15 Déc 2014
Blaise Compaoré ne s’était pas donné tant de peine. Critiqué depuis des mois par l’administration Obama qui ne passait pas par des circonlocutions pour lui conseiller de ne pas modifier l’article 37 de la Constitution, il avait profité du sommet Etats-Unis/Afrique d’août dernier pour dire ses « gwè » à l’ambassadeur Tunilabo Mushingui et à ses compatriotes ; avant un retour « héroïque » devant des thuriféraires conquis et qui dès lors ne cessaient de louer le courage et la dignité de cet Africain-là.
Autre enfant terrible, Joseph Kabila qui, depuis le temps qu’il avale les couleuvres franco- américaines, aura quant à lui pris le temps de ruminer sa rancœur avant de riposter.
Ce lundi, il a tenu un discours musclé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès.
Pendant plus d’une heure, l’héritier de Laurent Désiré a vidé son sac, réaffirmant la souveraineté de son pays vis-à-vis d’une communauté internationale trop envahissante face à «un pays jaloux de son indépendance».
Il s’est pourtant dit prêt a recevoir « conseils et suggestions » mais « jamais des injonctions ».
A l’évidence, voilà la réponse du locataire du palais de la Nation à son homologue de l’Elysée qui deux ans plus tôt était venu le narguer chez lui à la Cité.
Et comme si cela ne suffisait pas, François Hollande a enfoncé le clou à Dakar en fustigeant ceux qui voudraient modifier leur loi fondamentale pour des convenances personnelles et ceux qui avec force artifices se sont mis en tête de bloquer toute possibilité d’alternance dans leur pays.
Comme tant d’autres chefs d’Etat conviés au dernier sommet de la Francophonie, Mobutu light a dû se sentir morveux au centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) même s’il s’est bien gardé de se moucher dans la foulée. Aujourd’hui c’est fait.
Blaise Compaoré s’était lui aussi piqué de défendre l’indépendance et la souveraineté de son Faso natal, fustigeant au passage les donneurs de leçons démocratiques et rappelant à qui voulait l’entendre que seul l’avis de ses compatriotes lui importait.
De ce point de vue, il n’aura pas eu tort, puisque les Burkinabè n’auront pas attendu bien longtemps pour signifier au désormais ex-locataire de Kosyam son avis d’expulsion sans préavis, et cela sans l’aide de la communauté internationale.
Bien sûr, « la belle démonstration du peuple burkinabè » dixit François Hollande ne pourra être dupliquée à l’infini, car Ouaga n’est pas Lomé, Brazza, Bujumbura ou encore Kinshasa.
Mais tous autant qu’ils sont, les candidats au tripatouillage auront tort de ne pas assimiler la leçon burkinabè.
Alors, M. Kabila, gare à vous, car si comme à Ouagadougou un petit dixième des millions de Kinois devaient descendre dans la rue pour exprimer leur colère et leur ras-le-bol, vous risqueriez fort d’aller méditer vos leçons de démocratie dans l’inconfort d’un exil précipité.
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Marie Ouédraogo
Observateur Paalga
Blaise Compaoré ne s’était pas donné tant de peine. Critiqué depuis des mois par l’administration Obama qui ne passait pas par des circonlocutions pour lui conseiller de ne pas modifier l’article 37 de la Constitution, il avait profité du sommet Etats-Unis/Afrique d’août dernier pour dire ses « gwè » à l’ambassadeur Tunilabo Mushingui et à ses compatriotes ; avant un retour « héroïque » devant des thuriféraires conquis et qui dès lors ne cessaient de louer le courage et la dignité de cet Africain-là.
Autre enfant terrible, Joseph Kabila qui, depuis le temps qu’il avale les couleuvres franco- américaines, aura quant à lui pris le temps de ruminer sa rancœur avant de riposter.
Ce lundi, il a tenu un discours musclé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès.
Pendant plus d’une heure, l’héritier de Laurent Désiré a vidé son sac, réaffirmant la souveraineté de son pays vis-à-vis d’une communauté internationale trop envahissante face à «un pays jaloux de son indépendance».
Il s’est pourtant dit prêt a recevoir « conseils et suggestions » mais « jamais des injonctions ».
A l’évidence, voilà la réponse du locataire du palais de la Nation à son homologue de l’Elysée qui deux ans plus tôt était venu le narguer chez lui à la Cité.
Et comme si cela ne suffisait pas, François Hollande a enfoncé le clou à Dakar en fustigeant ceux qui voudraient modifier leur loi fondamentale pour des convenances personnelles et ceux qui avec force artifices se sont mis en tête de bloquer toute possibilité d’alternance dans leur pays.
Comme tant d’autres chefs d’Etat conviés au dernier sommet de la Francophonie, Mobutu light a dû se sentir morveux au centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) même s’il s’est bien gardé de se moucher dans la foulée. Aujourd’hui c’est fait.
Blaise Compaoré s’était lui aussi piqué de défendre l’indépendance et la souveraineté de son Faso natal, fustigeant au passage les donneurs de leçons démocratiques et rappelant à qui voulait l’entendre que seul l’avis de ses compatriotes lui importait.
De ce point de vue, il n’aura pas eu tort, puisque les Burkinabè n’auront pas attendu bien longtemps pour signifier au désormais ex-locataire de Kosyam son avis d’expulsion sans préavis, et cela sans l’aide de la communauté internationale.
Bien sûr, « la belle démonstration du peuple burkinabè » dixit François Hollande ne pourra être dupliquée à l’infini, car Ouaga n’est pas Lomé, Brazza, Bujumbura ou encore Kinshasa.
Mais tous autant qu’ils sont, les candidats au tripatouillage auront tort de ne pas assimiler la leçon burkinabè.
Alors, M. Kabila, gare à vous, car si comme à Ouagadougou un petit dixième des millions de Kinois devaient descendre dans la rue pour exprimer leur colère et leur ras-le-bol, vous risqueriez fort d’aller méditer vos leçons de démocratie dans l’inconfort d’un exil précipité.
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Marie Ouédraogo
Observateur Paalga
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