par Liberation.fr |
Samedi, 25 Juin 2011 07:33 |
Alors qu'il rentrait d'Allemagne, l'artiste nigérian Keziah Jones a été victime de ce qui ressemble fort à un contrôle au faciès. Ce chanteur guitariste émérite du funk anglo-nigerian a été fouillé mardi par la police gare du Nord à Paris, avant d'être emmené au poste et gardé une heure. « Parmi les 600 personnes qui quittent le train, ils n'en contrôlent qu'une : Keziah Jones.» Sur la page facebook officielle du chanteur, le récit de son contrôle, alors qu'il rentrait d'un concert à Cologne avec Nneka, est succinct mais clair. Sur son facebook, l'interprète de Black Orpheus a également publié deux photos du contrôle. Pour Next, il raconte au téléphone d’Algérie son altercation avec la police française. Choqué, il veut lancer un message aux policiers. en détail sur l'incident. Que s’est il passé à la Gare du Nord ce mardi ? J’arrivais en provenance de Cologne. Je passais juste la nuit à Paris pour repartir donner un concert en Algérie le lendemain matin. J’y suis actuellement. J’étais sur le quai avec mon manager et nous faisions signe à mon assistante qui était à l’autre bout. Trois policiers nous ont alors barré le chemin et m’ont demandé, à moi seul, mes papiers. Je leur explique que je vais à l’autre bout du quai et me répondent : «Vous allez nulle part. Où est votre passeport ?» Du coup, je leur ai dit : «Vous savez quoi ? Je n’ai pas mon passeport sur moi, il est chez moi. Venez à mon appartement.» Et tout de suite, ils ont commencé à me bousculer. Je leur demandais : «Mais qu’est ce que j’ai fait de mal ? Si vous pensez que j’ai fait quelque chose de mal, emmenez- moi au poste.» Ce qu’ils ont fait, et j’ai passé une heure là-bas. Je me sens assez chanceux car j’étais avec mon manager. Si j’avais été tout seul, je ne sais pas ce qui se serait passé. Je ne pense pas être un cas particulier, je sais que cela arrive tous les jours à plein de gens, et qui n’ont pas le luxe d’être un musicien connu. Je trouve ça vraiment injuste d’être choisi parmi 600 passagers et d’être traité de la sorte. En Angleterre et aux Etats-Unis, on ne peut pas arrêter n’importe qui sans un véritable motif. En France, les policiers peuvent vous emmener au poste si vous n’avez pas vos papiers sur vous. Vous les aviez ? Mes papiers étaient dans mon appartement à Paris. Je suis de nationalité britannique, je n’ai pas besoin de passeport pour aller en Allemagne. Ce jour-là, j’ai été la seule personne à qui l’on a contrôlé son identité en descendant de ce train. Alors, je ne sais pas : je suis musicien, je porte un chapeau, des lunettes noires, alors peut-être que j’ai l’air suspect. Vous avez habité en France, il y a 20 ans, c’est la première fois que la police vous traite ainsi ? Je jouais dans le métro en 1989-1990. Quand la police me disait de partir de là où je jouais, j’obtempérais. Ils restaient polis, et ce n’était pas une intervention policière au hasard et agressive. C’est la première fois que j’ai affaire à des policiers aussi virulents. Ça fait vingt ans que je fais des concerts en France, là je suis arrêté sans aucune raison. Au bout d’une heure, ils m’ont laissé partir sans aucune explication, sans excuse, rien. Il aurait presque fallu que ce soit moi qui m’excuse de ne pas avoir le bon look. Et je veux vraiment souligner que cela arrive à plein de gens tout le temps, et ce n’est pas acceptable. C’est un mauvais calcul de leur part, de me pointer au milieu de 600 personnes et de dire celui-là pourrait être un dealer de drogue. C’est choquant. Après tout le temps passé en France, je ne mérite pas d’être traité de cette manière. Pourquoi devrais-je être traité comme un criminel parce que je n’ai pas de passeport sur moi ? Ils pouvaient contrôler mon identité sans être agressif. Mais, ne je suis pas rancunier, que ces policiers de la Gare du Nord viennent voir mes concerts à Paris, ce week-end. Je serai au festival de jazz à La Défense, ce samedi et à Solidays, ce dimanche. Je les invite. |
lundi 4 juillet 2011
Keziah Jones : victime d’un délit de faciès
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