samedi 2 novembre 2013

Déstabilisation de l’Est : Rwanda - Ouganda maîtres de la RDC

02/11/2013

 

FARDC - Des jeunes filles et garçons accompagnant gaiement des soldats des FARDC dans les rues de Kibumba.

Les FARDC, appuyées par la Monusco et sa brigade spéciale, ont gagné une bataille, ce n’est pas pour autant que la guerre est finie dans la partie Est de la RDC. 


Au commencement de la crise des Grands Lacs, il y a eu le génocide rwandais de 1994 qui a, par la suite, charrié tous les problèmes que l’on dénonce aujourd’hui dans la région. 

Dans son plan de déstabilisation de la RDC, le Rwanda a multiplié les rébellions à l’Est de la RDC, prétextant son souci de traquer les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) aux fins de les neutraliser. 

Toutes les rébellions qui ont défilé dans l’Est, depuis l’AFDL jusqu’à la plus récente, le M23, ont été créées sur la base de ce postulat. 

Dans sa stratégie d’autoprotection, le Rwanda a attiré dans son jeu l’Ouganda. Depuis lors, ces deux pays ne se sont jamais démarqués de l’Est.

L’appétit venant en mangeant, ils se considèrent aujourd’hui comme les maîtres de la RDC.

La déroute du M23 ouvre finalement la voie à la mise en œuvre d’une solution globale pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. Le chef de l’Etat, Joseph Kabila, l’a redit dans son message à la nation, le mercredi 30 octobre 2013, sur les antennes de la télévision nationale. 


Mais, que vaudrait une solution régionale qui n’implique pas directement Kigali et Kampala. Au moment où une lueur de paix se profile dans l’Est de la RDC, une tripartite RDC-Rwanda-Ouganda s’impose pour baliser véritablement la voie qui mène à une paix durable.

Même si la débâcle imposée au M23 a une forte symbolique dans la guerre qui ronge la partie Est de la RDC, elle soulève bien d’autres problèmes sur lesquels on devait inévitablement se pencher pour capitaliser cette situation. 


Certes, les FARDC, appuyées par la Monusco et sa brigade spéciale, ont gagné une bataille, ce n’est pas pour autant que la guerre est finie dans la partie Est de la RDC. 

Les racines de la guerre s’étendant bien au-delà des frontières de la RDC, il faut sonder d’autres pistes pour garantir une paix durable dans la région.

Il ne faut pas oublier qu’au commencement de la crise des Grands Lacs, il y a eu le génocide rwandais de 1994 qui a, par la suite, charrié tous les problèmes que l’on dénonce aujourd’hui dans la région.

Dans son plan de déstabilisation de la RDC, le Rwanda a multiplié les rébellions à l’Est de la RDC, prétextant son souci de traquer les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) aux fins de les neutraliser. 


Toutes les rébellions qui ont défilé dans l’Est, depuis l’AFDL jusqu’à la plus récente, le M23, ont été créées sur la base de ce postulat. Dans sa stratégie d’autoprotection, le Rwanda a attiré dans son jeu l’Ouganda.

Depuis lors, ces deux pays ne se sont jamais démarqués de l’Est. L’appétit venant en mangeant, ils se considèrent aujourd’hui comme les maîtres de la RDC.

Le Rwanda et l’Ouganda ont certes catégoriquement rejeté leur soutien au M23, mais des rapports les plus plausibles des instances des Nations unies confirment noir sur blanc cette thèse. 


Le Rwanda et, dans une certaine mesure, l’Ouganda, ont été derrière toutes les rébellions qui sont nées dans l’Est de la RDC. Ignorer cette réalité, c’est mal connaître le vrai problème de la région des Grands Lacs. La stratégie ayant conduit la mise en place de l’AFDL a toujours été d’application par ces deux capitales.

De ce point de vue, la victoire des FARDC sur le M23 ne doit pas occulter la cause profonde de la déstabilisation de la région des Grands Lacs. 


Ainsi, la paix – la vraie dans la région – ne peut être négociée qu’entre ces trois pays : la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Un schéma qui méconnait cette évidence ne résout la crise qu’à moitié. 

L’autre son de cloche

Dans son dernier message à la nation, Joseph Kabila a clairement soulevé cette question. Intervenant sur les antennes de la télévision nationale, le président de la République a, sans s’enorgueillir de sa position de vainqueur, relevé que « la voie royale pour la paix et la stabilité dans la région réside dans la mise en œuvre, effective et de bonne foi, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, ainsi que de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations unies ». 


Il a dès lors exhorté les uns et les autres à « remplir leurs engagements aux termes de cet Accord », réaffirmant « la détermination, à ce jour non démentie, de la République démocratique du Congo à remplir les siens ». C’est tout dire.

Le message du chef de l’Etat est clair comme l’eau de roc. Dans son discours transparait sa ferme volonté de privilégier une solution globale qui inclurait tous les pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, principalement le Rwanda et l’Ouganda.

Ainsi, à ce niveau, s’il y a un dialogue politique à engager, c’est bien directement avec le Rwanda et l’Ouganda. Le M23 ayant été complètement démantelé, rien n’oblige la RDC à continuer les négociations avec un mouvement qui a perdu toute son âme. 


La raison recommande à ce qu’elle puisse négocier directement avec ses mentors, notamment le Rwanda et l’Ouganda. C’est cela la solution politique que soutient toujours la communauté internationale.

Tout récemment, à Kiwanja, le patron de la Monusco, Martin Kobler, a encore répété que la « seule solution » était politique, faisant écho au propos des responsables du M23 qui réclamaient le retour aux pourparlers de Kampala.

Les Nations unies sont donc bien conscientes du danger. Elles savent pertinemment bien que la déroute du M23 n’a résolu tout le problème. N’est-ce pas que les FARDC ont reconquis certaines localités sans combattre ? C’est tout un message. Ce qui soulève des interrogations. 


Où sont passés tous les matériels militaires du M23 ? Où les a-t-on entreposés ?

Une crainte justifiée

Il faut évidemment craindre un retournement de la situation. De quelle manière ? On ne sait pas encore.

Ce qui explique la prudence dont a fait preuve le président de la République dans son dernier message à la nation. Fin connaisseur de la région, Joseph Kabila sait pertinemment bien que le M23 n’a été que la face visible de l’iceberg. 


Car, derrière le mouvement rebelle se cache une longue chaîne de soutien.

Il faut craindre – ce que redoute d’ailleurs la Monusco – qu’une offensive qui serait, bien entendu, le fait des armées du Rwanda et de l’Ouganda, soit lancée dans l’Est de la RDC. 


« Et, derrière les deux pays, comme le précise Boniface Musavuli, analyste à AgoraVox, les Congolais le savent maintenant, opèrent des réseaux impliquant indirectement les Etats-Unis et le Royaume-Uni ». Un agenda international peut à tout moment changer la donne dans la région.

Il faut craindre que la RDC ne se retrouve pas dans ce nouvel agenda. Ce qui pourrait engendrer un autre conflit meurtrier dans la région.

Les Nations unies, qui parrainent les initiatives de paix déployées dans la région, doivent s’impliquer davantage pour la tenue d’une tripartite qui impliquerait la RDC, le Rwanda et l’Ouganda.
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[lePotentiel]

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