dimanche 15 septembre 2013

Concertations nationales: Tshisekedi, Bemba et Kamerhe parmi les "experts"

Vendredi, 13 Septembre 2013

Pendant que des délégués de la Société Civile s’entredéchirent au Palais du peuple en vue d’être retenus comme participants aux Concertations nationales, un fait insolite a fait sourire beaucoup de monde hier jeudi 12 septembre 2013 au Palais du Peuple. 



Il s’agit de la présence d’Etienne Tshisekedi, président national de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), de Jean-Pierre Bemba, président national du MLC (Mouvement de Libération du Congo) et de Vital Kamerhe, président national de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise) sur la liste des « experts ».

Le premier est placé dans le Groupe thématique « Décentralisation et Renforcement de l’autorité de l’Etat » tandis que les deux autres se retrouvent dans celui consacré à l’Economie, Secteurs productifs et Finances Publiques ». 


A en croire des informations en circulation au Palais du Peuple, c’est le résultat du travail du Groupe de Contact, lequel avait levé l’option de retenir dans le panier des experts certaines personnalités ayant marqué l’histoire de la République, notamment les anciens Premiers ministres encore en vie, les anciens Vice-présidents de la République et les anciens présidents du Parlement.

Par conséquent, Etienne Tshisekedi, ancien Premier Ministre, était éligible à l’expertise au même titre que Vincent Lunda Bululu, Evariste Mabi Mulumba, Joseph N’Singa Udjuu, André Bo-Boliko, Léon Kengo wa Dondo, Likulia Bolongo, Antoine Gizenga, Adolphe Muzito et Louis Koyagialo Ngbse Te Gerengbo. Quant à Bemba, il devait côtoyer ses anciens collèges Vice-présidents de la République Yerodia Abdoulaye Ndombasi, Azarias Ruberwa et Arthur Z’Ahidi Ngoma. Vital Kamerhe pour sa part devait y siéger en qualité d’ancien Président de l’Assemblée Nationale (2007-2009).

Pourquoi Tshisekedi, Bemba et Kamerhe ?

Tout en saluant la noblesse d’une initiative qui vise à rendre hommage à une catégorie de citoyens ayant rendu d’éminents services à la Nation dans l’exercice de hautes charges politiques mais aussi à mettre à contribution leurs connaissances et expériences dans des matières spécifiques, l’on ne peut manquer de s’étonner de la « sélection » des personnalités dont les absences étaient connues de longue date. 


Pour quelle raison les organisateurs des Concertations nationales ont-ils tenu à inscrire coûte que coûte Etienne Tshisekedi sur la liste des « experts », alors que son parti s’était déclaré non concerné par ce forum depuis son annonce en décembre 2012 ? 

Nul n’ignore, dans le microcosme politique national, que l’UDPS ne reconnaît ni la légitimité du Chef de l’Etat, ni seule des institutions (Parlement et Gouvernement) mises en place après les fraudes électorales de 2011. 

Ce parti ne cesse de répéter, depuis 9 mois, qu’il ne participerait pas un dialogue convoqué par un pouvoir qu’il considère comme inexistant. 

Chaque jour qui passe, Etienne Tshisekedi et les siens exigent, entre autres préalables à la réalisation de la cohésion nationale le retour à la vérité des urnes, un débat de fond sur la guerre de l’Est, la libéralisation des activités des partis politiques, la justice sociale, la bonne gouvernance, le changement des mentalités, le respect des droits humains, etc.

Quant à Jean-Pierre Bemba, point n’est besoin de souligner qu’il se trouve dans un cas d’empêchement majeur, suite à sa détention au Centre pénitencier de la CPI (Cour Pénale Internationale) à La Haye. 


Comment une personnalité qui n’a pu assumer, depuis 2007, son mandat de Sénateur élu, pourrait-elle apporter son expertise aux concertateurs réunis à Kinshasa depuis le samedi 07 septembre ? 

Il aurait été plus élégant de demander à son parti, qui a adhéré à l’idée de la tenue des Concertations nationales, de le faire remplacer en interne, avant que son nom ne s’affiche sur les valves du Palais du Peuple.

Et même s’il était libre, Jean-Pierre Bemba allait-il accepter de siéger dans un groupe thématique présidé par Olivier Kmitatu, ancien Secrétaire général du MLC, qu’il avait révoqué pour « trahison » et qui avait dû quitter la présidence de l’Assemblée nationale en 2006 à la suite de cette grave mesure disciplinaire?

Vital Kamerhe se trouve presque dans la même situation qu’Etienne Tshisekedi, celle du « camp du refus » des Concertations nationales. 


On se rappelle que depuis le Conclave de l’Opposition organisé au mois de juillet à Limete, l’UNC et ses alliés ont fait savoir qu’ils ne sont pas parties prenantes d’un forum convoqué par le Chef de l’Etat en violation de l’esprit de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. 

Cette sensibilité de l’Opposition a posé comme préalables à sa participation le changement de dénomination des «Concertations nationales » en dialogue national, sa convocation par l’Envoyée Spécial de l’Onu dans les Grands Lacs, la désignation de Denis Sassou Nguesso comme facilitateur, la représentation paritaire de toutes les « Composantes » ainsi que des groupes armés, la définition des thématiques par consensus au sein d’un comité préparatoire mixte, la suppression des perdiem, l’exclusion de toute option de partage des postes, etc.

Au bout du compte, la présence de Tshisekedi, Bemba et Kamerhe sur la liste des « experts » aux Concertations nationales apparaît davantage comme une provocation plutôt qu’une reconnaissance de leurs mérites.


La République a-t-elle besoin de cela en cette période de fortes turbulences politiques, sécuritaires, économiques et sociales ? 

____
Kimp 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire