déstabiliser la région, afin d’empêcher le déploiement de la Brigade spéciale d’intervention annoncée par l’accord–cadre d’Addis-Abeba et coulée dans la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu.
« Le Rwanda est derrière cette action », affirmait sans détours à l’époque la radio britannique, soulignant que des instructeurs rwandais assuraient désormais la formation des combattants du M23, leur montrant comment déstabiliser la région. Le M23 aurait même déjà un plan d’action, indiquait BBC.
Aujourd’hui, avec le regain des tensions autour de Goma, les révélations de BBC se justifient à tout point de vue. La reprise des combats à quelques encablures du chef-lieu du Nord-Kivu tiendrait, a soutenu hier devant la presse le porte-parole du gouvernement, à une logique dont l’objectif final est la déstabilisation systématique du Kivu et la balkanisation de la RDC.
« Nous sommes tristes de devoir constater que la déstabilisation systématique du Kivu et la balkanisation de la RDC restent bel et bien à l’agenda de certains cercles à Kigali en dépit des engagements en sens contraire pris lors des rencontres internationales par nos collègues de ce pays voisin (Ndlr : le Rwanda) », a fait savoir Lambert Mende.
Entre les deux voisins, c’est déjà l’escalade verbale. Kigali a été le premier à lever le ton, à la suite, a indiqué le porte-parole de son armée, le général Nzabimwita, de la prétendue chute sur son territoire d’un obus tiré du côté de la RDC.
Lambert Mende déclare, citant un communiqué distribué jeudi dernier par le gouvernement rwandais s’exprimant à travers le général Nzabimwita, « le bombardement d’hier jeudi a été non provoqué et insensé ».
Le communiqué poursuit : « un acte similaire signalé le 15 juillet 2013 lorsque les FARDC avaient délibérément bombardé à deux reprises les quartiers de Kageshi et Gasiza du secteur de Busasana dans le district de Rubavu ».
A son tour, Kinshasa ne s’est pas fait prier deux fois pour réagir. Par le biais de son porte-parole, le gouvernement n’a pas raté les autorités de Kigali. Rappelant les incidents du 15 juillet 2013, Lambert Mende a fustigé le montage grossier de Kigali qui cherche par tous les moyens à se disculper de tout le mal qu’il cause aux paisibles citoyens de l’Est de la RDC.
« Tout bien considéré, note-t-il, nous nous trouvons devant le même scénario qui avait précédé l’invasion de Goma par les forces rwandaises en novembre 2012. Des bataillons des RDF (Rwanda Defense Army) s’étaient déployés vers le Congo, puis des obus furent lancés au Rwanda en provenance des localités contrôlées alors par le M23 afin de donner prétexte à une intervention rwandaise sous forme de représailles ».
Pour Kinshasa, le modus operandi de Kigali est connu d’avance : « Les choses se passent de la même manière encore aujourd’hui. Des sources très crédibles ont attesté depuis hier vendredi déjà aussi bien auprès de notre gouvernement qu’auprès de certaines instances de la communauté internationale que des bombes sont effectivement tombées au Rwanda à partir du territoire congolais sans faire de victimes humaines mais que, détail très important, c’est le M23 qui a lancé ces bombes au Rwanda pour ensuite accuser l’armée congolaise afin de justifier l’entrée en guerre contre la RDC de ce pays qui le soutient déjà de manière officieuse ».
Tout compte fait, soutient Mende, « l’information contenue dans le communiqué du ministère rwandais de la Défense selon laquelle les Forces armées de la RDC auraient tiré délibérément une roquette de 107 mm dans le village de Bugu dans le district de Rubavu est donc infondée ». A son avis, les élucubrations de Kigali, tout comme plusieurs autres allégations répandues aux quatre vents, sont destinées à « induire l’opinion en erreur ».
LA DESTABILISATION DE LA RDC SE CONFIRME
Pour le gouvernement, il est clair que les attaques menées depuis le mercredi 21 août 2013 par le M23, avec l’appui des unités de l’armée rwandaise contre les FARDC à Goma et les localités environnantes, s’inscrivent dans « cet acharnement à organiser et à perpétuer le désordre de manière systémique, hypothéquant ainsi les chances des peuples de toute une région de notre continent de vivre en paix et de se développer ».
Lambert Mende a relevé que « au moment même où le Groupe de contact composé des membres de la Majorité, de l’Opposition, de la Société civile et d’autres forces vives de la nation, mis en place par le présidium du forum vient de déposer ses conclusions traduisant ainsi l’accord quasi parfait entre ces différents segments de la Nation dans la perspective du lancement des concertations nationales, nos populations civiles sont à nouveau meurtries par les ennemis de la paix ».
Et d’ajouter, « face à cette incurie avérée, il est impératif que tous les Congolais se saisissent de cette occasion non seulement pour prendre véritablement conscience de la situation singulière de la RDC dans la géopolitique tant régionale qu’internationale, mais aussi et surtout pour consolider l’unité nationale, inventer des stratégies adaptées, susceptibles de conjurer désormais ces assauts réitérés et remettre le pays sur les rails du développement ».
Plus de doute possible. La déstabilisation de la RDC et des Grands Lacs porte bel et bien la marque du Rwanda.
Lambert Mende rappelle que « Depuis plus de dix ans, à chaque fois que le gouvernement de la RDC s’est engagé dans la voie de la paix et du développement, des scénarii presqu’écrits à l’avance sont venus délibérément en perturber la bonne fin ».
Cette sortie médiatique du porte-parole du gouvernement congolais met la communauté internationale devant ses responsabilités. Celle-ci est obligée de franchir le Rubicon pour remettre de l’ordre dans la région des Grands Lacs.
Les Nations unies ont été les premières à dénoncer l’implication du Rwanda dans la nouvelle rébellion menée par le M23. Faudrait-il en rester là ? Kinshasa estime qu’il faut aller plus loin en prenant des mesures, contraignantes, voire coercitives.
Il est vrai que la position prise par les Nations unies a été relayée par d’autres pays influents dans le cercle mondial des décisions. Malheureusement, les condamnations faites ça et là n’ont pas été suivies d’actions, au point où le Rwanda s’est conforté dans sa situation d’intouchable.
Le constat est là : Kigali continue à entretenir son entreprise meurtrière dans les Grands Lacs en se faisant passer pour l’éternelle victime d’un génocide dans lequel la RDC n’y est pour rien.
Les derniers événements interpellent la communauté internationale. Aucune capitale des puissances planétaires ne peut donc fermer les yeux sur la tragédie récurrente de l’Est de la RDC.
APPEL A UN SURSAUT PATRIOTIQUE
Lambert Mende trouve en ce nouvel acte de provocation du Rwanda une occasion pour le peuple congolais de faire preuve d’un sursaut patriotique, en adhérant notamment, dans la logique de concertations nationales, initiées par le président Joseph Kabila.
L’Ordonnance présidentielle n°13/078 du 26 décembre 2013 portant création, organisation et fonctionnement des Concertations nationales », invite toutes les couches sociopolitiques de la RDC à « réfléchir, échanger et débattre, en toute liberté et sans contrainte, de tous les voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion nationale, de renforcer et d’étendre l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national ».
Ce forum vise à « mettre fin aux cycles de violences dans l’Est du pays, de conjurer toute tentative de déstabilisation des institutions et d’accélérer le développement du pays dans la paix et la concorde ».
Lambert Mende s’est félicité du consensus qui semble se dégager dans la classe politique congolaise : « Depuis lors, la classe politique toute entière et la société civile congolaises se sont mobilisées pour donner corps, par touches successives et malgré quelques agitations somme toute de bonne guerre, à cette initiative du président de la République ».
Face à cette nouvelle agression du Rwanda, le porte-parole du gouvernement a lancé un appel à l’éveil national, convaincu que seule l’unité dans la lutte peut permettre aux Congolais de venir à bout de la pieuvre qui ronge la partie Est de la RDC.
Cette mobilisation du peuple congolais est, ni plus ni moins, un signe précurseur d’une éventuelle bataille rangée sur le terrain. Le décor, pour un choc frontal, est planté.
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Le Potentiel
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