21/07/2015
Zoe et Janet "KABILA"
On pourrait aujourd’hui poser une question analogue à ceux des Congolais qui s’indignent de l’extraordinaire engouement de leurs compatriotes pour la politique. Tous veulent absolument faire la politique.
Du sommet à la base, tout le monde veut devenir député. Très peu, parmi tous ces potentiels candidats, ont un quelconque idéal, ou savent ce qu’est être député.
Beaucoup n’ont aucune idée de ce qu’un peuple attend d’un élu.
Par contre, tous sont unanimes à reconnaître que le fait d’être député transforme totalement la vie sur le plan matériel et financier.
Reddy Amisi, artiste musicien bien connu dans le pays, fut une fois reçu dans une émission de variétés dans une des innombrables chaînes de télévision que compte la ville de Kinshasa. C’était à l’époque où la polémique entre musiciens battait son plein.
Ceux-ci s’empoignaient pour un oui ou pour un non. Parfois, les mélomanes, yeux rivés sur leurs petits écrans, suivaient ces attaques croisées, souvent ponctuées d’injures, sans rien comprendre du casus belli.
L’animateur de l’émission demanda à Reddy Amisi qui, rappelons-le, n’est pas conflictuel, ce qu’il préconisait pour mettre fin à ces polémiques qui n’agrandissaient nullement les musiciens.
Et le chanteur donna une réponse aussi inattendue que philosophique : «Vous perdez votre temps en essayant de conscientiser les musiciens. Faites seulement, désormais, toutes les émissions de variété en français, et la polémique sera très vite rangée dans les oubliettes».
C’était bien réfléchi de sa part, lui qui connaît parfaitement son monde, ainsi que ceux qui le composent.
On pourrait aujourd’hui poser une question analogue à ceux des Congolais qui s’indignent de l’extraordinaire engouement de leurs compatriotes pour la politique. Tous veulent absolument faire la politique. Du sommet à la base, tout le monde veut devenir député.
Très peu, parmi tous ces potentiels candidats, ont un quelconque idéal, ou savent ce qu’est être député. Beaucoup n’ont aucune idée de ce qu’un peuple attend d’un élu.
Par contre, tous sont unanimes à reconnaître que le fait d’être député transforme totalement la vie sur le plan matériel et financier.
L’enjeu
C’est donc là tout l’enjeu. La RDC est plongée dans une sérieuse crise économique depuis déjà plusieurs décennies. Ce qui restait du tissu économique, pendant la 2ème République, avait été complètement détruit lors des tristes pillages de 1991 et 1993.
L’actuel gouvernement fournit beaucoup d’efforts dans le sens de rétablir l’équilibre économique du pays. Mais il faut reconnaître que cela est encore loin d’être le cas.
La plus grande difficulté que connaît ce pays dans ce domaine est, d’une part, le chômage dans lequel est plongé la grande majorité de sa population et, de l’autre, les traitements insuffisants que perçoivent ceux qui ont la grâce de travailler, en dehors de quelques privilégiés.
Seuls ceux qu’on appelle politiciens peuvent se frotter les mains dans ce pays, en se pourléchant les babines sans discontinuer.
Personne ne désirant vivre continuellement dans la pauvreté, la politique, qui est un métier en RDC, a donné des envies. Du coup, elle a cessé d’être de l’excellence pour devenir une affaire de tout le monde, mais vraiment de tout le monde, même de ceux qui n’y comprennent rien du tout.
Ce n’est nullement une injure d’affirmer que s’il y a des esprits brillants, il y a aussi des incultes au palais du peuple, et surtout dans certaines assemblées provinciales, dont les séances plénières ressemblent plus à une journée normale au marché central de Kinshasa qu’à un centre de cogitation.
Un peuple n’a que les représentants qu’il mérite. Les Congolais méritent-ils donc d’avoir tous ces gens-là comme députés ? Si c’est le cas, ils sont libres de les avoir, d’autant plus que la démocratie, c’est aussi le droit d’opérer des mauvais choix.
Et si les candidats députés étaient soumis à un test ?
Mais si cet état de choses ne leur plaît pas, s’ils veulent être représentés par des gens conséquents, ils peuvent réfléchir sur les mécanismes devant conduire ceux-ci dans les différentes assemblées.
En Afrique, lorsqu’on évoque une éventuelle révision ou modification d’une Constitution, tout le monde, généralement, pense au mandat présidentiel, c’est-à-dire à sa durée et à sa fréquence. Au Congo voisin, il y a même évocation d’une éventuelle refondation de l’Etat.
Il y a plusieurs matières qui peuvent faire l’objet des discussions. Ainsi, on pratiquerait la démocratie en en respectant les normes, tout en adoptant des mécanismes spécifiques dans certaines matières.
Les circonscriptions électorales pour les législatives provinciales sont généralement des petites régions. Pour la ville de Kinshasa, ce sont les communes qui sont les circonscriptions.
En dehors de quelques vastes communes, comme Kimbanseke et Mont-Ngafula, dont il est difficile de comprendre pourquoi elles n’ont pas été concernées par le découpage, les agglomérations kinoises sont de petites tailles.
Puisque c’est maintenant n’importe qui, du menuisier inculte au vendeur d’eau ambulant (activité pourtant interdite mais qui se pratique allégrement), qui tient à devenir député, les Congolais devraient réfléchir sur les mécanismes devant conduire les leurs à la députation.
Ce serait une façon d’aider la République, mais surtout eux-mêmes, car les députés sont leurs représentants. Ils les engagent durant tout le temps de la mandature.
Structures sans tête ni queue
Lorsqu’on circule à Kinshasa, on voit souvent des pancartes et autres banderoles présentant des ONG de toutes sortes et autres clubs de jeunes. On ne sait pas très bien ce qu’ils ont comme activités.
Car si la plupart des ONG sont des structures sans tête ni queue, à la recherche permanente des financements dans les ambassades occidentales, les jeunes, dans ces cercles, passent leur temps à discutailler des performances et avoirs des musiciens de leur pays et des footballeurs évoluant au championnat espagnol.
Or, au lieu de gloser sur des gens qui ont déjà réussi leur vie et qui ne feront jamais quelque chose pour eux, ils devraient profiter de ces tribunes qui devraient leur servir de cogitation sur leur propre avenir et leur devenir. Ils contribueraient ainsi, par leurs cogitations, au futur immédiat et lointain de leur pays.
Personne ne peut empêcher un citoyen congolais qui en remplit les conditions d’être candidat à une quelconque échéance, même s’il y a à boire et à manger au sujet de la qualification des candidats.
Mais le peuple, particulièrement les jeunes, force vive de la nation, devrait arriver à tamiser les candidats. Comment procéderait-il ?
Il est facile aujourd’hui de battre campagne, surtout pour ceux des candidats qui sont opulents. Les Congolais vont dans des meetings politiques parce qu’ils savent qu’après il y inévitablement à boire, parfois à manger aussi, et quelques billets distribués.
C’est ainsi qu’en période de campagne électorale, les candidats distribuent, outre la boisson qu’ils offrent, des pains et du poisson appelé mpiodi. Ils savent donc que les gens ont faim, et qu’on peut facilement les acheter en leur offrant ces biens de première nécessité.
En conséquence, même les médiocres, mais friqués, sont élus au finish.
Les organisations des jeunes, cercles et les ONG pourraient inviter les candidats pendant la période électorale afin qu’ils leur disent pourquoi ils voudraient aller au Parlement et ce qu’ils comptent y faire.
Ils leur demanderaient ce qu’ils ont comme idées relatives à l’essor de leurs zones respectives. A la rigueur, ils pourraient même les confronter entre eux à raison de quatre ou six par séance.
A l’arrivée, les populations respectives auraient une idée sur les candidats valables pour lesquels ils voteraient le moment venu.
Si un tel exercice est de mise, il y a fort à parier qu’il y aura des candidats qui vont désister. On accroîtra ainsi les chances de compter moins de médiocres dans nos assemblées tant nationale que provinciales.
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[Jean-Claude Ntuala]
© KongoTimes
Zoe et Janet "KABILA"
On pourrait aujourd’hui poser une question analogue à ceux des Congolais qui s’indignent de l’extraordinaire engouement de leurs compatriotes pour la politique. Tous veulent absolument faire la politique.
Du sommet à la base, tout le monde veut devenir député. Très peu, parmi tous ces potentiels candidats, ont un quelconque idéal, ou savent ce qu’est être député.
Beaucoup n’ont aucune idée de ce qu’un peuple attend d’un élu.
Par contre, tous sont unanimes à reconnaître que le fait d’être député transforme totalement la vie sur le plan matériel et financier.
Reddy Amisi, artiste musicien bien connu dans le pays, fut une fois reçu dans une émission de variétés dans une des innombrables chaînes de télévision que compte la ville de Kinshasa. C’était à l’époque où la polémique entre musiciens battait son plein.
Ceux-ci s’empoignaient pour un oui ou pour un non. Parfois, les mélomanes, yeux rivés sur leurs petits écrans, suivaient ces attaques croisées, souvent ponctuées d’injures, sans rien comprendre du casus belli.
L’animateur de l’émission demanda à Reddy Amisi qui, rappelons-le, n’est pas conflictuel, ce qu’il préconisait pour mettre fin à ces polémiques qui n’agrandissaient nullement les musiciens.
Et le chanteur donna une réponse aussi inattendue que philosophique : «Vous perdez votre temps en essayant de conscientiser les musiciens. Faites seulement, désormais, toutes les émissions de variété en français, et la polémique sera très vite rangée dans les oubliettes».
C’était bien réfléchi de sa part, lui qui connaît parfaitement son monde, ainsi que ceux qui le composent.
On pourrait aujourd’hui poser une question analogue à ceux des Congolais qui s’indignent de l’extraordinaire engouement de leurs compatriotes pour la politique. Tous veulent absolument faire la politique. Du sommet à la base, tout le monde veut devenir député.
Très peu, parmi tous ces potentiels candidats, ont un quelconque idéal, ou savent ce qu’est être député. Beaucoup n’ont aucune idée de ce qu’un peuple attend d’un élu.
Par contre, tous sont unanimes à reconnaître que le fait d’être député transforme totalement la vie sur le plan matériel et financier.
L’enjeu
C’est donc là tout l’enjeu. La RDC est plongée dans une sérieuse crise économique depuis déjà plusieurs décennies. Ce qui restait du tissu économique, pendant la 2ème République, avait été complètement détruit lors des tristes pillages de 1991 et 1993.
L’actuel gouvernement fournit beaucoup d’efforts dans le sens de rétablir l’équilibre économique du pays. Mais il faut reconnaître que cela est encore loin d’être le cas.
La plus grande difficulté que connaît ce pays dans ce domaine est, d’une part, le chômage dans lequel est plongé la grande majorité de sa population et, de l’autre, les traitements insuffisants que perçoivent ceux qui ont la grâce de travailler, en dehors de quelques privilégiés.
Seuls ceux qu’on appelle politiciens peuvent se frotter les mains dans ce pays, en se pourléchant les babines sans discontinuer.
Personne ne désirant vivre continuellement dans la pauvreté, la politique, qui est un métier en RDC, a donné des envies. Du coup, elle a cessé d’être de l’excellence pour devenir une affaire de tout le monde, mais vraiment de tout le monde, même de ceux qui n’y comprennent rien du tout.
Ce n’est nullement une injure d’affirmer que s’il y a des esprits brillants, il y a aussi des incultes au palais du peuple, et surtout dans certaines assemblées provinciales, dont les séances plénières ressemblent plus à une journée normale au marché central de Kinshasa qu’à un centre de cogitation.
Un peuple n’a que les représentants qu’il mérite. Les Congolais méritent-ils donc d’avoir tous ces gens-là comme députés ? Si c’est le cas, ils sont libres de les avoir, d’autant plus que la démocratie, c’est aussi le droit d’opérer des mauvais choix.
Et si les candidats députés étaient soumis à un test ?
Mais si cet état de choses ne leur plaît pas, s’ils veulent être représentés par des gens conséquents, ils peuvent réfléchir sur les mécanismes devant conduire ceux-ci dans les différentes assemblées.
En Afrique, lorsqu’on évoque une éventuelle révision ou modification d’une Constitution, tout le monde, généralement, pense au mandat présidentiel, c’est-à-dire à sa durée et à sa fréquence. Au Congo voisin, il y a même évocation d’une éventuelle refondation de l’Etat.
Il y a plusieurs matières qui peuvent faire l’objet des discussions. Ainsi, on pratiquerait la démocratie en en respectant les normes, tout en adoptant des mécanismes spécifiques dans certaines matières.
Les circonscriptions électorales pour les législatives provinciales sont généralement des petites régions. Pour la ville de Kinshasa, ce sont les communes qui sont les circonscriptions.
En dehors de quelques vastes communes, comme Kimbanseke et Mont-Ngafula, dont il est difficile de comprendre pourquoi elles n’ont pas été concernées par le découpage, les agglomérations kinoises sont de petites tailles.
Puisque c’est maintenant n’importe qui, du menuisier inculte au vendeur d’eau ambulant (activité pourtant interdite mais qui se pratique allégrement), qui tient à devenir député, les Congolais devraient réfléchir sur les mécanismes devant conduire les leurs à la députation.
Ce serait une façon d’aider la République, mais surtout eux-mêmes, car les députés sont leurs représentants. Ils les engagent durant tout le temps de la mandature.
Structures sans tête ni queue
Lorsqu’on circule à Kinshasa, on voit souvent des pancartes et autres banderoles présentant des ONG de toutes sortes et autres clubs de jeunes. On ne sait pas très bien ce qu’ils ont comme activités.
Car si la plupart des ONG sont des structures sans tête ni queue, à la recherche permanente des financements dans les ambassades occidentales, les jeunes, dans ces cercles, passent leur temps à discutailler des performances et avoirs des musiciens de leur pays et des footballeurs évoluant au championnat espagnol.
Or, au lieu de gloser sur des gens qui ont déjà réussi leur vie et qui ne feront jamais quelque chose pour eux, ils devraient profiter de ces tribunes qui devraient leur servir de cogitation sur leur propre avenir et leur devenir. Ils contribueraient ainsi, par leurs cogitations, au futur immédiat et lointain de leur pays.
Personne ne peut empêcher un citoyen congolais qui en remplit les conditions d’être candidat à une quelconque échéance, même s’il y a à boire et à manger au sujet de la qualification des candidats.
Mais le peuple, particulièrement les jeunes, force vive de la nation, devrait arriver à tamiser les candidats. Comment procéderait-il ?
Il est facile aujourd’hui de battre campagne, surtout pour ceux des candidats qui sont opulents. Les Congolais vont dans des meetings politiques parce qu’ils savent qu’après il y inévitablement à boire, parfois à manger aussi, et quelques billets distribués.
C’est ainsi qu’en période de campagne électorale, les candidats distribuent, outre la boisson qu’ils offrent, des pains et du poisson appelé mpiodi. Ils savent donc que les gens ont faim, et qu’on peut facilement les acheter en leur offrant ces biens de première nécessité.
En conséquence, même les médiocres, mais friqués, sont élus au finish.
Les organisations des jeunes, cercles et les ONG pourraient inviter les candidats pendant la période électorale afin qu’ils leur disent pourquoi ils voudraient aller au Parlement et ce qu’ils comptent y faire.
Ils leur demanderaient ce qu’ils ont comme idées relatives à l’essor de leurs zones respectives. A la rigueur, ils pourraient même les confronter entre eux à raison de quatre ou six par séance.
A l’arrivée, les populations respectives auraient une idée sur les candidats valables pour lesquels ils voteraient le moment venu.
Si un tel exercice est de mise, il y a fort à parier qu’il y aura des candidats qui vont désister. On accroîtra ainsi les chances de compter moins de médiocres dans nos assemblées tant nationale que provinciales.
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[Jean-Claude Ntuala]
© KongoTimes
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