08/11/2013
François Mwamba, coordonnateur du Mécanisme de la RDC de suivi de l'accord-cadre. © DR
L'Ouganda a annoncé vendredi que Sultani Makenga et les autres combattants du Mouvement du 23-Mars (Mars), réfugiés sur son sol, ne seront pas remis aux autorités congolaises, avant que leur sort ne soit fixé par l'accord de Kampala entre le M23 et Kinshasa.
François Mwamba, chargé de suivi pour la RDC de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, rappelle la position du gouvernement congolais sur le sujet. Interview.
Après la débâcle dans l'est de la RDC, Sultani Makenga, chef militaire du Mouvement du 23-Mars (M23), et plusieurs de ses troupes se sont réfugiés en Ouganda.
L'information a été confirmée par Kampala qui dit attendre les conclusions des pourparlers entre Kinshasa et la branche politique du M23, le 11 novembre, pour remettre ces combattants rebelles aux instances congolaises compétentes.
Les autorités ougandaises ont néanmoins indiqué qu'en l'absence d'un compromis sur le sort des rebelles, ces derniers seraient remis au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
À Kinshasa, on se refuse de commenter le "moment" choisi par les autorités ougandaises pour appliquer leurs engagements régionaux.
François Mwamba, coordonnateur congolais du Mécanisme national de suivi de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, signé le 24 février par 11 pays de la région dont l'Ouganda, tient cependant à rappeler à Kampala la nécessité de respecter toutes ses obligations internationales.
Jeune Afrique : Que vous inspire la décision de l'Ouganda de ne pas remettre des combattants du M23 aux autorités congolaises, avant que leur sort ne soit scellé par l'accord de Kampala ?
François Mwamba : L'Ouganda et la RDC sont tous les deux signataires de l'accord-cadre d'Addis-Abeba qui interdit aux États de la région de tolérer ou de fournir une quelconque assistance à des groupes armés.
Si ces ex-combattants du M23, réfugiés en Ouganda, ont été désarmés, c'est une bonne chose. Dans le cas contraire, ce serait une entorse.
Il faudrait aussi rappeler à l'Ouganda que l'accord-cadre lui interdit d'héberger sur son sol des personnes soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre ou celles qui sont sous le régime des sanctions des Nations unies. Et un bon nombre des anciens chefs militaires du M23 sont dans ces cas de figure.
À ce stade, Kinshasa considère-t-il qu'il y a violation de l'accord-cadre par l'Ouganda ?
On ne peut le dire sans avoir évalué la situation de manière précise. À ce stade, les deux pays – l'Ouganda et la RDC – doivent mettre en place un dispositif pour qu'aucune de personnes soupçonnées des crimes graves ne reste, impunément, sur le sol ougandais.
Aucune prime ne sera accordée aux politiques du M23.
Mais à ce jour, il n'existe aucun mandat d'arrêt national ni international contre ces chefs militaires du M23, dont Sultani Makenga…
Le seul fait que ces ex-combattants soient déjà sur la liste noire des États-Unis ou sous le régime des sanctions du Conseil de sécurité a une incidence sur leur statut.
D'ailleurs, au début des pourparlers de Kampala, l'Ouganda avait soigneusement pris des dispositions pour que les membres du M23 soupçonnés des crimes ne participent pas aux négociations sur son sol.
Quel sort Kinshasa compte-t-il donc réserver aux rebelles du M23, après les avoir vaincus militairement ?
Les positions du gouvernement congolais n'ont pas changé. Concernant l'amnistie, elle sera accordée au cas par cas. Les personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes graves en sont exclues.
Seuls les faits de guerre et insurrectionnels seront amnistiés. Quant à l'avenir des politiques du M23, aucune prime ne leur sera accordée parce qu'ils ont pris des armes contre leur pays. Ils ne doivent donc pas s'attendre à être nommés ministres. Ils seront simplement déversés dans la vie civile de la RDC.
Tous ceux qui souhaiteraient faire de la politique n'auront qu'à s'organiser, dans le respect des lois, pour créer un parti ou adhérer à une formation politique de leur choix.
Et les anciens combattants rebelles seront-ils réintégrés dans l'armée ?
Jusqu'ici, c'était un quarteron des chefs militaires du M23, souvent sous sanctions ou soupçonnés des crimes graves, qui avait confisqué le processus de paix.
"Ou il y a une solution pour Sultani Makenga et consorts, ou rien", scandaient-ils.
Aujourd'hui, l'armée congolaise, soutenue par la brigade onusienne, a réglé ce problème. Pour les anciens combattants rebelles qui souhaitent rentrer dans le rang des Forces armées de la RDC, la réintégration passera par la voie du recrutement. Il n'y aura pas d'amnistie, ni d'intégration en bloc.
Trésor Kibangula
Jeune Afrique
L'Ouganda a annoncé vendredi que Sultani Makenga et les autres combattants du Mouvement du 23-Mars (Mars), réfugiés sur son sol, ne seront pas remis aux autorités congolaises, avant que leur sort ne soit fixé par l'accord de Kampala entre le M23 et Kinshasa.
François Mwamba, chargé de suivi pour la RDC de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, rappelle la position du gouvernement congolais sur le sujet. Interview.
Après la débâcle dans l'est de la RDC, Sultani Makenga, chef militaire du Mouvement du 23-Mars (M23), et plusieurs de ses troupes se sont réfugiés en Ouganda.
L'information a été confirmée par Kampala qui dit attendre les conclusions des pourparlers entre Kinshasa et la branche politique du M23, le 11 novembre, pour remettre ces combattants rebelles aux instances congolaises compétentes.
Les autorités ougandaises ont néanmoins indiqué qu'en l'absence d'un compromis sur le sort des rebelles, ces derniers seraient remis au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
À Kinshasa, on se refuse de commenter le "moment" choisi par les autorités ougandaises pour appliquer leurs engagements régionaux.
François Mwamba, coordonnateur congolais du Mécanisme national de suivi de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, signé le 24 février par 11 pays de la région dont l'Ouganda, tient cependant à rappeler à Kampala la nécessité de respecter toutes ses obligations internationales.
Jeune Afrique : Que vous inspire la décision de l'Ouganda de ne pas remettre des combattants du M23 aux autorités congolaises, avant que leur sort ne soit scellé par l'accord de Kampala ?
François Mwamba : L'Ouganda et la RDC sont tous les deux signataires de l'accord-cadre d'Addis-Abeba qui interdit aux États de la région de tolérer ou de fournir une quelconque assistance à des groupes armés.
Si ces ex-combattants du M23, réfugiés en Ouganda, ont été désarmés, c'est une bonne chose. Dans le cas contraire, ce serait une entorse.
Il faudrait aussi rappeler à l'Ouganda que l'accord-cadre lui interdit d'héberger sur son sol des personnes soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre ou celles qui sont sous le régime des sanctions des Nations unies. Et un bon nombre des anciens chefs militaires du M23 sont dans ces cas de figure.
À ce stade, Kinshasa considère-t-il qu'il y a violation de l'accord-cadre par l'Ouganda ?
On ne peut le dire sans avoir évalué la situation de manière précise. À ce stade, les deux pays – l'Ouganda et la RDC – doivent mettre en place un dispositif pour qu'aucune de personnes soupçonnées des crimes graves ne reste, impunément, sur le sol ougandais.
Aucune prime ne sera accordée aux politiques du M23.
Mais à ce jour, il n'existe aucun mandat d'arrêt national ni international contre ces chefs militaires du M23, dont Sultani Makenga…
Le seul fait que ces ex-combattants soient déjà sur la liste noire des États-Unis ou sous le régime des sanctions du Conseil de sécurité a une incidence sur leur statut.
D'ailleurs, au début des pourparlers de Kampala, l'Ouganda avait soigneusement pris des dispositions pour que les membres du M23 soupçonnés des crimes ne participent pas aux négociations sur son sol.
Quel sort Kinshasa compte-t-il donc réserver aux rebelles du M23, après les avoir vaincus militairement ?
Les positions du gouvernement congolais n'ont pas changé. Concernant l'amnistie, elle sera accordée au cas par cas. Les personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes graves en sont exclues.
Seuls les faits de guerre et insurrectionnels seront amnistiés. Quant à l'avenir des politiques du M23, aucune prime ne leur sera accordée parce qu'ils ont pris des armes contre leur pays. Ils ne doivent donc pas s'attendre à être nommés ministres. Ils seront simplement déversés dans la vie civile de la RDC.
Tous ceux qui souhaiteraient faire de la politique n'auront qu'à s'organiser, dans le respect des lois, pour créer un parti ou adhérer à une formation politique de leur choix.
Et les anciens combattants rebelles seront-ils réintégrés dans l'armée ?
Jusqu'ici, c'était un quarteron des chefs militaires du M23, souvent sous sanctions ou soupçonnés des crimes graves, qui avait confisqué le processus de paix.
"Ou il y a une solution pour Sultani Makenga et consorts, ou rien", scandaient-ils.
Aujourd'hui, l'armée congolaise, soutenue par la brigade onusienne, a réglé ce problème. Pour les anciens combattants rebelles qui souhaitent rentrer dans le rang des Forces armées de la RDC, la réintégration passera par la voie du recrutement. Il n'y aura pas d'amnistie, ni d'intégration en bloc.
Trésor Kibangula
Jeune Afrique
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