jeudi 17 octobre 2013

Tensions inquiétantes entre le Congo-Brazzaville et l'Angola

17/10/2013 

 

Des policiers angolais, le 10 janvier 2010 au Cabinda. © AFP

Jeudi 17 octobre à la mi-journée, plusieurs centaines de militaires angolais détenaient toujours un détachement de l'armée congolaise et occupaient cinq localités dans la région de Niari, au sud du Congo. 


Le président Denis Sassou Nguesso est rentré, mercredi, de Ouagadougou où il assistait au sommet de l'Ohada.

Est-on au bord d'une grave crise diplomatique entre l'Angola et le Congo-Brazzaville? Depuis trois jours, des troupes angolaises occupent cinq localités de l'extrême sud du Congo : Kimongo, Pangui, Iloupaga, Yanza et Ngandambinda. 


Tout a débuté lundi 14 octobre. Alertée de l'incursion de plusieurs centaines d'hommes avec des blindés légers, Brazzaville décide d'envoyer quelques renforts pour épauler la vingtaine de soldats présents dans la zone. 

Mené par le commandant Christian Loubaki, un petit détachement de 47 militaires se rend sur place. C'est alors que les forces angolaises les prennent en otage et s'emparent des cinq localités susmentionnées.

L'information se répand sur les réseaux sociaux avant d'être diffusée sur RFI, mercredi soir. Face à cette situation inédite, les autorités congolaises optent pour le mutisme, tout en s'activant en coulisses. 


Mardi après-midi, le président Denis Sassou Nguesso quitte précipitamment Ouagadougou où il assiste au sommet des chefs d’État et de gouvernement des 17 pays membres de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA). 

Mercredi matin, il réunit l'État-major des armées pour faire le point sur la situation. Peu de temps après, il convoque l'ambassadeur angolais à Brazzaville, avant de s'entretenir avec José Eduardo dos Santos.

Quelles motivations ?

Les forces angolaises sont présentes en nombre au Cabinda, avec près de 4 000 hommes.

Rien n'a filtré de leur discussion. Mais, selon les informations de Jeune Afrique, la situation n'avait pas évolué, jeudi à la mi-journée. 


Quelles sont les motivations de l'armée angolaise ? 

On a d'abord avancé qu'ils pourchassaient des rebelles cabindais en fuite sur le territoire congolais. Il est vrai que les cinq localités occupées se trouvent dans la région du Niari à la frontière avec le Cabinda, où sont présents les rebelles du FLEC (le Front pour la libération de l'enclave du Cabinda). 

Les forces angolaises, qui disposent comme Brazzaville d'un poste avancé dans la zone, y sont présentes en nombre, avec près de 4 000 hommes commandés par le Lieutenant-général Eugenio.

Cependant aucun élément ne vient étayer cette thèse. Et selon une source à la gendarmerie locale, citée par RFI, les militaires angolais auraient fait état de revendications territoriales, affirmant à la population qu'ils se trouvaient en territoire angolais… Des revendications pour le moins surprenantes. 


Car si la frontière entre les deux pays est particulièrement poreuse, elle n'a jamais fait l'objet de quelconque litige entre Brazzaville et Luanda. Même si de telles incursions des forces angolaises ont déjà été signalées en RDC (au Bas-Congo et dans le Katanga), la situation actuelle est totalement inédite. 
____________
Vincent Duhem

Jeune Afrique

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire