9 janvier 2013
Le mouvement rebelle du M23 en RDC dit lutter contre la corruption.
Pourtant, pour s’éviter des ennuis, certains congolais doivent la pratiquer avec ces membres. Voici deux exemples.
"Etes-vous prêt à nous soutenir pour aller jusqu’à Kinshasa ? Nous voulons faire déguerpir cet homme et son système corrompu. Il a détruit notre pays avec la corruption !"
Ces paroles sont du colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23, dans un meeting populaire, le lendemain de la prise de Goma. Le combat contre la corruption en République démocratique du Congo est en effet l’une des causes que prétend défendre le M23.
La localité de Kibumba, située à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, est administrée par ce mouvement rebelle. Ses habitants sont en majorité cultivateurs.
Et depuis un certain temps, tous les jeunes sont contraints d’aller faire les "Salongo" en foret.
Le Salongo est une sorte de travail collectif initié à l’époque de Mobutu. L’objectif était d’encourager la participation citoyenne dans le développement du pays.
La corruption des champs
Ici, ce terme est utilisé pour designer les corvées auxquelles les citoyens sont soumis par le M23. Plus précisément, la coupe des bois de chauffe en foret pour les militaires. Cette activité a lieu tous les mercredis et tous les samedis.
Après chaque séance, un jeton est remis aux travailleurs. Ainsi, le M23 peut dénicher ceux qui ont boycotté l’activité pour les soumettre à des amendes.
Toutefois, certaines personnes ne participant pas à ces travaux et qui ne veulent pas payer les amendes ont trouvé une solution. Un jeune, qui requiert l’anonymat, confie :
"J’avais un autre programme plus important. C’est pour ça que je ne pouvais pas aller au Salongo. Pour éviter des ennuis, je suis parti chez mon chef de quartier et je lui ai donné 2 000 francs congolais. Il m’a donné le jeton et je suis maintenant libre comme ceux qui y sont partis."
Un autre jeune du voisinage dit avoir risqué la prison. Sans argent, il n’a été épargné que grâce à la corruption morale — c'est-à-dire en couvrant l'agent en question de flatteuses paroles.
La corruption par la bière
La corruption n'existe pas exclusivement dans ce domaine. Bien que difficilement visible, elle existe aussi chez certains agents de l’ordre du M23.
Un motard qui l’a déjà expérimenté explique : "Je partais à Bunagana. Juste après le monument de Rumangabo, j’ai rencontré une barrière. Ils m’ont demandé une patente que je n’avais pas. Comme pénalité, il fallait payer 10 dollars."
Le motard a donc corrompu les agents pour passer. "Ils ont tout d’abord menacé de prendre ma moto et de me détenir. Puis, ils m’ont demandé 2 bières. Je leur ai donné 3 dollars et ils m’ont laissé partir."
Contacté à ce sujet, le porte parole politique du M23, Bertrand Bisimwa, nie les accusations. Pour lui, le M23 implique déjà la population dans la lutte contre la corruption.
"Nous vivons avec cette population, nous sommes cette population, dit-il. S’il y avait des cas de corruption elle nous aurait informés."
N’ayez pas peur de la commission anti-corruption
Dans son administration, le M23 a créé une commission qui doit rendre effective la lutte contre la corruption. Malheureusement, cette commission n’a jusque ici réprimé aucun cas de corruption dans la zone sous contrôle du M23.
_________________
Gaïus Kowene, Goma
Le mouvement rebelle du M23 en RDC dit lutter contre la corruption.
Pourtant, pour s’éviter des ennuis, certains congolais doivent la pratiquer avec ces membres. Voici deux exemples.
"Etes-vous prêt à nous soutenir pour aller jusqu’à Kinshasa ? Nous voulons faire déguerpir cet homme et son système corrompu. Il a détruit notre pays avec la corruption !"
Ces paroles sont du colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23, dans un meeting populaire, le lendemain de la prise de Goma. Le combat contre la corruption en République démocratique du Congo est en effet l’une des causes que prétend défendre le M23.
La localité de Kibumba, située à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, est administrée par ce mouvement rebelle. Ses habitants sont en majorité cultivateurs.
Et depuis un certain temps, tous les jeunes sont contraints d’aller faire les "Salongo" en foret.
Le Salongo est une sorte de travail collectif initié à l’époque de Mobutu. L’objectif était d’encourager la participation citoyenne dans le développement du pays.
La corruption des champs
Ici, ce terme est utilisé pour designer les corvées auxquelles les citoyens sont soumis par le M23. Plus précisément, la coupe des bois de chauffe en foret pour les militaires. Cette activité a lieu tous les mercredis et tous les samedis.
Après chaque séance, un jeton est remis aux travailleurs. Ainsi, le M23 peut dénicher ceux qui ont boycotté l’activité pour les soumettre à des amendes.
Toutefois, certaines personnes ne participant pas à ces travaux et qui ne veulent pas payer les amendes ont trouvé une solution. Un jeune, qui requiert l’anonymat, confie :
"J’avais un autre programme plus important. C’est pour ça que je ne pouvais pas aller au Salongo. Pour éviter des ennuis, je suis parti chez mon chef de quartier et je lui ai donné 2 000 francs congolais. Il m’a donné le jeton et je suis maintenant libre comme ceux qui y sont partis."
Un autre jeune du voisinage dit avoir risqué la prison. Sans argent, il n’a été épargné que grâce à la corruption morale — c'est-à-dire en couvrant l'agent en question de flatteuses paroles.
La corruption par la bière
La corruption n'existe pas exclusivement dans ce domaine. Bien que difficilement visible, elle existe aussi chez certains agents de l’ordre du M23.
Un motard qui l’a déjà expérimenté explique : "Je partais à Bunagana. Juste après le monument de Rumangabo, j’ai rencontré une barrière. Ils m’ont demandé une patente que je n’avais pas. Comme pénalité, il fallait payer 10 dollars."
Le motard a donc corrompu les agents pour passer. "Ils ont tout d’abord menacé de prendre ma moto et de me détenir. Puis, ils m’ont demandé 2 bières. Je leur ai donné 3 dollars et ils m’ont laissé partir."
Contacté à ce sujet, le porte parole politique du M23, Bertrand Bisimwa, nie les accusations. Pour lui, le M23 implique déjà la population dans la lutte contre la corruption.
"Nous vivons avec cette population, nous sommes cette population, dit-il. S’il y avait des cas de corruption elle nous aurait informés."
N’ayez pas peur de la commission anti-corruption
Dans son administration, le M23 a créé une commission qui doit rendre effective la lutte contre la corruption. Malheureusement, cette commission n’a jusque ici réprimé aucun cas de corruption dans la zone sous contrôle du M23.
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Gaïus Kowene, Goma
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