mercredi 3 novembre 2010

RD Congo : «Reprenez vos 5 chantiers et donnez-nous la sécurité en échange».


Michel Moto Muhima. Photo C.I.C

C’est avec cette banderole que la population du Nord Kivu a accueilli Kabila lors de son dernier séjour à Butembo, dans le pays nande au Nord Kivu, en début du mois de septembre 2010. Cet accueil historique restera dans la mémoire du président congolais pour le restant de ses jours.

Self défense, Appel aux MAI MAI : Nous Mourons Cette Banderole, pour sa part, est publiée sur la page d’accueil du plus grand portail médiatique des kivutiens : benilubero.com

Ces deux « appels » sont largement illustratifs de l’état d’esprit de déception totale dans lequel se retrouve aujourd’hui la population Congolaise du grand Kivu en particulier, du Congo tout entier en général.

Kabila n’a pas apporté la paix dans les provinces de l’Est du Congo, mais a plutôt montré, avec zèle, qu’il n’était pas le président de la nation Congolaise.

Aujourd’hui, les congolais, de toutes les régions du Congo et de la diaspora en sont plus que Convaincu.

Durant plusieurs années en R D Congo, en Belgique, en Europe de façon plus générale, et aux nation- unis, de nombreuses personnes : Journalistes, experts ès du Congo, acteurs politiques, tous soufraient du syndrome "Joseph Kabila".
Ils se persuadaient et voulaient, à tout prix, nous persuader que Joseph Kabila était synonyme de Paix au congo. Que la souffrance du peuple congolais est une illusion. Que tout ce que l’opposition politique et la diaspora congolaise dénoncent n’est que signe de frustration, mauvaise foi mobutiste !

Ils s’acharnaient à nous expliquer que la période pénible, horrible et humiliante que nous congolais vivons n’est que normale, et surtout, nécessaire pour la restauration de l’autorité de l’Etat, la reconstruction et aussi pour la paix en R D Congo. Le peuple congolais a bu, avec les lobbyistes de Kabila, la calice jusqu’à la lie !

Ce qui est détestable et choquant, c’est le contraste éclatant entre leurs qualités morales et intellectuelles et leur comportement quand il s’agit du Congo. Pire, leur mépris, à peine voilé, envers l’opposition congolaise et la diaspora Congolaise. Sous un autre régime, un dixième des c rimes endossés par le pouvoir Kabila aurait suffit à la Belgique, à l’union européenne et à toutes les puissances connues pour proclamer la cessation de toute coopération et l’arrêt des relations diplomatiques au nom des valeurs universellement connues et reconnues. A ce jour, les citoyens Congolais qui ont vécu la rupture, justifiée d’ailleurs, avec le Zaïre de Mobutu, s’étonnent des largesses et du soutien indéfectible dont jouit Joseph Kabila.

L’opinion Congolaise voudrait savoir quel type de crimes doit encore avoir lieu en RD Congo pour que l’Europe et les nations dites civilisées reconnaissent le caractère répressif et totalement anti démocratique du régime Kabila et, par voie de conséquence, prennent les dispositions légalement prévues dans leurs pays respectifs et au sein d’organisations du système des nations unies ! Car, au moment où nous réfléchissons ici, toutes sortes de crimes ont été répertoriés au Congo de Kabila, sous forme de différents rapports tant nationaux qu’internationaux : viols massifs et mutilations, attaques et incendies aveugles des villages dans le nord Kivu, assassinats des journalistes, des activistes des droits humains, intimidations et privations de salaires aux syndicalistes à Kinshasa et à Goma, fermeture et menaces permanentes des médias libres ou de l’opposition, arrestations et enlèvements fréquents des opposants, voire des élus du peuple, anarchie économique et financière qui garantie le pillage des ressources naturelles du peuple congolais, l’érection de la corruption en mode de gestion dans toutes les institutions du sommet à la base. Tout ceci est garanti par une impunité moyennant allégeance au président Kabila, ironiquement appelé « autorité morale» !

La diaspora adresse un message clair. La diaspora congolaise, à laquelle nous appartenons, regarde la réalité en face et emploie les mots justes en rappelant le respect des règles précisément pour donner à toute une nation des chances réelles de s’en sortir.

Ce qui nous réconforte dans cette lutte brave et dure que nous menons jour et nuit, c’est tout de même l’attitude générale de la diaspora Congolaise en solidarité avec la population meurtrie du Congo profond. Le jet de pierre de notre frère et ami Armand Tungulu est, à notre avis, une des expressions fortes de cette solidarité avec nos parents qui broient du noir dans ce Congo qui attire les étrangers et repousse ses enfants. Ce monsieur qui vivait en Europe avec sa femme et ses trois petites filles qui ne manquaient de rien, a choisi de mettre sa vie en danger pour dénoncer, par sa pierre symbolique, la situation de misère innommable, de détresse profonde dans laquelle il a retrouvé les siens et toute la population Congolaise.

Ce geste de révolte citoyen est en fait un acte d’humanité, un appel qui, malheureusement, n’a pas été entendu car le récepteur n’ayant pas les mêmes valeurs, les mêmes codes que l’émetteur. Hélas !

A l’aube de la fin de son mandat, Kabila et ses hommes donnent l’impression d’être de plus en plus déconnecté du vécu quotidien de la population congolaise, et ce, malgré ses safaris qu’il affectionne à travers la république. Comme à l’allure où passe son cortège, Kabila survole le Congo sans s’en imprégner la quintessence.

Le plus frappant c’est l’indifférence affichée sur le dossier sécuritaire, sinon la banalisation que le pouvoir Kabila fait d’une matière aussi sensible que stratégique qu’est la gestion et la sécurisation des frontières nationales d’un état souverain. Afin de « pacifier » le grand Kivu, des opérations aux nominations loufoques ont été organisées, dans une certaine cacophonie et une réelle opacité. Au cours de ses opérations militaires l’armée rwandaise a été « autorisée » par le chef de l’Etat, sans consultation d’aucune autre institution, à opérer sur les terres de ses méfaits. Quelques mois après l’échec annoncé et prévisible de cette opération commune, les nations unies ont rendu public un rapport très accablant qui ose le mot et parle de crimes de génocide perpétré par l’armée rwandaise en territoire congolais contre des civils rwandais et congolais.


Conclusion : « Kabila n’a plus rien à offrir : Aujourd’hui, le message du « raïs » ne passe plus » !

Depuis son cri de cœur paru dans le journal américain le New York Time, monsieur Kabila n’a pas encore trouvé ces 15 personnes très rares dans son entourage pour l’aider à reconstruire la RD Congo. A cause de cela ou grâce à cela, le remaniement, maintes fois annoncé, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Cette situation d’incertitude au sommet de l’état génère des conséquences graves sur la gestion du bien public.

En effet, les futurs membres du gouvernement s’impatientent et boudent dans leur coin, pendant que les futurs ex-membres du gouvernement, eux, s’en mettent plein les poches, en prévision de la traversée du désert annoncée et redoutée au sein de la classe politique d’un pays où moins de 10% seulement de la population a un emploi.

A la veille de la campagne électorale pour les élections générales de 2011, le régime donne les signes d’épuisement, d’usure. Toutes sortes de promesses ont été faites à un peuple qui a perdu la foi en ces dirigeants qui ont démontré leur limite dans la gestion de la res publica.

Les relais dans l’armée, l’administration, la population et même à l’extérieur ne sont plus en mesure « de vendre » le candidat Kabila. Ces 10 dernières années de règne de joseph Kabila en particulier et 14 ans de règne du kabilisme en général, ont réussi à briser l’espoir du peuple congolais pour un avenir meilleur au lendemain du départ du maréchal.

Afin de d’écraser toute tentative populaire de se départir d’un régime incompétent, inhumain, Kabila et ses hommes de main sont sur les nerfs : trêve de critique ni d’ analyse éloignées du discours dominant, arrestation et exécution des activistes des droits humains, des journalistes, des acteurs politiques, des syndicalistes…
Comme nous l’a confié un proche du régime, « … à ce jour, Kabila n’a plus rien à offrir au peuple ; en tant que « services », nous tenterons de repousser, à notre façon et autant que l’on pourra, la fin du pouvoir Kabila » Fin de citation.

A l’instar d’autres tyrans d’un temps révolu, Joseph Kabila est arrivé à terme. Aussi, mûr ou pas mûr, devant le vent de l’histoire, le fruit va tomber.
Michel Moto Muhima, Analyste et membre de l’opposition Congolaise en exil
© Congoindépendant 2003-2010

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