samedi 3 janvier 2015

Rwanda : Campagne contre le mensonge, l’injustice et l’impunité

le 30 décembre 2014

Du « mensonge d’Etat » à « Ndi Umunyarwanda » (je suis Rwandais) en passant par 13 autres thèmes, le Centre de lutte contre l’impunité et l’injustice au Rwanda (CLIIR) a exposé du 2 au 22 décembre le bilan des 20 ans du FPR en matière de droits de l’Homme et de l’Etat de droit en général. 


Nous rapportons succinctement certains thèmes tout en renvoyant pour une vue globale et détaillée au site du Centre auteur de la campagne (cliir.org). 



Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres fondateurs sont des militants des droits humains de longue date. 


Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994.

JamboNews a voulu savoir les motivations de cette campagne et a rencontré le coordinateur du CLIIR, Joseph Matata, pour ce faire.

Selon lui, l’idée remonte au 1er anniversaire de la mort de Juvénal UWILINGIYIMANA porté disparu le 21/11/2005 et retrouvé mort le 16/12/2005 dans le canal de Charleroi à Bruxelles. 


Sa mort a bouleversé les consciences car il avait laissé au coordinateur du CLIIR une copie de sa lettre adressée au procureur du TPIR et dans laquelle il avait souligné qu’il ne veut pas mentir en ces termes : « Je ne veux pas mentir pour faire plaisir aux enquêteurs et donner du crédit à votre thèse selon laquelle le génocide rwandais a été planifié par le MRND et l’AKAZU restreint et élargi. 

Je suis prêt à supporter toutes les conséquences telles qu’elles m’ont été précisées par les enquêteurs TREMBLAY et DELVAUX : je serai lynché, écrasé, mon cadavre sera piétiné dans la rue et les chiens me pisseront dessus ».

L’initiative de la quinzaine a donc pour objectif de combattre le « Mensonge d’Etat » qui fait trop de dégâts, car il sert à justifier « tous les abus de la dictature Kagame ». 

Toujours selon Joseph Matata, le mensonge permettrait au régime de tuer, d’emprisonner, de faire disparaître des citoyens rwandais ou de les terroriser.

Le mensonge d’Etat 



« Le mensonge donne des fleurs, jamais des fruits »

« Le mensonge au Rwanda n’a pas de limites » affirme le CLIIR. Beaucoup en ont déjà été victimes et il en fait encore. CLIIR fait constater que le le Mensonge d’Etat rwandais puise sa force dans les trois piliers qui, selon l’association, font le fondement du régime actuel de Kigali:le mensonge en tant que tel, la terreur et la corruption. 


Parmi de nombreuses victimes, Kizito Mihigo, BBC Kinyarwanda qui paye les frais de BBC pour son émission « Rwanda : Untold Story » ou encore l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA sont trois exemples parmi les cités.

La Décapitation de l’Eglise catholique

 


L’Eglise Catholique jadis considérée comme pilier de la société civile Rwandaise a été touchée de plein fouet. Le FPR n’a pas hésité à la décapiter afin, de l’avis du CLIIR, de mieux déstabiliser la société rwandaise en général et la société civile en particulier. 

Beaucoup de religieux de confession catholique ont en effet été massacrés :ses quatre évêques tous Hutus, des centaines de prêtres et religieux tant Hutus que Tutsis depuis 1994 jusqu’à ce jour. Un des motifs de cet acharnement serait que l’Eglise catholique a contribué à la chute de la monarchie tutsie en 1959.

Une des figures emblématiques de cette persécution est Monseigneur Augustin MISAGO qui fut emprisonné pendant une année avant d’être innocenté. « Le juge président du Tribunal de Kigali qui l’a acquitté a été persécuté et fût obligé de s’exiler en France. Le procureur qui n’avait pas réussi à le faire condamner par un solide faux dossier, fut contraint aussi de s’exiler aux USA ».[1]

 
La Destruction de la Société civile

La mise hors-jeu de la société civile s’est réalisée en même temps que la décapitation et l’affaiblissement de l’Eglise catholique qui s’est beaucoup investie dans l’éducation, la santé et en particulier dans les activités spirituelles.

Un cas plus récent cité dans cette entreprise de destruction et d’affaiblissement des associations pouvant influer concerne l’arrestation et l’emprisonnement, le 21 novembre 2014, de deux membres de la Ligue Rwandaise pour la Protection et la Promotion des Droits de l’Homme (LIPRODHOR) parce qu’ils avaient convoqué une réunion de l’Assemblée Générale de cette association. 


Assassinats et Expulsions des témoins gênants occidentaux

 


Le FPR a souvent su cacher ses forfaits. Il fait tout pour éloigner ceux qui pourraient témoigner de ces crimes. Lorsqu’il n’a pas pu le faire au préalable ou a été pris en flagrant délit, il n’hésite pas à éliminer de tels témoins. C’est ainsi que plusieurs acteurs étrangers ont soit été chassés du Rwanda ou pire encore, leur sang a été versé en terre rwandaise.

C’est dans ce climat de terreur que les ONG comme AIDAB Australia, Austrian Relief Program (ARP), Care Australia, pour ne citer qu’elles, ont été chassées du pays.

Par ailleurs, plusieurs prêtres catholiques occidentaux et des coopérants humanitaires Européens ont été assassinés. C’est le cas de l’assassinat des missionnaires canadiens quifut précédé ou suivi par l’assassinat de neuf (9) missionnaires et coopérants humanitaires espagnols à partir d’avril 1994 avec l’assassinat du Père Joacquim VALLMAJO SALA jusqu’en 2000 avec l’assassinat du père Isidro UZCUDUN Pouso.[2]

 
Epuration et contrôle de la magistrature et du pouvoir législatif


Dans cette partie, le CLIIR dénonce ce qu’il qualifie de “pouvoir occulte” de “gouvernement parallèle” des chefs militaires et politiques du Front Patriotique Rwandais (FPR),qui ont favorisé et institutionnalisé” l’Impunité au Rwanda. Plusieurs cas de magistrats et parlementaires qui ont été assassinés, emprisonnés ou contraints à s’exiler sont rapportés.

Nous avons aussi posé la question de savoir les résultats escomptés de cette campagne d’envergure.

D’après le Coordinateur, le but est de toucher les autorités et la population rwandaise sur la signification du slogan : « Le mensonge donne des fleurs, jamais des fruits » Car, CLIIR est convaincu qu’en effet, le mensonge peut être applaudi et induire beaucoup de gens en erreur, mais le mensonge finit toujours par s’écrouler avec ses commanditaires et ses bénéficiaires.


L’exemple le plus illustratif ce sont les nombreux Mythes du régime FPR qui s’écroulent l’un après l’autre. Le documentaire de la BBC, l’enquête sur l’attentat du 06 avril, etc.

Joseph Matata ajoute que le centre viseà sensibiliser le peuple rwandais sur le danger d’adopter le mensonge comme un outil indispensable à leur survie au Rwanda ou dans la diaspora. 


Le rwandais peut se passer du mensonge et vivre dans la lumière de la vérité. Car c’est la vérité qui peut aider le peuple rwandais à sortir du cercle vicieux de la violence et à reconstruire un avenir meilleur.

La culture du mensonge permet au tyran et à sa cour de « courtisans » de fomenter des intrigues qui leur permettent de neutraliser ou d’éliminer des citoyens honnêtes et courageux et d’asservir le peuple définitivement.

Et Matata de conclure que la tyrannie ne peut être combattue sans déraciner la culture du mensonge, de l’injustice et de l’impunité. Et qu’après cette quinzaine rien ne sera plus comme avant, le rwandais comprendra que le mensonge est nuisible à tous. Alors il saura le combattre aussi.
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Pacifique Habimana

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