L’assèchement financier du régime du président sortant en Côte d’Ivoire se révèle plus compliqué que prévu, mais le gouverneur de la banque centrale d’Afrique de l’Ouest a dû démissionner
Des fonctionnaires ivoiriens vont sans doute se rendre, lundi 24 janvier, à leurs agences bancaires pour s’assurer que leurs salaires de janvier ont bien été versés. Samedi, le gouverneur de la banque centrale des États d’Afrique de l’ouest (BCEAO), l’Ivoirien Philippe-Henri Dacoury-Tabley, a présenté sa démission.
Ce soutien du président sortant Laurent Gbagbo a jeté l’éponge, lors du sommet des dirigeants des huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). L’affaire est d’importance. Le Trésor public ivoirien règle en effet les fonctionnaires via ses comptes à la BCEAO. Et les chèques émis par les banques commerciales sont validés par cette institution régionale, établie à Dakar, qui gère la monnaie commune, le franc CFA.
L’assèchement financier du régime Gbagbo était un des premiers objectifs d’Alassane Ouattara et de ses soutiens internationaux. Le 23 décembre, les ministres ouest-africains avaient demandé au gouverneur de la BCEAO de ne reconnaître que la signature du président reconnu par la communauté internationale.
Presque deux mois après le vote du second tour de la présidentielle, il s’avère plus compliqué que prévu de couper les vivres au président sortant. Avant la réunion de samedi, l’Union européenne indiquait qu’elle allait ajouter Philippe-Henri Dacoury-Tabley à la liste des 85 personnes sous le coup de sanctions.
Ces dernières incluent le gel de leurs avoirs et l’interdiction de visas en Europe. « Ces mesures ont un effet psychologique certain sur des dirigeants habitués à venir en Europe et qui se retrouvent enfermés ici », estime un décideur local.
Pas de réaction, pour l’instant, des compagnies françaises très implantées en Côte d’Ivoire : Bolloré assure depuis 2004 la gestion et l’exploitation du terminal à conteneurs du port d’Abidjan ; la compagnie maritime CMA-CGM est une des plus actives au port ; Orange est le principal opérateur téléphonique local.
Le port d’Abidjan fonctionne et les droits de douanes sont perçus par l’administration en place. «L’activité a été bonne en janvier. Mais il est certain que les opérateurs sont en train de s’organiser pour dérouter une partie de l’activité vers les ports de Dakar ou de Lomé », observe un entrepreneur local.
Le trafic routier vers le nord du pays, le Burkina Faso ou le Mali, est en effet fortement perturbé. Les coupeurs de route se sont multipliés sur le trajet, chacun demandant sa contribution financière pour laisser passer. L’administration à Abidjan exigerait à tout transporteur le paiement des droits de douane, même si le chargement est en importation temporaire pour un autre pays.
Une chose semble assurée : le cacao sortira. « Le monde entier demande du cacao et les graines ne peuvent pas être stockées », résume l’observateur financier. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. La récolte a commencé et s’achèvera en avril. Au plus fort de la crise ivoirienne, en 2002, le cacao continuait à sortir de la forêt ivoirienne au sud-ouest du pays, souvent en contrebande.
L’économie continue ainsi à alimenter les caisses de l’État et des politiques. Mais, au bas de l’échelle, chez les électeurs qui se sont pressés aux urnes, beaucoup n’ont plus d’activités : certains suivent le mot d’ordre de grève lancé par Alassane Ouattara, d’autres sont touchés par le ralentissement de l’activité. « L’année 2011 devait être exceptionnelle sur le terrain économique. Le pays était à huit mois d’obtenir l’annulation de sa dette auprès de ses créanciers publics internationaux, rappelle un banquier. Cette crise est un gâchis. »
Des fonctionnaires ivoiriens vont sans doute se rendre, lundi 24 janvier, à leurs agences bancaires pour s’assurer que leurs salaires de janvier ont bien été versés. Samedi, le gouverneur de la banque centrale des États d’Afrique de l’ouest (BCEAO), l’Ivoirien Philippe-Henri Dacoury-Tabley, a présenté sa démission.
Ce soutien du président sortant Laurent Gbagbo a jeté l’éponge, lors du sommet des dirigeants des huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). L’affaire est d’importance. Le Trésor public ivoirien règle en effet les fonctionnaires via ses comptes à la BCEAO. Et les chèques émis par les banques commerciales sont validés par cette institution régionale, établie à Dakar, qui gère la monnaie commune, le franc CFA.
L’assèchement financier du régime Gbagbo était un des premiers objectifs d’Alassane Ouattara et de ses soutiens internationaux. Le 23 décembre, les ministres ouest-africains avaient demandé au gouverneur de la BCEAO de ne reconnaître que la signature du président reconnu par la communauté internationale.
100 millions d’euros auraient été décaissés par le régime Gbagbo
Or, depuis cette date, plus de 100 millions d’euros auraient été décaissés par le régime Gbagbo. «Ouattara et ses proches ont cru que le gouverneur Dacoury-Tabley allait plier. Cela n’a pas été le cas. Résultat, ils ont perdu cinq semaines », confie un observateur financier d’Abidjan. Les salaires de décembre des fonctionnaires ont été payés par le régime en place et ceux de janvier le seront aussi, a précisé dès samedi soir le journal de la télévision publique.Presque deux mois après le vote du second tour de la présidentielle, il s’avère plus compliqué que prévu de couper les vivres au président sortant. Avant la réunion de samedi, l’Union européenne indiquait qu’elle allait ajouter Philippe-Henri Dacoury-Tabley à la liste des 85 personnes sous le coup de sanctions.
Ces dernières incluent le gel de leurs avoirs et l’interdiction de visas en Europe. « Ces mesures ont un effet psychologique certain sur des dirigeants habitués à venir en Europe et qui se retrouvent enfermés ici », estime un décideur local.
L'UE a décidé de sanctionner onze entités économiques
L’Union européenne a aussi décidé de sanctionner onze entités économiques, dont le port autonome d’Abidjan. « Ces sanctions interdisent aux entreprises européennes de verser toute forme de rémunération aux administrations sous le contrôle de Gbagbo, explique l’observateur financier à Abidjan. En attendant, je ne vois pas d’effet direct sur les mouvements de marchandises. Les compagnies maritimes étudient avec des avocats les textes européens pour savoir comment les contourner. »Pas de réaction, pour l’instant, des compagnies françaises très implantées en Côte d’Ivoire : Bolloré assure depuis 2004 la gestion et l’exploitation du terminal à conteneurs du port d’Abidjan ; la compagnie maritime CMA-CGM est une des plus actives au port ; Orange est le principal opérateur téléphonique local.
Le port d’Abidjan fonctionne et les droits de douanes sont perçus par l’administration en place. «L’activité a été bonne en janvier. Mais il est certain que les opérateurs sont en train de s’organiser pour dérouter une partie de l’activité vers les ports de Dakar ou de Lomé », observe un entrepreneur local.
Le trafic routier vers le nord du pays, le Burkina Faso ou le Mali, est en effet fortement perturbé. Les coupeurs de route se sont multipliés sur le trajet, chacun demandant sa contribution financière pour laisser passer. L’administration à Abidjan exigerait à tout transporteur le paiement des droits de douane, même si le chargement est en importation temporaire pour un autre pays.
Une chose semble assurée : le cacao sortira
D’une manière générale, en Côte d’Ivoire, personne n’est disposé à faire confiance, car on ne sait pas de quoi demain sera fait. « Les banques ne se portent plus caution pour les opérations de commerce international, comme l’importation de blé, de riz ou d’engrais », ajoute l’entrepreneur local. Un négociant en primeurs témoigne : « Avant j’achetais cash le chargement d’un camion de fruits, par exemple d’ananas. Maintenant, il faut que je règle à la commande, pour payer le personnel qui va récolter les fruits. Chacun essaie de se protéger. »Une chose semble assurée : le cacao sortira. « Le monde entier demande du cacao et les graines ne peuvent pas être stockées », résume l’observateur financier. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. La récolte a commencé et s’achèvera en avril. Au plus fort de la crise ivoirienne, en 2002, le cacao continuait à sortir de la forêt ivoirienne au sud-ouest du pays, souvent en contrebande.
L’économie continue ainsi à alimenter les caisses de l’État et des politiques. Mais, au bas de l’échelle, chez les électeurs qui se sont pressés aux urnes, beaucoup n’ont plus d’activités : certains suivent le mot d’ordre de grève lancé par Alassane Ouattara, d’autres sont touchés par le ralentissement de l’activité. « L’année 2011 devait être exceptionnelle sur le terrain économique. Le pays était à huit mois d’obtenir l’annulation de sa dette auprès de ses créanciers publics internationaux, rappelle un banquier. Cette crise est un gâchis. »
Pierre COCHEZ |
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