08/08/2013
Brigade de l'ONU en RDC.
C'est le retour de la manivelle pour la Monusco. Après sa «gaffe» du périmètre de sécurité de près de 30 km autour de Goma qui s'est terminée en vaudeville, la population de la capitale volcanique est furieuse.
C'est par leur structure de la Société civile du Nord-Kivu que les Gomatraciens ont lancé un ultimatum à la Brigade d'intervention de la Monusco de commencer la traque des rebelles du M23.
L'ultimatum prend effet jeudi 1er août jusqu'à jeudi 8, donc aujourd'hui. Faute de quoi, Goma demandera à la Brigade de décamper.
La population de la capitale du Nord-Kivu ne comprend pas que la Brigade vienne faire du tourisme alors que le M23 continue à infliger le martyre aux populations civiles de la partie qu'il occupe.
Déjà cette même population s'était soulevée pour protester contre l'instauration de la zone de sécurité de près de 30 km autour de Goma qui pour elle n'intégrait pas les positions du M23 qui continue à se la couler douce dans ses bastions de Rutshuru.
Si zone de sécurité il y a, pensait-on dans la capitale provinciale, ce devrait ni plus ni moins être en plein dans la «Républiquette» de Rutshuru qu'ils doivent attaquer.
Le contraire est un non-sens.
L'ultimatum de ce jour vise donc à ramener la Brigade d'intervention à sa mission de traquer les forces négatives y compris le M23 comme l’exige le Conseil de sécurité.
Il faut mettre un terme à la nouvelle notion de la Brigade qui vient pour le tourisme, c'est-à-dire pour se tourner les pouces. Exactement ce qu'on a reproché pendant bientôt 14 ans à la Mission de l'Onu en RDC.
Des civils sont tués par des groupes armés souvent à côté d'un PC de la Monusco. Goma tient à mettre un terme à cette Monusco qui est là sans vraiment être là.
Si la Brigade reste dans la ville, il faudra bien qu'elle passe à l'action. Sinon, ce serait des dépenses inutiles. Comme ce budget d'un milliard Usd alloué chaque année par le Conseil de sécurité à la Monusco sans qu'on ne sente des effets sur la paix.
Pendant 14 ans que la Monusco est déployée en RDC, ce pays n'a jamais connu de paix. La paix reste toujours une denrée précieuse qui n'est pas à la portée des Congolais.
A quoi sert-il de poursuivre ce financement si la population n'en tire aucun dividende du moins en termes de paix.
L'argument qu'on entend dans les couloirs de la Mission selon lequel la charge de sécuriser les biens et les personnes incombe non aux Casques bleus mais à l'armée nationale.
ARGUMENT VIDE
Cet argument est vide, sinon qu'est -ce qui justifie alors la présence de la Monusco alors qu'il y a une armée nationale au pays ?
Son déploiement est justifié par l'instabilité due aux guerres récurrentes à l'Est de la RDC. Elle vient pour stabiliser la situation. Mais ce n'est jamais le cas.
Ce qui pousse de nombreux observateurs lucides qui ont mal digéré la volte-face de la Monusco sur l'ultimatum aux groupes armés à poser la question de savoir à quoi sert la Monusco ? A rien !
Personne ne se rappelle une seule bataille menée par la Monusco contre les forces négatives qui pullulent au Kivu. Le monde entier était révolté à la prise de Goma en novembre de l'année dernière.
Les rebelles y étaient entrés comme dans du beurre alors que la Monusco y avait positionné des unités de choc avec une armada impressionnante.
Deux semaines auparavant, elle continuait à chanter sur tous les toits un soi-disant verrou qu'elle a placé autour de Goma qui ne tombera pas selon tous ses plénipotentiaires.
Mais in fine, la ville est tombée comme un fruit mur sous la barbe des Casques bleus. A partir de ce moment la Monusco était la risée de toutes les tribunes internationales débattant sur la guerre à l'Est de la RDC.
A ce sujet, 20 personnalités mondiales dont Kofi Annan, Muhammad Ali et la compagne du Président français François Hollande avaient une tribune dans le journal écrit " Le Monde " pour s'interroger sur la présence de la Monusco en RDC où les populations continuent à être brimées, violées, pillées etc., sous la barbe de la Monusco à laquelle ils ont demandé de faire son travail de soldats.
Donc de se battre et non d'avoir l'arme au pied. Sur le même événement, le Président ougandais Yoweri Museveni s'était aussi exprimé en disant que la Monusco est en tourisme en RDC.
C'est le sentiment de tous et surtout de la France qui par son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait aussi qualifié de «ridicule» le comportement de la Monusco face aux rebelles.
C'est cette indignation du pouvoir français qui avait conduit Paris à introduire une proposition de Résolution pour recadrer le mandat de la Monusco afin de l'adapter aux réalités de terrain avec un mandat offensif.
RUDE BATAILLE
C'est ce qui a conduit à la Résolution 2098 créant la Brigade d'intervention avec un mandat offensif afin de répondre aux préoccupations de tous ceux qui étaient ulcérés par le désengagement de la Monusco lors de la prise de Goma.
Mais sur le plan diplomatique, la bataille était rude. Les parrains du Rwanda ne voulaient rien entendre.
Ils faisaient valoir de conséquences incalculables d'une force des Nations unies qui serait placée sous mandat offensif, une grande première.
C'est après toutes ces vicissitudes que finalement la Résolution 2098 a été votée. Mais le plus dur restait encore à faire : la mise en œuvre de la Brigade.
Là également le Rwanda qui continuait à s'y opposer ne dormait pas. Il veillait au grain.
Avec l'aide de certains soutiens de taille comme celui de l'Envoyée spéciale du secrétaire général de l'Onu pour les Grands lacs Mme Mary Robinson, Kigali a réussi le tour de force de changer la Brigade offensive en une simple force de dissuasion pour conduire les parties au dialogue dans l'option politique.
Premier couac dans l'application de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité.
Conséquence : Ban Ki-Moon qui jusque là était chaud partisan de la méthode forte pour éradiquer les forces négatives du Nord-Kivu a changé de fréquence.
Lors de sa tournée en RDC, il a envoyé Joseph Kabila et le M23 au dialogue, sur le même pied. Alors que la Résolution 2098 est sans équivoque sur le statut du M23 qui est présenté comme une force négative à éradiquer par la Brigade d'intervention de la Monusco avec les FDLR hutu rwandais, les Ougandais des ADF/NALU et de la LRA.
Les trois sont restées des forces négatives à décimer tandis que les criminels de guerre du M23 se sont eux, bardés d'une tunique de groupe armé très fréquentable. C'est bien ce qu'a exigé Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'Onu. Bien dommage…
__________
[Kandolo M.]
© KongoTimes
Brigade de l'ONU en RDC.
C'est le retour de la manivelle pour la Monusco. Après sa «gaffe» du périmètre de sécurité de près de 30 km autour de Goma qui s'est terminée en vaudeville, la population de la capitale volcanique est furieuse.
C'est par leur structure de la Société civile du Nord-Kivu que les Gomatraciens ont lancé un ultimatum à la Brigade d'intervention de la Monusco de commencer la traque des rebelles du M23.
L'ultimatum prend effet jeudi 1er août jusqu'à jeudi 8, donc aujourd'hui. Faute de quoi, Goma demandera à la Brigade de décamper.
La population de la capitale du Nord-Kivu ne comprend pas que la Brigade vienne faire du tourisme alors que le M23 continue à infliger le martyre aux populations civiles de la partie qu'il occupe.
Déjà cette même population s'était soulevée pour protester contre l'instauration de la zone de sécurité de près de 30 km autour de Goma qui pour elle n'intégrait pas les positions du M23 qui continue à se la couler douce dans ses bastions de Rutshuru.
Si zone de sécurité il y a, pensait-on dans la capitale provinciale, ce devrait ni plus ni moins être en plein dans la «Républiquette» de Rutshuru qu'ils doivent attaquer.
Le contraire est un non-sens.
L'ultimatum de ce jour vise donc à ramener la Brigade d'intervention à sa mission de traquer les forces négatives y compris le M23 comme l’exige le Conseil de sécurité.
Il faut mettre un terme à la nouvelle notion de la Brigade qui vient pour le tourisme, c'est-à-dire pour se tourner les pouces. Exactement ce qu'on a reproché pendant bientôt 14 ans à la Mission de l'Onu en RDC.
Des civils sont tués par des groupes armés souvent à côté d'un PC de la Monusco. Goma tient à mettre un terme à cette Monusco qui est là sans vraiment être là.
Si la Brigade reste dans la ville, il faudra bien qu'elle passe à l'action. Sinon, ce serait des dépenses inutiles. Comme ce budget d'un milliard Usd alloué chaque année par le Conseil de sécurité à la Monusco sans qu'on ne sente des effets sur la paix.
Pendant 14 ans que la Monusco est déployée en RDC, ce pays n'a jamais connu de paix. La paix reste toujours une denrée précieuse qui n'est pas à la portée des Congolais.
A quoi sert-il de poursuivre ce financement si la population n'en tire aucun dividende du moins en termes de paix.
L'argument qu'on entend dans les couloirs de la Mission selon lequel la charge de sécuriser les biens et les personnes incombe non aux Casques bleus mais à l'armée nationale.
ARGUMENT VIDE
Cet argument est vide, sinon qu'est -ce qui justifie alors la présence de la Monusco alors qu'il y a une armée nationale au pays ?
Son déploiement est justifié par l'instabilité due aux guerres récurrentes à l'Est de la RDC. Elle vient pour stabiliser la situation. Mais ce n'est jamais le cas.
Ce qui pousse de nombreux observateurs lucides qui ont mal digéré la volte-face de la Monusco sur l'ultimatum aux groupes armés à poser la question de savoir à quoi sert la Monusco ? A rien !
Personne ne se rappelle une seule bataille menée par la Monusco contre les forces négatives qui pullulent au Kivu. Le monde entier était révolté à la prise de Goma en novembre de l'année dernière.
Les rebelles y étaient entrés comme dans du beurre alors que la Monusco y avait positionné des unités de choc avec une armada impressionnante.
Deux semaines auparavant, elle continuait à chanter sur tous les toits un soi-disant verrou qu'elle a placé autour de Goma qui ne tombera pas selon tous ses plénipotentiaires.
Mais in fine, la ville est tombée comme un fruit mur sous la barbe des Casques bleus. A partir de ce moment la Monusco était la risée de toutes les tribunes internationales débattant sur la guerre à l'Est de la RDC.
A ce sujet, 20 personnalités mondiales dont Kofi Annan, Muhammad Ali et la compagne du Président français François Hollande avaient une tribune dans le journal écrit " Le Monde " pour s'interroger sur la présence de la Monusco en RDC où les populations continuent à être brimées, violées, pillées etc., sous la barbe de la Monusco à laquelle ils ont demandé de faire son travail de soldats.
Donc de se battre et non d'avoir l'arme au pied. Sur le même événement, le Président ougandais Yoweri Museveni s'était aussi exprimé en disant que la Monusco est en tourisme en RDC.
C'est le sentiment de tous et surtout de la France qui par son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait aussi qualifié de «ridicule» le comportement de la Monusco face aux rebelles.
C'est cette indignation du pouvoir français qui avait conduit Paris à introduire une proposition de Résolution pour recadrer le mandat de la Monusco afin de l'adapter aux réalités de terrain avec un mandat offensif.
RUDE BATAILLE
C'est ce qui a conduit à la Résolution 2098 créant la Brigade d'intervention avec un mandat offensif afin de répondre aux préoccupations de tous ceux qui étaient ulcérés par le désengagement de la Monusco lors de la prise de Goma.
Mais sur le plan diplomatique, la bataille était rude. Les parrains du Rwanda ne voulaient rien entendre.
Ils faisaient valoir de conséquences incalculables d'une force des Nations unies qui serait placée sous mandat offensif, une grande première.
C'est après toutes ces vicissitudes que finalement la Résolution 2098 a été votée. Mais le plus dur restait encore à faire : la mise en œuvre de la Brigade.
Là également le Rwanda qui continuait à s'y opposer ne dormait pas. Il veillait au grain.
Avec l'aide de certains soutiens de taille comme celui de l'Envoyée spéciale du secrétaire général de l'Onu pour les Grands lacs Mme Mary Robinson, Kigali a réussi le tour de force de changer la Brigade offensive en une simple force de dissuasion pour conduire les parties au dialogue dans l'option politique.
Premier couac dans l'application de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité.
Conséquence : Ban Ki-Moon qui jusque là était chaud partisan de la méthode forte pour éradiquer les forces négatives du Nord-Kivu a changé de fréquence.
Lors de sa tournée en RDC, il a envoyé Joseph Kabila et le M23 au dialogue, sur le même pied. Alors que la Résolution 2098 est sans équivoque sur le statut du M23 qui est présenté comme une force négative à éradiquer par la Brigade d'intervention de la Monusco avec les FDLR hutu rwandais, les Ougandais des ADF/NALU et de la LRA.
Les trois sont restées des forces négatives à décimer tandis que les criminels de guerre du M23 se sont eux, bardés d'une tunique de groupe armé très fréquentable. C'est bien ce qu'a exigé Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'Onu. Bien dommage…
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[Kandolo M.]
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