samedi 9 novembre 2013
En refusant de livrer les fugitifs du M23
Les rebelles du M23 qui ont pris refuge en Ouganda ne seront pas livrés à la RDC. Ainsi en a décidé Yoweri Museveni. L’occasion faisant le larron, celui-ci entend tenir ce bout pour faire chanter le gouvernement en le poussant à accepter l’introduction, dans l’accord à signer le lundi, des clauses qui garantissent une sortie honorable aux criminels du M23. Du coup, Kinshasa est pris à contrepied.
A l’instar du Rwanda qui a accueilli sur son sol tous les chefs de guerre qui se sont aventurés dans l’Est de la RDC - sans pour autant les livrer à la RDC - l’Ouganda est en voie de suivre le même modus operandi. Le contraire aurait étonné.
Laurent Nkunda, Jules Mutebusi et bien d’autres se la coulent douce au Rwanda, après avoir semé la mort et la désolation dans la partie Est de la RDC. Kigali ne s’est pas gêné le moins du monde d’accorder un asile doré sur son sol à des criminels recherchés par son voisin. Impunité quand tu nous tiens !
Voilà que l’histoire tend à se répéter. D’autant que les réalisateurs- réputés faiseurs de seigneurs de guerre dans les Grands Lacs- sont les mêmes, toujours mus par les mêmes motivations. Décidément, les dirigeants du M23 sont en voie de bénéficier du même traitement de la part de l’Ouganda.
KAMPALA SE DEVOILE
Vaincus par les FARDC, les militaires du M23 – en tout cas un nombre important de son effectif militaire – ont trouvé refuge sur le territoire ougandais.
Le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo, ne s’en est d’ailleurs pas caché sur les ondes de RFI. Il a nettement confirmé la détention par l’armée ougandaise de Sultani Makenga, chef militaire du M23. Selon lui, Sultani Makenga se serait rendu avec tout son « équipage » de près de 1 600 hommes.
Coupant court à une probable extradition en RDC, Ofwono Opondo a fait savoir que Sultani Makenga et ses hommes ne seront pas remis à Kinshasa, soulignant que leur sort devait être réglé dans le cadre de l’accord qui doit être conclu ce lundi 11 novembre dans la capitale ougandaise.
« Jusqu’à présent, nous avons reçu à peu près 1 600 commandants et combattants du M23 qui ont traversé la frontière depuis trois semaines en groupes de dix, vingt ou trente, y compris leur commandant, le général Sultani Makenga. Tous sont maintenant détenus par l’armée ougandaise dans le secteur de Kosoro, et nous espérons bientôt les installer dans un camp de transit où nous pourrons les protéger et prendre soin d’eux. Ceci, en attendant la signature d’un accord de paix lundi 11 novembre », a-t-il affirmé au micro de RFI.
Plus explicite, le colonel Paddy Ankunda, porte-parole du ministère ougandais de la Défense et de l’armée ougandaise, a précisé à l’AFP que les éléments du M23 et leur commandant, Makenga, « ne sont pas prisonniers ». « Ce sont des soldats fuyant la guerre, donc nous les accueillons et les aidons, parce que c’est de notre responsabilité, comme nous l’avons fait pour des soldats de l’armée de la RDC plus tôt dans l’année », a-t-il déclaré hier vendredi 8 novembre à l’AFP, mettant définitivement une croix à toute forme de transfèrement en RDC.
Le chiffre des fugitifs du M23 communiqué par les autorités ougandaises est certes impressionnant, mais il traduit un fait. Il dénote notamment la mainmise quasi-permanente de l’Ouganda sur le déroulement des événements qui ont précédé le démantèlement du M23.
En effet, Kampala, qui passe suivant les recommandations de la CIRGL pour le facilitateur des pourparlers entre Kinshasa et le M23, tente de faire monter les enchères pour obtenir éventuellement une sortie honorable pour ses ouailles qui ont mordu la poussière face à l’offensive des FARDC. Pince sans rire, Kampala dit sa disponibilité à « aider » les fugitifs.
De son côté, le Rwanda a dit avoir reçu sur son territoire 51 blessés - bien comptés selon lui - du M23. « Ils sont assistés par la Croix Rouge, comme il se doit. Je ne suis pas au courant d’autre chose », a dit, à RFI, son ambassadeur aux Nations unies, Eugène Gassana.
Pour quelle finalité les deux capitales tentent-elles de remettre sur pied une force négative ? Suivez mon regard. L’exécution du plan de balkanisation de la RDC ayant été perturbée par l’implication des Etats-Unis. Kigali et Kampala ne veulent s’avouer vaincus.
Au final, c’est Kinshasa qui se trouve totalement court-circuité. Contrarié par un soi-disant partenaire de la CIRGL, il est pris à contrepied dans les stratagèmes que déploient parallèlement Kigali et Kampala.
C’est dire que l’Ouganda s’est inscrit totalement dans le schéma appliqué naguère par le Rwanda lorsqu’il s’est agi de Laurent Nkunda ou de Jules Mutebusi et de bien d’autres chefs de guerre qui ont défilé dans l’Est de la RDC. Ainsi, les deux parrains tentent un baroud d’honneur en faveur de leur filleul en déconfiture.
Où sont passés l’Accord d’Addis-Abeba, la Résolution 2098 et la CIRGL en ce moment où Yoweri Museveni se bat pour garantir une sortie honorable au M23 ?
Il n’est pas exclu qu’il fasse un forcing pour que des dispositions perfides soient introduites dans l’accord dont la signature est attendue le lundi 11 novembre dans la capitale ougandaise.
NE PAS TRAHIR LA NATION
Dans ce dernier round des négociations de Kampala, Kinshasa ne devait donc pas y aller tête baissée. Les faits étant établis, le gouvernement devait accentuer la pression pour obtenir le transfèrement de Sultani Makenga et de ses hommes, qui sont formellement reconnus coupables de graves crimes perpétrés dans les territoires jadis occupés par le M23.
L’élan de la cohésion ne devrait pas être estompé par des concessions qui pourraient passer pour une trahison à l’endroit de la nation congolaise.
Kampala ou Kigali n’ont aucune raison de protéger ces criminels de guerre.
Par devoir moral, la communauté internationale devait faire bloc avec la RDC pour faire fléchir Kampala qui prouve une fois de plus qu’il a toujours été derrière la rébellion menée par le M23. Sinon, rien ne saurait justifier l’aide que Kampala promet, ou qu’il est déjà en voie, d’offrir aux fugitifs du M23.
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Le Potentiel
En refusant de livrer les fugitifs du M23
Les rebelles du M23 qui ont pris refuge en Ouganda ne seront pas livrés à la RDC. Ainsi en a décidé Yoweri Museveni. L’occasion faisant le larron, celui-ci entend tenir ce bout pour faire chanter le gouvernement en le poussant à accepter l’introduction, dans l’accord à signer le lundi, des clauses qui garantissent une sortie honorable aux criminels du M23. Du coup, Kinshasa est pris à contrepied.
A l’instar du Rwanda qui a accueilli sur son sol tous les chefs de guerre qui se sont aventurés dans l’Est de la RDC - sans pour autant les livrer à la RDC - l’Ouganda est en voie de suivre le même modus operandi. Le contraire aurait étonné.
Laurent Nkunda, Jules Mutebusi et bien d’autres se la coulent douce au Rwanda, après avoir semé la mort et la désolation dans la partie Est de la RDC. Kigali ne s’est pas gêné le moins du monde d’accorder un asile doré sur son sol à des criminels recherchés par son voisin. Impunité quand tu nous tiens !
Voilà que l’histoire tend à se répéter. D’autant que les réalisateurs- réputés faiseurs de seigneurs de guerre dans les Grands Lacs- sont les mêmes, toujours mus par les mêmes motivations. Décidément, les dirigeants du M23 sont en voie de bénéficier du même traitement de la part de l’Ouganda.
KAMPALA SE DEVOILE
Vaincus par les FARDC, les militaires du M23 – en tout cas un nombre important de son effectif militaire – ont trouvé refuge sur le territoire ougandais.
Le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo, ne s’en est d’ailleurs pas caché sur les ondes de RFI. Il a nettement confirmé la détention par l’armée ougandaise de Sultani Makenga, chef militaire du M23. Selon lui, Sultani Makenga se serait rendu avec tout son « équipage » de près de 1 600 hommes.
Coupant court à une probable extradition en RDC, Ofwono Opondo a fait savoir que Sultani Makenga et ses hommes ne seront pas remis à Kinshasa, soulignant que leur sort devait être réglé dans le cadre de l’accord qui doit être conclu ce lundi 11 novembre dans la capitale ougandaise.
« Jusqu’à présent, nous avons reçu à peu près 1 600 commandants et combattants du M23 qui ont traversé la frontière depuis trois semaines en groupes de dix, vingt ou trente, y compris leur commandant, le général Sultani Makenga. Tous sont maintenant détenus par l’armée ougandaise dans le secteur de Kosoro, et nous espérons bientôt les installer dans un camp de transit où nous pourrons les protéger et prendre soin d’eux. Ceci, en attendant la signature d’un accord de paix lundi 11 novembre », a-t-il affirmé au micro de RFI.
Plus explicite, le colonel Paddy Ankunda, porte-parole du ministère ougandais de la Défense et de l’armée ougandaise, a précisé à l’AFP que les éléments du M23 et leur commandant, Makenga, « ne sont pas prisonniers ». « Ce sont des soldats fuyant la guerre, donc nous les accueillons et les aidons, parce que c’est de notre responsabilité, comme nous l’avons fait pour des soldats de l’armée de la RDC plus tôt dans l’année », a-t-il déclaré hier vendredi 8 novembre à l’AFP, mettant définitivement une croix à toute forme de transfèrement en RDC.
Le chiffre des fugitifs du M23 communiqué par les autorités ougandaises est certes impressionnant, mais il traduit un fait. Il dénote notamment la mainmise quasi-permanente de l’Ouganda sur le déroulement des événements qui ont précédé le démantèlement du M23.
En effet, Kampala, qui passe suivant les recommandations de la CIRGL pour le facilitateur des pourparlers entre Kinshasa et le M23, tente de faire monter les enchères pour obtenir éventuellement une sortie honorable pour ses ouailles qui ont mordu la poussière face à l’offensive des FARDC. Pince sans rire, Kampala dit sa disponibilité à « aider » les fugitifs.
De son côté, le Rwanda a dit avoir reçu sur son territoire 51 blessés - bien comptés selon lui - du M23. « Ils sont assistés par la Croix Rouge, comme il se doit. Je ne suis pas au courant d’autre chose », a dit, à RFI, son ambassadeur aux Nations unies, Eugène Gassana.
Pour quelle finalité les deux capitales tentent-elles de remettre sur pied une force négative ? Suivez mon regard. L’exécution du plan de balkanisation de la RDC ayant été perturbée par l’implication des Etats-Unis. Kigali et Kampala ne veulent s’avouer vaincus.
Au final, c’est Kinshasa qui se trouve totalement court-circuité. Contrarié par un soi-disant partenaire de la CIRGL, il est pris à contrepied dans les stratagèmes que déploient parallèlement Kigali et Kampala.
C’est dire que l’Ouganda s’est inscrit totalement dans le schéma appliqué naguère par le Rwanda lorsqu’il s’est agi de Laurent Nkunda ou de Jules Mutebusi et de bien d’autres chefs de guerre qui ont défilé dans l’Est de la RDC. Ainsi, les deux parrains tentent un baroud d’honneur en faveur de leur filleul en déconfiture.
Où sont passés l’Accord d’Addis-Abeba, la Résolution 2098 et la CIRGL en ce moment où Yoweri Museveni se bat pour garantir une sortie honorable au M23 ?
Il n’est pas exclu qu’il fasse un forcing pour que des dispositions perfides soient introduites dans l’accord dont la signature est attendue le lundi 11 novembre dans la capitale ougandaise.
NE PAS TRAHIR LA NATION
Dans ce dernier round des négociations de Kampala, Kinshasa ne devait donc pas y aller tête baissée. Les faits étant établis, le gouvernement devait accentuer la pression pour obtenir le transfèrement de Sultani Makenga et de ses hommes, qui sont formellement reconnus coupables de graves crimes perpétrés dans les territoires jadis occupés par le M23.
L’élan de la cohésion ne devrait pas être estompé par des concessions qui pourraient passer pour une trahison à l’endroit de la nation congolaise.
Kampala ou Kigali n’ont aucune raison de protéger ces criminels de guerre.
Par devoir moral, la communauté internationale devait faire bloc avec la RDC pour faire fléchir Kampala qui prouve une fois de plus qu’il a toujours été derrière la rébellion menée par le M23. Sinon, rien ne saurait justifier l’aide que Kampala promet, ou qu’il est déjà en voie, d’offrir aux fugitifs du M23.
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Le Potentiel
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