dimanche 21 novembre 2010

« Bien Mal Acquis » : Un livre accablant sur les ONG occidentales et leurs combats criminels en Afrique

image Pierre Péan - CARNAGES, un livre accablant sur les ONG occidentales et leurs combats criminels en Afrique


Alors que l a Cour de cassation venait de rendre son arrêt autorisant la relance de l’enquête sur les « biens mal acquis »,le journaliste d’investigation, Pierre Péan, a lancé mercredi, à Paris, un livre accablant sur les actions conduites en Afrique centrale par les ONG telles que Survie, Sherpa et Transparency International à l’origine de cette affaire. Dans cet ouvrage qui compte près de six cents pages, l’auteur démontre de façon implacable et preuves à l’appui le comportement criminel de ces institutions qui prétendent se battre pour les droits de l’homme et la bonne gouvernance. Au coeur du système, démontre-t-il, se trouve l’avocat français, William Bourdon, celui-là même qui s’efforce depuis des mois de réduire au silence la presse congolaise, en l’attaquant devant les tribunaux français. Intitulé Carnages et sous-titré « Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique », le livre  de Pierre Péan montre comment les puissances extérieures au continent s’efforcent de poursuivre la colonisation du Bassin du Congo en favorisant les conflits ethniques et en déstabilisant les régimes en place. Il démonte, en particulier, le mécanisme infernal qui a provoqué le génocide rwandais à la fin du siècle dernier.
« Depuis 1994, la Françafrique agit comme un dense écran de fumée qui ne laisse voir de l’Afrique que les prétendues conséquences des agissements diaboliques perpétrés par la France depuis la fin du XIXe siècle, et masque complètement les actions entreprises, depuis la chute du Mur de Berlin, par de nouveaux grands acteurs extérieurs qui ont pourtant très largement éclipsé les «néocolons» français. Cré ateurs et propagateurs de ce nouveau concept ont objectivement aidé Washington, Londres, Jérusalem et Bruxelles à gagner la guerre médiatique menée contre la France en lui imputant la responsabilité d’actes qu’elle n’avait pas commis et en empêchant que leurs vrais responsables soient désignés et inquiétés. Bref , la «Françafrique» est le faux nez dissimulant les menées de divers intérêts, surtout anglo-saxons. Surfant sur une « tendance lourde » parmi les intellectuels hexagonaux et les bonnes âmes engagées au service des populations défavorisées du Sud, l’association Survie a réussi à élever de nombreux décibels le volume des « sanglots de l’homme blanc » fran çais. En inscrivant la prétendue complicité française dans le génocide rwandais dans une dérive naturelle du colonialisme et du néocolonialisme français, Survie est entrée dans la catégorie des ONG dont Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin (1997-2002), résume ainsi le discours : combiné avec celui des médias, il vise « à décrédibiliser les gouvernements, à suspecter les États et à idéaliser la société civile dont les ONG seraient l’expression ( plus que le corps électoral ! )…Tout cela était simplet et inutilement polémique, et a contribué à donner aux Français une vision fausse et irréaliste du monde actuel…» Les images-choc de Rwandais tués à la machette ensanglantent, dramatisent et contribuent à fausser la vision des rapports entre la France et ses anciennes colonies.
Pour compléter les effets ravageurs de l’exhibition des victimes rwandaises, les dirigeants de Survie ont remplacé le terme usé de «néocolonialisme» par un concept beaucoup plus efficace, qui claque comme un coup de fouet : celui de la «Françafrique» –entendez : «France-à-Fric». La «Françafrique» n’a nul besoin d’explications savantes pour être comprise, chacun pouvant l’interpréterà partir de la juxtaposition de ces deux mots que tout le monde connaît et dont l’un (fric) a pour effet immédiat d’abaisser et de salir l’autre, la France. Dans un monde de plus en plus privé de repères, où les idéologies ne sont plus guère à la mode, Survie a réussi à assurer la fortune d’un concept simplificateur dont la principale vertu est d’être immédiatement intelligible, de produire des analyses « radicales » qui semblent aller de soi. Une vision négative de l’Afrique La Françafrique a fait florès. D’abord dans les médias qui l’utilisent à tous propos, probablement parce qu’il est simple et vaut éditorial à lui seul, évoquant sans mal les coulisses sordides du pouvoir où s’échangent force valises de billets distribués par des dictateurs africains affamant leurs peuples. Grosso modo, la plupart des journaux ne parlent de l’Afrique qu’à travers le prisme de laFrançafrique, c’est-à-dire à partir d’une vision négative où il n’est question que de corruption et où la France est responsable de tous les maux affectant le continent noir. Associations de défense des droits de l’homme et ONG humanitaires portent haut cette bannière, mais beaucoup plus surprenante est l’acceptation quasi générale de ce concept, qui vaut condamnation de la France, parles politiques de droite comme de gauche. Jean-Marie Bockel, premier secrétaire d’État à la Coopération de Nicolas Sarkozy, n’attendait-il pas avec impatience le décès de la Françafrique ? Deux personnages sont à l’origine de ce beaucoup médiatique : Jean Carbonare, président de Survie jusqu’en 1994, et François-Xavier Verschave, son successeur à la tête de Survie. Le premier, au passé contesté était considéré par ses propres amis d’enfance comme un «affabulateur extraordinaire». La date de lancement du concept de Françafrique soulève de graves questions sur les véritables intentions de ses promoteurs. L’année1994 marque en effet une véritable rupture dans la politique africaine de la France. Or Survie n’en tient pas compte et décrit une situation qui était grosso modo valable dans les années 60 et 70, c’est-à-dire à l’époque où Jacques Foccart était le grand manitou des «affaires africaines».
Dans la décennie 80 François Mitterrand n’aura pas changé fondamentalement les relations spéciales, voire incestueuses, que la France entretenait avec les chefs d’État africains, mais il aura néanmoins amorcé une certaine évolution sous les effets conjoints des débuts de la mondialisation et du coût de plus en plus élevé de ces relations. Quatre mois avant le sommet de La Baule, tournant décisif de la politique africaine de la France, un article intitulé « Quefaire de l’Afrique noire ? », paru dans Le Monde du 28 février 1990 et signé d’un certain Victor Chesnault, qui est en réalité un haut fonctionnaire du ministère des Finances, siffle la fin de la récréation et laisse deviner les réflexions qui agitent les décideurs –surtout financiers – de la politique africaine. D’entrée de jeu, l’auteur parle de « l’Afrique en perdition. Du continent noir, devenu un conservatoire des maux de l’humanité, ne nous parviennent plus que des appels à la rescousse […]. L’aide qu’elle a reçue a été si bien recyclée, privatisée, puis transférée à l’étranger par ses élites, que leurs fortunes cumulées sont aujourd’hui supérieures à la dette des pays concernés. » Tout l’article est de la même eau, mais l’auteur estime que « nous sommes largement responsables de ce désastre », car « nous avons constamment eu peur d’agir sur les vrais problèmes pour ne pas affecter des relations bilatérales délicates. Nous avons ressassé ce pathos sur le développement, imprégné du vocabulaire de la macro-économie cher au FMI et à la Banque mondiale, qui est le masque de notre hypocrisie. »…
Avec la fin des idéologies F.X. Verschave en créa une autre dont il fut le militant radical, rappelant les staliniens de la grande époque de qui la mauvaise foi était l’arme principale. Son but ultime a été, jusqu’à sa mort, de faire condamner la France pour complicité de génocide par un tribunal, quel qu’il soit. Il estimait qu’une telle condamnation ferait exploser la Françafrique. Aimait-il l’Afrique ? Rien n’est moins sûr. C’estd’abord la France qui l’intéressait : il ne se déplaçait quasiment jamais en Afrique. « Jen ’ai pas besoin d’y aller [en Afrique noire]pour savoir ce qui s’y passe. Pas plus que Fernand Braudel n’a eu besoin de vivre dans la Méditerranée du XVIe siècle pour en reconstituer l’histoire. » Et Me Jacques Vergès d’ironiser : « Monsieur Verschave est un Tintin qui ne va pas au Congo de peur de rencontrer le lion. »  Il ne voyait des Africains que dans son bureau parisien ou dans les cafés, il n’écoutait que des opposants aigris feignant de ne pas être libres dans leurs pays ; il était convaincu de savoir où était leur bien, et ce qu’il fallait penser. Son sentiment de supériorité sur les « nègres » était si fort qu’il exorcisait ses démons en crachant, vitupérant, vomissant des insanités sur son pays et sur les dirigeants africains proches de la France.
Pour Vergès, Verschave était un colonialiste qui aspirait à devenir le « grand sorcier blanc » des Africains francophones, qui, depuis Paris, édictait les commandements que les dits Africains devraient suivre, à commencer par «vider», les armes à la main, leurs chefs d’État. Si je redonne ici la parole à Jacques Vergès quand il s’attarde sur « les fantasmes de M. Verschave » et sur la « Françafrique », c’est que je partage sa vision du personnage : « Dans la dénonciation de cet univers manichéen, M. Verschave retrouve les accents de l’extrême droite des années trente, le ton de Gringoire, les bons sentiments en plus et le talent en moins. Nous savons déjà le mépris qu’il manifeste pour les dirigeants africains francophones, quelsqu’ils soient. […] Mais cette hargne n’excepte pas la société française dans toutes ses composantes. Seuls les collaborateurs les plus excités au temps de Vichy usaient de tels accents pour insulter leur pays. Tous pourris, comme disaient les ligues factieuses d’avant-guerre en France !» Pour parvenir à ses fins, Verschave – et c’estvrai pour ses successeurs – n’avait cure de la complexité politique, et des réalités africaines. Ce qui lui importait, c’était de collecter et d’accumuler assez de munitions pour dénoncer, stigmatiser, condamner. Dès qu’il lisait dans n’importe quel journal, publication ou livre, une phrase pouvant trouver place dans son système caricatural, il la découpait et la déposait dans sa corbeille à méchancetés. Verschave n’enquêtait pas, il faisait du « copier-coller» à partir des papiers des autres, et compilait. Le Monde des 2-3 juillet 2005 notait qu’il « découpait les articles glanés à droite et à gauche, écoutait ceux qui rendaient visite à l’association et, sans trop s’embarrasser de vérifications, faisait de cette matière première la pâte de ses ouvrages ». Il ne supportait pas d’être contredit et utilisait – à l’instar des staliniens – tout un arsenal de mots qui tuent contre les impudents qui s’opposaient à ses thèses. Verschave faisait voler bas les mots« raciste », « révisionniste », « négationniste», voire « négrophobe », ce dernier termevisant d’abord Stephen Smith – et accessoirement moi. Or Smith et moi ne nions pas l’impact négatif de la colonisation et du néocolonialisme sur le développement de l’Afrique, mais nous partageons largement les thèses d’Axelle Kabou développées dans « Et si l’Afrique refusait le développement ? » (L’Harmattan, 1991), pour qui « tout peuple est, en première et en dernière analyse, responsable de l’intégralité de son histoire, sans exclusive ». Alors que, pour Survie, tous les problèmes actuels des anciennes colonies sont encore aujourd’hui imputables à Paris... L’entrée en scène de William Bourdon Au fil des ans, grâce au corpus idéologique caricatural et à l’énergie de Verschave, associés au plaisir malsain de nombreux « repentants » français, Survie a su trouver des alliés de poids qui l’ont accompagnée dans ses combats et ont largement diffusé le concept de Françafrique dans le corps social. Disons que, grosso modo, la grande masse des journalistes, « droits de lhommistes », associations impliquées dans l’aide aux pays du Sud, intellectuels, militants Verts, du PCF,du Parti Socialiste et gauchistes, tiennent Survie pour un pôle de référence.
D’abord compagnon de route de Survie sur le dossier «Rwanda», Me William Bourdon va en devenir, après la mort de François-Xavier Verschave, la figure emblématique et médiatique, brandissant haut et fort la bannièred e la Françafrique. Né à Neuilly, William Bourdon est issu d’un milieu grand bourgeois : il est un descendant d’Édouard Michelin, fondateur de la firme de pneumatiques, mais aussi d’un professeur au Collège deFrance ; il rêvait d’être diplomate, mais son échec à l’ENA l’a contraint à prendre une autre voie, celle d’avocat, qui lui permettra néanmoins plus tard d’intervenir dans les relations internationales. Un art qu’il aura appris aux côtés de grands noms du Barreau, notamment Philippe Lemaire et Jean-Pierre Mignard, nourri par l’étude des « effets» à l’école Charles-Dullin et par une ardente passion pour la politique.
Dès le milieu des années 80, il va mener parallèlement deux activités : celle de l’avocat pénaliste classique et celle du défenseur des droits de l’homme, comme s’il tenait constamment à racheter son appartenance à une lignée grande bourgeoise devant sa fortune aux colonies et à rééquilibrer ses choix privés par des engagements forts contre la politique africaine de la France. Il semble ne pas voir de contradiction à défendre Hannibal, fils du colonel Kadhafi, Moussa Koussa, alors chef des renseignements extérieurs libyens, Loïk Le Floch-Prigent, symbole d’une Françafrique qu’il condamne, ou William Lee, qui passait pour un agent américain et figura un temps sur la liste des agents de la CIA expulsés par Charles Pasqua, tout en étant l’homme-clé de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) de 1994 à2000, y assurant les fonctions de secrétaire général adjoint, puis de secrétaire général. Ayant bien compris les mécanismes du fonctionnement de la «société civile», notamment de son instrumentalisation possible par le biais des ONG, il décida en 2002 de créer la sienne, SHERPA, visant à faire que la mondialisation «s’effectue dans le respect d’une éthique globale». Me William Bourdonne renierait sûrement pas l’affirmation d’un universitaire américain selon lequel les ONG seront probablement « l’un des moyens de déstabilisation les plus efficaces dans le futur ». De nombreuses actions publiques de William Bourdon s’inscrivent en effet dans une telle perspective. Profitant de la décrédibilisationde la classe politique, les ONG ont réussi, depuis le début des années 90, à se parer à la fois de la légitimité du bien commun et de la fiabilité du désintéressement, encouragées en cela par les médias qui fonctionnent «en miroir» avec elles. L’avocat est allé chercher à Survie – et ce n’est évidemment pas un hasard – sa principale collaboratrice, Samira Daoud, recrutée sous forme d’un «emploi jeune». Déjà conseil deSurvie, il utilise les réseaux de l’association pour amplifier ses campagnes de sensibilisation. Si «plusieurs autres avocats gravitent autour de Sherpa, il apparaît que les piliers sont William Bourdon et la coordinatrice.»

Le financement de Sherpa

Le financement de SHERPA livre de précieuses indications sur l’environnement dans lequel travaille William Bourdon et éclaireles motivations réelles de ses combats. On y trouve la fondation Sigrid Rausing Trust, basée à Londres, liée à des fondations américaines et qui a la particularité de dénoncer régulièrement le rôle de la France au Rwanda. Le plus important contributeur est l’Open Society Institute derrière lequel se cache Georges Soros, le milliardaire américain d’origine hongroise qui faillit faire sauter la Banque d’Angleterre en spéculant sur la livre sterling. « Investisseur du groupe américain Carlyle, un important fournisseur du Pentagone, Soros a aussi été très proche de la famille Bush avant de se rallier à Obama.» Le combat de Soros pour la transparence des industries extractives masque une lutte sans merci contre les pays souverains du Sud, en sorte que les sociétés multinationales anglosaxonnes puissent accéder sans contraintes aux ressources naturelles, notamment celles du continent africain, au nomde la lutte contre la tyrannie et la corruption.
C’est ainsi qu’une association du groupe Soros, Publish What You Pay (Publiez Ceque Vous Payez), aidée en cela par la propagande de Global Witness, autre groupe financé par le même magnat, a exigé que des nations possédant des ressources naturelles de valeur soient contraintes de céder aux sociétés multinationales et au gouvernement britannique toutes les données de leurs transactions relatives à ces ressources, afin d’endiguer la corruption. En 2002 Tony Blair entérina cette proposition de Soros. L’année suivante, le Premier britannique cré a l’Initiative de Transparence des Industries Extractives (EITI), agence basée à Londres et qui, autour de la ShellOil anglo-hollandaise, rassemble aujourd’-hui AngloGold Ashanti, Barrick Gold, BHP Billiton, DeBeers, Freeport-McMoRan Copper& Gold, Gold Fields, Katanga Mining Limited,Newmont, Rio Tinto et des compagnies pétrolières telles que Chevron, Conoco Philips,Eni, Exxon Mobil, Hess, Pemex et Petrobras.
Depuis 2006, le secrétariat d’EITI est installé en Norvège et relève de la gestion de Soros grâce à l’argent versé par l’Open Society Institute et par des membres du conseil d’administration provenant d’agences de Soros telles que Publish What You Pay, Revenue Watch Institute et Global Witness. Global Witness, qui figure aussi sur la liste des donateurs de SHERPA, a travaillé en étroite relation avec Bourdon pour lancer et alimenter la campagne des « Biens mal acquis » visant Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso et Obiang, campagne qui s’inscrit parfaitement, nous le verrons, dans le cadre des objectifs poursuivis par Soros. Bourdon peut donc passer pour un des sherpas de Soros, inscrivant son action dans un mouvement d’inspiration anglosaxonne. Inscription soulignée par sa coopération ave cl’ONG Transparency International, dont il est l’avocat en France. Le rapport Carayon au Premier ministre, a pu dire de Transparency qu’elle exerçait « un magistère moral exclusif sur l’éthique des affaires internationales, distribuant ou retirant les bons points aux États à partir de critères subjectifs assumés comme tels », et qu’elle participait activement du souhait des Américains d’exporter leur législation anticorruption. Et Bernard Carayon, député UMP du Tarn, de regretter que « la France a[it]sous-estimé le poids de ces nouveaux acteurs du jeu international, leur capacité à s’ériger en concurrents directs des États et des organisations internationales ». D’autant plus que Transparency International serait « financée par les grandes entreprises US sous l’oeil bienveillant de la CIA », et que certains dirigeants de l’ONG auraient même des liens personnels avec l’agence de Langley.

L’amplification par les médias

En créant sa propre ONG et en travaillant en réseau à la fois avec la française Survie et de puissantes ONG anglo-saxonnes, Me William Bourdon est devenu une voix puissante, encore amplifiée par un fréquent recours aux médias, friands de dénonciations sans risques comme de taper sur Bongo ou Sassou. L’avocat a réussi à avoir accès à la plupart des médias français et même à nouer une relation privilégiée avec deux d’entre eux, Libération et Bakchich : il est coprésident de la Société des lecteurs de Libération depuis 2006, et est un «ami de Bakchich» et son avocat. Avocat également de SOS Racisme et de Médecins Sans Frontières, Me William Bourdon est devenu un des grands prêtres de la «ROC9».
Pour faire triompher ses causes africaines, il lui arrive de prendre certaines libertés avec les faits et n’est pas toujours très regardant sur ses compagnons de route. William Bourdon – mais la remarque vaut pour Survie, Transparency, Global Witness et autres – ne semble pas gêné de faire cause commune avec Georges Soros, ce spéculateur déguisé en militant des droits de l’homme et qui fit d’Omar Bongo, jusqu’à sa mort, sa principale tête de Turc, le symbole du Mal absolu. Il se trouve que j’ai bien connu Bongo (depuis1964 !), et mieux que quiconque je connaissais ses défauts, mais aussi ses qualités. Comme je l’ai déjà écrit, « si le Gabon n’est pas le paradis, je n’y connais pas d’affrontements ethniques, il y règne la paix civile, chacun peut y critiquer le chef sans risquer de se retrouver dans un cul de basse-fosse. Le pays n’est pas montré du doigt par Amnesty international.

L’oracle médiatique sur l’Afrique 

Aidé de ses réseaux Bourdon est ainsi devenu l’oracle médiatique sur l’Afrique, réussissant par un tour très habile à réduire les questions africaines à la Françafrique, plus précisément aux biens immobiliers acquis à Paris par Bongo, doyen de la dite Françafrique, et par son beau-père. Le ton utilisé contre eux est volontiers méprisant,voire à connotations racistes. Imagine-t-on un instant un article de cette encre publié dans « Le Figaro» ou « Le Monde» parlant des biens immobiliers de l’émir du Qatar, plus importants que ceux des familles Bongo et Sassou réunies ? S’est-on posé des questionss ur les raisons de la généralisation des pratiques de ce qu’on appelle en Occident la « corruption» ? Sur la coexistence de deux mondes, traditionnel et moderne, et sur ses conséquences dans le domaine des circuits financiers ? Sur la nature des rapports entre pouvoir et argent en Afrique ? Sur les raisonsde la longévité d’un Bongo ? Les objectifs poursuivis par les Bourdon/SHERPPA et autres militants de Survie, Global Witness et Transparency, ne relèvent pas de la recherche de la vérité, mais d’un propos politique. Le but ? Voir déstabiliser les pays africains proches de la France, en voir chasser les Bongo, Sassou et consorts, quitte à instrumentaliser quelques ressortissants pour tenter de soulever la population contre ses dirigeants. Le gouvernement gabonais a réagi en emprisonnant quelques jours cinq représentants de ces ONG. Grands concerts de protestations dans la presse française. Quel média a donné la parole au ministre de l’Intérieur gabonais qui disait pourtant, le 9 janvier 2009, des choses intéressantes ?«  Pour provoquer ce mouvement insurrectionnel, ces ONG françaises ont recruté des citoyens gabonais en France et au Gabon. Ces compatriotes ont organisé à travers le pays des réunions secrètes dans des lieux et avec des personnalités que nous nous gardons de révéler aujourd’hui. Ces rencontres visaient à préparer le terrain avant la publication dans la presse nationale d’une lettre ouverte adressée à “ Monsieur El HadjOmar Bongo Ondimba, président de laRépublique gabonaise”, signée par un dénommé Bruno Ben Moubamba. Cette lettre, aux termes durs empreints de diffamation devait servir de détonateur au soulèvement recherché.
« La plupart des journaux nationaux ont été approchés par Monsieur Ben Moubamba, introduit par Messieurs Ngwba Mintsa et Marc Ona Essangui, pour publier cette lettre ouverte. Tous ont librement choisi de ne pas publier cette lettre, malgré le niveau élevé des contreparties financières qui leur étaient proposées. Les documents font état d’une enveloppe globale de près de 300 millionsde FCfa, soit plus de 500 mille euros. D’importantes sommes d’argent ont égalementété distribuées aux participants de nombreuses réunions de recrutement et d’enrôlement tenues secrètement à Libreville et à l’intérieur du pays. «Monsieur Bruno Ben Moubamba et ses complices se livrent depuis plusieurs mois, avec le soutien moral et financier d’organisations étrangères, à des tentatives de recrutement ou d’enrôlement de Gabonais en vue de se rallier aux ONG françaises qui ont déposé une plainte en France contre la personne du Chef de l’État. C’est ainsi qu’est présentée aujourd’hui aux autorités politiques, judiciaires françaises et européennes une liste de 72 ONG regroupées au sein d’une nébuleuse dénommée “Acteurs libres de la société civile gabonaise”. « Les 72 ONG en question ont déjà indiquéau ministre de l’Intérieur qu’elles ne se reconnaissaient pas dans cette tentative téléguidée depuis Paris par les ONG Sherpa, Survie et Transparency France, visant à faire croire à une adhésion massive de la société civile gabonaise à leur manoeuvre de déstabilisation de notre pays. » Me Bourdon n’a pas davantage signalé àses amis journalistes que le 16 avril 2009, les représentants de la société civile gabonaise avaient tenu une conférence de presse à Libreville « pour dénoncer l’instrumentalisation dont ils sont victimes par des acteurs indépendants qui agissent en France au nom de la société civile gabonaise ». Ces leaders gabonais de la société civile ont désavoué avec virulence Bruno Ben Moubamba qui « mène des actions controversées en France contre les autorités gabonaises en usant abusivement du crédit de la société civile gabonaise. » Ces actions de déstabilisation risquent de remettre en cause dans le pays la fragile paix civile et de redonner vie aux vieux démons ethniques. Comment expliquer le fonctionnement en réseau de SHERPA avec la britannique Global Witness, l’américaineTransparency, et la française Survie, autrement qu’en vue d’objectifs politiques inavoués ?  Comment expliquer que tous ces militants qui affirment se battre pour imposer un ordre moral aux pays africains francophones aient accepté que les informations servant à dénoncer Sassou aient été fournies par Kensington International, un très amoral « fonds vautour » qui s’enrichit sur la détresse des pays les plus pauvres en rachetant leurs dettes à vil prix et en engageant ensuite contre eux des procédures judiciaires pour les faire rembourser aux prix nominaux, augmentés des intérêts. Kensington fait partie du hedge fund Elliot, basé aux îles Caïmans, dont le patron est Paul Singer, un des plus importants donateurs du Parti républicain, proche de Donald Rumsfeld, ancien secrétaire américain à la Défense, donateur de la Rand Corporation, proche de la CIA et financier de la dernière campagne de George Bush. Patron du plus gros « fonds vautour » du monde, Paul Singera également versé une forte contribution à Rudy Giuliani, maire de New York, quand celui-ci était candidat à la candidature du Parti républicain… »
(Extraits du chapitre premier du livre de Pierre Péan « Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». Fayard)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire