Chute confirmée de Kiwanja, Kibumba, Rutshuru et Rumangabo . Le week-end a été décisif sur le front militaire de l’Est. Appuyées par les troupes de la Monusco, les FARDC ont récupéré du terrain – et pas des moindres – aux rebelles du M23.
Des nouvelles en provenance du front sont rassurantes. Elles augurent déjà la fin de la guerre, le M23 ayant perdu ses principaux bastions, notamment Kiwanja et Rutshuru.
Dans les rangs de la rébellion, c’est la débandade.Kiwanja, la localité symbole du Mouvement du 23 mars (M23), dont la renommée remonte du temps de Laurent Nkunda, est finalement tombé depuis le week-end entre les mains des forces loyalistes.
La chute de Kiwanja est symbolique. Elle marque la fin d’une aventure militaire entamée depuis plus d’une année par des ex-militaires CNDP.
La chute de Kiwanja a également précipitée celle de Rutshuru, ce territoire dans lequel le M23 a semé la terreur pendant tout le temps de son occupation. Sur place à Rutshuru, des sources concordantes confirment la chute dans la journée du dimanche 27 octobre. La chute de Kiwanja, directement suivie par celle de Rutshuru a poussé le M23 à se replier vers Bunagana, à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda.
PANIQUE DANS LA REBELLION
Dans les rangs du mouvement rebelle, c’est la débandade totale. Décidément, les jours du M23 sont comptés – son avenir étant de plus en plus incertain.
Bunagana, cette cité frontalière qui abrite le quartier général du M23, reste la seule localité qui se trouve encore entre les mains du M23. Et sa chute devient plus que jamais imminente.
Renforcées par la Monusco et ragaillardies par le soutien populaire, les Forces armées de la RDC ont sérieusement amélioré leur puissance de feu, avançant de victoire en victoire sur le front militaire.
Pour le M23, c’est déjà la fin. Les pertes subies ces derniers temps n’augurent plus un lendemain meilleur pour le mouvement rebelle.
Qu’est-ce qui s’est donc passé pour qu’en si peu de temps, la donne bascule dans l’Est du pays ? La question est sur toutes les lèvres.
En effet, plusieurs hypothèses expliquent ce retournement de la situation dans la guerre de l’Est. La première, c’est l’attitude arrogante du M23 qui a sensiblement entamé le moral de la communauté internationale.
En alignant des conditions inimaginables, le M23 a, d’une certaine manière, engagé sa responsabilité dans le blocage des pourparlers de Kampala.
Si bien que les Nations unies et les Etats-Unis n’ont pas hésité à le désigner « responsable » du dernier blocage des négociations de Kampala. Et, comme si cela ne suffisait pas, les tirs répétitifs sur les hélicoptères de la Monusco ont encore ravivé le sentiment de rejet du mouvement rebelle.
Mais, au-delà de la multiplication d’actes de provocation, c’est la fragilisation du Rwanda qui a sensiblement modifié la donne dans la région des Grands Lacs.
Parrain naturel du M23, le Rwanda ne pouvait plus s’afficher ouvertement derrière le M23.
Les pressions internationales ont été telles que Kigali a dû se rétracter, contraint de ne plus se mettre au-devant de la scène dans la rébellion menée par le M23. Les réticences de Kigali ont donc amputé le M23 de sa principale base arrière.
Le dénouement de la guerre dans l’Est se trouve donc essentiellement dans la grande coalition formée par les troupes de la Monusco et les FARDC.
Humiliée de toutes parts, la Monusco avait l’obligation de se repentir en vue, notamment, de récupérer son crédit fortement entamé dans l’opinion publique congolaise.
Pour les troupes de la Monusco, récemment renforcées par des éléments incorporés dans la Brigade spéciale d’intervention, il y avait urgence.
Seule une action de grande envergure sur le front militaire pouvait permettre à la Monusco de se refaire un certain crédit dans l’opinion publique. Ce qui explique les récentes victoires militaires.
FIN D’UNE EPOPEE
La chute de Kiwanja et de Rutshuru marque la fin d’une épopée qui aura malheureusement coûté la vie à des milliers de Congolais, entraînant le déplacement de plusieurs centaines de populations civiles.
Sûrement, l’on devait penser prochainement au décompte de graves dégâts causés par le M23 durant l’occupation.
D’ores et déjà, avec la chute de Kibumba, sur le chemin de Kiwanja, les premières découvertes sont macabres et traduisent le degré de cruauté des éléments du M23.
Kibumba, localité postée sur un plateau à près de 1 800 mètres d’altitude, premier verrou de la zone contrôlée par la rébellion M23 à quelque 25 km de la ville de Goma, a été le théâtre de la barbarie du mouvement rebelle.
Dans la soirée de samedi, un capitaine des FARDC a annoncé la découverte de trois fosses communes à Kibumba. Information confirmée hier dimanche par le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku.
Celui-ci a d’ailleurs réclamé une «enquête internationale pour aller établir les responsabilités et le contenu avec des spécialistes», estimant que «si nous sortons les corps nous-mêmes, j’ai peur qu’on nous prête des intentions».
Actuellement, la zone de découverte de ces fosses communes est quadrillée par les FARDC, en attendant le déploiement d’une équipe internationale d’enquête, précisent les sources internes du gouvernorat du Nord-Kivu.
Entre-temps, la Monusco a enregistré une nouvelle perte dans ses rangs. Un lieutenant tanzanien de la Brigade d’intervention de l’ONU a été tué dimanche matin pendant la prise par l’armée congolaise et la force onusienne de Kiwanja, tenue par la rébellion du M23.
« Un lieutenant tanzanien de la Brigade d’intervention a été abattu à 11h10 (9h10 GMT) alors que la brigade se déployait avec l’armée à Kiwanja », à environ 80 km au Nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, a déclaré un officier de la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco). Avant le lieutenant, deux soldats tanzaniens de la brigade ont été tués au cours de derniers mois.
Pour l’instant, le plus évident est que le M23 a perdu sérieusement du terrain. Pris en tenaille par la coalition Monusco-FARDC, les rebelles du M23 se sont repliés vers Bunagana, leur dernier bastion. Certains se sont par contre rendus à la Monusco.
Décidément, l’espoir de voir le M23 reprendre du terrain s’effrite. Bientôt, le M23 se conjuguera au passé.
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Source : Avec le Potentiel, RFI et AFP
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