jeudi 17 octobre 2013

RDC : si Soco saccage...

17/10/2013 

 

Patrouille dans le parc des Virunga, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. © PHIL MOORE / AFP

Le Fonds mondial pour la nature a porté plainte contre la compagnie pétrolière Soco, qui détient un permis d'exploration dans le parc naturel des Virunga, en RDC.

C'est une guerre médiatique. Le 7 octobre, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a déposé une plainte contre la firme pétrolière britannique Soco auprès de l'OCDE. 


Ce geste fait déjà grand bruit alors même qu'une éventuelle condamnation ne serait nullement contraignante. Selon WWF, l'entreprise a "violé [en RD Congo] les normes de responsabilité sociale des sociétés internationales et les directives de l'OCDE concernant l'environnement et les droits de l'homme".

Soco avait obtenu en 2007 un permis "d'évaluation scientifique" sur un bloc de 7 500 km2, dont plus de la moitié sont situés dans le parc des Virunga, classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979. 


Cette "évaluation scientifique" - terme permettant de contourner la loi congolaise qui interdit toute exploration dans un parc naturel - conduira inévitablement à des forages nocifs pour l'environnement, estime le Fonds, qui dénonce par ailleurs le caractère léonin du contrat de concession. 

"Il contient une clause d'exclusion de toute loi qui pourrait être adoptée a posteriori par la RD Congo, souligne Jean-Baptiste Roelens, coordinateur de WWF France. Soco se met ainsi à l'abri d'une nouvelle législation, ce qui est contraire aux principes directeurs de l'OCDE."

Extraction de bitume

WWF accuse également la compagnie pétrolière d'avoir dissimulé aux populations locales les résultats d'une étude d'impact réalisée en interne et faisant état de nombreux risques. 


"Ces allégations sont infondées, tendancieuses et ne reposent sur aucun fait", a riposté la compagnie dans un communiqué. 

L'OCDE se prononcera dans deux mois sur la recevabilité de la plainte. Cette affaire illustre une fois de plus la difficulté de concilier les intérêts économiques et la préservation d'un patrimoine naturel. 

À Virunga, l'italien ENI a déjà renoncé à son permis d'exploration. Le français Total, lui, s'est engagé à exploiter sa concession en dehors des limites actuelles du parc. ENI se voit malgré tout reprocher de mettre en péril la forêt primaire du Congo Brazzaville voisin en envisageant d'exploiter des sables bitumineux près de Pointe-Noire. 

Si la production de pétrole est pour l'instant repoussée sur ce site, la firme y extrait déjà du bitume, utilisé pour la chaussée des routes. 

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Michael Pauron 
Jeune Afrique

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