samedi 30 avril 2011

Communiqué sur la situation en Côte d'Ivoire


APRIL 30, 2011 12:40 AM

Le 11 avril 2011, la force Licorne et l’ONUCI censées ramener la paix en Côte d’Ivoire ont renversé le pouvoir de Laurent Gbagbo. Et ce après plusieurs semaines d’affrontements entre les forces régulières et celles de Ouattara, appuyées par ces forces de la « Communauté internationale » que sont la Licorne et l’ONUCI.
Jamais dans l’histoire de règlement de contentieux électoral, nous avions vu un tel dévoiement des missions de l’ONU. La France et l’ONU ont voulu installer à tout prix Alassane Ouattara, – selon elles – au nom de la démocratie. Pour cela, le Président Laurent Gbagbo a été diabolisé et grâce à une manœuvre de manipulation de l’opinion, le Président Nicolas Sarkozy et l’ONU sont passés en force, au mépris du cadre tracé par la résolution 1975 de l’ONU.
La réalité après le coup d’Etat est qu’en Côte d’Ivoire, la pacification dont parle Alassane Ouattara se traduit par des assassinats, la chasse aux sorcières, des exécutions sommaires, des viols, des enlèvements, des humiliations, des pillages, des égorgements de personnes, des crimes rituels et de toutes sortes de violations flagrantes des droits de l’Homme. Nous observons que la banalisation de toutes ces atrocités et exactions se fait dans le silence complice des médias, dans un consensus observé par les grands partis politiques du monde occidental et un conformisme ambiant. Des armes lourdes sont utilisées par les forces de Ouattara et leurs alliés contre des populations qui ne peuvent préserver leurs vies qu’en s’assurant une auto-défense. Il est manifeste que les populations ivoiriennes sont terrorisées dans une insécurité qui a atteint son paroxysme, sans que les médias n’en soufflent un mot.
Depuis plusieurs jours, les familles n’ont aucune nouvelle du Président Gbagbo – enlevé par les forces spéciales françaises et l’ONU – et de tous ses proches. Pis, des informations récurrentes nous annoncent une atrocité des conditions de détention. En effet, les parois de la maison de détention de Laurent Gbagbo seraient volontairement badigeonnées d’amiante ; il y a quelques jours, une manœuvre faisait état de ce que Laurent Gbagbo aurait tenté de se suicider. Le comble dans ces violations des droits de l’Homme est que Simone Gbagbo, est détenue au mépris de l’immunité que lui confère son statut de députée.
Avec la complicité des parrains de Ouattara, la chasse aux sorcières va même au-delà des frontières ivoiriennes. En effet, Brigitte Kuyo, Représentante en France du parti de Laurent Gbagbo a été entendue par la police du 16è arrondissement, le 26 avril 2011, sur plainte de M. Aly Coulibaly, Ambassadeur de Ouattara en France ; une plainte commandée par Alassane Ouattara, au motif que Brigitte Kuyo aurait volé un véhicule de l’Ambassade. Chose curieuse d’autant que Brigitte Kuyo n’a jamais travaillé à l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire.
En tout état de cause, les Ivoiriens – et leurs amis d’horizons divers – qui souffrent dans leur chair devant de telles injustices restent tout de même vigilants. Il est donc inimaginable d’espérer que c’est en usant de méthodes cavalières d’un autre âge que la paix reviendrait en Côte d’Ivoire. La Communauté internationale devrait revisiter en ce 21è siècle ses pratiques en se montrant véritablement solidaires. Sinon, il faut craindre que le scandale que constitue l’entretien avec nos impôts de forces militaires et de cols blancs, pour le seul bénéfice de multinationales ne fasse qu’accroître le fossé déjà grand entre les politiques et leurs administrés.
Plus de deux semaines après l’enlèvement de Laurent Gbagbo et de ses proches, on peut objectivement constater que Ouattara n’est pas le démocrate – soucieux des droits de l’Homme – qu’on nous a peints. A l’heure des connexions multimédias, le bâillonnement, la traque, les enlèvements de forces progressistes et de tous ceux qui expriment une opinion contraire à la pensée unique, ne peuvent être une solution. C’est pourquoi, le pouvoir d’Alassane Ouattara qui a été installé avec l’expédition que nous savons, doit comprendre que la réconciliation passe absolument par la libération de Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques.
Dr Claude Koudou, Enseignant-Ecrivain ; Directeur de la Collection « Afrique Liberté » aux Editions L’Harmattan ; Président des Convergences pour la Paix et le Développement de l’Afrique ; Membre de la Coordination des Intellectuels d’Afrique et des Diasporas africaines.
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Sénat français ;
Parlement européen ;
Union africaine ;
ONU ;
Amnesty International ;
FIDH

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