mercredi 17 août 2011

Le barrage d'Inga menacé par l'étiage L'ingénieur Mbuyi : "L'espace asséché représente 50% du périmètre global".

MERCREDI, 17 AOÛT 2011


Les journalistes kinois de passage au Bas-Congo le week-end passé, ont visité le site d'Inga tout au long de la journée du samedi 13 août 2011. Voulant jouer au Saint Thomas, ils ont voulu en savoir un peu plus sur l'étiage. Arrivés au Belvédère en fin de matinée, ils se sont rendus successivement au « barrage « de Shongo, à Inga I et 2, à la station de conversion d'Inga. Ils ont vu aussi la drague acquise par les « fabricants » d'énergie pour désensabler le fleuve Congo. En bon capitaine qui tient à arrondir les angles, le directeur du site, Lambert Mbuyi, relayé quelques fois par les chefs des divisions d'Inga 1 et 2, Lubuma, Kimbanzi …, s'est évertué à rassurer ses hôtes.

Les journalistes ont été interloqués de constater les bords du fleuve sont couvert par des pierres. Et cela sur plusieurs mètres.

« En temps normal, cette étendue et occupé par les eaux. L'espace asséché représente près de 50 % du périmètre global».

Prenant la parole, Mbuyi Tshimpanga a dit d'emblée que l'eau est d'une importance vitale pour le site hydro électrique d'Inga.

En regardant la carte de la RDC, on s'aperçoit que le fleuve Congo prend sa source à la frontière Congo Kinshasa- Zambie. Il chemine ensuite vers le Katanga, le Maniema, la province Orientale, l'Equateur et Kinshasa. Il passe alors par Inga et se jette à l'Océan via Matadi.

Au niveau d'Inga, le fleuve présente une grande dénivellation, soit 102 mètres de chute naturelle. Toutefois en raison de l'irrégularité des pluies, il est difficile de faire des prévisions en ce qui concerne les saisons pluvieuses et sèches.

Calamité naturelle

« L'étiage est survenu très tôt, à. savoir, le 30 avril 2011. Il devrait apparaître au mois de juillet », a précisé Mbuyi Tshimpanga. L'Ubangi et le Kasai, deux des affluents du fleuve accusent ces derniers mois des déficits en eau de l'ordre de 30 et 20 %. Le débit moyen du fleuve Congo est de 42.600 mètres cubes/seconde.

En période de crue, il varie entre 83000 et 92000 mètres cube/ seconde. Or le 30avril2011, le niveau d'eau relevé sur la prise d'eau du canal d'amenée sur le fleuve à Inga et 'au bassin de Shongo était descendu à 151, 61 met 150, 76 m. A cette date, le débit était de 21.500 mètres cubes/seconde. « Ces chiffres inquiétants représentent l moitié du débit moyen », s'est-il écrié.

Inga I a trois groupes fiables, à savoir, G11, G 13 et G 16. Inga 2 en compte 4 (G23, G 24, G 25 et G28). La puissance nominale de l'ensemble des groupes est de 813 MW. Et comme la production du courant électrique à Inga est tributaire de l'évolution du niveau d'eau, on est descendu à 35O MW.

Dans le souci de retenir les détritus et autres impuretés pouvant s'introduire, dans le canal d'amenée, les constructeurs ont conçu un seuil rocheux au niveau d'Inga 1. Etant surélevé, il cause de soucis en cette période d'étiage.

La meilleure solution est de le raboter pour le ramener à son niveau normal.

Des soucis supplémentaires

Entretemps, le « voyage » des eaux â partir des affluents jusqu'au fleuve s'accompagne du sable et autres « impuretés ». Les eaux mélangées de boue s'accumulent et échouent au fond du fleuve. Cela a des répercussions sur la profondeur du lit du fleuve. Et pour y remédier, la Snel s'est dotée de deux dragues. Celle de marque ItalDraghe, opérationnelle depuis juillet 2011, a une capacité d'évacuation des corps solides de 230 mètres cubes/heure. On l'utilise dès le lever du soleil jusqu'à la tombe de la nuit.

Les abonnés parfois délestés tout au long de la journée, reçoivent de l'électricité le soir. L'autre drague sera réhabilitée incessamment.

Lambert Mbuyi et les journalistes se sont rendus au « barrage » de rétention d'eau de Shongo. La profondeur d'eau a baissé de 6 m. li doit y avoir une adéquation entre l'eau qui arrive dans le canal d'amenée et celle qui sera utilisée. L'eau retenue dans ce bassin va donc aller faire tourner les roues des machines.

On retiendra des explications fournies par Henri Kimbanzi, Claude Lubuma, Felizi que la station de conversion est le point de départ de la ligne qui va d'Inga à Kolwezi. Cette station, avec ses deux convertisseurs, transforme les deux arrivés CCI et CC2 (220 KV°) en deux pôles à courant continu à au moins 500 KV pour l'alimentation de la station de Kolwezi.

Inga 1 a été construit au début des années 70. Inga 2, a été aménagé dix ans plus tard. Entre temps, on est passé de «l'électro mécanique » à l'étronique. La conséquence est que l'outil de travail utilisé à Inga 2 est a priori beaucoup plus performant, ont-ils indiqué.

Dilemme

Les journaliste sont retournés au Belvédère, « malmenant » pour la circonstance le maître des céans. Serein et décontracté, Mbuyi a tenté de calmer l'ardeur de ses hôtes.

Que comptez-vous faire pour résoudre le problème de la « bosse « surélevée? Pourquoi n'avoir pas sollicité l'expertise étrangère pour faire face à l'étiage ?

Reprenant la parole, le directeur Lambert Mbuyi a révélé que des experts du Cren/Kinshasa et d'autres maisons spécialisées en la matière s'intéressent à ce problème délicat du seuil rocheux. L'étiage étant un phénomène naturel, les techniciens de la Snel n'ont pas de recette magique pour y faire face. Toute fois, avec la reprise des pluies dans la partie nord du pays, d'ici peu, il en sera de même à Kinshasa, Bandundu, Bas-Congo. Et comme en amont beaucoup de chosés ont été faites, d'ici là les Congolais ne vivront plus la situation de ces derniers mois. Quant au problème d'électrification de 'toutes les poches noires, il a fait savoir que de nombreux sites hydroélectriques devraient être aménagés. A l'avenir, on pourrait avoir 100.000 MW.

Les décideurs politiques ont un dilemme. Faut-il construire le grand Inga ou simplement Inga3 ?

Avec Inga 3, on aura 3500 à 4300 MW supplémentaire. Des études de préfaisabilité sur le grand Inga ont déjà été faites. La construction de cet ouvrage est évaluée de 3 à 7 milliards des dollars américains. Avec le grand Inga, on aura 39 000 MW.


Jean-Pierre Nkutu

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