jeudi 7 octobre 2010
RDC: De l’expertise en négociation par le journal Le Potentiel
Mercredi à l’Assemblée nationale. Les honorables députés ont criblé de questions deux ministres du gouvernement central : celui des Mines et son collègue des Hydrocarbures. Secteurs sensibles, dit-on.
Loin du Palais du peuple, c’est-à-dire dans la masse des anonymes, la séance parlementaire de mercredi a laissé des millions d’auditeurs et de téléspectateurs sur leur soif.
Pour des observateurs avisés, en effet, il aurait été plus intéressant d’évoquer avec les titulaires des Mines et des Hydrocarbures la question liée à la qualité des négociateurs que, chaque fois, le gouvernement dépêche pour discuter et signer des contrats. Contrats qu’une équipe gouvernementale suivante remettra en cause, au nom de la « révisitation ».
Au regard de l’actualité nationale, ternie par des litiges et des contentieux avec des investisseurs miniers étrangers, cette question semble être la seule qui vaille vraiment une ou plusieurs séances de l’Assemblée et du Sénat. Et pour cause.
Les cercles dirigeants n’ont pas encore évacué de la mémoire le différend qui oppose devant le tribunal arbitral international de Paris le gouvernement de la RDC et la canadienne First Quantum autour des mines du Katanga.
Tout récemment, l’opinion a appris qu’une entreprise britannique, Tullow Oil, est en procès aux Iles Vierges contre deux entreprises, auxquelles le gouvernement vient d’accorder l’agrément d’exploitation du bloc pétrolier du lac Albert, dans la Province Orientale.
Ne jouons pas à l’autruche. Il y a là manifestement des actes probants d’insécurité juridique, que dénoncent les investisseurs. Délibérément ou non, le pays devient un îlot où il est trop risqué de placer son capital. Le climat des affaires est démotivant.
La RDC n’est plus à la veille de l’indépendance, en 1960, pour prétendre qu’elle manque de cadres formés et d’experts capables de défendre sa cause dans des négociations internationales. Le problème des dirigeants congolais, c’est leur addiction à l’antipatriotisme bureaucratique.
La problématique de la qualité des négociateurs est importante. Autrement, il est fort à craindre que la RDC n’ait structurellement choisi de se complaire dans l’approximation, dans l’à peu près.
Là où les autres pays africains délèguent des experts, Kinshasa s’illustre souvent par des figurants, des néophytes, tout juste commissionnés pour voyager et percevoir les frais de mission. De là à deviner les liens de parenté biologique ou partisane avec les chefs, il n’y a qu’un pas vite franchi.
Aussi longtemps que les autorités privilégieront la propension au népotisme et au clientélisme dans les discussions de haut niveau avec l’étranger, la communauté des investisseurs leur tournera le dos. Les immenses potentialités du sol et du sous-sol resteront en l’état jusqu’en 2050. Attention aux contrecoups imprévus.
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