mercredi 9 octobre 2013

Jeux de la Francophonie : Les sportifs de la RDC exigent une réunion d'évaluation pour éventrer le boa

08/10/2013 

 

Logo - Jeux de la Francophonie France 2013

La défection d'une dizaine d'athlètes congolais aux 7émes Jeux de la Francophonie en septembre dernier à Nice en France continue à défrayer la chronique. 


Sans une réunion d'évaluation, le ministre de la Jeunesse, Sports, Culture et Arts, Baudouin Banza Mukalayi Sungu, a décidé dernièrement la suspension et la privation pendant deux années des fédérations sportives dont les athlètes ont fait défection à l'hexagone, exceptée celle de football. 

Réagissant à cette mesure, les dirigeants sportifs accusent les collaborateurs du patron du cabinet du stade des Martyrs d'avoir été à la base de ces défections.

Le ministre Banza Mukalayi justifie sa décision de ne plus signer les ordres de missions des fédérations suspendues (athlétisme, tennis de table, lutte, basket-ball, cyclisme et même deux disciplines qui n'avaient pas pris part, natation et judo) pour non respect par celles-ci des engagements pris avec son ministère et la Maison Schengen. 


Il s'agissait notamment de ramener au pays les athlètes congolais partis à Nice pour les Jeux de la Francophonie. Promesse non tenue car une dizaine d'athlètes s'étaient évaporés dans la nature en pleine et à la fin de la compétition. 

Sept basketteuses, deux cyclistes, quatre footballeurs, deux lutteurs, deux tennismen et deux athlètes ont fait défection en France. Quant à la fédération de football, qui s'est retrouvée dans le même cas, elle a été blâmée par le ministre. 

Pourquoi cette politique des deux poids, deux mesures ? La question a été posée par les dirigeants d'autres disciplines sportives. 

Réactions des dirigeants sportifs

Fallait-il imputer la défection des athlètes congolais aux Jeux de la Francophonie aux six fédérations sportives qui ont effectué le déplacement à Nice en France ? 


Cette question est posée par bon nombre de sportifs congolais après la fugue des athlètes en occident. D'aucuns pensent que le ministre est allé vite en besogne en prenant sa dernière mesure suspendant les fédérations sans analyser au préalable la cause de la défection. 

D'autres par contre accusent les collaborateurs de Banza Mukalayi d'avoir été à la base de ces défections en écartant les dirigeants sportifs au profit des administratifs du cabinet du ministre.

Selon le président de la commission volet sport de la délégation congolaise aux Jeux de la Francophonie, Franck Mukendi Tshimanga Kenzo, interrogé par la radio Top Congo, celui-ci a dit qu'il n'était pas informé de la mesure du ministre laquelle, souligne-t-il est grave. 


Il pense qu'il fallait une réunion au préalable avant de prendre la décision car pour lui les responsabilités sont partagées. 

Le trésorier adjoint du Coc pense quant à lui que les fédérations ne sont pas responsables des ces défections.

De son côté, le président Mwana Mbuta wa Mbote Mbote de la Fédération de tennis de table, note que le ministre des sports aurait pu écouter d'abord les dirigeants qui étaient en mission avant de prendre une telle décision. 


" La défection des athlètes est un cas mais il faudrait souligner qu'il y a eu d'autres problèmes plus graves que ceux qui étaient à la base de ces défections. Il promet d'analyser et de réagir à cette mesure du ministre ", a-t-il ajouté.

L'un des dirigeants de la fédération de basket-ball n'est pas allé par quatre chemins. Il accuse le chef de la délégation, le secrétaire général aux sports et loisirs, le premier coordonnateur Volet Sport, Barthélemy Okito Oleka, d'être à la base de la fuite des athlètets. 


Il s'est exprimé en ces termes à la radio onusienne: " Avant de prendre la décision, le ministre devait quand même attendre le rapport de chef de mission. Le chef de mission qui faisait office de chef de la délégation pour ce qui est des Jeux de la francophonie c'est le secrétaire général aux Sports et Loisirs. Aucun membre de la fédération n'a voyagé avec cette équipe. Au niveau de l'organisation même des Jeux il y a eu carence, ce qui a fait que nos filles n'ont pas pu être maitrisées parce qu'il n'y avait aucun membre de la fédération qui faisait partie de cette délégation. Moi je ne pense pas que nous la fédération cela nous plait de perdre sept joueuses d'un coup parce que nous devons reconstituer une autre équipe. Déjà nous avons fait trois ans sans sortir mais lorsque vous nous donné encore deux ans cela fera cinq ans. Ne vous en faites pas, cet arrêté ministériel n'est autre chose que l'arrêt de mort pour le basketball. Je vous dirai que le ministre vient de signer l'arrêt de mort du basket-ball ". 

La désorganisation

D'après les analystes, le fait de remplacer les officiels et les membres des staffs techniques des fédérations par des personnes qui n'ont rien à avoir avec les disciplines sportives seraient à la base de la défection des athlètes. 


Le cas de l'équipe de football est éloquent. En effet, l'entraîneur Baudouin Lofombo Geleme s'est déplacé seul avec les joueurs sans son adjoint, ni le secrétaire intendant et autre personnel de son staff technique qui pouvait conscientiser les enfants. 

Conséquence : les équipements du football seraient disparus.

A la place des collaborateurs de Lofombo, le cabinet du ministre a désigné, dans son ordre de mission n°345/CAB/MIN/JSCA/2013, monsieur Ibongo Gilungula, directeur général de l'Institut des Musées nationaux, et madame Mulongo Kasanda Patience, chef du protocole adjointe.

Comment peut-on sacrifier une discipline qui pouvait ramener la médaille au pays en injectant ses collaborateurs touristes ? Même le basket-ball s'était déplacé avec un seul entraîneur sans l'intendant ni le secrétaire. 


Sept athlètes sur les douze prévues avaient fait le déplacement et disparues dans la nature et pourtant elles étaient qualifiées pour les demi-finales. 

Les autres places restantes de la discipline étaient remplacées par qui ? Les " Ngulus " ou les collaborateurs de Banza Mukalayi ?

Par ailleurs, l'athlète Jean Paul Masanga, engagé pour le saut en hauteur, a expliqué sa contre-performance par le fait qu'il s'est retrouvé seul dans ces jeux, sans entraîneur ni kinésithérapeute. 


Quant à la sprinteuse Julie Kasongo, elle avait été disqualifiée par les juges lors de l'épreuve du 100 mètres faute de chaussures appropriées, a expliqué le président de la Fédération congolaise d'athlétisme. 

Mais où était parti l'argent des équipements, de l'ensemble de la délégation, débloqué par le gouvernement ? Qui était le coordonnateur chargé de la logistique et équipements ?

De l'avis des sportifs, les mauvaises conditions de préparation des athlètes auraient contribué à cette fugue. 


Le logement de la délégation en retard et les difficultés de paiement de moyens de transport, lors de leur préparation à Kinshasa, ont de plus en plus découragé les athlètes et pourtant le gouvernement avait débloqué les moyens à temps. 

Plus d'une fois, le coach Lofombo a laissé entendre qu'il s'était vu fermer le téléphone par un proche du ministre pour récupérer le moyen de transport des athlètes. Par moment l'entraîneur s'était endetté pour permettre à ses poulains de regagner leur domicile respectif.

Quoi qu'il en soit, nous estimons qu'il est temps que le ministre des Sports répondent à ces préoccupations et sanctionnent ses collaborateurs impliqués dans la mauvaise participation de la délégation aux Jeux de la Francophonie au lieu de chercher le bouc émissaire en frappant les fédérations sportives. Dossier à suivre.
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[Jerry Kalemo] 

© KongoTimes

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