mercredi 3 novembre 2010

Assemblée nationale - Manifester librement : un droit pour le peuple congolais

Déborah Toussaint
3 Novembre 2010


Kinshasa — La proposition de loi relative à la liberté d'expression et aux réunions publiques en RDC a été examinée, hier mardi, à l'Assemblée nationale.


« Exprimer librement ses droits, émotions et opinions, est une force pour la nation », clame d'entrée de jeu le député Konde. Le ton de cette Assemblée nationale est donné. Garantir la liberté des manifestations et des réunions publiques, tel est le défi que ce sont lancé les députés.
C'était au cours de la plénière du 2 novembre. Une proposition qui tombe à point nommé parce que la veille de l'Assemblée nationale a fait un pas de plus vers la démocratie en adoptant la loi sur la création d'une Cour constitutionnelle.
Pour rappel, grâce à cette nouvelle instance nationale, les crimes graves seront jugés à leur juste valeur.


Le gouvernement espère ainsi punir les crimes de guerre, contre l'humanité et les crimes de génocide. Un espoir pour les personnes concernées qui pourront, dorénavant, demander réparation, en toute légalité.
C'est devant une salle à moitié vide que Konde a plaidé cette cause. Selon ce député national, « permettre au peuple congolais de manifester en toute liberté demeure un pilier fondamental de la liberté d'expression ».
Au total, ce ne sont pas moins de 42 articles qui seront proposés. Leur but premier ? Une plus grande tolérance envers les opinions diverses. « Il faut favoriser ces réunions. Les manifestations restent, avant tout, une preuve que l'on se trouve dans un pays démocratique », a fait remarquer le député Konde.


Evidemment, adopter cette loi rime avec prévention pour le gouvernement. Grâce à ces articles, l'élu du peuple espère prévenir des dérapages tels que le pillage. Avant de noter : « Nous devons offrir des moyens pour réglementer ces manifestations. Par exemple, il sera interdit de s'attaquer à des lieux de cultes ou des bâtiments diplomatiques ».

MANIFESTATION SANGLANTE
Dans une motion d'information, le député Wenga a évoqué la situation sanglante qui sévit à Kamituga, dans le Sud-Kivu. C'est avec colère qu'il monte sur l'estrade.


« Dans la nuit du 1er au 2 novembre, deux citoyens du Sud- Kivu, à Kamituga ont été assassinés par des policiers. Et pour cause. Ils voulaient défendre leur propriété alors que ces mêmes policiers tentaient d'extraire des minerais de leur territoire », raconte-t-il. Afin de protester contre ce double assassinat, la population de cette partie de l'Est de la RDC est descendue dans la rue. Un cri de colère mal perçu. De deux morts, on est passé à trois et six blessés. Les policiers n'ont pas hésité à ouvrir le feu sur ces manifestants qui souhaitent jouir de leur liberté d'expression.

« Cela doit cesser Monsieur le président », clame haut et fort l'élu de Kamituga. « Il est déplorable, en effet, qu'on laisse ainsi tomber nos citoyens. Nous allons mettre en place une commission d'enquête », promet le vice-président de l'Assemblée nationale, Boris Mbuka, en guise de réponse. Mais pour Wenga, l'enjeu est au-delà de cette promesse. Ce qu'il souhaite, c'est de mettre en avant les morts en RDC au lieu de les taire. Selon lui, il s'agirait d'un pas de plus vers la liberté d'expression.
Évidemment, cette proposition n'est pas encore adoptée. Même, si la Chambre basse promet qu'elle le sera dans les plus brefs délais, cela fait déjà un an qu'elle stagne au stade de proposition. A ce sujet, le dernier mot reviendra au vice- Premier ministre et ministre de l'Intérieur, Adolphe Lumanu. Manifester librement : un droit pour le peuple congolais

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