2. juin 2012
Dans son édition de ce vendredi 1er juin 2012, le quotidien Libération dévoilait la découverte d’un document dans les archives de l’ONU dont le contenu est une liste d’armement rédigée le jour de l’attentat par les casques bleus et qui mentionnerait la possession, par les ex- FAR de missiles SA7 et Mistrals, deux types d’armement écartés par le rapport balistique d’experts dans le dossier Français.
Attentat du 6 Avril
Selon Bernard Lugan, expert du Tribunal Pénal International pour le Rwanda,Le TPIR, ce document était connu de tous les experts, et il a été discrédité dans les débats au TPIR.
Toutefois, en supposant que ce document soit nouveau, qu’apporte de neuf au dossier de l’attentat du 6 avril 1994?
Les missiles qui, selon le document, étaient aux mains des ex-FAR ont été écarté de la liste des armes qui pouvaient abattre l’avion du feu Président rwandais et son homologue burundais.
Les missiles SA 7 ne peuvent en effet selon les experts mandatés par le Juge Trevidic, être utilisés de nuit et les mistrals ont été jugés « trop récents » et « trop sophistiqués ». Selon le rapport des experts, la première exportation date de 1996 pour le Mistral 1 et le Mistral 2 n’est produit que depuis l’an 2000.
En supposant que le Mistral 1 ait pu être exporté illégalement, une analyse supplémentaire d’experts est nécessaire pour affirmer qu’un tel missile aurait pu abattre le Falcon 50 du Président Juvenal Habyarimana, en produisant les mêmes effets : trajectoire, temps entre le tir et la destruction, la trajectoire des débris, les lieux probables de tir, etc.
Ces missiles de fabrication française datent de 1983 et ont été utilisés dans la guerre du golfe. Mis à part la France, au moins deux pays avaient passé une commande des Mistrals en 1989 voire avant.
Il s’agit de l’Afrique du Sud et de la Belgique qui aurait commandé 800 missiles de ce type, selon un article de Pascal Krop, “Des missiles bien embarrassants pour l’Élysée” dans l’Événement du Jeudi du 8 mars 1989.
Précautions
Mis à part l’affirmation de l’expert Bernard Lugan, quelques éléments et les circonstances de l’apparition d’un tel document poussent à la précaution :
Premièrement, le moment choisi pour publier l’information coïncide au jour de remise des observations des parties civiles, quant au rapport d’experts sur l’attentat. Cette publication a eu pour effet de faire passer ces observations sous silence médiatique ou presque.
D’autant plus qu’elles remettent sérieusement en doute les éléments qui ont conduit récemment à privilégier trois positions se trouvant au camp Kanombe des ex-FAR et dans ses alentours, comme lieu de tir.
Deuxièmement ce ne serait pas la première fois qu’un document prétendu appartenir aux archives de l’ONU s’avère être faux ou inexistant. En effet, dès fin 1994, plusieurs journalistes et experts ont fait écho d’un fax prouvant la planification du génocide rwandais envoyé au siège Newyorkais de l’ONU par le Général Dallaire, alors commandant des casques bleus au Rwanda.
Ce fax s’est avéré être faux lorsque Me Tremblay avocat de la défense au TPIR dans le procès « Militaire I » a tenté d’obtenir l’original. Etrangement la même journaliste britannique Linda Melvern qui a découvert le document des missiles, a fait écho de ce fax (dans son livre « Conspirancy to murder, the Rwandan genocide»), même après que l’ONU ait confirmé en 2003 qu’il n’a jamais existé.
Troisièmement, le type de missile utilisé est l’élément où la tous les experts qui se sont penchés sur la question sont d’accord, il s’agit de SA 16.
C’est également l’élément le plus incontestable car les lances missiles retrouvés ont permis d’identifier le stock d’où ils provenaient : ils auraient fait partie d’un lot d’armements commandé en Russie par l’Ouganda allié du Front Patriotique Rwandais, FPR accusé dans l’enquête des Juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux.
Le quatrième élément est la lettre rédigée le 6 avril 1994 et adressée (mais non livrée), aux deux commandants des armées en conflits, le Général Déogratias Nsabimana chef d’état-major des FAR et Paul Kagame Commandant en chef des rebelles-FPR. Cette lettre du Général Dallaire leur demandait de fournir l’inventaire de l’armement lourd à leur disposition.
Le dernier élément est que la même information fut évoquée par Human Right Watch en attribuant la source à un officier du renseignement de la MINUAR Monsieur Moorhouse. Seulement, ce dernier nie toujours avoir fourni une telle information.
Enfin, en supposant que le document soit authentique, il semble ne rien apporter de neuf à l’enquête, étant donné que les lances missiles utilisés ont été retrouvés, identifiés et tracés : ce sont des SA 16.
Contactée par RFI, l’ONUa refusé d’authentifier le document
La question à se poser c’est, comment et pourquoi en de telles circonstances et avec de telles incertitudes l’entourant, un tel document a pu faire la une des principaux médias occidentaux? Une volonté de détourner l’attention?
JF Singiza
Jambonews.net
Dans son édition de ce vendredi 1er juin 2012, le quotidien Libération dévoilait la découverte d’un document dans les archives de l’ONU dont le contenu est une liste d’armement rédigée le jour de l’attentat par les casques bleus et qui mentionnerait la possession, par les ex- FAR de missiles SA7 et Mistrals, deux types d’armement écartés par le rapport balistique d’experts dans le dossier Français.
Attentat du 6 Avril
Selon Bernard Lugan, expert du Tribunal Pénal International pour le Rwanda,Le TPIR, ce document était connu de tous les experts, et il a été discrédité dans les débats au TPIR.
Toutefois, en supposant que ce document soit nouveau, qu’apporte de neuf au dossier de l’attentat du 6 avril 1994?
Les missiles qui, selon le document, étaient aux mains des ex-FAR ont été écarté de la liste des armes qui pouvaient abattre l’avion du feu Président rwandais et son homologue burundais.
Les missiles SA 7 ne peuvent en effet selon les experts mandatés par le Juge Trevidic, être utilisés de nuit et les mistrals ont été jugés « trop récents » et « trop sophistiqués ». Selon le rapport des experts, la première exportation date de 1996 pour le Mistral 1 et le Mistral 2 n’est produit que depuis l’an 2000.
En supposant que le Mistral 1 ait pu être exporté illégalement, une analyse supplémentaire d’experts est nécessaire pour affirmer qu’un tel missile aurait pu abattre le Falcon 50 du Président Juvenal Habyarimana, en produisant les mêmes effets : trajectoire, temps entre le tir et la destruction, la trajectoire des débris, les lieux probables de tir, etc.
Ces missiles de fabrication française datent de 1983 et ont été utilisés dans la guerre du golfe. Mis à part la France, au moins deux pays avaient passé une commande des Mistrals en 1989 voire avant.
Il s’agit de l’Afrique du Sud et de la Belgique qui aurait commandé 800 missiles de ce type, selon un article de Pascal Krop, “Des missiles bien embarrassants pour l’Élysée” dans l’Événement du Jeudi du 8 mars 1989.
Précautions
Mis à part l’affirmation de l’expert Bernard Lugan, quelques éléments et les circonstances de l’apparition d’un tel document poussent à la précaution :
Premièrement, le moment choisi pour publier l’information coïncide au jour de remise des observations des parties civiles, quant au rapport d’experts sur l’attentat. Cette publication a eu pour effet de faire passer ces observations sous silence médiatique ou presque.
D’autant plus qu’elles remettent sérieusement en doute les éléments qui ont conduit récemment à privilégier trois positions se trouvant au camp Kanombe des ex-FAR et dans ses alentours, comme lieu de tir.
Deuxièmement ce ne serait pas la première fois qu’un document prétendu appartenir aux archives de l’ONU s’avère être faux ou inexistant. En effet, dès fin 1994, plusieurs journalistes et experts ont fait écho d’un fax prouvant la planification du génocide rwandais envoyé au siège Newyorkais de l’ONU par le Général Dallaire, alors commandant des casques bleus au Rwanda.
Ce fax s’est avéré être faux lorsque Me Tremblay avocat de la défense au TPIR dans le procès « Militaire I » a tenté d’obtenir l’original. Etrangement la même journaliste britannique Linda Melvern qui a découvert le document des missiles, a fait écho de ce fax (dans son livre « Conspirancy to murder, the Rwandan genocide»), même après que l’ONU ait confirmé en 2003 qu’il n’a jamais existé.
Troisièmement, le type de missile utilisé est l’élément où la tous les experts qui se sont penchés sur la question sont d’accord, il s’agit de SA 16.
C’est également l’élément le plus incontestable car les lances missiles retrouvés ont permis d’identifier le stock d’où ils provenaient : ils auraient fait partie d’un lot d’armements commandé en Russie par l’Ouganda allié du Front Patriotique Rwandais, FPR accusé dans l’enquête des Juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux.
Le quatrième élément est la lettre rédigée le 6 avril 1994 et adressée (mais non livrée), aux deux commandants des armées en conflits, le Général Déogratias Nsabimana chef d’état-major des FAR et Paul Kagame Commandant en chef des rebelles-FPR. Cette lettre du Général Dallaire leur demandait de fournir l’inventaire de l’armement lourd à leur disposition.
Le dernier élément est que la même information fut évoquée par Human Right Watch en attribuant la source à un officier du renseignement de la MINUAR Monsieur Moorhouse. Seulement, ce dernier nie toujours avoir fourni une telle information.
Enfin, en supposant que le document soit authentique, il semble ne rien apporter de neuf à l’enquête, étant donné que les lances missiles utilisés ont été retrouvés, identifiés et tracés : ce sont des SA 16.
Contactée par RFI, l’ONUa refusé d’authentifier le document
La question à se poser c’est, comment et pourquoi en de telles circonstances et avec de telles incertitudes l’entourant, un tel document a pu faire la une des principaux médias occidentaux? Une volonté de détourner l’attention?
JF Singiza
Jambonews.net
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