samedi 23 mai 2015

Le dialogue avec le pouvoir en place à Kinshasa est inapproprié et contre-productif


François Tshipamba Mpuila et Etienne Tshisekedi wa Mulumba, en 2002, lors du dialogue inter congolais à Sun City, en Afrique du Sud.

Nous dénonçons avec fermeté et condamnons la position prise par la Direction politique de l’UDPS de « dialoguer » avec ledit pouvoir. Nous nous désolidarisons totalement de cette position qui aggravera la Tragédie Congolaise : elle n’engage que ceux qui l’ont prise et qui devront tôt ou tard en rendre compte aux Membres du Parti, au Peuple et à l’histoire.

En effet, dans sa feuille de route du 14 Février 2015 en faveur du dialogue avec le pouvoir en place, la Direction politique de l’UDPS a donné la preuve de l’illusion, de la naïveté, de l’imprudence, de la lâcheté, de la compromission, de la complicité et de l’ignorance coupable et impardonnable de l’Histoire nationale et internationale.

La Direction politique de l’UDPS n’a pas consulté les Eminences grises et les Experts du Parti ; elle a violé les Statuts du Parti ; elle a ignoré les conclusions des Experts internationaux et nationaux ; elle a lu l’histoire à l’envers ; elle a trahi le Peuple ; elle a craché sur les électeurs du 28 Novembre 2011 et sur les cadavres des victimes massacrées lors de ces élections et lors des manifestations des 19, 20 et 21 Janvier 2015 ; elle n’a pas tiré toutes les leçons de la non- application des Résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la RDC et des accords issus des dialogues antérieurs nationaux et internationaux avec les tyrans ni des conséquences catastrophiques provoquées dans le Monde par toute politique d’apaisement envers les tyrans impénitents, sadiques et cyniques.

1. Les Conclusions des Experts internationaux sur le pouvoir de Kinshasa

Dans leur livre intitulé « Réforme au Congo (RDC) : Attentes et désillusions », L’Harmattan 2009, les Experts internationaux et nationaux ont analysé en profondeur les divers aspects de la Tragédie Congolaise : richesses immenses et diversifiées et potentialités considérables de la RDC, infrastructures, attentes de la population à l’égard de l’Etat, histoire des réformes, processus de démocratisation, bonne gouvernance, fonctionnement des assemblées, acteurs et enjeux du processus de décentralisation, constitution, corruption, fiscalité, défis politique, défis de la cohésion macro- économique et des finances publiques, découpage territorial, processus de perfusion internationale, réhabilitation de l’Etat, faillite de l’Etat et dynamique sociale, histoire politique récente et processus de réforme, Aide publique au développement octroyée à la RDC par la Communauté internationale, armée,
services de sécurité, comportement des gestionnaires de l’Etat, Etat et territoire, paysage sociopolitique à partir des élections de 2006, acteurs et enjeux du processus de décentralisation, réforme de la justice, dette au développement, mission de l’ONU en RDC, société civile face à l’Etat, réforme du secteur minier, appui au secteur des médias, agriculture, sécurité alimentaire et développement économique, pouvoirs et impuissance d’un régime de semi-tutelle, bien-être de la population et développement… 


De ces analyses, ils ont conclu que « la RDC est ravagée par l’une des pires tragédies humanitaires mondiales après la Seconde Guerre Mondiale » et que « la RDC constitue un cas d’école en matière de faillite de l’Etat ». 


Et ils sont allés jusqu’au bout dans leurs conclusions : aucune réforme ne pourra avoir lieu en RDC aussi longtemps que les gestionnaires actuels de l’Etat sont au pouvoir : ce sont eux qui ont délibérément créé la faillite de l’Etat, le chaos, la banqueroute, l’anarchie et le désordre et qui les entretiennent ; ils ralentissent, asphyxient, bloquent et sabotent toute initiative et toute possibilité de réforme. 

Ils se comportent comme des poissons qui ne voteront pour un budget destiné à l’achat des hameçons. Dialoguer avec eux est contreproductif. Il n’y a qu’une seule solution pour stopper la Tragédie Congolaise et amorcer le processus du progrès en RDC: les gestionnaires actuels de l’Etat doivent être chassés du pouvoir.

Dans nombreuses Documents adressés par le BEES à la Direction politique, les mêmes observations ont été faites, les mêmes conclusions tirées et les stratégies diversifiées proposées pour arracher du pouvoir les gestionnaires actuels, sauver le Peuple et la Patrie, arrêter la Tragédie et amorcer le progrès. Mais rien de tout cela n’est suivi.

2. Violation des Résolutions du 1er Congrès du Parti et des Statuts

Le 1er Congrès du Parti s’est tenu du 10 au 14 Décembre 2010. Jusqu’à ce jour (5 ans après), les Organes nationaux très importants décidées à ce Congrès n’ont jamais été mis en place (La Convention Démocratique du Parti, la Commission Electorale Permanente…).

Les Statuts du Parti adoptés au 1er Congrès du Parti ont même été l’objet des tripatouillages et des falsifications par certains Membres de la Direction politique. Les auteurs de ces actes maffieux, terroristes et criminels sont bien connus et jouissent de l’impunité absolue et illimitée. 


Ils continuent à siéger au sein de la Direction politique, à participer à la prise des décisions, à sanctionner les autres Membres et Responsables politiques, à faire des déclarations tonitruantes….

Après les échéances électorales du 28 Novembre 2011 et face aux nombreux défis et enjeux nationaux et internationaux, la Direction politique aurait dû convoquer un Congrès Extraordinaire du Parti pour faire l’état des lieux et prendre les décisions et les orientations imposables et exécutoires pour tous les Membres.

La décision de dialoguer avec le pouvoir en place touche à la réalisation de la vision, des valeurs et des idéaux du Parti ; conditionne la crédibilité du Parti auprès des Membres, du Peuple et des Partenaires et fait partie des attributions du Congrès (Art. 17 des Statuts).

3. La lecture de l’histoire à l’envers

Le temps du dialogue avec ledit pouvoir sous les auspices de la Communauté Internationale est révolu. Ledit pouvoir s’était permis de convoquer sans préavis les Diplomates accrédités à Kinshasa pour les menacer et leur demander de cesser

En Novembre et Décembre 2013, le pouvoir en place s’apprêtait à intégrer officiellement, dans les Institutions étatiques abusivement appelées de cohésion et d’unité nationale, les criminels et étrangers du M23.

Le BEES, en annonçant, à cette même date, la décision prise par 250 Cadres du Parti, bien déterminés et sûrs d’entrer massivement dans ces Institutions et Entreprises de l’Etat sans impliquer le Président du Parti ni la Direction politique, mais pour poursuivre le combat corps à corps, à partir de l’intérieur des Institutions et des Entreprises, avec les auteurs du hold – up électoral et du vol de la victoire du Peuple le 28 Novembre 2011, a réussi au moins à contrecarrer l’intégration officielle des Membres du M23 dans les institutions étatiques du Congo. Cfr. : Nos Documents en annexe sur nos Conditions de faire partie des Institutions étatiques et la nécessité de diversifier les stratégies de combat.

En 2016, le pouvoir en place doit partir. Il est aux abois et en sursis grâce à la pression populaire et internationale et à celle des forces démocratiques. De grâce, ne donnons pas le pire des exemples aux Africains et au Monde entier en échouant là où les Burkinabés ont réussi et en servant de béquilles au pouvoir en place.

Pire encore, c’est la Direction politique de l’UDPS - Ame, Force Motrice, Catalyseur du Changement démocratique et Espoir du Peuple – qui s’apprête, par le soit -disant dialogue avec un pouvoir agonisant, à trahir le Peuple, à tuer l’Espoir et à cracher sur les cadavres des milliers des victimes tombées dans ce Combat. C’est inadmissible, impensable et impardonnable. 


Que la Direction politique de l’UDPS ne s’y trompe pas et ne se fasse aucune illusion : elle en assumera toutes les conséquences jusqu’au bout.

Depuis le 28 Novembre 2011 jusqu’à ce jour, la Direction politique n’a mis en place aucune stratégie appropriée ou des stratégies diversifiées pour inquiéter ledit pouvoir et le contraindre à partir. Aucune des stratégies proposées par le BEES n’a été appliquée.

Il faut plutôt continuer à mobiliser le Peuple ; à rester solidaire des autres forces démocratiques congolaises, à continuer à jouer de façon optimale et responsable notre rôle de Leadership politique et à négocier avec les Partenaires pour le triomphe des intérêts partagés et à intensifier tous ensemble des pressions sur ledit pouvoir pour accélérer son départ immédiat et inconditionnel ou dans le pire des cas aux élections de 2016.

4. La Direction politique de l’UDPS a trahi le Peuple

Quelle indécence ! Quel cynisme ! Qu’est-ce que la Direction politique de l’UDPS peut encore dire aux électeurs du 28 Novembre 2011, aux familles des victimes massacrées lors de ces élections, à la Famille de Cédric Nyanza qui s’était immolé à Boma puisqu’on lui avait volé sa voix déposée dans l’urne en faveur de M. E. Tshisekedi, aux familles des victimes des massacres des 19, 20 et 21 Janvier 2015 ; aux familles des victimes dont les cadavres ont été jetés comme du gibier dans les Charniers de Maluku, de Kimwenza, de l’Est et du Bas-Congo ?

5. Que la Direction politique de l’UDPS refasse la lecture attentive et intelligente de l’Histoire

Que la Direction politique de l’UDPS explique au Peuple Congolais pourquoi le même pouvoir en place qui avait convoqué sans préavis les Diplomates accrédités à Kinshasa en Juin 2014 pour les menacer et les inviter à mettre fin aux concertations amorcées sous la Médiation de la MONUSCO prenne maintenant l’initiative d’amorcer les concertations sous la Direction et le Contrôle de ce pouvoir, et pourquoi depuis que l’UDPS a accepté de dialoguer avec ledit pouvoir la Communauté internationale se tient très loin à l’écart de ces conciliabules et semble même étonnée que l’UDPS ait accepté d’entrer dans un tel jeu.

La Direction politique de l’UDPS n’a-t-elle toujours pas compris que : 


- les mêmes causes produisent les mêmes effets ; - que les mêmes causes qui ont été à la base de la non-application d’une cinquantaine des Résolutions de l’ONU sur la RDC et des accords issus d’une multitude des dialogues et des négociations politiques nationales sont toujours là et qu’elles se sont même amplifiées de façon exponentielle par un effet multiplicateur ; - et que tout accord issu du nième dialogue et de la nième négociation ne sera ni appliquée ni productive mais aura au contraire des effets encore beaucoup plus catastrophiques dans l’aggravation de la Tragédie Congolaise !

Fait le 22 Mai 2015.
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Dr François Tshipamba Mpuila
E-mail: tshipamba.mpuila@yahoo.fr
© Congoindépendant

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