Recherché par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre, le général Bosco Ntaganda a réalisé un long et sanglant parcours dans les conflits armés de la République démocratique du Congo.
Le Général Bosco Ntaganda s'adresse à la presse, 8 janvier 2009 à Kabati, province du Nord-Kivu, RDC. REUTERS/Stringer
Qui est Bosco Ntaganda?
La naissance du Terminator
De grande taille et taiseux à volonté, Bosco Ntaganda est supposé être un ressortissant du Rwanda, d’après le mandat d’arrêt de la CPI.
Il fait parler de lui dans le maquis de l'Union des Patriotes Congolais (UPC) de Thomas Lubanga, le mouvement rebelle proche du gouvernement rwandais, en tant qu'adjoint du chef d’état-major général et responsable des opérations militaires des Forces Patriotiques pour la Libération du Congo (FPLC), sa branche armée.
Il sera nommé par la suite chef d’état major général, reconnu pour sa bravoure, mais aussi pour sa gâchette facile. Ce qui lui vaudra le surnom de Terminator et le sobriquet de Maréchal.
«En tant que commandant suprême du FPLC/UPC, Bosco Ntaganda va réorganiser la milice de Thomas Lubanga et se lancer à cœur joie dans des massacres avant de disparaître dans la nature», raconte une source confidentielle.
«En 1999, il quitte la ville de Goma (Province du Nord-Kivu) pour l’Ituri en Province Orientale où il signe le premier crime visible contre les gardes du corps du professeur Wamba dia Wamba (ancien cadre du RCD). On le sait intraitable et sans pitié», selon la même source.
A l’éclatement du RCD en plusieurs factions, Bosco Ntaganda se retrouve aux côtés de Wamba dia Wamba, Mbusa Nyamwisi et John Tibasima au sein du RCD/Kisangani, la branche pro-ougandaise du mouvement.
L’un de ses exploits est d’avoir réussi à sortir le professeur Wamba dia Wamba et son équipe de Kisangani pour Bunia, chef-lieu du district de l'Ituri.
Selon plusieurs sources concordantes, Bosco a joué au malin en faisant passer le professeur Wamba dia Wamba pour une femme, de pagne vêtu, malade qu’on amenait à l’hôpital.
L’homme des expéditions punitives
Bosco Ntaganda se rend en Ouganda pour une formation militaire de perfectionnement.
Il se fait coincer par les services spéciaux ougandais avant de revenir en Ituri où le conflit interethnique entre Hema et Lendu (ethines rivales dans le district de l'Ituri) gagne en intensité.
Au sein de l’UPC de Thomas Lubanga à majorité Hema (proche des Tutsi rwandais), Bosco Ntaganda organise les ripostes foudroyantes contre les Lendu.
«En juin 2002, ayant flirté avec son pays d’origine, le Rwanda, le président ougandais Museveni le fait arrêter avec Thomas Lubanga et l’expédie comme cadeau à Kinshasa, renseigne un connaisseur du dossier. Bosco Ntaganda est relâché le 26 août 2002 en échange de trois otages congolais (le professeur et homme politique Ntumba Luaba, sa secrétaire et le journaliste Nicaise Kibel’Bel Oka).»
Ce mois d’août 2002, l’UPC prend le contrôle de la ville de Bunia après les violences interethniques.
Lors de représailles de l'UPC et ses alliés contre des populations locales en Ituri, un massacre perpétré à Songolo fait plusieurs centaines de morts et portés disparus. Le rôle de Bosco Ntaganda dans ces opérations ne serait pas négligeable.
Mai 2003, l'UPC reprend le contrôle de la ville de Bunia après l’avoir laissé entre les mains de l’armée ougandaise. Bosco Ntaganda est de toutes les expéditions punitives contre les populations civiles dans la région.
«Il serait aussi à l'origine de la liquidation de Floribert Kisembo, chef d’état-major de l’UPC, raconte une source digne de foi. Il ne fallait pas qu'il y ait de témoin gênant. C’est ainsi que Kisembo aurait été assassiné.»
Un général kamikaze à la retraite
Quand l’UPC de Thomas Lubanga commence à perdre de son influence, Bosco prend ses distances et crée le Mouvement révolutionnaire du Congo (MRC) où il fera encore parler de lui en 2005.
«Nommé général de brigade par le pouvoir de Kinshasa au même moment que ses pairs miliciens de l’Ituri tels que Germain Katanga, Kisembo et Gérôme Kakwavu, Bosco Ntaganda était le seul à n’avoir pas célébré l’événement», indique Le Pacificateur, un journal de la région.
Il n’est jamais venu chercher ses galons. Le général Bosco Ntaganda a tout de même sous ses ordres près de 3.000 militaires, issus à majorité du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, un mouvement rebelle créé pour la défense des minorités tutsi en RDC.
Dans le CNDP, le Terminator Bosco Ntaganda entre en dissidence contre son chef Laurent Nkunda. Une source militaire affirme qu’il a joué un grand rôle dans la neutralisation de ce dernier aujourd'hui réfugié au Rwanda.
Après avoir installé son autorité dans le Nord-Kivu et parmi ses troupes, Bosco Ntaganda s’est occupé des «transferts». Transferts des matières premières à une clientèle d’hommes d’affaires rwandophones, pour ne pas dire Tutsi dans la région. Ce que le président Joseph Kabila a qualifié dans un récent discours d'«officiers affairistes». Bosco Ntaganda est dans le lot.
Bien après Laurent Nkunda et avant lui Jules Mutebusi, Bosco Ntaganda a porté le drapeau de sa communauté, les Tutsi du Congo. L’heure est venue pour lui de passer le témoin à un autre. Un nouveau mouvement rebelle vient de naître, le M23.
Le Général Bosco Ntaganda s'adresse à la presse, 8 janvier 2009 à Kabati, province du Nord-Kivu, RDC. REUTERS/Stringer
Qui est Bosco Ntaganda?
Âgé de 39 ans, ce général cristallise l'attention sur lui en République démocratique du Congo. Les médias internationaux se focalisent sur celui qui est actuellement dans la ligne de mire de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye.
Egalement connu sous les noms de Bosco Tanganda, Bosco Ntangana, il a un mandat d’arrêt émis contre lui pour crimes de guerre, enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans ses rangs et les avoir fait participer aux combats dans le district de l’Ituri en Province Orientale, à l’est de la RDC.
Son co-accusé, Thomas Lubanga, a fait l'objet du premier verdict de la CPI qui l'a reconnu coupable le 14 mars 2012.
Bosco Ntaganda est en passe de devenir la priorité numéro un de l’actuel gouvernement congolais. Sa capture et son transfèrement à la CPI afin qu’il réponde de ses actes est l’un des objectifs affichés par les autorités de Kinshasa.
Les débuts sous Kabila père
Né à Ruhengeri (Rwanda) en 1973 de parents rwandais, Bosco Ntaganda prend goût au maniement des armes dans l'est du Congo après un passage dans l'Armée Patriotique Rwandaise (APR).
Une source bien informée indique qu’à partir de 1996 il «était présent dans l’expédition de l’APR en République Démocratique du Congo, puis adhèra à l’Alliance de Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila» qui chassa Mobutu en mai 1997 de Kinshasa.
Très vite, Bosco Ntaganda se retourne contre Laurent-Désiré Kabila en rejoignant le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), mouvement politico-militaire pro-rwandais à Goma, dans la province du Nord Kivu à l'est du Congo, qui va en guerre contre le nouveau président congolais.
Soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, Bosco Ntaganda participe à l’aventure militaire d'août 1998 pour renverser Laurent-Désiré Kabila. Un fiasco, même si Kabila père sera assassiné quelques années plus tard, en janvier 2001 —son fils Joseph Kabila lui succède—.
Egalement connu sous les noms de Bosco Tanganda, Bosco Ntangana, il a un mandat d’arrêt émis contre lui pour crimes de guerre, enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans ses rangs et les avoir fait participer aux combats dans le district de l’Ituri en Province Orientale, à l’est de la RDC.
Son co-accusé, Thomas Lubanga, a fait l'objet du premier verdict de la CPI qui l'a reconnu coupable le 14 mars 2012.
Bosco Ntaganda est en passe de devenir la priorité numéro un de l’actuel gouvernement congolais. Sa capture et son transfèrement à la CPI afin qu’il réponde de ses actes est l’un des objectifs affichés par les autorités de Kinshasa.
Les débuts sous Kabila père
Né à Ruhengeri (Rwanda) en 1973 de parents rwandais, Bosco Ntaganda prend goût au maniement des armes dans l'est du Congo après un passage dans l'Armée Patriotique Rwandaise (APR).
Une source bien informée indique qu’à partir de 1996 il «était présent dans l’expédition de l’APR en République Démocratique du Congo, puis adhèra à l’Alliance de Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila» qui chassa Mobutu en mai 1997 de Kinshasa.
Très vite, Bosco Ntaganda se retourne contre Laurent-Désiré Kabila en rejoignant le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), mouvement politico-militaire pro-rwandais à Goma, dans la province du Nord Kivu à l'est du Congo, qui va en guerre contre le nouveau président congolais.
Soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, Bosco Ntaganda participe à l’aventure militaire d'août 1998 pour renverser Laurent-Désiré Kabila. Un fiasco, même si Kabila père sera assassiné quelques années plus tard, en janvier 2001 —son fils Joseph Kabila lui succède—.
La naissance du Terminator
De grande taille et taiseux à volonté, Bosco Ntaganda est supposé être un ressortissant du Rwanda, d’après le mandat d’arrêt de la CPI.
Il fait parler de lui dans le maquis de l'Union des Patriotes Congolais (UPC) de Thomas Lubanga, le mouvement rebelle proche du gouvernement rwandais, en tant qu'adjoint du chef d’état-major général et responsable des opérations militaires des Forces Patriotiques pour la Libération du Congo (FPLC), sa branche armée.
Il sera nommé par la suite chef d’état major général, reconnu pour sa bravoure, mais aussi pour sa gâchette facile. Ce qui lui vaudra le surnom de Terminator et le sobriquet de Maréchal.
«En tant que commandant suprême du FPLC/UPC, Bosco Ntaganda va réorganiser la milice de Thomas Lubanga et se lancer à cœur joie dans des massacres avant de disparaître dans la nature», raconte une source confidentielle.
«En 1999, il quitte la ville de Goma (Province du Nord-Kivu) pour l’Ituri en Province Orientale où il signe le premier crime visible contre les gardes du corps du professeur Wamba dia Wamba (ancien cadre du RCD). On le sait intraitable et sans pitié», selon la même source.
A l’éclatement du RCD en plusieurs factions, Bosco Ntaganda se retrouve aux côtés de Wamba dia Wamba, Mbusa Nyamwisi et John Tibasima au sein du RCD/Kisangani, la branche pro-ougandaise du mouvement.
L’un de ses exploits est d’avoir réussi à sortir le professeur Wamba dia Wamba et son équipe de Kisangani pour Bunia, chef-lieu du district de l'Ituri.
Selon plusieurs sources concordantes, Bosco a joué au malin en faisant passer le professeur Wamba dia Wamba pour une femme, de pagne vêtu, malade qu’on amenait à l’hôpital.
L’homme des expéditions punitives
Bosco Ntaganda se rend en Ouganda pour une formation militaire de perfectionnement.
Il se fait coincer par les services spéciaux ougandais avant de revenir en Ituri où le conflit interethnique entre Hema et Lendu (ethines rivales dans le district de l'Ituri) gagne en intensité.
Au sein de l’UPC de Thomas Lubanga à majorité Hema (proche des Tutsi rwandais), Bosco Ntaganda organise les ripostes foudroyantes contre les Lendu.
«En juin 2002, ayant flirté avec son pays d’origine, le Rwanda, le président ougandais Museveni le fait arrêter avec Thomas Lubanga et l’expédie comme cadeau à Kinshasa, renseigne un connaisseur du dossier. Bosco Ntaganda est relâché le 26 août 2002 en échange de trois otages congolais (le professeur et homme politique Ntumba Luaba, sa secrétaire et le journaliste Nicaise Kibel’Bel Oka).»
Ce mois d’août 2002, l’UPC prend le contrôle de la ville de Bunia après les violences interethniques.
Lors de représailles de l'UPC et ses alliés contre des populations locales en Ituri, un massacre perpétré à Songolo fait plusieurs centaines de morts et portés disparus. Le rôle de Bosco Ntaganda dans ces opérations ne serait pas négligeable.
Mai 2003, l'UPC reprend le contrôle de la ville de Bunia après l’avoir laissé entre les mains de l’armée ougandaise. Bosco Ntaganda est de toutes les expéditions punitives contre les populations civiles dans la région.
«Il serait aussi à l'origine de la liquidation de Floribert Kisembo, chef d’état-major de l’UPC, raconte une source digne de foi. Il ne fallait pas qu'il y ait de témoin gênant. C’est ainsi que Kisembo aurait été assassiné.»
Un général kamikaze à la retraite
Quand l’UPC de Thomas Lubanga commence à perdre de son influence, Bosco prend ses distances et crée le Mouvement révolutionnaire du Congo (MRC) où il fera encore parler de lui en 2005.
«Nommé général de brigade par le pouvoir de Kinshasa au même moment que ses pairs miliciens de l’Ituri tels que Germain Katanga, Kisembo et Gérôme Kakwavu, Bosco Ntaganda était le seul à n’avoir pas célébré l’événement», indique Le Pacificateur, un journal de la région.
Il n’est jamais venu chercher ses galons. Le général Bosco Ntaganda a tout de même sous ses ordres près de 3.000 militaires, issus à majorité du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, un mouvement rebelle créé pour la défense des minorités tutsi en RDC.
Dans le CNDP, le Terminator Bosco Ntaganda entre en dissidence contre son chef Laurent Nkunda. Une source militaire affirme qu’il a joué un grand rôle dans la neutralisation de ce dernier aujourd'hui réfugié au Rwanda.
Après avoir installé son autorité dans le Nord-Kivu et parmi ses troupes, Bosco Ntaganda s’est occupé des «transferts». Transferts des matières premières à une clientèle d’hommes d’affaires rwandophones, pour ne pas dire Tutsi dans la région. Ce que le président Joseph Kabila a qualifié dans un récent discours d'«officiers affairistes». Bosco Ntaganda est dans le lot.
Bien après Laurent Nkunda et avant lui Jules Mutebusi, Bosco Ntaganda a porté le drapeau de sa communauté, les Tutsi du Congo. L’heure est venue pour lui de passer le témoin à un autre. Un nouveau mouvement rebelle vient de naître, le M23.
Dirigé par un proche de Bosco Ntaganda pour permettre à ce dernier de se retirer du devant de la scène médiatique et militaire. Oublié mais pas arrêté!
A présent, le général des brigades des Forces armées de RDC Bosco Ntaganda est en fuite non loin de la frontière congolaise avec le Rwanda, sa base arrière pour ne pas dire son pays d’origine.
La pression autour de son arrestation et son transfèrement à la Cour pénale internationale s'accentue plus que jamais, mais il est visiblement un kamikaze, prêt à mourir armes à la main plutôt que de se rendre aux autorités de Kinshasa, confie un ancien du CNDP.
«Bosco Ntaganda serait prêt à se loger une balle dans la tête si l’étau se resserre davantage sur lui, il n’acceptera jamais d’être cueilli».
Jacques Matand, de Kinshasa
SlateAfrique
A présent, le général des brigades des Forces armées de RDC Bosco Ntaganda est en fuite non loin de la frontière congolaise avec le Rwanda, sa base arrière pour ne pas dire son pays d’origine.
La pression autour de son arrestation et son transfèrement à la Cour pénale internationale s'accentue plus que jamais, mais il est visiblement un kamikaze, prêt à mourir armes à la main plutôt que de se rendre aux autorités de Kinshasa, confie un ancien du CNDP.
«Bosco Ntaganda serait prêt à se loger une balle dans la tête si l’étau se resserre davantage sur lui, il n’acceptera jamais d’être cueilli».
Jacques Matand, de Kinshasa
SlateAfrique
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