mercredi 4 mai 2011

Les fermiers afrikaners colonisent le continent




A l’instar de leurs ancêtres Boers qui ont quitté la colonie du Cap en Afrique du Sud au XIXe siècle pour s’installer à l'intérieur des terres, les fermiers blancs afrikanersentreprennent aujourd'hui un deuxième «Grand Trek», une nouvelle grande migration qui s'étend cette fois-ci à l’ensemble du continent.

Et pour cause; ces fermiers blancs sud-africains sont courtisés par de nombreux pays du continent noir qui comptent sur leur expertise agricole pour enclencher une révolution agraire, explique le Guardian britannique:


«Ils se voient offrir des millions d’hectares de terres, soi-disant vierges, de forêt et de brousse ainsi que des terres déjà cultivées par des petits propriétaires ou utilisées par comme pâturages par des éleveurs.»

Le Congo-Brazzaville a conclu l’un des contrats de transfert de terres arables les plus ambitieux avec les fermiers blancs sud-africains: dix millions d’hectares leur sont ainsi prêtés. Les 88.000 premiers hectares ont été attribués à 70 fermiers en avril 2011. Au Mozambique, 800 fermiers se partagent un million d’hectares.

Bien d’autres pays veulent accueillir ces fermiers sud-africains migrants mais ces derniers réorientent leurs projets en fonction de la stabilité politique des pays cibles. C’est ce que déclarait à Reuters en février 2011 Theo de Jager, vice-président d'Agri SA, une association qui réunit près de 70.000 fermiers sud-africains et organise ces migrations à grande échelle:

«Nous avons pris en compte ce qui se passe en Afrique du nord —en Egypte, au Maroc, en Libye et en Tunisie— et les discussions avec ces pays ont été mises en veilleuse pour l’instant, simplement parce que nous ne savons pas comment cela va évoluer.»

Jusqu’à présent, 22 pays ont fait des offres à Agri SA pour attirer des fermiers. Selon le Guardian, parmi les avantages proposés il y a des terres gratuites, des exonérations fiscales, la liberté d’exporter leurs productions et leurs bénéfices, et des promesses de construction de nouvelles routes et de lignes électriques.

D’après Bloomberg, les fermiers sud-africains —qui sont «les plus gros producteurs de maïs, de raisin, de vin et de sucre en Afrique et les deuxièmes exportateurs mondiaux d’agrumes après l’Espagne», espèrent profiter de la demande croissante en Afrique pour concurrencer leurs rivaux d’Amérique du Sud sur les marchés internationaux.

Ces fermiers blancs sont d’autant plus enclins à émigrer qu'un tiers de leurs terres en Afrique du Sud seront transférées aux populations noires du pays d’ici 2014. Mais dans les pays d’accueil, ces Afrikaners pourraient être confrontés à certaines résistances locales, dans la mesure où les terres offertes dites «vacantes» sont souvent soit déjà occupées, soit gagnées sur des parcelles de forêts protégées.

Enfin, les attentes des gouvernements locaux en matière de réduction des importations alimentaires risquent d’être déçues par les nouveaux exploitants migrants:

«Les fermiers sud-africains et leurs financiers ont d’autres plans. Selon Theo de Jager, au Congo-Brazzaville ils veulent cultiver des fruits tropicaux de plus haute valeur pour l’exportation dans des supermarchés européens plutôt que des céréales pour les locaux.»

Lu sur Guardian, Reuters, Bloomberg

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