26/12/2013
Joseph KABILA - President sortant de la RDC, le 30 Juin 2011 a Lubumbashi
La RD Congo regorge d’énormes ressources naturelles qui font l’envie du monde et dont l’exploitation efficiente serait une source importante de capitaux qui pouvaient contribuer au développement des infrastructures et à l’amélioration du niveau de vie des populations.
Un rapport de la Banque mondiale sur la gouvernance dans le secteur minier en RD Congo mentionne que « le secteur minier congolais pourrait, en dix ans, contribuer à hauteur de 20 à 25% au produit intérieur brut (PIB) et d’un tiers du montant total des recettes fiscales ».
C’est la preuve que le secteur minier, poumon de l’économie du pays, peut générer des bénéfices substantiels qui vont aider à améliorer le bien-être de la population congolaise.
L’analyste des politiques publiques, Isidore Kwandja Ngembo, appelle à la bonne gouvernance en RD Congo qui « doit arrêter de tendre la main et améliorer plutôt sa gouvernance interne, reformer substantiellement son administration publique, rendre transparent tous les processus de négociation de ses ressources naturelles ».
En septembre 2013, les Congolais se sont réunis dans ce qu’on a appelé « Concertations nationales » pour réfléchir sur les causes profondes qui minent la paix, la sécurité et la quiétude de la population. Malgré le fait que cette initiative n’a pas rencontré l’assentiment de toutes les tendances politiques et idéologiques de la société congolaise, elle a néanmoins eu le mérite d’avoir balisé les voies de sortie aux crises récurrentes.
Cet exercice démocratique est loin d’être la première en RD Congo. Dans les années 90, la Conférence nationale souveraine (CNS) avait également procédé de la même façon, en identifiant les problèmes majeurs qui empêchaient le pays de progresser et en proposant des pistes de solutions pour permettre à la population de jouir de généreuses bénédictions que Dieu a dotées ce pays.
En effet, une chose qui frappe tout le monde qui arrive en RD Congo, c’est la pauvreté qui contraste avec les immenses potentialités naturelles et humaines que ce pays regorge.
En fait, les problèmes de la RD Congo ne sont pas liés au manque des ressources financières, mais bien à l’absence des institutions publiques et d’une gouvernance qui puisse rationnellement canaliser les ressources disponibles générées par l’exploitation minière vers les bonnes priorités afin de créer des richesses et les redistribuer équitablement à l’ensemble de la population au travers des programmes et politiques publiques cohérents.
Une autre chose qui impressionne dans le langage des Congolais, aussi bien des médias, des officiels, des organisations de la société civile et même de la population en général : tous ne comptent que sur les bailleurs de fonds, la communauté internationale, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) … pour apporter des solutions aux problèmes qu’un État devrait normalement agir sans besoin d’un soutien extérieur.
L’aide au développement n’a jamais développé un pays
Les Congolais doivent comprendre une chose : les bailleurs de fonds, qu’il s’agisse de la Banque mondiale, du FMI ou de toute autre institution financière internationale ne sont pas de bons samaritains ou des pères Noël qui distribuent des cadeaux sans rien attendre en retour.
Ce n’est pas par altruisme que les pays dits « riches » accordent de l’aide publique au développement (APD) aux pays « pauvres ». Ils ont des objectifs basés sur leurs intérêts nationaux et qui, souvent, ne correspondent pas aux intérêts et priorités des pays bénéficiaires.
Pour ceux qui ne le savent pas, l'APD est née lors de la décolonisation, dans le but de garder des liens étroits avec les anciennes colonies, de préserver l'influence des anciennes métropoles dans le contexte géopolitique de la guerre froide, d’avoir un accès privilégié à d'importantes ressources minières et pétrolières, et de servir comme un instrument de politique étrangère de pays donateurs.
L’efficacité de l’APD a été et reste encore sujet à de nombreux débats scientifiques. Les spécialistes du développement doutent de son efficacité et l’ont démontré à travers des études scientifiques que l’aide au développement crée la dépendance, encourage la corruption et perpétue la pauvreté.
Plus de 50 ans après, il ne suffit pas d’être un expert en développement pour comprendre exactement l’impact qu’elle eu sur les conditions de vie des populations de pays bénéficiaires.
Ceux des pays bénéficiaires qui disposent des instruments statistiques fiables permettant de comptabiliser les effets de l’APD en savent quelque chose.
Un des grands économistes hongrois, Peter Thomas Bauer, critique sévèrement le principe même de l'APD. Il pense qu’il est abusif d'appeler aide au développement les flux de capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit, selon lu, d'une entrave au développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans leur condition.
Le fondateur de l'École de Chicago, Milton Friedman, considéré comme l'un des économistes américains les plus influents du XXe siècle et prix Nobel d'économie, avait également exprimé son pessimisme et ses doutes quant à l’efficacité de l’APD.
Il était convaincu que l’APD est un excellent moyen de transférer l’argent des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres.
Avec la crise économique et financière actuelle, tous les États « bailleurs de fonds » ont mis en place des mesures d’austérité en réduisant sensiblement leurs budgets d’aide au développement.
Le rapport 2013 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) révèle qu’en 2012, l’APD nette des pays développés s’est élevée à 125,6 milliards de dollars, soit 0,29 % du revenu national brut cumulé des donateurs.
Alors que l'objectif qui avait été fixé et accepté par tous en 1970 et réaffirmé à plusieurs reprises dans les déclarations internationales sur le financement du développement était de 0.7%.
Pas plus tard que la semaine dernière, un représentant de la Banque mondiale en séjour à Kinshasa a, dans une interview accordée à la radio onusienne « Radio Okapi », dit dans un langage clair et peu diplomatique, une réalité que les congolais feignent d’ignorer.
« Les besoins de la RDC sont immenses. La Banque mondiale ne peut apporter qu’une petite contribution…La Banque mondiale n’a jamais développé un pays mais qu’elle contribue plutôt au développement des pays qui veulent se développer…Il faut que le pays s’organise d’abord afin de résoudre ses problèmes fondamentaux…
La RDC doit améliorer sa gouvernance afin de faire face à ses besoins…», a-t-il déclaré.
Ces bouts de phrases en disent long. La RD Congo doit arrêter de tendre la main. Elle doit plutôt améliorer sa gouvernance interne, reformer substantiellement son administration publique, rendre transparent tous les processus de négociation de ses ressources naturelles.
La RDC peut sortir de la pauvreté avec une bonne gouvernance
On ne le dira jamais assez. La RD Congo regorge d’énormes ressources naturelles qui font l’envie du monde et dont l’exploitation efficiente serait une source importante de capitaux qui pouvaient contribuer au développement des infrastructures et à l’amélioration du niveau de vie des populations.
Un rapport de la Banque mondiale sur la gouvernance dans le secteur minier en RD Congo mentionne que « le secteur minier congolais pourrait, en dix ans, contribuer à hauteur de 20 à 25% au produit intérieur brut (PIB) et d’un tiers du montant total des recettes fiscales ».
C’est la preuve que le secteur minier, poumon de l’économie du pays, peut générer des bénéfices substantiels qui vont aider à améliorer le bien-être de la population congolaise.
Mais, qu’en est-il en réalité? Le rapport publié par les experts d’Africa Progress Panel dirigé par Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, mentionne que la gestion du secteur minier congolais a occasionné un manque à gagner pour le pays d’au moins 1,36 milliard de dollars de revenus potentiels entre 2010 et 2012 suite à une mauvaise négociation de cinq contrats miniers seulement. Dieu seul sait combien de contrats ont déjà été négociés depuis et après.
Tant qu’il y aura des dysfonctionnements au niveau des institutions publiques, des politiques publiques incohérentes pour ne pas dire de manque des politiques publiques réfléchies et l’absence d’une bonne gouvernance, peu importe le gouvernement « cohésion nationale » qui sera mis en place, aucun problème substantiel majeur que connait le pays ne sera régler.
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[Isidore Kwandja Ngembo]
© KongoTimes
Joseph KABILA - President sortant de la RDC, le 30 Juin 2011 a Lubumbashi
La RD Congo regorge d’énormes ressources naturelles qui font l’envie du monde et dont l’exploitation efficiente serait une source importante de capitaux qui pouvaient contribuer au développement des infrastructures et à l’amélioration du niveau de vie des populations.
Un rapport de la Banque mondiale sur la gouvernance dans le secteur minier en RD Congo mentionne que « le secteur minier congolais pourrait, en dix ans, contribuer à hauteur de 20 à 25% au produit intérieur brut (PIB) et d’un tiers du montant total des recettes fiscales ».
C’est la preuve que le secteur minier, poumon de l’économie du pays, peut générer des bénéfices substantiels qui vont aider à améliorer le bien-être de la population congolaise.
L’analyste des politiques publiques, Isidore Kwandja Ngembo, appelle à la bonne gouvernance en RD Congo qui « doit arrêter de tendre la main et améliorer plutôt sa gouvernance interne, reformer substantiellement son administration publique, rendre transparent tous les processus de négociation de ses ressources naturelles ».
En septembre 2013, les Congolais se sont réunis dans ce qu’on a appelé « Concertations nationales » pour réfléchir sur les causes profondes qui minent la paix, la sécurité et la quiétude de la population. Malgré le fait que cette initiative n’a pas rencontré l’assentiment de toutes les tendances politiques et idéologiques de la société congolaise, elle a néanmoins eu le mérite d’avoir balisé les voies de sortie aux crises récurrentes.
Cet exercice démocratique est loin d’être la première en RD Congo. Dans les années 90, la Conférence nationale souveraine (CNS) avait également procédé de la même façon, en identifiant les problèmes majeurs qui empêchaient le pays de progresser et en proposant des pistes de solutions pour permettre à la population de jouir de généreuses bénédictions que Dieu a dotées ce pays.
En effet, une chose qui frappe tout le monde qui arrive en RD Congo, c’est la pauvreté qui contraste avec les immenses potentialités naturelles et humaines que ce pays regorge.
En fait, les problèmes de la RD Congo ne sont pas liés au manque des ressources financières, mais bien à l’absence des institutions publiques et d’une gouvernance qui puisse rationnellement canaliser les ressources disponibles générées par l’exploitation minière vers les bonnes priorités afin de créer des richesses et les redistribuer équitablement à l’ensemble de la population au travers des programmes et politiques publiques cohérents.
Une autre chose qui impressionne dans le langage des Congolais, aussi bien des médias, des officiels, des organisations de la société civile et même de la population en général : tous ne comptent que sur les bailleurs de fonds, la communauté internationale, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) … pour apporter des solutions aux problèmes qu’un État devrait normalement agir sans besoin d’un soutien extérieur.
L’aide au développement n’a jamais développé un pays
Les Congolais doivent comprendre une chose : les bailleurs de fonds, qu’il s’agisse de la Banque mondiale, du FMI ou de toute autre institution financière internationale ne sont pas de bons samaritains ou des pères Noël qui distribuent des cadeaux sans rien attendre en retour.
Ce n’est pas par altruisme que les pays dits « riches » accordent de l’aide publique au développement (APD) aux pays « pauvres ». Ils ont des objectifs basés sur leurs intérêts nationaux et qui, souvent, ne correspondent pas aux intérêts et priorités des pays bénéficiaires.
Pour ceux qui ne le savent pas, l'APD est née lors de la décolonisation, dans le but de garder des liens étroits avec les anciennes colonies, de préserver l'influence des anciennes métropoles dans le contexte géopolitique de la guerre froide, d’avoir un accès privilégié à d'importantes ressources minières et pétrolières, et de servir comme un instrument de politique étrangère de pays donateurs.
L’efficacité de l’APD a été et reste encore sujet à de nombreux débats scientifiques. Les spécialistes du développement doutent de son efficacité et l’ont démontré à travers des études scientifiques que l’aide au développement crée la dépendance, encourage la corruption et perpétue la pauvreté.
Plus de 50 ans après, il ne suffit pas d’être un expert en développement pour comprendre exactement l’impact qu’elle eu sur les conditions de vie des populations de pays bénéficiaires.
Ceux des pays bénéficiaires qui disposent des instruments statistiques fiables permettant de comptabiliser les effets de l’APD en savent quelque chose.
Un des grands économistes hongrois, Peter Thomas Bauer, critique sévèrement le principe même de l'APD. Il pense qu’il est abusif d'appeler aide au développement les flux de capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit, selon lu, d'une entrave au développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans leur condition.
Le fondateur de l'École de Chicago, Milton Friedman, considéré comme l'un des économistes américains les plus influents du XXe siècle et prix Nobel d'économie, avait également exprimé son pessimisme et ses doutes quant à l’efficacité de l’APD.
Il était convaincu que l’APD est un excellent moyen de transférer l’argent des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres.
Avec la crise économique et financière actuelle, tous les États « bailleurs de fonds » ont mis en place des mesures d’austérité en réduisant sensiblement leurs budgets d’aide au développement.
Le rapport 2013 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) révèle qu’en 2012, l’APD nette des pays développés s’est élevée à 125,6 milliards de dollars, soit 0,29 % du revenu national brut cumulé des donateurs.
Alors que l'objectif qui avait été fixé et accepté par tous en 1970 et réaffirmé à plusieurs reprises dans les déclarations internationales sur le financement du développement était de 0.7%.
Pas plus tard que la semaine dernière, un représentant de la Banque mondiale en séjour à Kinshasa a, dans une interview accordée à la radio onusienne « Radio Okapi », dit dans un langage clair et peu diplomatique, une réalité que les congolais feignent d’ignorer.
« Les besoins de la RDC sont immenses. La Banque mondiale ne peut apporter qu’une petite contribution…La Banque mondiale n’a jamais développé un pays mais qu’elle contribue plutôt au développement des pays qui veulent se développer…Il faut que le pays s’organise d’abord afin de résoudre ses problèmes fondamentaux…
La RDC doit améliorer sa gouvernance afin de faire face à ses besoins…», a-t-il déclaré.
Ces bouts de phrases en disent long. La RD Congo doit arrêter de tendre la main. Elle doit plutôt améliorer sa gouvernance interne, reformer substantiellement son administration publique, rendre transparent tous les processus de négociation de ses ressources naturelles.
La RDC peut sortir de la pauvreté avec une bonne gouvernance
On ne le dira jamais assez. La RD Congo regorge d’énormes ressources naturelles qui font l’envie du monde et dont l’exploitation efficiente serait une source importante de capitaux qui pouvaient contribuer au développement des infrastructures et à l’amélioration du niveau de vie des populations.
Un rapport de la Banque mondiale sur la gouvernance dans le secteur minier en RD Congo mentionne que « le secteur minier congolais pourrait, en dix ans, contribuer à hauteur de 20 à 25% au produit intérieur brut (PIB) et d’un tiers du montant total des recettes fiscales ».
C’est la preuve que le secteur minier, poumon de l’économie du pays, peut générer des bénéfices substantiels qui vont aider à améliorer le bien-être de la population congolaise.
Mais, qu’en est-il en réalité? Le rapport publié par les experts d’Africa Progress Panel dirigé par Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, mentionne que la gestion du secteur minier congolais a occasionné un manque à gagner pour le pays d’au moins 1,36 milliard de dollars de revenus potentiels entre 2010 et 2012 suite à une mauvaise négociation de cinq contrats miniers seulement. Dieu seul sait combien de contrats ont déjà été négociés depuis et après.
Tant qu’il y aura des dysfonctionnements au niveau des institutions publiques, des politiques publiques incohérentes pour ne pas dire de manque des politiques publiques réfléchies et l’absence d’une bonne gouvernance, peu importe le gouvernement « cohésion nationale » qui sera mis en place, aucun problème substantiel majeur que connait le pays ne sera régler.
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[Isidore Kwandja Ngembo]
© KongoTimes
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