jeudi 4 novembre 2010

Bandundu : les chefs coutumiers tranchent des conflits avec succès

Dans le Bandundu au Nord-est de Kinshasa, de nombreux conflits intercommunautaires sont résolus par des tribunaux des pairs constitués des chefs coutumiers, là où les tribunaux classiques aux procédures lourdes, coûteuses et rigides échouent souvent.
Dans le district de Kwango, les éleveurs des groupements Bonga Banza et Kolokoso jadis rivaux, peuvent aujourd’hui faire paître leurs vaches ensemble et tranquillement. Cela n’était pas possible avant. Le conflit autour des pâturages qui les opposait, entraînait en effet souvent des tueries massives des bêtes dans les deux camps. Mais une solution pacifique a finalement été trouvée par un tribunal des chefs coutumiers, appelé «tribunal des pairs». «Ce conflit ne nous a pas permis de faire l’élevage de gros bétail, raconte Ntomolombo, un éleveur de Kolokoso. Mais aujourd’hui, ils ont réussi à apaiser les esprits surchauffés entre les deux communautés. Nos vaches broutent dans le même pâturage et chacun reconnaît ses bêtes grâce au marquage au fer rouge qu’elles portent désormais.»
Les tribunaux des pairs ont été institués dans cette province de la Rd Congo, voisine de Kinshasa, à partir de 2007. Les chefs coutumiers de Bandundu avaient constitué cette année là, une commission ad hoc pour trouver des solutions aux nombreux conflits intercommunautaires qui se multipliaient dans leur province. Dans le seul district du Kwilu, ils avaient dénombré alors 300 conflits, fonciers et de disputes du pouvoir coutumier.
LA JUSTICE ETATIQUE TROP CONTRAIGNANTE
La plupart d’entre eux ne trouvaient pas d’issue devant les juridictions de l’Etat, lorsqu’elles étaient saisies. Le caractère pénal et obligatoire [des jugements prononcés par les tribunaux], les amendes qu’ils font payer aux justiciables n’arrangent guère les choses. De même, la mutation des juges instructeurs entraîne à chaque fois le renouvellement des dossiers à l’arrivée de nouveaux juges. Et face à ces antagonismes qui ont souvent trait à la coutume, les lois juridiques modernes très rigides se révèlent inadaptées.
«Dans tous les tribunaux où nous sommes passés pour comparaître, la justice ne cessait de diligenter des enquêtes qui nous ont coûté beaucoup d’argent», explique David Ngamba, prétendant chef de groupement de Falwono, dans le territoire de Bagata qui se disputait ce trône avec son cousin. Ce conflit empêchait les populations d’aller en forêt faire la cueillette des champignons qui les font vivre, «de peur d’être attaqué par les partisans de l’un ou l’autre prétendant», raconte Nicoline Mbaya.
Il a été résolu par un tribunal des chefs coutumiers. Celui-ci a imposé aux deux prétendants le respect strict des conditions d’accession au trône tel que le prévoit leur coutume, et la liberté d’exploitation de la forêt par les populations autochtones. A présent, «nous allons cueillir librement nos champignons sans être inquiété», se réjouit Mamie Kasanza, une agricultrice du village Kidongo dans le groupement Mbaya Bidiar.
DES CHEFS TRES ECOUTES
Le district de Kwilu a été le premier à privilégier ce mode traditionnel de résolution des conflits. Le recours à la loi coutumière, généralement bien observée par les chefs traditionnels, explique ce succès. Bien écoutés et respectés par leurs populations, ils parviennent mieux à ramener la paix, le calme et l’entente entre les communautés. Dans ce district, l’une des rivalités la plus dramatique a opposé pendant longtemps deux groupements (Mulombo et Ngumina) du territoire de Bulungu. Ils se disputaient l’exploitation d’une forêt riche en bois.
Syfia/LP
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