samedi 2 novembre 2013

Paix dans les Grands Lacs : Les Usa passent à la vitesse supérieur, Obama prend le dossier en mains

le 2 novembre 2013

Fini le temps où l’Amérique affichait une indifférence totale face aux morts de l’Est de la RDC. Dépités par les atrocités commises dans cette région, les Etats-Unis ont totalement changé de cap. Barack Obama a pris les choses en mains. Les dirigeants de la région sont prévenus.

 


A n’en point douter, une nouvelle donne s’installe désormais dans la région des Grands Lacs. 

La déroute subie par les troupes du M23, à la suite d’une forte implication de la Brigade spéciale des Nations unies aux côtés des Forces armées de la RDC, porte la main du changement dans la politique américaine sur la région des Grands Lacs.

Le temps où la communauté internationale se contentait des déclarations laconiques, sans impact réel sur le terrain, est révolu.

Sans doute dépités par toutes les atrocités commises depuis plus d’une décennie dans l’Est de la RDC, les Etats-Unis ont décidé de s’investir à fond pour mettre fin à ce drame à répétition. 


Il faut dire que depuis le dernier passage en Afrique de Barack Obama, Washington a sensiblement revu sa politique dans la région.

A l’escale de la Tanzanie, le président américain a nettement appelé les dirigeants de la région à s’impliquer davantage pour asseoir des bases solides de la paix dans la région des Grands Lacs.

Depuis les déclarations d’Obama, les lignes sont véritablement en train de bouger dans la région. Longtemps passive, la Monusco s’est considérablement améliorée, se mettant actuellement au centre du conflit.

La défaite infligée ces derniers jours au M23 est due en grande partie à ce changement de tactique au niveau aussi bien de la Brigade spéciale des Nations unies que des troupes de la Monusco.

Les analystes sont convaincus que les Etats-Unis ont pesé de tout leur poids pour faire bouger les choses. Sinon, soutiennent-ils, rien ne saurait expliquer ce brusque retournement de la situation dans la région des Grands Lacs. Une mue qui, il faut bien le souligner, a fortement marqué les esprits.

Mais, la défaite ouvre la voie à une solution beaucoup plus globale qui puisse remettre de l’ordre dans la région. C’est ce que pense d’ailleurs l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, Russ Feingold.

Selon lui, le temps est venu de s’attaquer au vrai problème de la région, en mettant notamment en place un mécanisme « semi-permanent » qui associe les vrais acteurs de la crise. Pour les Etats-Unis, le M23 appartient déjà au passé.

L’émissaire des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs a dit s’attendre à ce que les pourparlers en cours à Kampala conduisent dans les prochains jours à un accord dans lequel la rébellion du M23 serait dissoute. Sans autre forme de procès.

La Monusco a abondé dans le même sens, estimant sans détours que le M23 était quasiment « fini » en tant que force militaire. Ainsi, de l’avis des Nations unies, la réouverture des négociations de Kampala ne devait servir qu’à délivrer le certificat de décès du M23 pour son inhumation.

En même temps, ce forum devait rouvrir un nouveau cycle de négociations où seront conviés des pays tels que le Rwanda, considéré jusqu’alors comme le principal tireur des ficelles dans la région.

La nouvelle donne

Russ Feingold a rappelé cette nouvelle politique des Etats-Unis, rapporte Radio Okapi, lors d’une intervention à l’université Georgetown de Washington. Selon lui, le M23 n’était qu’une partie du problème de la région des Grands Lacs, « l’un des 40 ou 45 groupes armés dans l’Est du Congo ».

Démanteler le M23, semble dire Russ Feingold, ne résout pas le problème de la région. « Il n’est en aucun cas l’heure de déboucher le champagne, même si (cet accord) pourrait constituer un pas important dans la bonne direction », a-t-il prévenu.

Sans doute, pour Washington, le plus dur est à venir. Il s’agit, notamment, de s’attaquer au nerf des conflits récurrents de la région. Aussi, a-t-il indiqué envisager la possibilité de nommer un ancien chef d’Etat pour négocier avec toutes les parties.

Ce qui s’apparente à un désaveu aussi bien vis-à-vis de Mary Robinson, envoyée spéciale de Ban Ki-moon dans la région des Grands Lacs, que Yoweri Museveni, facilitateur de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (Cirgl).

Prenant en compte, certainement, toutes les compromissions et ratés qui ont entouré diverses initiatives de paix lancées dans la région, Washington pense revenir à la case départ. 


« Je pense que nous avons besoin de véritables négociations sous médiation, de négociations de paix -- un mécanisme semi-permanent », a estimé M. Feingold.

Il en a décrit d’ailleurs le profil. Ce médiateur parlerait à tous les pays concernés, y compris le Rwanda qui n’est pas impliqué dans les pourparlers de Kampala, mais que la RDC et l’Onu accusent de soutenir les rebelles. 


Pour Russ Feingold, la région des Grands Lacs est lasse de tentatives de médiation extérieure.

« Notre engagement cette fois-ci n’est pas de tourner le dos, mais de maintenir notre attention sur le problème de façon constante durant des années », a-t-il assuré, réaffirmant, à ce propos, l’implication directe de l’administration Obama dans la nouvelle stratégie de sortie de crise qui se met en place dans la région des Grands Lacs.

En s’engageant effectivement pour la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs, les Etats-Unis envoient par la même occasion un message clair vers les dirigeants de la région.

L’heure de la compromission est révolue, commente-t-on dans certains milieux. Les dirigeants de la région devaient donc se mettre sur leurs gardes. Le silence du Rwanda, principal soutien du M23, après tous les revers subis par le M23 en dit long. Il y a certainement des instructions qui ont circulé en haut lieu dans la région.

Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud, l’a d’ailleurs redit dans des termes clairs devant le Parlement congolais. « Trop, c’est trop », a-t-il dit, soulignant que tout doit être fait pour le retour de la paix dans l’Est de la RDC.

Que dire d’autre ? Sinon que l’implication effective de Barack Obama dans la région se confirme. Sa récente escale en Tanzanie - pays du reste présent dans la Brigade spéciale des Nations unies - n’a pas été le fait du hasard. 


Chacun des dirigeants de la région devra désormais se tenir sur ses gardes pour suivre la nouvelle cadence. 

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