mardi 23 août 2011

La chute des dictateurs

Par Le Potentiel

Au lendemain du départ « forcé » du président libyen Mouammar Kadhafi (42 ans de règne) du pouvoir, après ceux, mouvementés, du Tunisien Ben Ali (24 ans) et de l’Egyptien Hosni Moubarak (30 ans), à qui le prochain tour de vis ?

Les regards se tournent vers d’autres dictateurs dans le monde arabe : le Yéménite Ali Abdallah Saleh (33 ans au pouvoir) et le Syrien Bachar El Assad (11 ans).

L’un et l’autre répriment dans le sang les manifestations publiques. En Afrique subsaharienne, les chefs d’Etat qui s’éternisent encore dans les palais présidentiels sont connus.

Présidents à vie ? Ils ne l’avouent jamais, quoique leurs actes et les révisions successives de la Constitution de leurs pays respectifs soient suffisamment révélateurs de leur obsession. Une habile propagande argue qu’ils doivent «parachever le programme de développement du pays ».

De leurs avoirs « illégaux » logés dans des paradis fiscaux, ils ne pipent mot. Pourtant, renseignent des sources avisées, « propriétés immobilières, participations, paradis fiscaux … les fortunes des dirigeants déchus, qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, ont été pour la plupart habilement dissimulées à l'étranger ».

Que penser de « la fortune de Moubarak basée sur des commissions qu'il avait perçues dans les années 1980, sur des contrats d'armement et des reventes de terrains militaires, lorsqu'il était chef des forces aériennes » ?

Que dire des « milliards du clan Kadhafi, dont une partie estimée à 10 milliards de livres serait placée à la City (de Londres), et auxquels il faut ajouter le fonds souverain libyen, qui gère entre 65 et 75 milliards d'actifs dans le monde et détient plus de 20 milliards de liquidités » ?

De Ben Ali, des diplomates américains cités par WikiLeaks parlent d’une « quasi-mafia » présente dans tous les secteurs (téléphonie, tourisme, banque, immobilier, médias) estimée à près de 40% de l'activité du pays.

On sait qu’en Tunisie et en Egypte, le « manque de liberté flagrant » et les « conditions sociales déplorables » ont poussé dans la rue les jeunes « n’ayant aucune possibilité d’entrevoir un avenir ».

En Libye, ce sont la « corruption », la « répression sévère » et le fait que « le régime de Mouammar Kadhafi monopolise une grande partie des richesses » qui ont enflammé le pays. Et pourtant, selon des témoignages, « les conditions sociales des Libyens sont meilleures que dans les pays voisins, l’espérance de vie est plus importante que dans le reste de l’Afrique, les systèmes de santé et d’éducation sont convenables, le PIB par habitant est d’environ 11.000 dollars. Un des plus élevés du monde arabe ».

Pour l’heure, les autres autocrates sont sur le qui-vive. Certains tentent déjà de modifier la législation qui fonde leur régime, tandis que d’autres – résolument optimistes – entretiennent l’intime conviction que le départ forcé « ne peut pas m’arriver, mon peuple m’aime ».

Dès lors, à quoi peuvent s’attendre des populations en passe d’être libérées des raïs et autres guides ?

A tout ou à rien, selon qu’elles s’approprieront, ou non, leur victoire sur les dictateurs.

© Le Potentiel

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