vendredi 8 octobre 2010

Réaction de l'Honorable PUELA Albert Fabrice face au décès du compatriote Armand Tungulu

Vendredi 08 octobre 2010

Trop c'est trop! Ça suffit! il faut que ça change!

 

La mort vient encore de frapper !
Notre compatriote Armand Tungulu a rendu l'âme dans les geôles où il était détenu depuis le mercredi 29 septembre 2010, jour où il s'est illustré par un geste que nous ne pouvons que condamner.
En effet, qu'il s'agisse d'un ras-le-bol, d'une frustration trop longtemps contenue, ou même d'une souffrance incontrôlable, rien, pour le républicain et pacifiste que nous sommes, ne peut justifier cet acte apparemment désespéré de notre compatriote.

Cependant, nous considérons que la répression à outrance et disproportionnée, sans cesse utilisée par le pouvoir en place, pour anéantir ou étouffer le moindre son discordant, au mépris des principes les plus élémentaires des Droits de l'homme, devient de plus en plus préoccupante.
Comment comprendre qu'après avoir été appréhendé, notre compatriote n'ait pas été déféré devant une juridiction compétente, en vue d'être jugé conformément à la législation en vigueur?
A ce propos, l'histoire est jalonnée de nombreux cas d'atteinte à l'intégrité physique de hautes personnalités de ce monde, sans que leurs auteurs n'aient été poussés au suicide dans leurs lieux de détention.
Le cas récent, celui de cet Italien qui lança un projectile et blessa gravement au visage le Président du Conseil Italien, le " Cavalière " Berlusconi.
Autre cas, celui de ce journaliste Irakien, qui, en date du 15 décembre 2008, en pleine conférence de presse, lança ses chaussures sur le Président Georges W. Bush des Etats-Unis. Tout le monde s'en souvient, ces images ont fait le tour du monde ! Après avoir été arrêté, jugé et condamné, il vient de purger sa peine et est aujourd'hui libre de tous ces mouvements !
Et que dire d'Ali Agça, ce jeune Turc, qui osa ouvrir le feu sur Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, en le blessant grièvement ? En dépit de sa situation de victime, il rendit plusieurs fois visite à son bourreau en prison, afin de comprendre les raisons de son geste, et en tira même des leçons pour l'amélioration du reste de son pontificat.
Sommes-nous en train d'assister à une dérive totalitaire, à un retour aux anciennes méthodes tant décriées de la 2ème République, où l'élimination physique était une simple routine ?
Bien que la version officielle fasse état d'un suicide, ce qui paraît trop beau pour être vrai, et qui nous donne une impression de déjà vu et entendu, nous estimons que dans tous les cas de figure, les responsabilités doivent être établies sans complaisance.
Comment des services de sécurité supposés aguerris, ont pu faire preuve d'un tel amateurisme en laissant à l'infractaire le temps et l'occasion de mettre un terme à sa vie, alors que sa déposition aurait pu éclairer l'opinion sur le mobile réel d'un tel acte et les éventuels commanditaires ?
Ce scénario de bas étage n'est même pas digne d'un polar de série B.
Cessons d'insulter l'intelligence du peuple Congolais.
Les réactions qui ne cessent d'affluer depuis le décès de notre compatriote, tant sur le plan national qu'à l'extérieur du pays, ainsi que les réactions qui s'en sont suivies, ne font que confirmer le malaise que cette mort, une mort de plus, une mort de trop, provoque dans l'esprit des Congolais et autres observateurs épris de paix et de justice.
Est-ce cela l'Etat de droit ? La fameuse " Tolérance zéro n'existe-t-elle que pour une catégorie de personne ? Implique-t-elle que la vie humaine ne soit plus frappée de son caractère sacré tel que consacré par l'article 16 de la Constitution ?
L'image du pays est une fois de plus mise à rude épreuve ! Comme si la mort de Floribert Chebeya, cet illustre défenseur des droits de l'homme, ne suffisait pas !

Jusqu'à quand le sang devra-t-il continuer à couler impunément ? Trop c'est trop !
Alors, qu'attendez-vous pour nous tuer tous, Congolais qui, comme Armand TUNGULU, sans justifier son acte, portons tous au plus profond de nous, cette frustration, ce ras-le-bol, face à ce régime avilissant.
Il faut que justice soit faite !
Nous serions tentés de réclamer une enquête ainsi qu'une autopsie, afin de déterminer les causes réelles et les circonstances exactes du décès de notre compatriote.
Hélas, hélas, mille fois hélas, nous pouvons citer autant de cas où les enquêtes diligentées ont accouché d'une souris, en ne répondant à aucune réelle question.
Les présumés auteurs des crimes sur les adeptes de Bundu dia Kongo, se pavanent dans les rues. Les suspects de la mort de Chebeya continuent à narguer le peuple Congolais. "Ça suffit ! il faut que ça change"
Qui protégera le peuple Congolais longtemps meurtri ? Où un Congolais même coupable, devrait-t-il se sentir plus en sécurité ? N'est-ce pas chez lui ?Est-il admissible qu'un Congolais se sente plus en sécurité dans un autre Etat que dans son propre pays ?
50 ans après, est-ce l'héritage et la culture que nous voulons léguer à nos enfants et arrières petits enfants ? Non, trop c'est trop, ça suffit, il faut que ça change !
Chers compatriotes, tenons-nous la main et dans le respect des lois et des Institutions de la République, luttons pour l'avènement d'un Etat qui soit réellement fondé sur les valeurs républicaines, la rénovation des mœurs politiques, le respect des droits de l'homme, l'amour de la Patrie et de son peuple.
Réfléchissons dès maintenant aux choix que nous ferons demain. L'homme qu'il faut à la place qu'il faut.
Prenons garde de ne plus nous méprendre sur le choix à porter sur nos dirigeants, à quelque niveau que ce soit, de peur d'allonger la liste des martyrs et de "mourir massivement après avoir voté massivement"
Pour que ça change, bannissons la peur et levons-nous comme un seul homme.

Maître Puela Albert-Fabrice
Député National

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