Tout ça pour ça ? C’est le moins qu’on puisse dire en apprenant que la «réunion d’urgence» convoquée, le vendredi 2 août, par «Joseph Kabila», n’avait qu’un seul «point à l’ordre du jour» : la pose de la première pierre de l’immeuble du gouvernement.
Les zélateurs du kabilisme ont aussitôt glosé que «la Révolution de la modernité est en marche». La même autosatisfaction a été claironnée le 4 juin dernier lors du lancement de 9 locomotives de la SNCC (Société nationale de chemins de fer) par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo.
Un magazine du pouvoir - que certaines mauvaises langues confondent souvent avec un album photo – titrait, sans nuances, que «Joseph Kabila remet la SNCC sur les rails». Une fausse note cependant : les neufs engins ont été loués auprès d’une firme sud-africaine grâce à un financement de la Banque mondiale.
Depuis que «Joseph Kabila» a lancé son fameux slogan dit «Les cinq chantiers», toute réalisation à mettre à l’actif du pouvoir en place est présentée comme un "haut fait".
C’est le cas notamment de la mise en circulation récente de 200 bus destinés au transport en commun dans la ville de Kinshasa.
Le rôle premier de tout gouvernement ne consiste-t-il pas à réformer la société? Le vocable «réformer» ne renvoie-t-il pas à l’idée d’amélioration du cadre de vie de la population ?
Y a-t-il de quoi à pavoiser lorsqu’un gouvernement fait ce qu’il doit faire et surtout lorsque l’«exploit» qui lui est crédité est intervenu douze années après l’accession de «Joseph» à la magistrature suprême ?
Lors de son allocution d’investiture, le 20 décembre 2011, «Joseph Kabila» parlait pour la première de son «projet de société» intitulé «La Révolution de la Modernité».
Et d’expliciter que «ce projet vise à faire de la République Démocratique du Congo, un pool d’intelligence et de savoir-faire, un vivier de la nouvelle citoyenneté et de la classe moyenne, un grenier agricole, une puissance énergétique et environnementale, une terre de paix et de mieux-être, une puissance régionale au cœur de l’Afrique, l’objectif ultime étant l’émergence de notre pays».
Deux années après ce speech, des observateurs impartiaux continuent encore à s’interroger sur la capacité de l’homme qui «dirige» le Congo-Kinshasa à peser le sens et surtout le poids des mots qu’il utilise dans ses harangues.
C’est quoi donc la modernité ? «Caractère de ce qui est moderne», peut-on lire dans le premier dictionnaire venu. Est moderne donc, «ce qui bénéficie des progrès les plus récents».
Peut-on franchement soutenir que la société congolaise se trouve sur le chemin de la modernité alors que la grande majorité de la population peine à satisfaire ses besoins essentiels en eau courante, en électricité mais aussi en soins de santé et en une éducation de qualité ?
Alors qu’il était ministre du Plan, Olivier Kamitatu n’avait-il pas affirmé qu’à peine 10% et 20% de la population congolaise a respectivement accès à l’électricité et à l’eau courante ?
Dans une déclaration faite le 27 septembre 2012, le ministre congolais du Plan, célestin Vunabandi, ne renchérissait-il pas que le gouvernement s’engage à accroître le taux en desserte en eau potable de 27% à 40% à l’horizon… 2016 ? De quoi parle-t-on?
Au cours d’une allocution prononcée le 15 décembre 2008, devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, « Joseph Kabila » prétendait, sans rire, qu’il a transformé le territoire national en un «vaste chantier».
Les voyageurs en provenance de l’arrière-pays recherchent en vain ces "chantiers" à l’exception des routes goudronnées ou réhabilitées à Kinshasa et à Lubumbashi.
Depuis son arrivée au pouvoir, «Joseph Kabila» ne cesse de se tromper délibérément de priorités en «oubliant» que l’Homme est et reste la finalité de l’Etat.
Le 13 mai dernier, l’opinion congolaise a été stupéfaite d’apprendre que le gouvernement allait procéder à l’érection prochaine d’une nouvelle ville dénommée "Lumumbaville".
Sans doute que l’approvisionnement de la population en eau et en électricité est peu propice à générer de juteuses commissions.
Question : Y a-t-il urgence à doter le gouvernement d’un immeuble pendant que la population peine à satisfaire ses besoins essentiels ?
Depuis bientôt treize ans, «Joseph Kabila» donne l’impression de tâtonner.
Sa politique est illisible. Tel un prestidigitateur, chez lui tout n’est que faux-semblant ou illusion. Il «gouverne» à coup d’improvisations.
La raison paraît simple : l’homme n’a jamais eu de véritable projet politique pour le Congo-Kinshasa.
Lors de l’élection présidentielle de 2006, les communicants de la Kabilie lançaient «Les 100 propositions» du président candidat à sa propre succession.
Jugées trop fastidieuses, celles-ci furent abandonnées au profit d’un nouveau slogan: «Les cinq chantiers».
Depuis le 20 décembre 2011, un nouveau mot d’ordre est en vogue : «la Révolution de la modernité». En fait de révolution, ne devrait-on pas parler d’illusion de la modernité?
__________________
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire