L’Est du Congo est actuellement secoué par de violents combats, opposant l’armée congolaise aux rebelles dirigés par Bosco Ntaganda. Les milliers de civils de la région tentent de s’échapper vers les pays frontaliers, en particulier, le Rwanda et l’Ouganda.
Les combats entre l’armée congolaise et les rebelles ont éclaté à nouveau, dans la région montagneuse de l’Est du Congo, incitant ainsi la population civile à fuir le territoire.
« Toutes les journées commencent avec le bombardement intensif des montagnes, à environ 20 kilomètres d’ici. Les deux camps utilisent du mortier de 120 mm, et les tirs à l’arme lourde s’intensifient », a annoncé, le mardi 22 mai au matin, Emmanuel de Merode, gardien en chef du parc national de Virunga, où les combats font rage.
Le conflit oppose les forces gouvernementales du président Joseph Kabila aux rebelles menés par Bosco Ntaganda, connu sous le nom « The Terminator » en raison de sa brutalité.
Des camps de réfugiés surpeuplés
Le conflit, qui a éclaté le mois dernier, a forcé des dizaines de milliers de Congolais hors de leurs maisons. 8 000 d’entre eux auraient franchi la frontière, pour se rendre vers le Rwanda, et 15 000 autres seraient passés en Ouganda.
Les camps de réfugiés accueillent chaque jour plus d’individus exilés. Un volume sans cesse croissant qui préoccupe les travailleurs humanitaires, désormais dans l’incapacité de fournir convenablement une aide à ses réfugiés. Cet exode est « désastreux », selon le chef de l’agence des Nations Unies, Antonio Guterres.
Lundi 21 mai, les autorités congolaises ont déclaré avoir tué 25 rebelles, lors d’un assaut sur la ville frontalière de Bunagana, dans la région du Nord-Kivu. Bunagana est un point de transit pour des milliers de civils fuyant les affrontements, en direction de l’Ouganda.
Les centres d’aides humanitaires débordés par l’afflux massif des réfugiés / Flickr UNHCR
Bosco Ntaganda dans les pas Thomas Lubanga
La rébellion a commencé en avril 2012, lorsque Bosco Ntaganda a déserté l’armée congolaise. Ancien chef rebelle, ce dernier avait rejoint l’armée dans le cadre d’un accord de paix en 2009. Lorsqu’il se range à nouveau du côté de l’opposition, des centaines de soldats fidèles ont également quitté l’armée.
Ces rebelles sont majoritairement d’anciens membres du Congrès National pour la Défense du Peuple (connu sous son acronyme CNDP), un groupe Tutsi soutenu par le Rwanda.
Bosco Ntaganda a quitté les rangs de l’armée quelques semaines après que son ancien supérieur, Thomas Lubanga, a été reconnu coupable de crimes de guerre par la Cour pénale Internationale de La Haye.
Thomas Lubanga a été condamné en mars pour le recrutement d’enfants soldats, pendant la guerre civile en 2002-2003. Bosco Ntaganda est recherché pour les mêmes crimes.
Au début du mois de mai, c’est un ex-officier du CNDP, le colonel Sultani Makenga, qui a également fait défection en annonçant la formation d’un nouveau groupe appelé le « Mouvement du 23 mars » (M23) après l’accord de paix de 2009.
Sultani Makenga affirme que la rébellion n’a pas été soulevée par son camarade Bosco Ntaganda, mais cette vague protestataire a plutôt été engendrée par des promesses non tenues et un mauvais traitement des soldats du CNDP au sein de l’armée.
Des charges qui s’alourdissent contre le « Terminator »
Les autorités congolaises ont d’ores et déjà déclaré que le prix à payer pour maintenir la paix dans l’Est du Congo était : livrer Bosco Ntaganda au plus vite. Mais sa défection et la reprise des combats lui ont valu la colère de Kinshasa. Il est activement recherché pour la première fois.
De plus, Luis Moreno Ocampo, le procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI) a alourdit les charges qui pèsent contre « Terminator », en ajoutant des condamnations pour assassinat, persécution ainsi qu’esclavage sexuel.
La Cour Internationale de Justice, à La Haye (Pays-Bas) / Flickr Bart Van Damme
Au moins 48 enfants auraient été recrutés de force depuis le 19 avril indique Human Right Watch (HRW).« Une fois de plus, Bosco Ntaganda commet des crimes envers les enfants. Les mêmes pour lesquels la CPI avait exigé son arrestation » a souligné Anneke Van Woudenberg, chercheuse à HRW en Afrique.
« Tant que Bosco Ntaganda est général, les enfants et familles de l’Est du Congo seront en danger » a-t-elle ajouté.
Le spectre de la sanglante rébellion de 2008
Pendant ce temps, des milliers de troupes gouvernementales, armées d’artilleries lourdes, d’hélicoptères et de chars d’assaut continuent de se battre avec les rebelles. Les civils tentent actuellement de s’enfuir.
Les civils congolais tentent de partir vers le Rwanda et l’Ouganda / Flickr UNHCR
Tout ceci fait écho à une rébellion précédente, en 2008. Laurent Nkunda, alors commandant, au sein du CNDP avait mené avec ses rebelles un assaut et mis l’armée congolaise en déroute, avant d’encercler la capitale régionale de Goma.
La rébellion de Bosco Ntaganda est certes de moindre ampleur, et le soutien du Rwanda n’est pas encore certain, mais les observateurs restent prudents.
Depuis le parc de Virunga, Emmanuel de Merode écrit : « Les expériences passées donnent à penser que ce serait une erreur de sous-estimer ces combats, et de laisser le conflit dégénérer ».
Global Post / Adaptation Henri Lahera / JOL Press
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