lundi 5 août 2013

RDC : la Monusco pressée de "traquer le M23", sinon de "quitter le Kivu"

05/08/2013
 
La Monusco a établi, le 1er août, une zone de sécurité entre Goma et Sake.  
La Monusco a établi, le 1er août, une zone de sécurité entre Goma et Sake. © AFP
 
Insatisfaite de la zone de sécurité établie par la Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo), la société civile du Nord-Kivu appelle au lancement effectif de la traque des groupes armés, dont le Mouvement du 23-Mars (M23), au plus tard le 8 août. 

Passé ce délai, elle compte engager des "actions d'envergure" contre la mission onusienne...

« Trop, c’est trop ! Si la Monusco n’agit pas, elle doit quitter le Nord-Kivu ». Omar Kavota, le porte-parole de la société civile locale, ne cache plus l’ « exaspération » de la population qui espérait voir la brigade d’intervention des Nations unies démarrer rapidement la traque des groupes armés dans l’est de la RDC.

À la place, la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (Monusco) a établi, le 1er août, une zone de sécurité entre la ville de Goma et la localité de Saké, une sorte de ligne rouge que les groupes armés ne doivent pas franchir, sous peine d’être considérés comme une menace imminente contre les civils.

« Une perte de temps, selon Omar Kavota. Les groupes armés ne se trouvent pas dans la zone de sécurité définie par la Monusco. Ils sont bien au-delà. C’est pourquoi nous demandons à la Monusco d’élargir sa zone de sécurité dans les territoire de Rutshuru et Nyiragongo qui sont contrôlés notamment par le Mouvement du 23-Mars (M23) », explique-t-il.

Ultimatum pour traquer le M23

Pour se faire entendre, la société civile du Nord-Kivu ne compte pas lésiner sur les moyens. 

« Nous projetons d’organiser des actions d’envergure à Goma et dans les villes du Nord-Kivu si d’ici jeudi 8 août, soit une semaine après la mise en place de la zone de sécurité, la brigade d’intervention n’entame toujours pas la traque des groupes armés », menace Omar Kavota.

Au siège de la Monusco, on tente de calmer les esprits. « La zone de sécurité entre Goma et Sake n’est qu’une première étape », répète Axel Queval, le chef intérimaire du bureau de la mission onusienne à Goma. 

Mais, visiblement, le message a du mal à passer. Les voix se lèvent de plus en plus pour critiquer la « passivité » des soldats onusiens. « Les gens ne comprennent pas pourquoi les troupes onusiennes établissent une zone de sécurité dans un espace déjà sous contrôle de l’armée régulière, au lieu de l’établir dans les territoires encore sous occupation rebelle, là où les populations sont victimes des exactions », explique Gaïus Vagheni Kowene, jeune blogueur à Goma, qui dénonce une « distraction de plus de la Monusco qui continue à perdre tout son crédit » dans le Nord-Kivu.
Caillasser le convoi onusien traduit l'expression de l'impatience de la population.
Signe que la cohabitation se gâte entre les troupes de la Monusco et la population locale : le caillassage, le 2 août, d’un convoi de la mission onusienne au rond-point Birere dans la ville de Goma. 

« Un acte que nous condamnons, mais que nous comprenons également parce qu’il traduit l’expression de l’impatience de la population vis-à-vis de la lenteur de l’action offensive de la brigade d’intervention », souligne Omar Kavota.

Même la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs paraît impatiente de voir la force internationale à l’œuvre. Elle en appelle à l’accélération du processus du déploiement de la brigade d'intervention afin qu’elle soit pleinement opérationnelle (…) au plus tard le 1er septembre ».

En attendant, la situation s'est calmée sur le terrain depuis plus d’une semaine. Seule la localité de Kiwandja, sous contrôle du M23, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma, a connu, ces derniers jours, une recrudescence de violences, avec des pillages et des exécutions sommaires. 

« Un climat de terreur instauré par le mouvement rebelle », accuse Omar Kavota, porte-parole de la société civile du Nord-Kivu. Ce que le M23 dément.
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Par Trésor Kibangula

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