samedi 21 juillet 2012

Agression tutsi : Les Congolais doivent se défendre

20/07/2012 

Joseph KABILA et Paul KAGAME, le 30 JUin 2012 à Kin

Les élans génocidaires qu’on prête à l’avance aux Congolais sont en réalité une arme de guerre. Accuser les Congolais d’inciter à la haine anti-tutsi pendant que cette haine est clairement semée dans les cœurs des Congolais par le dictateur Paul Kagamé et les autres tueurs tutsi de son entourage, c’est empêcher les Congolais de se défendre et de prendre les mesures qui s’imposent face à une agression dont le moteur est essentiellement raciste. 

Les Congolais doivent prendre conscience de réalité et ne pas se laisser faire face à la technique de propagande de guerre que leur dictent les maîtres de « ces tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise ».

Pour la quatrième fois après l’AFDL, le RCD et le CNDP, le plus grand criminel de l’histoire encore en vie, le dictateur Paul Kagamé, vient de réunir des membres de son ethnie en un groupe armé, le M23, lancé à l’assaut du Congo dans un élan dicté par le seul appétit de domination au nom de l’idée qu’il se fait de son ethnie. 

Une fois de plus, tout se passe comme si le droit international avait évolué à un point tel qu’on peut se permettre de dire : «Heureux les peuples ayant subi un génocide médiatisé, car tout leur sera permis». 

En effet, pendant que d’innocents citoyens congolais d’autres ethnies sont massacrés ou jetés sur les chemins de l’errance, leur drame réel ne suscite aucune attention parmi les dirigeants nationaux et internationaux. Seul compte le drame éventuel qui pourrait s’abattre sur les Tutsi. 

Ainsi, le chef du M23 dénonce et condamne avec la dernière énergie les exactions sélectives qui seraient perpétrées dans la ville de Goma contre les Tutsi. Silencieux depuis le début des hostilités, le gouverneur de la province du Nord-Kivu est sorti de sa réserve seulement après avoir appris « avec beaucoup d’amertume » qu’il y aurait à Goma certains jeunes gens qui s’en prendraient aux Tutsi ; ce qui, pour lui, serait « un jeu auquel se livreraient les ennemis de la paix ». 

A Kinshasa, le plus grand Cheval de Troie rwandais, Joseph Kabila, qui semblait hiberner s’est soudainement réveillé non pas pour condamner l’invasion dont le pays est une fois de plus victime de la part de mêmes tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise, mais pour suspendre le directeur de la RTNC qui aura commis le péché de diffuser des scènes de mobilisation du parti au pouvoir au cours desquelles la nouvelle invasion tutsi aura été dénoncée et condamnée. 

Une semaine plus tôt, le flatteur récidiviste Mende Omalanga suspendait « jusqu’à nouvel ordre » un quotidien kinois pour le même crime. La haine des Tutsi gagne du terrain dans les cœurs des Congolais d’autres ethnies. Ceci est plus qu’une certitude. Mais à qui en incombe la responsabilité ?

Pour répondre à la question ci-dessus, il faut remonter à l’invasion de la dictature tutsi rwandaise de 1998, camouflée dans la tenue de rébellion du RCD. Pour les dirigeants et journalistes occidentaux, les choses étaient très claires. 

Une semaine après le début des hostilités, on lisait dans la presse belge que « la Belgique s’inquiétait de la dérive ethnique du conflit, et en particulier de la chasse aux Tutsi lancée à Kinshasa et dans d’autres villes » (La Dernière Heure, 8-9 août 1998). 

Se préoccupant de la sécurité de ses concitoyens vivant au Congo, Erik Derycke, le ministre belge des Affaires étrangères d’alors, soutenait que le danger qu’ils couraient était réel compte tenu de « l’élément d’ethnicité introduit dans le conflit par Kabila » (La Libre Belgique, 14 août 1998). 

Aussi lançait-il cet avertissement: « L’intimidation sur base ethnique contre les Tutsi doit cesser » (Le Courrier de l’Escaut, 8-9 août 1998). En perspective de la visite de Kabila à Bruxelles, du 25 au 26 août 1998, le même message fut martelé par ce ministère : « Nous n’acceptons pas, déclarait-on aux Affaires étrangères, de discours du type incitation à la haine raciale ou ethnique. C’est un point qui sera soulevé lors des entretiens avec Kabila » (Le Courrier de l’Escaut, 25 août 1998).

A peine deux jours après le déclenchement des hostilités, le journaliste belge Gérald Papy titrait: « Les Banyamulenge ou le spectre de l’extermination ». Pour lui, il ne faisait l’ombre d’aucun doute que « les nouveaux troubles que connaissait le Kivu apparaissaient comme une réplique au séisme génocidaire qu’avait connu le Rwanda en 1994 » (La Libre Belgique, 4 août 1998). 

Sa consœur Marie-France Cros avait une explication pour le moins curieuse. Les Tutsi congolais étaient «persuadés que le renvoi des soldats rwandais par le président Kabila allait donner le signal de leur extermination » (La Libre Belgique, 31 août 1998). Cette journaliste fut sans conteste la meilleure croisée contre le caractère ethnique de la guerre. 

Pour elle, « la progression de l’idéologie raciste anti-tutsi est née à la faveur de l’incapacité du régime Kabila à améliorer la situation » (La Libre Belgique, 26 août 1998) ; ce qui n’était qu’un mensonge monumental. Marie-France Cros ira jusqu’à introduire dans l’esprit des lecteurs l’idée de l’extermination des Tutsi non seulement par le pouvoir congolais, mais également dans tous les Etats de la région: « Y a-t-il un rempart contre le génocide des Tutsi ? » (La Libre Belgique, 4 septembre 1998). 

Pour accréditer ses affabulations, elle interrogea les manuels de droit international pour « rappeler aux autorités de Kinshasa » ce que signifiait le terme génocide (La Libre Belgique, 11 septembre 1998).

Dans tous les médias du « monde libre », des espaces considérables furent réservés à des ragots sans le moindre commencement de preuve. « Pour le général Kagamé », écrivait Laurent Bijard, le renvoi des soldats rwandais, qu’il présentait à tort comme une éviction, « ne pouvait qu’annoncer une menace pour la minorité banyamulenge congolaise » (Le Nouvel Observateur, 3-9 septembre 1998). 

Stephen Smith informait les lecteurs que « le Rwanda accusait le président Kabila d’un projet génocidaire pour exterminer tous ceux qu’il tenait pour des Tutsi » (Libération, 28 août 1998). On pouvait encore lire : « Kabila prépare un génocide comme celui au Rwanda en 1994, a déclaré le chef de la diplomatie rwandaise, Anastase Gasana » (Libération, 17 septembre 1998) ; « si Kabila persiste dans son initiative de décimer tous ceux qu’il qualifie de Tutsi, de Rwandais, nous allons intervenir » (Le Courrier de l’Escaut, 23-24 août 1998).

La reconnaissance et la médiatisation du seul génocide de 1994 contre les Tutsi sont une véritable aubaine pour la dictature tutsi rwandaise. Au Rwanda, où le pouvoir FPR reconnaît lui-même que l’accusation de participation au génocide est utilisée dans des buts politiques et des règlements de comptes (La Libre Belgique, 11 juin 1999), l’Occident semble avoir investi l’hégémonie tutsi pour l’éternité. 

« Malgré leurs déclarations sur la démocratie, écrivait Pierre Prier, les dirigeants hutu savent bien qu’en reprenant le pouvoir, ils fourniraient le cadre à une véritable solution finale » (Le Figaro, 26 août 1998). Colette Braeckman, la journaliste belge qu’on ne présente plus aux Congolais, partageait la même conviction : « La mise en déroute du régime actuel de Kigali ne pourra être que la poursuite, sinon la fin du génocide entamé en 1994 » (Le Soir, 16 septembre 1998). 

Pourquoi ces deux experts des questions africaines restaient-ils silencieux sur le rôle du régime FPR dans cette tragédie ? 

Pourquoi ne reconnaissaient-ils pas les génocides perpétrés contre les Hutu ? 

Pourquoi n’en tiraient-ils pas le même enseignement ? 

Pourquoi ne dénonçaient-ils pas l’obstacle majeur à la paix dans la « région » des Grands Lacs, à savoir l’appétit de domination des élites d’un sous-groupe racial minoritaire au Rwanda, hier décriée dans le cas du groupe racial blanc en Afrique du Sud ?

Les dividendes du génocide des Tutsi en 1994 se récoltent davantage dans les conflits récurrents au Congo où ce crime, totalement étranger aux Congolais, a servi et continue de servir de ferment à la volonté des Etats-Unis de faire imploser le Congo à travers le rêve expansionniste et hégémonique d’une certaine élite tutsi. 

Que les Tutsi au pouvoir à Kigali se servent de l’existence des Tutsi congolais pour agresser le Congo et masquer leur guerre d’invasion en rébellion, le conflit est clairement ethnique dans sa conception et dans son exécution. 

Dès lors, la haine anti-tutsi ne peut être envisagée que comme un aboutissement logique de l’agression tutsi, celle-ci étant elle-même le résultat de l’idéologie raciste que les colonisateurs belges avaient inculquée aux Tutsi. Mais le mensonge et l’hypocrisie étant de grandes valeurs dans la culture politique occidentale, cette vérité doit être absolument couverte par un écran de fumée présentant les Congolais d’autres ethnies, victimes de l’idéologie raciste tutsi, comme les responsables de la haine anti-tutsi.

Les élans génocidaires qu’on prête à l’avance aux Congolais sont en réalité une arme de guerre. Accuser les Congolais d’inciter à la haine anti-tutsi pendant que cette haine est clairement semée dans les cœurs des Congolais par le dictateur Paul Kagamé et les autres tueurs tutsi de son entourage, c’est empêcher les Congolais de se défendre et de prendre les mesures qui s’imposent face à une agression dont le moteur est essentiellement raciste. 

Les Congolais doivent prendre conscience de réalité et ne pas se laisser faire face à la technique de propagande de guerre que leur dictent les maîtres de « ces tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise ». 

Pour défendre son pays contre l’agression japonaise pendant la seconde guerre mondiale, par exemple, le Président Franklin Delano Roosevelt signa, le 19 février 1942, l’ordre exécutif n° 9066 qui aboutit à la création des centres dits de relocation dans lesquels furent enfermés 120.000 Américains d’origine japonaise et immigrés japonais qui pouvaient combattre les Etats-Unis de l’intérieur. 

A cet égard, confronté à une agression tutsi, il est irresponsable pour le Congo d’être dirigé par un Tutsi d’origine rwandaise devenu congolais par adoption. Il est également irresponsable pour le Congo que les Tutsi de l’AFDL, du RDC et du CNDP, congolais et infiltrés rwandais partageant la même idéologie raciste que le M23 et le chef de bande Paul Kagamé, continuent tranquillement d’occuper des postes à responsabilité dans l’appareil de l’Etat. 

Souligner cela n’équivaut nullement à inciter à la haine anti-tutsi. Paul Kagamé et tous les autres « tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise » font déjà si bien ce travail qu’il ne serait pas nécessaire d’appuyer leurs efforts. C’est plutôt rester vigilant et défendre la nation agressée pour l’énième fois pour la même raison raciste.

[Nkwa Ngolo Zonso]
© KongoTimes

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