samedi 20 novembre 2010

La RDC face aux grands défis : l'insécurité, l'économie...

La RDC face aux grands défis : l'insécurité, l'économie...


KINSHASA - La situation sécuritaire en République démocratique du Congo s'est sensiblement améliorée durant les six dernièrs mois, a déclaré jeudi le ministre congolais de la Défense et des anciens Combattants, M. Charles Mwando Nsimba. Selon lui, il existe encore aujourd'hui de poches d'instabilité, notamment avec les attaques de rebelles rwandais des FDLR dans la province du Nord Kivu, lesquelles continuent de faire des victimes.
Toujours dans le Kivu, les affrontements entre les Forces armées congolaises (FARDC) et les groupes Maï Maï ont également fait plusieurs victimes et entraîné des déplacements des populations. Un calme précaire règne à Kikwit, dans la province du Bandundu, théâtre des violents émeutes au mois d'octobre 2010. Dans cette province, la tension a certes baissé, mais beaucoup d'observateurs estiment qu'il faut une surveillance accrue de la part de la Police nationale congolaise et de la Monusco pour éviter une nouvelle explosion de violence.
Dans la province Orientale, les rebelles de l'Armée de la résistance du Seigneur ont vu leurs attaques diminuer du fait de la traque menée contre eux par les FARDC appuyées par les casques bleus de la Monusco. En outre, la présence d'un bataillon d'infanterie légère des FARDC formés par l'Armée américaine constitue une dissuasion pour tous les groupes armés qui opèrent dans cette partie de la République. Selon les autorités provinciales de la Province Orientale, les attaques enregistrées ces derniers temps en Ituri sont des actes isolés commis par des bandits armés. "En Province Orientale, aucune violence imputable aux éléments de l'Armée de la Résistance du seigneur (LRA) n'a été enregistrée de façon sûre ces dernières semaines ", a souligné, le commandant de la 9ème région militaire, dans la Province Orientale, le général Jean-Claude Kifwa. 
La reprise
Au cours d'un entretien avec la presse lundi dernier, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo, M. Roger Meece s'est dit optimiste quant à l'avenir de la situation sécuritaire en République démocratique du Congo, sur base des éléments recueillis à travers toute la République. A l'issue de l'audience que lui a accordée le premier ministre congolais, M. Adolphe Muzito à la Primature. M. Roger Meece a mis en exergue les différents programmes d'activités que la Monusco a prévus avec les autres agences du système des Nations Unies pour consolider la paix en République démocratique du Congo. Il a rassuré les congolais de l'engagement de la Monusco de faire de la paix une réalité en RDC. Par des voies pacifiques. Il a toutefois reconnu qu'il y a désormais accalmie dans les points chauds du pays.
Si l'on observe une légère accalmie sur le terrain, il demeure certain que beaucoup reste encore à faire pour restaurer la paix et la sécurité dans l'Est de la République démocratique du Congo. L'autre inquiétude observée notamment dans l'Est concerne le recrutement des enfants soldats dans des écoles à Shabunda par des groupes armés et le trafic d'armes de guerre qui a toujours été un des facteurs de déstabilisation de l'Est du Congo. C'est dans ce cadre que les FARDC, appuyés par le soutien logistique de la Monusco, ont lancé une campagne militaire pour traquer des groupes résiduels au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. " Cette opération est en train de porter des fruits car aujourd'hui, les FARDC sont en train de neutraliser progressivement toutes les forces négatives qui sèment la terreur dans le Nord -Kivu et le Sud-Kivu. Notamment les FDLR, les Maï Maï, les rebelles ADF Nalu, le Front National de Libération (FNL) ", a expliqué le colonel Delphin Kahimbi, commandant des opérations " Amani Leo ", en swahili " paix " dans le Sud-Kivu.
A la lumière des faits observés sur terrain, force et de reconnaître que la paix reste encore un des grands défis à relever au moment où la République démocratique du Congo se prépare à entrer dans la période électorale. 
Les élections
Sur le plan politique, la mise en place de Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) marque un pas de plus vers les élections de 2011. Mais si la campagne électorale n'a pas encore officiellement commencé, les Etats Majors des partis politiques tels que le PPRD, le MLC, l'ARC, le Palu, le PECO, le Fonus… mobilisent déjà leurs bases et posent déjà des actions de terrain en prévision des élections à venir. L'opération de révision du fichier électorale poursuit son petit bon homme de chemin dans les provinces occidentales de la RDC et va bientôt démarrer dans l'Est de la RDC. A en croire les observateurs de la scène politique congolaise, la RDC aura besoin de plus de 100 millions de dollars américains pour bien organiser les élections de 2011. Au niveau du parlement, les députés et sénateurs se consacrent depuis quelques semaines à l'examen du budget 2011. 
Diplomatie
La République démocratique du Congo vient de réaliser un véritable Come Back diplomatique, à Montreux, en Suisse. En effet, lors du sommet de la Francophonie organisé à Montreux, en Suisse, la RD Congo a été désigné comme pays hôte du 14ème Sommet de la Francophonie. Un coup d'éclat diplomatique qui confirme la volonté des dirigeants congolais de faire passer le message de la RDC sur l'échiquier international.
L'économie
La République démocratique du Congo du Congo a atteint au mois de juin dernier le point d'achèvement de l'Initiative Pays pauvres très endettés (PPTE). Ce qui devait lui permettre de bénéficier de certaines créances auprès de ses bailleurs de fonds, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Cette nouvelle a été largement saluée par les congolais qui espéraient voir ainsi une certaine amélioration de leur condition de vie. Malheureusement, malgré l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE, les Congolais doivent et encore serrer la ceinture. La situation économique reste encore difficile du fait de la dépréciation du franc congolais et de l'environnement macro économique marqué par la baisse du prix des matières premières sur le marché mondial. En outre, la RDC continue encore aujourd'hui de payer les frais de la crise financière internationale de 2009 qui a conduit à la fermeture de plusieurs sociétés minières dans la province du Katanga. L'autre cause du déficit économique de la RDC, c'est le climat des affaires qui reste toujours exécrable et qui ne permet pas l'arrivée des investisseurs étrangers ainsi que la corruption, les détournements et les pillages des richesses du pays par des Congolais ; Ces pratiques privent le trésor public d'importantes recettes en devises. Selon le classement annuel publié jeudi par les Nations Unies, le niveau de développement en République démocratique du Congo est en recul en 2010 par rapport à celui de 1970. La RDC est également au bas de classement du rapport Doing Business. La situation sociale des congolais reste donc encore précaire voire dramatique du fait de la crise économique ainsi observée. La récente décision du gouvernement congolais de se désengager des charges de prix réels des produits pétroliers et des prix à la pompe a entraîné la hausse des tarifs de transports et des denrées alimentaires sur le marché congolais. Actuellement, vu la gravité de la crise à l'approche des fêtes de fin d'année, il est nécessaire que le gouvernement réagisse pour éviter une nouvelle révolte des marmites vides.
 Luc-Roger Mbala Bemba
© L’Observateur, 19.11.10

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