vendredi 18 octobre 2013

Projet d’un accord à Kampala : trahison !

Vendredi, 18 Octobre 2013



François Muamba : « Nous sommes prêts pour une solution, mais pas à n’importe quel prix »

Les négociations de Kampala amorcent déjà leur atterrissage. Les grands acteurs de la crise de l’Est se sont donné rendez-vous dans la capitale ougandaise pour le dernier toilettage du projet d’accord final. 


L’empressement avec lequel la communauté internationale pousse Kinshasa à signer cet accord est cet arbre qui cache la forêt. 

Derrière cet accord, c’est l’avenir de la RDC qui est en jeu. Aucune forme de trahison n’est donc autorisée à Kampala.

Compté parmi l’un des pions majeurs de Kinshasa dans les pourparlers de Kampala, François Muamba ne cache pas ses réticences en rapport avec l’accord qui se négocie actuellement dans la capitale ougandaise.

L’on signale dans la capitale ougandaise, la présence du chef de la délégation congolaise, Raymond Tshibanda. La communauté internationale est représentée entre autres par le patron de la Monusco, Martin Kobler et l’envoyée spéciale de Ban Ki-moon. Le cocktail est si relevé qu’un accord est imminent.

A Kinshasa, l’opinion publique est aux aguets. Un compromis compromettant pour l’avenir de la RDC est conjuré. Rappelant l’accord signé à Goma le 23 mars 2009, lequel justifierait l’action du M23, l’on se veut vigilante, sachant que les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Des nouvelles en provenance font état d’âpres discussions entre les deux délégations. Mary Robinson, rapporte-t-on, aurait émis le souhait de voir les discussions se terminer rapidement. 


Mais, pour l’instant, confirment les mêmes sources, les discussions, qui se tiennent encore au niveau de la commission technique en attendant la grande plénière, achoppent sur un certain nombre de points, notamment l’amnistie, l’intégration dans les Forces armées de la RDC et le désarmement/dissolution du M23.

Concernant l’amnistie et l’intégration, Kinshasa campe sur sa position du départ, se montrant plutôt favorable à une amnistie sélective et à une intégration au cas par cas. 


Le gouvernement avait transmis à la facilitation la liste d’une centaine de membres de la rébellion exclus de toute intégration dans l’armée congolaise. 

Kinshasa souhaite également que l’intégration des rebelles qui ne sont pas repris sur ladite liste se passe loin des territoires de l’Ituri (Province Orientale), des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Interrogé à ce sujet par Radio France Internationale, François Muamba a été explicite sur la position de Kinshasa. 


« Ce sont, répondait François Muamba, des personnes sur qui, individuellement, pèsent des sanctions du genre ayant commis des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre. C’est un socle incompressible dès lors que nous avons aussi compris pourquoi tous ces problèmes nous tombent sur la tête. Effectivement, ce pays qui est le nôtre a besoin d’une armée digne de ce nom, une armée républicaine, efficace. Ce n’est pas avec ces bandits que nous allons y arriver. Qu’on ne nous demande pas une chose et son contraire ».

De son côté, le M23 serait plutôt favorable à une amnistie collective de ses combattants alors que ceux-ci sont coupables des faits insurrectionnels de nature à mettre en péril les institutions de la République ou à porter atteinte à l’intégrité du territoire national.

Sur place à Kampala, des sources proches du dossier indiquent que le projet d’accord élaboré par la facilitation ougandaise a fait l’objet jusque tard le mercredi 16 octobre d’un examen approfondi entre Martin Kobler, Mary Robinson ainsi que la délégation du gouvernement congolais. 


Cette tripartite s’est tenue loin des regards du M23 ; le mouvement ayant posé son refus de rencontrer en tête-à-tête la délégation de Kinshasa, en l’absence de la facilitation.

Pas d’accord compromettant

Si officiellement, la pomme de discorde ne se limite plus qu’à trois sujets majeurs, il y a d’autres – bien cachés jusqu’alors – qui ne sont pas portés sur la place publique. 


Dans une conférence de presse, animée récemment à Kinshasa, François Muamba avait rompu le silence en dévoilant des matières sur lesquelles Kinshasa ne compte pas transiger. 

Il avait indiqué que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne devaient faire l’objet d’aucune négociation.

Joint hier au téléphone par notre Rédaction, François Muamba n’a pas renié sa position de départ. Même s’il croit à l’imminence d’un accord à Kampala, il se dit contre un texte qui serait signé au détriment de la RDC. 


« Nous sommes prêts pour une solution, mais pas à n’importe quel prix », martèle-t-il dit.

Selon lui, pour l’instant, les négociations de Kampala se déroulent encore entre experts. Pour le moment, confirme-t-il, la signature d’un accord n’est pas à l’ordre du jour. 


Celle-ci pourrait intervenir au cours d’une plénière réunissant autour d’une table toutes les délégations. 

C’est à ce moment-là que celles-ci pourraient endosser ce qui s’appellera « l’accord de Kampala ».

C’est ici l’occasion d’appeler à plus d’attention et de vigilance dans le chef des délégués de Kinshasa dans la capitale ougandaise. 


D’ores et déjà, François Muamba est formel : « De toute façon, nous veillons au grain, virgule après virgule, pour qu’aucune disposition ne soit en notre défaveur ». Autrement dit, seuls les intérêts du pays doivent guider les délégués qui se trouvent présentement à Kampala.

La communauté internationale qui accompagne les négociations de Kampala, ne devait pas non plus jouer le jeu de ceux qui ont juré de balkaniser la RDC, en contraignant la Kinshasa à signer un accord qui en porterait les germes. 


Le texte qui se négocie présentement ne devait aucunement faire le lit de la partition de la RDC. Les délégués de Kinshasa à Kampala sont prévenus. 

La population, vigilante et avisée, suit de très près. Aucune trahison ne sera permise. 
 

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