mercredi 3 août 2011

Procès d’Hosni Moubarak : les Egyptiens exagèrent !


Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal (DR)

(AfriSCOOP, Commentaire) — A l’image d’une patate chaude que tout le monde se refile, les actuels tenants du régime du Caire ont ouvert ce 03 août 2011 le procès tant attendu dans lequel l’ancien raïs Moubarak est poursuivi pour « corruption et meurtre lors des manifestations anti-gouvernementales de janvier 2011 ». Coupable ou non, l’ex-dirigeant Moubarak ne mérite pas le sort que lui réservent en ce moment ses compatriotes.

Une dictature demeure une dictature ; condamnable dans les effets dévastateurs et irréversibles qu’elle produit sur ses opprimés. Toutefois, lorsqu’on se met à comparer les régimes autoritaires d’Afrique blanche et ceux d’Afrique sub-saharienne, l’on se rend très vite compte qu’un FOSSE ABYSSAL les sépare…

D’une manière générale, les dictatures qui régentent ou qui ont régenté les peuples d’Afrique blanche ont des allures d’autoritarismes éclairés et non méchants et bêtes comme on en trouve au Sud du Sahara. Si l’Egypte a atteint un certain niveau de développement de nos jours et dépassé un grand nombre d’Etats cancres du continent noir, c’est aussi grâce à un homme : Hosni Moubarak qui est traîné en ce moment devant la justice égyptienne comme un vulgaire criminel !! Il mérite peut-être ce sort pour la dictature qu’il a mise en place depuis trois décennies, mais demeure excusable pour d’autres énormes réalisations socio-économiques et diplomatiques à mettre à son actif.

Ne pas avoir la mémoire courte envers un raïs “pas comme les autres”

Au nom des mutations qu’implique le développement du continent noir, les infractions commises sous les dictatures qui peuplent ce continent doivent être punies, tôt ou tard, conformément aux textes en vigueur. Cette volonté de rendre justice à la veuve et à l’orphelin ne doit pas cependant rendre AMNESIQUES un certain nombre d’Africains qui veulent voir établir sur leur continent des sociétés plus justes.

Pendant plus de deux décennies, le militaire Moubarak ne s’est pas contenté d’opprimer ses compatriotes en terme de libertés publiques ! Si c’était le cas, la station balnéaire de Charm El Cheikh n’attirerait pas chaque année des dizaines de milliers de touristes ; occidentaux pour la plupart. Si la dictature « moubarakienne » n’était pas éclairée, les Egyptiens ne disposeraient pas des infrastructures routières les plus modernes et enviables du continent noir. Si Hosni Moubarak n’avait pas un minimum d’égards à l’endroit de son pays, l’Egypte ne serait pas citée parmi les meilleurs élèves d’Afrique, dans le domaine d’organisation de championnats professionnels, dans plusieurs disciplines sportives ; en particulier dans le monde du football.

C’est aussi lui Hosni, le combattant pour la libération des populations opprimées de la Palestine, qui a d’une part combattu vaillamment les tanks israéliens qui suscitaient une peur bleue dans le monde arabe. D’autre part, mieux, après le conflit infructueux et perdu d’avance contre Tel-Aviv, à cause du soutien inconditionnel de Washington à l’Etat hébreux, c’est encore le raïs égyptien, quasiment dans la peau d’un médiateur, qui a pris les devants de courageuses négociations directes entre les principaux protagonistes du conflit israélo-arabe. Par ailleurs, sous le père de Gamal Moubarak, le pays des pharaons a poursuivi d’entretenir des relations privilégiées et de coopération avec plusieurs Etats africains, en mettant à leur disposition un certain nombre de bourses de formation de première qualité. Une démarche qui se situe dans la droite ligne de la politique des non-alignés promue par l’ex dirigeant Nasser ; au plus fort de la guerre froide.

C’est donc au nom de tous ces faits d’armes que la justice égyptienne devra avoir la main légère à l’égard de H. Moubarak !!! Oui pour une punition des infractions multiformes commises sous l’ex dictateur égyptien. Non à des humiliations présidentielles qui ne font que balafrer le processus de réconciliation mis en branle depuis la chute du gouvernement Moubarak en février 2011.

On ne peut pas avoir passé près de 30 ans à la tête du plus peuplé Etat du monde sans avoir des soutiens invétérés et solides au sein de sa population. Humilier le militaire Moubarak, c’est aussi traîner dans la boue ces dizaines de milliers d’Egyptiens qui le portent toujours dans leur cœur. Une justice ne doit pas réparer l’injustice tout en créant, dans les esprits, de nouveaux précédents psychologiques aux manifestations imprévisibles.

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