07 Décembre 2014
"Joseph Kabila". Photo d’archives
Les nouvelles en provenance du Nord Kivu et particulièrement du territoire de Beni se suivent et se ressemblent.
Après les deux cent tués dénombrés au cours des mois d’octobre et de novembre, quatorze autres habitants de cette partie du pays ont été massacrés à l’arme blanche dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 décembre, annonce le chef de la Cité d’Oicha.
Celui-ci a parlé de deux blessés et deux personnes enlevées. Devrait-on parler d’impuissance publique ou de complicité? Fin octobre, "Joseph Kabila" est allé parader à Beni-ville.
Il avait annoncé des "mesures spécifiques" pour "vaincre" les assaillants présentés jusqu’ici comme appartenant à l’ADF. La population locale, elle, parle des agresseurs revêtues généralement des uniformes de l’armée congolaise.
Après le passage de "Joseph Kabila", les observateurs s’attendaient à un renouvellement des autorités civiles et militaires. Rien ne s’est passé.
Selon certaines indiscrétions, à Beni, le "raïs" était allé visiter un complexe où il compte installer un ranch. La propriété appartenait jadis à Ngezayo Safari. Les événements de Beni scellent l’échec des "engagements" de "Kabila" en matière sécurité.
Encore des personnes tuées à l’arme blanche dans le territoire de Beni par des "personnes armées". Cette nouvelle tuerie massive a eu lieu dans la nuit du samedi 6 à dimanche 7 décembre.
Par impuissance ou complicité, les autorités tant locales que nationales ont pris l’habitude d’attribuer ces atrocités aux éléments de la très nébuleuse rébellion ougandaise de l’ADF (Forces démocratiques alliées).
Les mois d’octobre et de novembre ont été les plus sanglants : 200 tués. Le mode opératoire est toujours le même : les assaillants attaquent de nuit, à l’arme blanche, tuant hommes, femmes et enfants. Certains sont décapités devant leurs parents.
Contacté par l’AFP, le colonel Célestin Ngeleka, porte-parole de l’opération militaire congolaise "Sukola 1", offensive lancée contre les groupes armés dans le Nord-Kivu, a confirmé le bilan de 14 morts, tout en indiquant que celui-ci "pourrait être revu à la hausse".
Les soldats continuaient à inspecté les environs. Selon cet officier, il n’est pas exclu qu’ils découvrent "d’autres cadavres". Aveu d’impuissance ou de connivence?
Impuissance publique ou complicité?
Depuis le début des massacres, la population du territoire de Beni ne cessent de dénoncer la "passivité" des autorités congolaises et des Casques bleus de l’ONU.
La toute dernière tuerie survient quelques jours après des déclarations "optimistes" du lieutenant-colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole militaire de la Monusco.
Lors du point de presse hebdomadaire de la Mission onusienne à Kinshasa, mercredi 3 décembre, cet officier déclarait que les forces onusiennes étaient dans une dynamique "assez positive".
Il ajoutait que "d’ici très peu de temps, nous pensons venir à terme de ce groupe rebelle qu’est l’ADF". Faudrait-il blâmer la Monusco? Assurément pas!
La sécurité des personnes et des biens sur le territoire congolais relève de la responsabilité première des "forces de sécurité" congolaises.
"L’abondance de paroles inutiles est un symptôme certain d’infériorité mentale", dit un adage. Lundi 24 novembre, le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga, animait son monologue quasi-hebdomadaire dit "point de presse".
la "détermination" - une fois de plus - de l’exécutif congolais à "anéantir" les groupes armés qui opèrent dans cette partie de la Province du Nord Kivu.
Mende de vociférer : «Ces bandes qui ont sanctuarisé notre pays depuis plus de 25 ans et y ont tissé des réseaux de complicité seront traquées inlassablement jusqu’à la neutralisation du dernier d’entre eux.
Le gouvernement ne s’accorde aucun répit jusqu’au jour où ces criminels, congolais ou étrangers, subiront la rigueur de la loi ». Des mots. Rien que des mots. Ces gesticulations n’ont pas empêché les assaillants à rééditer leurs "exploits".
Quarante-huit heures avant Mende, le vice-gouverneur du Nord Kivu, Feller Lutahichirwa" qualifiait "d’inadmissible" le massacre survenu le jeudi 20 novembre, à l’arme blanche d’une cinquantaine de personnes dans les villages de Tepoimba et Vemba, en groupement de Batangi-Mbau, secteur de Masulu-Kwede, à 10 km de Mavivi à Beni.
Comme pour "se consoler" de l’inefficacité ambiante, Lutahichirwa de tonner que "cet acte inadmissible ne pourra pas rester impuni". L’adjoint du gouverneur de demander, par ailleurs, à la population "de rester vigilante".
Question : à quoi servent les services de renseignements civils et militaires au Congo démocratique?
Rappelons que lors des massacres survenus fin octobre dans le même territoire, le ministre de l’Intérieur, le PPRD Richard Muyej, en visite, avait donné des assurances sur le renforcement de la sécurité de la population.
« Le ministre nous a assuré que toutes les dispositions sont prises pour anéantir ces forces qui sèment la désolation », affirmait le député national Juma Balikwisha, président du caucus des député du Nord Kivu.
Pour cet "élu du peuple", "ce qui se passe ces derniers jours dans le territoire de Beni, une zone opérationnelle des FARDC contre les forces négatives, n’est rien d’autre que du terrorisme destiné à créer l’inimitié entre le peuple et les militaires".
Question : qui tire les ficelles?
Sans répondre directement à cette interrogation, Balikwisha d’ajouter : "C’est inquiétant, parce que pour gagner une guérilla, ou le terrorisme, il faut une complicité totale avec la population.
Moi je pensais que c’est une guerre qu’on veut nous imposer. Je demande au gouvernement de se pencher aussi sur cette piste au lieu de se concentrer seulement sur la piste ADF".
Un échec criant
Des observateurs s’étonnent de constater qu’en novembre 2013, "Joseph Kabila" ait parcouru, par route, plus d’un millier de kilomètres de Beni à Goma sans que son convoi n’ait essuyé le moindre tir d’un sniper ou tombé dans une embuscade.
Procès d’intention? Nullement!
Après les massacres de fin octobre, "Joseph" a attendu une dizaine de jours avant de se rendre à Beni où il est arrivé le mercredi 29 octobre.
Dans un message lancé à partir d’un hôtel de la ville, il dit en swahili : "La position du gouvernement est inchangée : les ADF doivent comprendre que nous allons les vaincre. Ceux qui pensent que nous devons négocier avec les ADF, qu’ils oublient, car la réponse est non. On ne peut pas négocier avec les terroristes".
Et de lancer l’appel devenu quasi-rituel à la "vigilance". "Les Congolais doivent être vigilants car cette guerre, nous devons la gagner. Le Congo ne doit pas échouer, il va gagner contre les terroristes".
"Nous ne devons pas avoir peur, nous devons rester soudés pour bouter hors du territoire congolais les ADF", ajoutait-il.
Selon des indiscrétions, à Beni, "Joseph Kabila" serait allé visiter un nouveau complexe où il compte installer un ranch. On y compte plusieurs villas dont un grand bâtiment qui abritait l’école belge.
Quarante-huit après le départ du "raïs" de Beni, un nouveau carnage eut lieu comme pour lui dire "au revoir". C’était le 2 novembre. En colère, une foule est allée vandaliser la statue du "rond-point Kabila" tout en brûlant des drapeaux du parti présidentiel.
En représailles, des kabilistes ont abattu le monument érigé à la mémoire d’Enoch Nyamwisi Muvingi, frère d’Antipas. Celui-ci et les autorités provinciales se lancent des accusations réciproques.
La vie étant le bien le plus précieux à l’être humain, l’insécurité récurrente dans les provinces du Kivu, dans la Province Orientale et dans le Nord Katanga constitue un échec criant d’un des engagements pris par "Joseph Kabila" dans son allocution d’investiture le 26 janvier 2001 : "Je prends l’engagement que le gouvernement garantira, plus que jamais, la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire congolais".
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Baudouin Amba Wetshi (avec AFP)
© Congoindépendant
"Joseph Kabila". Photo d’archives
Les nouvelles en provenance du Nord Kivu et particulièrement du territoire de Beni se suivent et se ressemblent.
Après les deux cent tués dénombrés au cours des mois d’octobre et de novembre, quatorze autres habitants de cette partie du pays ont été massacrés à l’arme blanche dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 décembre, annonce le chef de la Cité d’Oicha.
Celui-ci a parlé de deux blessés et deux personnes enlevées. Devrait-on parler d’impuissance publique ou de complicité? Fin octobre, "Joseph Kabila" est allé parader à Beni-ville.
Il avait annoncé des "mesures spécifiques" pour "vaincre" les assaillants présentés jusqu’ici comme appartenant à l’ADF. La population locale, elle, parle des agresseurs revêtues généralement des uniformes de l’armée congolaise.
Après le passage de "Joseph Kabila", les observateurs s’attendaient à un renouvellement des autorités civiles et militaires. Rien ne s’est passé.
Selon certaines indiscrétions, à Beni, le "raïs" était allé visiter un complexe où il compte installer un ranch. La propriété appartenait jadis à Ngezayo Safari. Les événements de Beni scellent l’échec des "engagements" de "Kabila" en matière sécurité.
Encore des personnes tuées à l’arme blanche dans le territoire de Beni par des "personnes armées". Cette nouvelle tuerie massive a eu lieu dans la nuit du samedi 6 à dimanche 7 décembre.
Par impuissance ou complicité, les autorités tant locales que nationales ont pris l’habitude d’attribuer ces atrocités aux éléments de la très nébuleuse rébellion ougandaise de l’ADF (Forces démocratiques alliées).
Les mois d’octobre et de novembre ont été les plus sanglants : 200 tués. Le mode opératoire est toujours le même : les assaillants attaquent de nuit, à l’arme blanche, tuant hommes, femmes et enfants. Certains sont décapités devant leurs parents.
Contacté par l’AFP, le colonel Célestin Ngeleka, porte-parole de l’opération militaire congolaise "Sukola 1", offensive lancée contre les groupes armés dans le Nord-Kivu, a confirmé le bilan de 14 morts, tout en indiquant que celui-ci "pourrait être revu à la hausse".
Les soldats continuaient à inspecté les environs. Selon cet officier, il n’est pas exclu qu’ils découvrent "d’autres cadavres". Aveu d’impuissance ou de connivence?
Impuissance publique ou complicité?
Depuis le début des massacres, la population du territoire de Beni ne cessent de dénoncer la "passivité" des autorités congolaises et des Casques bleus de l’ONU.
La toute dernière tuerie survient quelques jours après des déclarations "optimistes" du lieutenant-colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole militaire de la Monusco.
Lors du point de presse hebdomadaire de la Mission onusienne à Kinshasa, mercredi 3 décembre, cet officier déclarait que les forces onusiennes étaient dans une dynamique "assez positive".
Il ajoutait que "d’ici très peu de temps, nous pensons venir à terme de ce groupe rebelle qu’est l’ADF". Faudrait-il blâmer la Monusco? Assurément pas!
La sécurité des personnes et des biens sur le territoire congolais relève de la responsabilité première des "forces de sécurité" congolaises.
"L’abondance de paroles inutiles est un symptôme certain d’infériorité mentale", dit un adage. Lundi 24 novembre, le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga, animait son monologue quasi-hebdomadaire dit "point de presse".
la "détermination" - une fois de plus - de l’exécutif congolais à "anéantir" les groupes armés qui opèrent dans cette partie de la Province du Nord Kivu.
Mende de vociférer : «Ces bandes qui ont sanctuarisé notre pays depuis plus de 25 ans et y ont tissé des réseaux de complicité seront traquées inlassablement jusqu’à la neutralisation du dernier d’entre eux.
Le gouvernement ne s’accorde aucun répit jusqu’au jour où ces criminels, congolais ou étrangers, subiront la rigueur de la loi ». Des mots. Rien que des mots. Ces gesticulations n’ont pas empêché les assaillants à rééditer leurs "exploits".
Quarante-huit heures avant Mende, le vice-gouverneur du Nord Kivu, Feller Lutahichirwa" qualifiait "d’inadmissible" le massacre survenu le jeudi 20 novembre, à l’arme blanche d’une cinquantaine de personnes dans les villages de Tepoimba et Vemba, en groupement de Batangi-Mbau, secteur de Masulu-Kwede, à 10 km de Mavivi à Beni.
Comme pour "se consoler" de l’inefficacité ambiante, Lutahichirwa de tonner que "cet acte inadmissible ne pourra pas rester impuni". L’adjoint du gouverneur de demander, par ailleurs, à la population "de rester vigilante".
Question : à quoi servent les services de renseignements civils et militaires au Congo démocratique?
Rappelons que lors des massacres survenus fin octobre dans le même territoire, le ministre de l’Intérieur, le PPRD Richard Muyej, en visite, avait donné des assurances sur le renforcement de la sécurité de la population.
« Le ministre nous a assuré que toutes les dispositions sont prises pour anéantir ces forces qui sèment la désolation », affirmait le député national Juma Balikwisha, président du caucus des député du Nord Kivu.
Pour cet "élu du peuple", "ce qui se passe ces derniers jours dans le territoire de Beni, une zone opérationnelle des FARDC contre les forces négatives, n’est rien d’autre que du terrorisme destiné à créer l’inimitié entre le peuple et les militaires".
Question : qui tire les ficelles?
Sans répondre directement à cette interrogation, Balikwisha d’ajouter : "C’est inquiétant, parce que pour gagner une guérilla, ou le terrorisme, il faut une complicité totale avec la population.
Moi je pensais que c’est une guerre qu’on veut nous imposer. Je demande au gouvernement de se pencher aussi sur cette piste au lieu de se concentrer seulement sur la piste ADF".
Un échec criant
Des observateurs s’étonnent de constater qu’en novembre 2013, "Joseph Kabila" ait parcouru, par route, plus d’un millier de kilomètres de Beni à Goma sans que son convoi n’ait essuyé le moindre tir d’un sniper ou tombé dans une embuscade.
Procès d’intention? Nullement!
Après les massacres de fin octobre, "Joseph" a attendu une dizaine de jours avant de se rendre à Beni où il est arrivé le mercredi 29 octobre.
Dans un message lancé à partir d’un hôtel de la ville, il dit en swahili : "La position du gouvernement est inchangée : les ADF doivent comprendre que nous allons les vaincre. Ceux qui pensent que nous devons négocier avec les ADF, qu’ils oublient, car la réponse est non. On ne peut pas négocier avec les terroristes".
Et de lancer l’appel devenu quasi-rituel à la "vigilance". "Les Congolais doivent être vigilants car cette guerre, nous devons la gagner. Le Congo ne doit pas échouer, il va gagner contre les terroristes".
"Nous ne devons pas avoir peur, nous devons rester soudés pour bouter hors du territoire congolais les ADF", ajoutait-il.
Selon des indiscrétions, à Beni, "Joseph Kabila" serait allé visiter un nouveau complexe où il compte installer un ranch. On y compte plusieurs villas dont un grand bâtiment qui abritait l’école belge.
Quarante-huit après le départ du "raïs" de Beni, un nouveau carnage eut lieu comme pour lui dire "au revoir". C’était le 2 novembre. En colère, une foule est allée vandaliser la statue du "rond-point Kabila" tout en brûlant des drapeaux du parti présidentiel.
En représailles, des kabilistes ont abattu le monument érigé à la mémoire d’Enoch Nyamwisi Muvingi, frère d’Antipas. Celui-ci et les autorités provinciales se lancent des accusations réciproques.
La vie étant le bien le plus précieux à l’être humain, l’insécurité récurrente dans les provinces du Kivu, dans la Province Orientale et dans le Nord Katanga constitue un échec criant d’un des engagements pris par "Joseph Kabila" dans son allocution d’investiture le 26 janvier 2001 : "Je prends l’engagement que le gouvernement garantira, plus que jamais, la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire congolais".
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Baudouin Amba Wetshi (avec AFP)
© Congoindépendant
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