Par Freddy Monsa Iyaka Duku
Il serait prématuré de tourner la page du dernier épisode du feuilleton tunisien avec la « Révolution de Yasmin » qui a consacré le limogeage de Ben Ali. Elle se présente comme un éclair qui soulève déjà autant d’interrogations de ce que sera l’année 2011.
Une année de tous les enjeux au regard des échéances politiques, particulièrement des élections dans le continent africain. Notamment en République démocratique du Congo. Bien sûr que le dénouement ou non de la crise ivoirienne attirerait l’attention des observateurs intéressés de la politique africaine en attendant que la Tunisie revienne au – devant de la scène avec les élections prévues dans six mois.
Voilà pourquoi il est utile de chercher à savoir comment un régime qui paraissait aussi solide est tombé comme un château de cartes. Ou encore, au moment où l’on évoque la percée islamiste dans la région des Grands Lacs, un phénomène analogue s’était déjà produit dans un pays voisin à la Tunisie jusqu’ à réaliser un ras-de-marée lors des élections législatives.
LA PAUVRETE :LE PERIL
La « RUE » a chassé Ben Ali du pouvoir. Nonobstant les efforts sur le plan économique tournés plus vers l’extérieur, la Tunisie de Ben Ali n’ a pas su rencontrer les préoccupations de la population. Et comme dans tout régime trop sûr de lui, des bavures se sont multipliées, des tracasseries de tout genre se sont succédées jusqu’ à irriter et frustrer la population. Le jeune Mohamed Bouazizi, aujourd’hui un « héros », n’a pas supporté les provocations policières avant de se donner la mort. Il s’est emparée du haut du balcon pour protester contre la police qui s’est accaparée de ses articles de vente. Il s’adonnait au commerce ambulant en vue de subvenir aux besoins de sa famille. Signe manifeste de la pauvreté.
Quelques années auparavant, dans l’Algérie voisine, le Front islamiste du Salut, FIS, avait remporté haut la main les élections législatives, avant que les mêmes élections ne soient annulées. Mais toujours est-il que le FIS avait su exploiter les faiblesses du régime en place pour effectuer cette percée. C’est-à-dire, une jeunesse désoeuvrée, abandonnée à elle-même ; une population désorientée malmenée par des conditions sociales torrides. Autres signes évidents de la pauvreté.
A examiner de près ces deux événements politiques, la pauvreté demeure le dénominateur commun. Pauvreté entendue au sens de chômage, accès difficile aux soins de santé, hausse continue des prix des denrées alimentaires, salaires modiques, système d’enseignement désarticulé, pas de justice juste, impunité… et nous en passons.
En demeurant, d’ailleurs, en Tunisie, Ben Ali avait pris pour prétexte de l’augmentation du prix du pain - donc la pauvreté - pour prendre le pouvoir. Kenneth Kaunda, en Zambie, pour la même cause qui produit les mêmes effets, a été obligé de quitter le pouvoir à la suite de l’augmentation du prix de la farine. Encore la pauvreté.
Aussi, face à la fronde sociale qui secoue le pays avec les revendications des fonctionnaires et enseignants, la grogne des étudiants, il faut une réaction appropriée, car le péril est à l’horizon à l’approche des élections que tout le monde veut transparentes et pacifiques. Dans un contexte où les signes de pauvreté sont perceptibles, les élections sont menacées.
SOUCI DES AUTRES
C’est dire que si les prochaines élections doivent être différentes des autres, de même que la prochaine législature, il y a lieu de songer déjà aux meilleures stratégies susceptibles de combattre la pauvreté. C’est le redoutable adversaire, l’inconnu pour tous ceux qui s’avisent à exercer le pouvoir. A-t-on déjà mesuré l’étendue de la tâche ? Il est un fait qu’à l’heure des bilans pour solliciter le suffrage du souverain primaire, cet exercice s’oppose tant à la Majorité qu’à l’Opposition.
Quel est le taux de chômage dans notre pays ? Combien d’emplois ont-ils été créés ? Quelle est la politique salariale, de l’éducation et sanitaire ? Combien de jeunes ont-ils été encadrés et quelles sont les perspectives d’avenir ?
Des interrogations intéressantes qui trouveront certainement des réponses. Mais au regard des impondérables politiques, compte tenu des événements récents ; de ce péril qu’est la « pauvreté », il faut se garder de toute démagogie. Tant il est vrai que la « Pauvreté » pourrait se transformer également en « Serpent de mer ».
On en voudra nullement au Cardinal Monsengwo quand il invite la classe politique à avoir « le souci des autres ». En effet, en cherchant à conquérir le pouvoir, il s’agit là d’un objectif primordial qui ne doit en aucun cas pousser vers le triomphalisme. Car il s’agit de « servir » et non de « dominer ». Cela est vrai dans la mesure où la « Pauvreté » a toujours été et demeure de tous les temps le grand défi à relever pour tout régime politique.
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