lundi 27 décembre 2010

La Chronique d’une Afrique désorientée, impuissante et humiliée - Le continent, potentiellement le plus riche, est habité par les populations les plus pauvres !

Lundi, 27 Décembre 2010 07:14





Le Rapport sur l’indice de développement humain (IDH) publié le 4 novembre dernier porte témoignage d’une Afrique désorientée, désarticulée, impuissante et humiliée .Ce rapport porte aussi un autre témoignage :le continent africain, le mieux loti , tant au niveau géographique, géologique, démographique et climatique, nourrit, pourtant mal ses enfants, les éduque mal et les tue même trop vite . C’est le paradoxe d’une Afrique riche qui abrite la population la plus pauvre au monde. Voici d’abord quelques indications sur les richesses de l’Afrique.

Avec ses 53 pays, l’Afrique constitue le un tiers de 169 Etats dont le PNUD a évalué les performances en matière d’espérance de vie, de scolarité et de revenus. Ainsi, de tous les Continents du Globe, l’Afrique détient le record du nombre élevé des pays. L’Afrique est aussi la deuxième puissance mondiale en ce qui concerne la population : avec son milliard d’habitants, elle vient juste après la Chine et avant l’Inde. Avec plus de trente millions de Km2 de superficie, l’Afrique est aussi la deuxième puissance mondiale. Les records de l’Afrique ne s’arrêtent pas là !

Immense et placée au mitan de l’Univers, avec plus de trente millions de kilomètres carrés, soit un cinquième des terres émergées, sa superficie est d’un tiers supérieure à celle de l’ex-URSS ,le triple de celle de la Chine et des Etats-Unis, et représente plus de six fois l’Europe. L’espace géographique africain avec les potentialités qu’il englobe, excède celui de grandes puissances qui commandent le destin de la planète.

Située au centre géographique du monde, étant le continent le plus amplement traversé par l’équateur et relié à presque tous les autres, à l’exception de l’Amérique dont il n’est d’ailleurs séparé que par quelques milliers de kilomètres, elle est aussi, et surtout, au cœur des terres habitées, l’épicentre de la planète.

La géologie dote l’Afrique des minerais et des ressources qui fondent les richesses des Nations :elle détient 96% du diamant mondial,69% de l’or,48% de l’antimoine,37% du manganèse,34% du chromate,32% du minerai de phosphate,14% du cuivre,66% du cacao,58% du sisal,65% de l’huile de palme ! Bref, ses immenses ressources naturelles en font le continent le plus riche de la planète. On ne doit pas oublier que l’Afrique possède aussi une quantité impressionnante des minerais recherchés dans la fabrication des avions, des ordinateurs, des appareils cellulaires comme le colombo-tantalite, la cassitérite et les « terres rares ».

Dix pays africains, au moins, sont dans le peloton de tête de l’exportation mondiale de pétrole, comme le Nigéria, la Lybie, l’Angola, la Guinée Equatoriale, le Tchad…

Le potentiel pétrolier africain est de plus faramineux .Voici les réserves africaines prouvées :l’Angola(13,5 milliards de barils),RD Congo (1,6 milliard de barils), Gabon (3,2 milliards), Congo (0,2 milliard), Cameroun (0,2 milliard de barils), Guinée équatoriale (1,7 milliard de barils), Nigéria ( 36,2 milliards de barils), Côte d’Ivoire ( 0,1 milliard de barils), Mauritanie (0,5 milliard de barils), Algérie (12,2 milliards de ), Lybie (43,7 milliards de barils), Egypte (4,3 milliards de barils), Soudan (6,7 milliards de barils), Tchad (0,9 milliard de barils). Les réserves africaines estimées : Sénégal ( 1,1 milliard de barils), Guinée-Bissau (1,1 milliard de barils), Sierra Leone (0,2 milliard de barils), Ghana (1,8 milliard de barils), Ouganda (2 milliards de barils). L’exploration pétrolière en cours concerne : Mozambique, Madagascar, Comores, Seychelles, Somalie, Ethiopie, São Tomé e Principe…

Avec de telles ressources, tant minérales, agricoles qu’humaines, les Africains que nous sommes se seraient attendus, de bon aloi, à battre quelques records positifs dans l’Indice IDH !

Pourtant, le premier pays africain qui pointe sur cette longue liste (169 pays !) est la Lybie, et encore à la 53e place(le nombre des pays africains !), malgré ses faramineuses redevances pétrolières. La Lybie (53e) ainsi que trois autres pays africains : Maurice (72e), la Tunisie (81e) et l’Algérie (84e) sont les seuls pays africains classés à « développement humain élevé », c’est-à-dire les seuls pays en Afrique où les enfants vont à l’école, mangent à leur faim et vivent assez longtemps pour apprécier la vie, ce don de Dieu.

Et, les quatre premiers pays mondiaux, considérés comme le paradis sur terre, n’en donnent vraiment pas l’air sauf que 75% d’entre ces pays sont des pays-continents :il y a la Norvège (1e )malgré son froid de canard et simplement 6 mois de soleil par an( Hegel aurait dit que cet environnement n’est pas propice au développement de l’Esprit !),l’Australie (2e),à moitié désertique ;la Nouvelle-Zélande, une véritable cambrousse du bout du monde et les Etats-Unis (4e) malgré sa bulle immobilière et ses escrocs à milliards comme Maldoff qui désarticulèrent l’économie mondiale.

Quand à la RDC, malgré ses 5 chantiers, ses scandaleuses mines, ses terres, ses eaux et forêts classes « ressources mondiales », elle bat tous les records de l’incurie : au bas de l’échelle de la vie avec ses 291 dollars de revenu national brut par habitant, c’est-à-dire un véritable génocide humain ! L’Indice Mo Ibrahim classe la RDC à la 51e position sur 53 pays africains auscultés en ce qui concerne la « Gouvernance ».

Précisons enfin :sur les 53 pays africains, dix sont classés dans la catégorie « développement humain moyen »,et 35 ( c’est-à-dire 75%) dans la catégorie « développement humain faible ».Ces euphémismes veulent simplement dire que plus de 700 millions de populations africaines (70% d’un milliard n’est-ce pas !) vivent l’enfer sur le sol de leurs ancêtres :espérance de vie limitée à quelque quatre décennies, une scolarisation presqu’inexistante (9% seulement d’Africains accèdent à l’enseignement secondaire !) et des revenus pour mourir à petit feu, la faim étant devenue famine. Le Rapport sur la Faim dans le monde est encore plus instructif : les ¾ des pays africains accusent une famine permanente.

UN CONTINENT MONTE CONTRE LUI-MEME !

Quelles sont les causes du désarroi humain en Afrique ? Il y a d’abord l’impact géographique hérité de la coloniale balkanisation à la berlinoise. En effet, le deuxième continent au monde par sa superficie, le cinquième des terres émergées du Globe, est celui aussi qui est le plus fragmenté : l’Afrique est repartie sur 53 pays, et ces pseudo-Etats sont de taille relativement petite. Ces petits pays ont, de surcroît, une moyenne populationnelle de moins de 20 millions, soit environ la moitié de la moyenne mondiale. En conséquence, les économies africaines sont de petite taille : le PIB national moyen est d’environ 4 milliards USB, contre une moyenne mondiale de 250 milliards. Les petites économies africaines, comme leurs petits pays, manquent de masse critique, de diversification et d’échelle. A titre comparatif :le Brésil avec ses 1575 milliards de dollars de PIB ,dépasse l’Afrique de 53 Etats avec ses 1543 milliards de PIB !

En sus ,15 petits pays africains, abritant 40% de la population du Continent, sont sans accès direct à la mer. On comprend dès lors que ces 53 petits Etats africains ne représentent que seulement un peu plus de 1% du commerce mondial! Tandis que le commerce intra-africain est d’un niveau minimal, avec environ 10% du commerce total de l’Afrique. Et pour causes : les 53 pays africains ont généralement des législations commerciales ,douanières différentes voire antagoniques, héritage colonial oblige !Les difficultés du commerce intra-africaines s’accentuent encore plus du fait que la majorité des pays africains sont restés des simples exportateurs des matières premières qu’ils ne transforment pas sur place donc qu’ils ne peuvent pas échanger entre eux. L’essentiel des produits agricoles africains relèvent de monocultures de rente à exporter en Occident. En conséquence, les économies africaines sont antagoniques : elles consomment ce qu’elles ne produisent pas et produisent ce qu’elles ne consomment pas.

Voilà donc un Continent, dont pourtant l’unité géographique, allant du Cap à la méditerranée et de l’Océan Indien à l’océan Atlantique, Iles comprises, établit déjà une unité des terres, des énergies, des mines et des hommes, se maintient dans la précarité en maintenant une fragmentation géographique héritée de la maudite Conférence de Berlin que nous balkanisa ! A Achille Bembé de s’interroger sur ce cinquantenaire : que doit-on commémorer ou faut-il tout reprendre ?

A l’impact géographique fragmentaire hérité de la colonisation et qui nous fragilise, il y a aussi la main invisible des acteurs de la mondialisation qui accentue notre enfer.

L’USTENSILE DE L’HISTOIRE


Nous l’avons dit : l’Afrique, cinquante ans après les indépendances, se donne à voir comme un continent monté contre lui-même : la balkanisation géographique du continent à la fameuse conférence de Berlin a été opérée par les puissances d’alors comme processus cardinal d’impuissancisation du continent. Le principe est connu des stratèges allemands : plus un territoire est petit et bien découpé, mieux on peut le contrôler, l’exploiter et l’asservir de façon maximale. De ce fait, en maintenant cette fragmentation géographique comme une fatalité, l’Afrique pérennise sa précarité économique et sociale et se ré-détermine dans un processus de recolonisation pure et dure que porte la Mondialisation, dont les grands acteurs manipulent la raison sourde marchande avec dextérité.

En effet, comme si le continent africain n’était pas encore sorti de la traite négrière et de la morbide colonisation ,les Etats Occidentaux ( dits Etats bailleurs de fonds ),Les institutions financières internationales (IFI) ainsi que les sociétés transcontinentales privées utilisent quatre armes de destruction massive pour alimenter la dépendance et l’arriération de l’Afrique :l’argent( aide et dette financières, ),le droit (définition des normes juridiques au travers de traités et d’institutions comme l’organisation mondiale du commerce, OMC, la cour internationale pénale, CPI, etc.…),la faim ( rareté entretenue),la violence matérielle ( guerre, attentats,) et symbolique(les grands médias occidentaux entretiennent l’afro pessimisme pour nous maintenir dans un état de subjugation).

Aide et dette financières asservissent les peuples africains .Adressée directement aux gouvernements, l’aide est facile à subtiliser, elle encourage la corruption, fragilise le pouvoir, sape l’épargne, les investissements locaux, ainsi que la mise en place d’un vrai système bancaire et l’esprit d’entreprise.

Cette aide, est vite devenue une autre fatalité qui pèse lourdement sur notre destin : la dette extérieure agit comme un garrot. L’essentiel des devises qu’un pays africain gagne par ses exportations sert au paiement des tranches d’amortissement et des intérêts de la dette. C’est au nom de la dette que l’Occident interdit strictement à des Etats africains l’accès à leurs propres comptes bancaires à l’étranger.

La gestion de la dette met aussi en lumière un autre phénomène : les flux de capitaux Sud-Nord sont excédentaires par rapport aux flux Nord-Sud.

Quant à la Banque mondiale et au Fond monétaire international, à travers des réajustements structurels injustes, désarticulent les économies africaines : ils promeuvent en Afrique un marché économique disparate : on consomme ce que l’on ne produit pas et on produit ce que l’on ne consomme pas ! D’où les économies africaines sont antagoniques : elles s’excluent.

A l’Afrique est imposé le libre jeu du marché qui s’y traduit en famines, inégalités mortelles, privatisations forcées des services publics et industries locales. Et sous le fallacieux prétexte d’atteinte de point d’achèvement des pays pauvres très endettés, les enseignants, les militaires et les fonctionnaires ne bénéficient même pas de la régularité de leurs maigres salaires.

C’est au travers des institutions de la gouvernance mondiale comme l’OMC que l’Occident interdit aux pays africains de subventionner leur agriculture, leur pêche et élevage alors que les Etats industrialisés payent à leurs agriculteurs, pêcheurs et éleveurs de faramineuses subventions à la production et à l’exportation. En conséquence, l’agriculture, l’élevage et la pêche en Afrique sont détruits.

Ce dumping a des conséquences désastreuses sur l’Afrique : la destruction des familles, la faim, la prostitution enfantine, le chômage permanent, le désespoir et l’émigration. En effet, plongés dans la misère, sans espoir, désarmés face aux prédateurs, la jeunesse africaine, les pêcheurs et les agriculteurs africains deviennent des migrants de la faim ,que l’armée clandestine Occidentale qui porte le nom de Frontex, dotée des armes à infrarouge pour repérer le Noir dans la nuit noire, renvoie à la mer ou maintien dans les « camps d’accueil » en Afrique même.

Profitant d’une clause dite de non-discrimination, les Sociétés transcontinentales privées achètent les terres africaines, les espaces maritimes et on voit ainsi les pêcheurs africains, aussi bien sur les côtes atlantiques que méditerranéennes, traqués, chassés, voire tués par les entreprises étrangères auxquelles les Etats africains ont vendu les droits de pêche. Ces entreprises attaquent le pouvoir normatif des Etats africains, contestent la souveraineté populaire, subvertissent la démocratie, ravagent la nature, détruisent les hommes et leurs libertés.

Quand au droit international, l’Occident le manipule constamment à son seul avantage. Il incarne à lui seul la communauté internationale, sans partage. Ainsi, c’est au travers des organisations comme la CPI que les leaders politiques africains sont accusés des crimes de guerre, traqués et embastillés, comme si ailleurs ces crimes n’avaient pas cours ou ne méritaient le courroux occidental. L’ère coloniale est positivement conscientisée, tant elle fut bénéfique pour les colonisateurs et les colonisés. L’immoralité n’est plus gênante.

Comme à l’accoutumée, l’Occident accompagne ses logiques de domination et d’exploitation d’un discours méprisant à l’égard de l’Africain traité à l’occasion d’un débiteur insolvable incapable de se prendre en charge, un enfant qui n’est pas suffisamment entré dans l’histoire comme l’a dit Sarkozy à Dakar tandis que l’Afrique, en Occident est vue comme le réservoir du sida, de la malaria et de toutes les maladies handicapantes.

Au fond, l’Afrique est l’entropie du monde, l’unité de mesure du chaos social et humain qui le caractérise. Voilà donc un continent voué à la disparition comme espace vital des Africains.

L’HETERONOMIE DE LA CONSCIENCE POLITIQUE AFRICAINE


Procédons méthodiquement pour identifier l’ennemi de l’Afrique et des Africains. Une Afrique fragmentée en des Etats de petite taille, avec des petites économies, alimentant le désarroi et la précarité-, cette Afrique montée contre elle-même est maintenue dans sa fragmentation fatale par les dirigeants politiques africains.

Une Afrique surexploitée, soumise aux sociétés transcontinentales, aux Etats occidentaux et aux institutions de la gouvernance mondiale que le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, etc.,-cette Afrique d’arriération et de la dépendance en maintenue en l’état par les dirigeants politiques africains. Pourquoi ?

La réalité est que la classe politique africaine a un caractère supranational : elle est non-autonome et hétéronome, c’est-à-dire qu’elle reçoit du dehors de règles et lois de son action.

En effet, habitée par une identité historique non-autochtone, l’Afrique d’aujourd’hui est dotée d’une conscience politique hétéronome c’est-à-dire qu’elle interprète le monde, et agit dans celui-ci, par référence à des normes et paramètres dont l’origine est étrangère à son expérience historique ; et dont les fins s’opposent bien souvent aux intérêts nationaux des peuples dont elle a en charge le destin historique. Manquant de confiance en elle-même comme entité historique, la conscience politique africaine contemporaine abandonne alors à autrui (en l’espèce, l’Occident et l’Asie émergente) le domaine de l’invention et de l’innovation .La multiple dépendance (technologique, agricole, industrielle et administrative) qui s’en suit, l’amène alors à abandonner également à autrui, l’organisation matérielle et institutionnelle de sa propre société. Enfin, porteuse d’une identité historique non-autochtone, elle connaît une extraversion de ses intérêts matériels et immatériels. Extraversion dont porte témoignage son inaptitude à définir et à organiser la défense des intérêts nationaux des peuples, dont elle a en charge le destin, dans une société internationale encore dominée par les conflits d’intérêts nationaux. C’est celle-ci qui explique sa participation sereine à une gestion économique des espaces africains, selon des logiques qui ne prennent aucunement en compte les intérêts réels des peuples africains, en tant que membres d’une société internationale conflictuelle.

D’où le paradoxe historique que constitue l’Etat africain postcolonial : là où on l’attendait comme agent social d’une renaissance globale des sociétés africaines, il s’avère être l’agent social de leur stagnation. D’ou l’ennemi de l’Afrique aujourd’hui c’est l’hétéronomie de pensée de la conscience africaine. Vaincre l’hétéronomie est la seule voie de salut pour l’Afrique et les Africains.

VAINCRE L’HETERONOMIE.

Vaincre l’hétéronomie signifie ici : faire adopter à la classe politique africaine une position de classe nationale c’est-à-dire une classe dirigeante dotée d’une autonomie de pensée de la conscience politique. En effet, l’autonomie est le caractère d’une volonté qui ne se détermine qu’en vertu de son propre être et de ses propres intérêts. En situation d’autonomie, la conscience humaine ne se détermine qu’en vertu des conditions et lois rendant possible son existence.

Et quelles sont aujourd’hui les conditions d’une autonomisation de la conscience politique africaine ?


Une remarque de Samuel Huntington peut servir d’éclairage préalable. Le stratégiste de Harvard affirme : « Après les blocs idéologiques, les nations se mettent ensemble selon les affinités culturelle ».

Cela veut dire que nous vivons des temps où la facilité n’a pas de mise. Puissance économique et puissance politique vont de pair avec l’étendue et le nombre. L’avenir appartient aux vastes ensembles dotés d’immenses espaces aux ressources naturelles considérables et de centaines de millions d’hommes. C’est dans cette optique que les Africains peuvent envisager la renaissance du Continent. La lutte pour leur unification représente le combat vital pour leur survie collective.

De ce fait, la formation des grands ensembles politiques obéit, non pas à des conditions arbitraires mais plutôt à des conditions historiques objectives qui portent les affinités culturelles. Ainsi, l’Afrique, du Cap à la Méditerranée, de l’Océan Indien à l’Océan Atlantique, porte une histoire commune, des affinités culturelles indéniables, une unité géographique qui postule déjà notre unité politique, économique et énergétique, donc une véritable masse géostratégique.

De même, l’Afrique, du Cap à la Méditerranée, de l’Océan Indien à l’océan Atlantique, nous portons le destin commun des peuples anciennement colonisés que les ex-colonisateurs, dans la mondialisation maintiennent dans l’exploitation suite à notre fragmentation fatale.

En conséquence, l’histoire commune, le destin commun des colonisés, nous obligent, nous Africains, du Cap à la Méditerranée, de construire, dans l’unité notre destinée dans la mondialisation.

Les nouvelles Masses géostratégiques qui naissent ,à l’instar des Etats-Unis d’Europe, des Etats de l’Amérique du Nord dont les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, le Mexique réunis dans l’Alliance des Etats de l’Amérique du Nord( ALENA en sigle) ;des Etats de l’Asie du Sud-est dont le Japon, la Chine et les quatre Dragons réunis au sein de l’Alliance des Etats du Sud-est asiatique( ASEAN) ;-ces nouvelles masses géostratégiques obligent les intelligences africaines à la circonscription géographique édictée par Cheikh Anta Diop : c’est la construction des Etats-Unis d’Afrique. Une telle masse géostratégique est apte à résister aux pressions de monstres extérieurs et à assurer la sécurité commune, condition sine qua non du développement de l’Afrique.

Et comme nous l’avons dit, la construction de l’unité de l’Afrique est dépendante aussi bien du politique que du peuple lui-même. L’hétéronomie de la conscience politique africaine rend le politique et l’Etat postcolonial inaptes à la construction unitaire de l’Afrique. D’où, dans l’état actuel de l’Afrique, c’est aux élites progressistes africaines, la société civile, les jeunes, les masses paysannes et laborieuses … qu’incombent la mission de raviver la dynamique unitariste africaine. Les catégories pratiques comme l’enseignement de l’histoire africaine scientifiquement attestée, celle dont les sources se situent dans l’Egypte pharaonique est à même de raviver le continentalisme et fraternalisme qui font actuellement défaut dans l’imaginaire africain pour dynamiser le vivre-ensemble, la mise en commun des moyens pour une destinée commune. Cette destinée commune pourra encore être raffermie par l’usage des langues africaines dans la communication intr-africaine tant au niveau des administrations que de la pratique scientifique. Ici s’impose l’étude du pharaonique, de l’arabe et du swahili comme langues devant parachever notre unité politique et linguistique. De telles options nécessitent la mise en place d’une véritable intelligence sociale comme cadre de production des savoirs pour changer des comportements et des mentalités en le déterminant dans le vivre collectif. Cet article se veut une contribution à l’émergence de cette intelligence sociale sans laquelle une aucune transformation de l’Afrique n’est possible.

EMMANUEL KABONGO MALU Docteur en Philosophie de l’Histoire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire