le 25 jan 2014
En concédant leurs surfaces agricoles, les pays africains mettent en danger la survie des populations locales. L'Afrique a des raisons de se réjouir.
Avec des prévisions de croissance plus que flatteuses, le continent «attire enfin l’attention» selon les mots de la ministre des Finances nigériane, Ngozi Okonjo-Iweala.
Une attention qui se porte toujours sur les ressources minières mais qui concerne aussi les terres agricoles. L’enjeu est de taille puisqu’avec quelque 202 millions d’hectares, l’Afrique possède la moitié des surfaces arables non utilisées.
Depuis l’an 2000, 5% de l’espace cultivable africain a été cédé à des entreprises étrangères notamment en Afrique de l’Est (Tanzanie, Soudan, Mozambique, Ethiopie) et centrale (RDC, Cameroun), mais aussi à l’Ouest (Sierra Leone, Liberia, Nigeria, Mali, Sénégal).
Une surface globale qui atteint la taille du Kenya, d’après Jeune Afrique. Au Kenya, justement, rien n’est plus simple que d’acheter un terrain dès lors que l’on en a les moyens. Ainsi, à Nairobi, les agences qui proposent des biens immobiliers agricoles aux étrangers sont légion.
Cette ruée vers l’or vert, n’est pas sans conséquence. Alors même que l’année 2014, est censée marquer la célébration de l’agriculture familiale, les agriculteurs africains n’ont jamais été aussi menacés qu’aujourd’hui s’alarme le Guardian.
Si les investissements «peuvent potentiellement aider l’Afrique» d’après Barack Obama, reste que les économies d’échelle réalisées par les grands groupes européens ou asiatiques ont tendance à gripper l’ascenseur social africain.
Le problème est qu’«en Afrique, 10 % des terres rurales seulement sont enregistrés. Les 90 % restants ne correspondent à aucun titre et sont administrés de manière informelle, ce qui ouvre la porte aux abus —accaparements, expropriations sans compensation équitable et corruption», souligne Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique.
Or de nombreux pays africains ont échoué à faire reconnaître, en droit et en pratique, les droits fonciers coutumiers des ménages et des communautés agricoles existantes.
Au contraire, ils ont bien souvent perpétué les codes juridiques coloniaux, qui remettent le contrôle des terres au domaine public. Le transfert des droits de propriété vers des entreprises étrangères par l'entremise de l'Etat, pose de nombreux problèmes comme celui de l’augmentation du prix des terrains, de la préférence donnée à des plantations plus rentables sur les marchés mondiaux, et de la mise en péril de la sécurité alimentaire des populations locales.
Un état de fait qui met en lumière «la déréglementation agricole et la libéralisation du commerce qui constitue la formule politique imposée à de nombreux pays africains au cours des trois dernières décennies», pense le Guardian.
Le Malawi, qui a engagé un projet de réforme foncière reposant sur «la décentralisation, le volontariat et les communautés et qui prévoyait de redistribuer les terres de grands propriétaires institutionnels à des groupes d’agriculteurs pauvres» constitue un contre-exemple qui pourrait inspirer nombre de pays africains.
Slate Afrique
En concédant leurs surfaces agricoles, les pays africains mettent en danger la survie des populations locales. L'Afrique a des raisons de se réjouir.
Avec des prévisions de croissance plus que flatteuses, le continent «attire enfin l’attention» selon les mots de la ministre des Finances nigériane, Ngozi Okonjo-Iweala.
Une attention qui se porte toujours sur les ressources minières mais qui concerne aussi les terres agricoles. L’enjeu est de taille puisqu’avec quelque 202 millions d’hectares, l’Afrique possède la moitié des surfaces arables non utilisées.
Depuis l’an 2000, 5% de l’espace cultivable africain a été cédé à des entreprises étrangères notamment en Afrique de l’Est (Tanzanie, Soudan, Mozambique, Ethiopie) et centrale (RDC, Cameroun), mais aussi à l’Ouest (Sierra Leone, Liberia, Nigeria, Mali, Sénégal).
Une surface globale qui atteint la taille du Kenya, d’après Jeune Afrique. Au Kenya, justement, rien n’est plus simple que d’acheter un terrain dès lors que l’on en a les moyens. Ainsi, à Nairobi, les agences qui proposent des biens immobiliers agricoles aux étrangers sont légion.
Cette ruée vers l’or vert, n’est pas sans conséquence. Alors même que l’année 2014, est censée marquer la célébration de l’agriculture familiale, les agriculteurs africains n’ont jamais été aussi menacés qu’aujourd’hui s’alarme le Guardian.
Si les investissements «peuvent potentiellement aider l’Afrique» d’après Barack Obama, reste que les économies d’échelle réalisées par les grands groupes européens ou asiatiques ont tendance à gripper l’ascenseur social africain.
Le problème est qu’«en Afrique, 10 % des terres rurales seulement sont enregistrés. Les 90 % restants ne correspondent à aucun titre et sont administrés de manière informelle, ce qui ouvre la porte aux abus —accaparements, expropriations sans compensation équitable et corruption», souligne Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique.
Or de nombreux pays africains ont échoué à faire reconnaître, en droit et en pratique, les droits fonciers coutumiers des ménages et des communautés agricoles existantes.
Au contraire, ils ont bien souvent perpétué les codes juridiques coloniaux, qui remettent le contrôle des terres au domaine public. Le transfert des droits de propriété vers des entreprises étrangères par l'entremise de l'Etat, pose de nombreux problèmes comme celui de l’augmentation du prix des terrains, de la préférence donnée à des plantations plus rentables sur les marchés mondiaux, et de la mise en péril de la sécurité alimentaire des populations locales.
Un état de fait qui met en lumière «la déréglementation agricole et la libéralisation du commerce qui constitue la formule politique imposée à de nombreux pays africains au cours des trois dernières décennies», pense le Guardian.
Le Malawi, qui a engagé un projet de réforme foncière reposant sur «la décentralisation, le volontariat et les communautés et qui prévoyait de redistribuer les terres de grands propriétaires institutionnels à des groupes d’agriculteurs pauvres» constitue un contre-exemple qui pourrait inspirer nombre de pays africains.
Slate Afrique
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