vendredi 1 novembre 2013

Sexualité et excision : comment les femmes excisées se sentent-elles ?


Un bébé subissant une excision(MGF)

L'excision du clitoris, qui est une mutilation génitale féminine (MGF), implique l’ablation de la partie externe prépondérante du clitoris (clitoridectomie) équivalent de l'ablation du gland chez l'homme et de son capuchon. 


Elle est parfois accompagnée de l'ablation des petites lèvres et de la suture des grandes lèvres. Beaucoup de femmes ont été victimes de cette pratique qui a décimée toute leur vie pour certaines et bloquée leur’’ vie sexuelle’’ pour d’autres. 

Ces femmes excisées ne vivent pas comme toutes les autres femmes, elles sont complexées et ont beaucoup honte de leur état.

Pourquoi les africains s’adonnent-ils à cette pratique ? Qu’est ce que ces femmes ressentent-elles pendant les rapports sexuels ? Comment se sentent-elles dans leur peau ?

Vous trouverez les réponses à toutes ces questions dans ce dossier consacré aux femmes excisées.

Pourquoi certaines communautés pratiquent l’excision

En Afrique, l’excision est justifiée pour plusieurs raisons :

La première serait un rite de passage nécessaire pour devenir une femme; il n’y aurait pas d’autre moyen de marquer la fin de l’enfance et l’entrée dans l’âge adulte selon les partisans et leurs adeptes. 


Ensuite l’excision assure la propreté, elle offre de meilleures perspectives de mariage, elle élargit le passage pour l’accouchement, elle empêche la promiscuité sexuelle et la croissance excessive du clitoris, elle préserve la virginité là où celle-ci est requise avant le mariage.

L’excision a-t-elle toujours un effet négatif sur la sexualité ?

Quand on coupe un organe qui autrement fonctionnerait normalement, on ne peut rien apporter de positif. Au contraire, on coupe des tissus d’où des cicatrices douloureuses ou gênantes, des risques d’infections… 


On coupe des nerfs ce qui peut entraîner des douleurs, des sensations bizarres et désagréables ou des endroits ‘’anesthésiés’’. On coupe des zones érogènes comme les petites lèvres, ce qui forcément, diminue les capacités de plaisir.

De plus, l’acte de l’excision met en place dans la mémoire du corps des émotions très négatives dans la zone sexuelle qui peuvent être à l’origine de blocages importants.
L’excision n’apporte jamais rien de positif !

Une femme excisée est fidèle

Une femme excisée peut avoir des difficultés sexuelles qui bloquent son désir et son plaisir. Evidemment, si elle n’aime pas la sexualité on peut penser qu’elle ne sera pas infidèle à son mari. Mais en réalité, c’est faux. 


Car une femme qui n’a aucun plaisir avec son mari, qui n’aime pas faire l’amour avec lui, peut se demander si cela ne serait pas mieux ailleurs. Et avoir des aventures. 

D’autre part, une femme excisée peut tomber amoureuse d’un autre homme que son mari. L’excision n’empêche pas l’amour. Si un homme veut que sa femme soit fidèle, la meilleure solution, ce n’est pas qu’elle soit excisée, c’est qu’il la rende heureuse !

Ressentent-elles du plaisir sexuel ?

Le plus souvent, l’intérieur du vagin n’a pas été atteint par l’excision. La pénétration sexuelle pendant l’amour peut donc entraîner du plaisir. Mais là aussi, il peut y avoir des difficultés. Car l’excision du clitoris est souvent associée à une mutilation des petites lèvres. La cicatrice peut rétrécir l’ouverture du vagin et entraîner des douleurs à la pénétration.

Au niveau du clitoris, la zone peut être douloureuses ou déclencher des sensations bizarres comme des ‘’décharges électriques’’, des fourmillements, ou ne déclencher aucune sensation, comme si c’était anesthésié. 


C’est ce qui nous confirme Anne : « j’ai été excisée à l’âge de 4 ans quand je n’étais qu’une enfant, je ne vous parle pas de la douleur intense que j’ai ressentie. Aujourd’hui, je suis une femme mariée mais j’avoue que je ne ressens aucun plaisir pendant les ébats sexuels avec mon homme. Je vis avec cette insatisfaction depuis mes 5 ans de mariage ». 

Cependant, certaines femmes excisées connaissent tout de même l’orgasme clitoridien. Dans ce cas, le gland du clitoris étant coupé, la stimulation du clitoris se fait au niveau des racines du clitoris, qui elles, n’ont pas été touchées par l’excision. 

En général, les stimulations qui déclenchent le plaisir et l’orgasme clitoridien sont des pressions assez appuyées au dessus de l’endroit où devrait se situer le gland, tout contre l’os du pubis.

Quand certaines excisées ont peur de relation sexuelle

Quand une femme a été excisée avant 3 ou 4 ans, en général, elle ne s’en souvient pas. Car cela se produit avant qu’elle soit capable de fixer l’événement dans ses pensées. 


Elle ne peut se raconter à elle-même ce qu’elle a vécu car ne sachant pas parler suffisamment. Mais même si elle ne se souvient plus, son corps, lui s’en souvient. 

Alors, il peut avoir tendance à fuir tout contact sexuel. C’est comme s’il se disait : « On m’a fait mal ici, je ne veux pas que quelqu’un s’approche de cet endroit ». 

Et il se crispe (corps), se bloque dès qu’on veut l’approcher, y compris pour des caresses. On observe ainsi des vaginismes, impossibilité de supporter une pénétration. C’est fréquent chez les femmes excisées. 

On constate souvent que bien des femmes excisées, même si elles n’ont pas de douleur, ni d’infection, ne supporte pas que l’on touche la zone de leur clitoris. 

On observe même qu’après une opération de réparation, elles sont nombreuses à dire « je suis contente d’avoir fait cette réparation, mais je ne veux pas que l’on me touche à cet endroit. »

Quand l’excision s’est produite plus tard, elle laisse un souvenir dans la tête, dans les pensées, et plus seulement dans la mémoire du corps. On peut observer les mêmes blocages.

L’excision entraîne des douleurs, des infections, des problèmes médicaux. Mais si, malgré l’excision, les rapports sexuels ne sont pas douloureux, si le plaisir est au rendez-vous, il faut bien réfléchir avant de subir une opération chirurgicale. 


Cependant, la réparation ne déclenche pas toujours une augmentation importante de plaisir sexuel, même si, sur le plan anatomique, elle redonne à la vulve un aspect plus proche de l’aspect naturel.

Veiller contre la pratique de l’excision s’avère important et urgent pour ne plus faire de victime. Il est vrai que l’excision se pratique encore dans certaines localités de la Côte d’Ivoire et la loi ne peut les atteindre. Il faut donc sensibiliser les populations sur les dangers d’une telle pratique.


Dire non à l'excision 
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A. Dimitri

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